Marouane More Time
Matchbox – Une équipe de France à deux visages a dû encaisser quatre buts dont deux de Marouane Fellaini pour se réveiller et éviter une défaite trop lourde. La nalyse • Vu du forum • Les titres
Les Belges n'ont eu besoin que de six tirs pour parvenir à inscrire quatre buts, mais le bilan aurait pu être pire sans une parade de Lloris et une barre transversale: pareille réussite a suffi à enterrer le bon début de match français, et surtout à souligner de fatales lacunes défensives. Dans une telle course à handicap, il aurait fallu que l'équipe de France présente une tout autre force collective et individuelle pour enrayer la supériorité adverse. On doit tout de même porter à son crédit une fin de match durant laquelle elle a profité de la démobilisation et de la désorganisation de l'équipe de Marc Wilmots pour réduire un écart embarrassant: ce n'est pas négligeable, ne serait-ce que pour modérer le traditionnel catastrophisme national et le dénigrement masochiste qui accompagnent de genre de résultat.
S'il faut se garder de tirer la conclusion, pour une rencontre tout au bout de la saison, que la sélection a perdu le fil tissé depuis la Coupe du monde, il faut toutefois admettre qu'elle aura manifesté depuis une certaine irrégularité, peu de progrès dans son expression, et des limites criantes contre des équipes huppées. Des constats qui tendent à remettre en cause, à un an de l'Euro, la confiance accordée à son groupe par Didier Deschamps, si ce n'est les préférences tactiques exprimées en particulier par le choix peu probant d'un milieu Matuidi-Cabaye-Sissoko. Pour le sélectionneur, la situation se complique: les acquis paraissant moins solides, il semble d'ores et déjà contraint à prendre plus de risques, dans le choix des hommes et des options de jeu, pour assurer une indispensable progression dans les mois à venir…
La nalyse
Raphaël Cosmidis – Difficile de savoir si ce match amical, placé entre la finale de la Ligue des champions et les vacances des footballeurs, pouvait vraiment signifier quelque chose. Pour autant, c’est en lisant entre les lignes du système de jeu français que plusieurs questions se soulèvent d’elles-mêmes, et notamment celle du milieu de terrain en phase offensive, privé de Paul Pogba hier soir.
Depuis la qualification face à l’Ukraine, en novembre 2013, Didier Deschamps a utilisé presque exclusivement trois systèmes de jeu différents: un 4-3-3 la plupart du temps, un 4-4-2 losange çà et là et un 4-2-3-1 réservé aux matches expérimentaux. C’est dans ce dernier module que la France avait battu le Danemark le 29 mars. Antoine Griezmann, Dimitri Payet et Alexandre Lacazette, de gauche à droite, accompagnaient l’attaquant de pointe Olivier Giroud.
C’est quand les Bleus sont repassés dans cette formule qu’ils se sont reveillés hier à Saint-Denis. Auparavant, disposés en 4-3-3, avec un trio Cabaye-Matuidi-Sissoko au coeur du jeu, ils avaient peiné à avancer, ne trouvant des solutions que par Mathieu Valbuena, une fois de plus séduisant par son sens du déplacement de la passe. Centré autour du Moscovite, le jeu français manquait d’un autre créateur. Griezmann, placé sur l’aile droite, a la qualité technique pour s’insérer dans la circulation de balle. Mais le meilleur buteur de l’Atlético Madrid est devenu un joueur d’axe sous Diego Simeone et c’est en quittant le flanc qu’il retrouve ses points forts. En sélection, l’ancien de la Real Sociedad est souvent trop loin du but, comme si Didier Deschamps n’était pas encore parvenu à le mettre en valeur.
Rien de gravissime là dedans. La transposition du club à l’équipe nationale est l’essentiel du travail tactique d’un sélectionneur: comment, en quelques rassemblements par an, créer une cohérence collective. Il reste un an et une grosse dizaine de matches avant l’Euro pour l’atteindre. Et l’opposition face à la Belgique était de toute façon faussée par l’absence de deux cadres, Paul Pogba et Karim Benzema.
Sans eux, le 4-3-3 se justifie moins aisément. Le trio au milieu appelle un numéro 6 que la France n’a toujours pas trouvé, mais surtout, il sert à libérer Pogba de certaines tâches défensives, lui permettant d’avancer de quelques mètres, de se rapprocher de la surface, où sa finesse et sa frappe de balle sont dangereuses. Quand Pogba n’est pas là, le 4-3-3 ne libère personne, expose Yohan Cabaye (obligé de couper la course d’Eden Hazard sur une contre-attaque et heureux de rester en jeu) et engendre de la distance entre les milieux et les attaquants français, particulièrement sans les décrochages de Benzema. Le Madrilène, plus intéressé par la création que par la profondeur, est par ailleurs théoriquement bien plus compatible avec Griezmann, joueur d’appels (à l’instar de Cristiano Ronaldo en 2015), que ne peut l’être Giroud et son jeu en pivot.
Rétrospectivement, remettre ainsi en question le onze de départ contre la Belgique est aisé. Néanmoins, le passage au 4-2-3-1 et l’entrée de joueurs plus complices a incontestablement secoué les Diables en deuxième période. Payet, Fékir, Lacazette et Ntep ont apporté dribbles et énergie à une formation jusque-là limitée techniquement... et peut-être aussi dans l’envie. À l’inverse, les quatre qu’on vient de citer jouaient pour aller à l’Euro. Le Rennais, dernier entrant, a débarqué sur la pelouse du Stade de France sans aucune timidité, provoquant son adversaire direct dès ses premières prises de balle. Moins meneur de jeu que Nabil Fékir, mais pas tout-droit pour autant, Ntep amène un coup de rein qu’on n’avait plus vu chez les Bleus depuis Franck Ribéry.
Fournie offensivement, l’équipe de France a souffert sans le ballon, refusant de presser haut malgré des profils idoines (Griezmann a appris à presser à l’Atlético, Matuidi et Sissoko sont infatigables, Varane et Koscielny sont rapides, Lloris est un bon gardien-libéro), ce qui aurait dans le même temps évité d’avoir à construire. Les vacances étaient peut-être trop proches pour embêter l’adversaire jusque dans son camp, mais cette passivité a laissé Radja Nainggolan rayonner au milieu de terrain. Le Belge joue un cran plus haut à la Roma. Il a été brillant devant la défense hier. À une distribution parfaite et des sorties de ballons miraculeuses, il a ajouté un but superbe pour rappeler qu’il n’est pas inoffensif.
Derrière lui, on notera la performance de Jason Denayer, surprenant de qualité balle au pied. Le défenseur central de Manchester City, prêté au Celtic cette saison, a participé au jeu, créant plusieurs fois des décalages par sa conduite de balle ou du jeu long. De l’attaque belge, on retiendra le doublé de Marouane Fellaini, la protection de balle absurde d’Eden Hazard et le retour défensif de Yannick Carrasco sur Paul-Georges Ntep. L’effet Leonardo Jardim, sans doute. Si la France, fragile dans sa surface, a tout de même fait face à une équipe réaliste (cinq tirs cadrés, quatre buts), on reste inquiet quant à la défense des coups de pied arrêtés. Des quatorze derniers buts encaissés par les Bleus, quatre l’ont été sur coup franc indirect et trois sur corner (merci à David Wall d’Opta pour les chiffres). Espérons que l’Albanie ne les travaille pas.
Vu du forum
=>> Moravcik dans les prés – 21h29
Trétrédurlinas là.
=>> hermines de rien – 21h44
Le positif: on devrait déjà être à neuf. Le négatif: même a onze on prend le bouillon.
=>> le Bleu – 21h48
Et si on fait rentrer Payet et Lacazette, c'est un changement complet de tactique: on arrête de passer par les ailes et on joue en profondeur.
=>> Moravcik dans les prés – 21h50
Ou alors on fait rentrer Balmont et Cohade, et on essaye de les gagner au moins à la bagarre.
=>> Gazier – 21h52
Sinon, le concours de tatouage, on l'a perdu aussi, mais c'est moins grave.
=>> Moravcik dans les prés – 21h56
Outre les tatouages, si on interdit les coupes de cheveux ridicules à la MT, les Belges perdent Fellaini, et nous on perd Sagna. Win-win.
=>> Tricky – 22h41
L'autre truc avec les Belges, c'est qu'ils ont une sacrée profondeur de banc. Bon, ils vont finir comme les Portugais il y a dix ans, mais ça fait une jolie équipe.
=>> Moravcik dans les prés – 22h53
C'est bien, du coup dans quelques années quand les Belges nous diront "Vous vous souvenez quand on vous a mis une raclée au Stade de France ?", on pourra répondre "Non."
=>> Coach Potato – 22h53
Tournoi de sixte de St Denis: L'équipe locale fait le forcing pour gagner le lave-linge qui serait bien pratique mais finalement elle se retrouve avec le bon pour un poulet gratuit. Tournoi de sixte de St Denis: L'équipe locale fait lefinalement elle se retrouve avec le bon pour un poulet gratuit.
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