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Chalana 1985, le gaucher du Dniepr

Un jour, un but — Le 20 mars 1985, pour l'une de ses rares apparitions sous le maillot des Girondins de Bordeaux, Fernando Chalana marque le tir au but décisif qui élimine de la C1 le club champion d'URSS : Dniepropetrovsk, aujourd'hui finaliste de la Ligue Europa.

Auteur : Richard Coudrais le 27 Mai 2015

 

 

C'est sans doute le tir le plus cher de l'histoire du foot français. Ce 20 mars 1985, dans l'enfer de Krivoï-Rog où les Girondins de Bordeaux viennent de disputer un quart de finale retour de Coupe des champions face à Dniepropetrovsk, Fernando Chalana se prépare à frapper l'ultime tir au but.

 

 

 

Transfert record de dix-huit millions de francs

On l'avait presque oublié, ce Fernando Albino de Sousa Chalana, l'homme qui a défrayé la chronique en début de saison 1984/85. À la suite d'un magnifique Euro 84 de la sélection portugaise, les Girondins de Bordeaux n'avaient pas hésité à débourser dix-huit millions de francs, somme record du championnat de France, pour acquérir le milieu gauche de Benfica. Un investissement justifié: le gaucher moustachu était l'animateur de la sélection portugaise et en avait fait voir de toutes les couleurs à l'équipe de France lors d'une mythique demi-finale au stade Vélodrome de Marseille. Selon le président Claude Bez, qui s'y connaît en belle moustache, un tel joueur valait bien toutes les folies financières.

 

Or, à peine arrivé à Bordeaux, Fernando Chalana est victime d'un claquage et ne peut pas débuter le championnat. Mauvaise préparation? Hygiène de vie discutable? La poisse? Toujours est-il que le gaucher portugais ne se rétablit pas et reste absent toute une demi-saison.

 

Alors, la présence de Chalana face à Dniepropetrovsk, en quart de finale de la Coupe d'Europe, est un peu une surprise. Les Girondins ont réalisé un remarquable début de saison sans lui. L'équipe est solide, expérimentée et remarquablement organisée. Elle s'est qualifiée pour les quarts de finale après deux épineux premiers tours à Bilbao puis à Bucarest. En outre, en D1, les Girondins ont signé à Nantes, début janvier, une victoire qui écarte définitivement leurs rivaux de la course au titre.

 

Lorsque Chalana est rétabli, Aimé Jacquet admet avoir quelques réticences à l'intégrer dans une équipe qui tourne bien. Mais Claude Bez lui fait savoir qu'il serait indécent de laisser dix-huit millions de francs sur un banc de touche. C'est au Vélodrome de Marseille, là où il avait été si brillant en juin 1984, que Fernando Chalana fait ses débuts dans le championnat de France, en février 1985, à l'occasion d'un OM-Bordeaux. Avant le rendez-vous soviétique, le mois suivant.

 

 

Dniepropetrovsk, ville interdite

Au moment où Chalana s'apprête à frapper le cinquième tir contre Dniepropetrovsk, les Girondins repassent le film de cette incroyable expédition en URSS. Après le match aller à Lescure, largement dominé par les Bordelais mais conclu sur un frustrant 1-1, les choses sont claires: l'avion doit emmener l'équipe à Krivoï-Rog et non pas à Dniepropetrovsk, puisque la ville ukrainienne, qui abrite des usines d'armement, est interdite aux étrangers. Or, le charter d'Air France spécialement affrété pour l'occasion est contraint d'atterrir à Kiev, un épais brouillard étant annoncé au sud.

 

Après une nuit dans un hôtel de fortune, la délégation française apprend qu'elle ne pourra pas reprendre l'avion immédiatement, le fameux brouillard n'étant toujours pas dissipé. On lui propose comme solution de faire le voyage en train, ce qui prendra une bonne dizaine d'heures. Lorsqu'il s'aperçoit que le prétendu brouillard n'est qu'un écran de fumée, Claude Bez se fâche et prévient l'UEFA que son équipe rentrera en France sans jouer. Le matin du match, comme par miracle, l'avion est autorisé à rejoindre Krivoï-Rog.

 

Le match est tout aussi compliqué. Les Girondins se prennent un but d'entrée (Lyssenko, 12e) et tardent à revenir à hauteur de leurs adversaires. Malgré plusieurs occasions, il doivent attendre le dernier quart d'heure et un coup franc magistral de Thierry Tusseau pour égaliser. La prolongation ne donne rien, sinon l'expulsion du défenseur soviétique Vichnievski, coupable d'une faute sur Chalana. Les tirs aux but se passent plutôt bien. Dominique Dropsy détourne la première frappe sur son poteau, aucun de ses coéquipiers ne manque sa tentative, et il ne reste à Chalana, le cinquième tireur, qu'à conclure.

 

 

 

 

Curieusement, le pur gaucher s'élance et frappe… du pied droit. Le ballon se fiche sous la barre, hors de portée du gardien soviétique. Bordeaux est qualifié pour les demi-finales. Dropsy congratule le Portugais, rapidement imité par tout l'effectif girondin. Sous le poids de ses coéquipiers, le héros du jour fait un malaise et s'évanouit. Il se relèvera bien vite, heureusement. Il participera ensuite à la demi-finale contre la Juventus.

 

Lors de ses trois saisons passées en Gironde, Fernando Chalana aura seulement disputé dix-huit matches, toutes compétitions confondues (soit un million le match), et inscrit un seul but en championnat. Mais une qualification pour les demi-finales de la Coupe des Champions valait sans doute bien dix-huit millions de francs.

 

Réactions

  • le Bleu le 27/05/2015 à 09h29
    Lyssenko n'avait pas pour principale qualité la préservation du score acquis.

  • michelidalgo le 27/05/2015 à 10h38
    Merci pour cet article, très informatif pour les jeunes générations.
    Juste une remarque, de l’ordre du détail. Si nous nous plaçons en 1985, il me semble qu’il convient d’utiliser l’orthographe russe Dniepropetrovsk plutôt que l’ukrainienne actuelle Dnipropetrovsk. L’auteur suit d’ailleurs cette règle avec le nom de la ville Krivoï Rog (et non pas Kryvyï Rih).

  • Richard N le 27/05/2015 à 11h18
    Arf ! L'auteur avait pourtant rédigé en écrivant ´Dniepropetrovsk', de mémoire. Puis il a cru bon de vérifier sur Google et de corriger...

  • 12 mai 76 le 27/05/2015 à 16h18
    Petite anecdote, si ma mémoire ne me trahit pas, sur ce match que j'avais vu en Cité U: il était le premier de Coupe d'Europe diffusé par la toute jeune chaîne Canal + qui connaissait des débuts commerciaux très difficiles et il avait donné lieu à une polémique monstre entre Canal et la Haute Autorité de la communication audiovisuelle ( l'ancêtre du CSA). Pour se faire un coup de pub Canal avait décidé très tardivement de retransmettre le match en clair et non en crypté, en violation de tous leurs engagements. Malgré la fureur de la haute Autorité Canal était allé au bout et des millions de spectateurs avaient pu à l'occasion découvrir la chaîne qui mettait un coup de jeune dans le traitement des événements sportifs. Ce match n'a pas été pour rien dans leur décollage.
    Et les hurlements de joie dans la salle de télé de la cité au moment du tir au but victorieux de Chalana c'était quelque chose, tant ce match avait été crispant de bout en bout.

  • vertigo le 27/05/2015 à 19h27
    12 mai 76
    aujourd'hui à 16h18

    Canal + qui à l'époque n'était pas encore accessible sur l'ensemble du territoire. Ce match, moi, je l'ai regardé sur Europe 1.

  • funkoverload le 27/05/2015 à 19h36
    J'étais à Lescure pour le match aller, extrêmement frustrant en effet.
    Je ne me rappelais plus pour Canal, mais j'avais regardé aussi et ce geste de Chalana est jusqu'à ce jour le plus extravagant que j'ai jamais vu, encore plus fort qu'une Panenka.
    J'adorais Chalana.

    Je n'ai pas écouté ce que Giresse disait mais il faut savoir que Chalana était totalement ostracisé par le groupe (dont Giresse était le capo). Outre ses problèmes physiques ça a dû être assez dur pour lui. Heureusement qu'il était le mini-moi de Bez.

    Quoiqu'il en soit, la carrière de Chalana s'est arrêtée en gros à Bordeaux. Je ne sais pas du tout ce qu'il est devenu. Je me souviens enfin qu'à l'époque et un peu après, on a dit tout et n'importe quoi sur ses problèmes de santé...

  • Ba Zenga le 27/05/2015 à 19h49
    Dniepr et péno, ça m'évoque aussi le pion gagesque de Drogba en UEFA 2004. Je me demande encore comment il a pu marquer.

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