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Dudek 2005, double détente

Un jour, une parade — Parmi tous les faits qui ont participé au "Miracle d’Istanbul", il y a dix ans jour pour jour, il y a l’invraisemblable double arrêt de Jerzy Dudek face à Andryi Shevchenko en toute fin de prolongation. Aussi décisif qu’inattendu.

Auteur : Christophe Zemmour le 25 Mai 2015

 

 

De cette finale de Ligue des champions 2005, il y a tant d'histoires à raconter. L'ouverture du score précoce de Paolo Maldini et la première période fracassante de son équipe, qui vire avec trois buts d'avance à la pause. Cette mi-temps dans les vestiaires de Liverpool, pendant laquelle Steven Gerrard peste contre les "salopes" milanaises, Rafael Benítez se perd sur le tableau dans des schémas tactiques présentant parfois dix ou douze joueurs, Djimi Traoré se fait rattraper sur le chemin de la douche alors que la blessure de Steve Finnan sauve sa place sur le terrain, et Jamie Carragher reçoit des textos chambreurs de copains fans d'Everton. Il y a cette faute de Sami Hyypiä sur Kaká, même pas sanctionnée d'un jaune, probablement par indulgence.

 

Et il y a ces six minutes, entre la 54e et la 60e, de la remontée incroyable, de la tête décroisée de Gerrard au penalty en deux temps de Xabi Alonso. Il y a, enfin, les crampes de Carragher et surtout, ce double arrêt inattendu, voire inexplicable, de Jerzy Dudek devant Andryi Shevchenko à la 118e minute, sans lequel tous les efforts des Reds auraient certainement été vains.

 

 

 

Instinct de survie

"Je ne sais pas comment j’ai fait", déclara le portier des Scousers après le match. À vrai dire, il n'est pas le seul, tant le direct a laissé place à la stupéfaction et les nombreux ralentis à une recherche parfois vaine de la réalité. Shevchenko se demande encore comment il a pu ne pas achever Liverpool en cette 118e minute: "Je ne peux pas croire que le ballon ne soit pas entré." Le gardien polonais avait déjà brillamment détourné son coup franc juste avant le but de Gerrard, alors que le score était encore de 3-0 en faveur de l'AC Milan.

 

En toute fin de prolongation, donc, le centre enroulé de Serginho passe au-dessus d'Hyypiä et trouve la tête de Shevchenko. La reprise smashée de l’attaquant ukrainien rebondit juste devant Dudek qui, sur le reculoir, se couche promptement et prudemment sur le ballon, et le repousse devant lui. Pour José Manuel Ochotorena, entraîneur des gardiens de Liverpool arrivé avec Benítez, l’arrêt dénote aussi bien d’une "habileté technique que de l’instinct pur. Dudek s’était déjà placé avant même que Shevchenko n’arme de la tête. Et il avait ses bras correctement positionnés. Ce que vous avez à faire dans cette situation, c’est de vous concentrer sur le rebond."

 

Dans l’élan de son saut, le Ballon d’Or en titre a suivi et reprend en force, à tout juste un mètre du but. Là est peut-être son tort, au lieu d’assurer et chercher le petit filet. Parce que Dudek commence seulement à se relever de son plongeon, ayant juste le temps et le réflexe de mettre ses mains en opposition. "Vous devez revenir dans le match immédiatement, reprend Ochotorena. Si le gardien se relève et se tient debout, il est alors un mur. Nous avons travaillé vraiment dur ces concepts avec Dudek à l’entraînement." Le ballon touche les doigts du gardien liverpuldien et s’envole, quasiment à la verticale parce qu’il faut bien cela pour passer au-dessus de la barre transversale. Shevchenko se prend la tête à deux mains: les choses ne tourneront décidément pas en faveur des milanais en ce 25 mai 2005. Son adversaire, lui, tire la langue et hoche la tête, conscient de sa réussite. Pour Ochotorena cependant, "à ce moment précis, la psychologie fut importante parce Dudek a plus calculé que Shevchenko".

 

 

« Remember Grobbelaar »

Cette finale unique ne se décidera donc pas dans le jeu. Avant la séance de tirs au but, Carragher glisse à Dudek: "Souviens-toi de Bruce Grobbelaar. Tire le ballon loin et prends un jaune si tu veux. Fais n’importe quoi pour gagner un avantage. Et puis merde!" Le défenseur fait évidemment référence à la dernière victoire en C1 de Liverpool, en 1984 face à l’AS Roma. Pour déstabiliser Francesco Graziani, le fantasque portier zimbabwéen avait alors décidé de se trémousser sur sa ligne de but, de jouer le gars bourré, faisant trembler ses jambes, telles des "spaghettis". Quand Serginho s’élance pour le premier tir au but, Dudek exécute des pas chassés et décrit de grands cercles avec ses bras. La tentative du plat du pied gauche du brésilien passe au-dessus de la barre, tout comme la frappe de Graziani vingt-et-un ans plus tôt. Face à Andrea Pirlo, Dudek continue son numéro, s’avance même franchement au devant de sa ligne de but et détourne le tir croisé du numéro 21 milanais.

 

Il est ensuite pris à contre-pied par Jon Dahl Tomasson et Kaká. Mais Shevchenko doit absolument marquer ce cinquième tir au but pour entretenir l’espoir. Son regard ne transpire pas la conviction. Sa frappe du plat du pied est plutôt molle, presque plein axe. Dudek s’agite sur sa ligne, lève les bras et anticipe sur sa droite. Mais il a le réflexe de déplacer au dernier moment sa main et sa jambe gauche à la verticale pour dévier le ballon. Gerrard n’aura donc pas besoin de tirer, juste de célébrer la victoire, aller chercher le trophée et devenir une légende. Pour Jonathan Wilson et Scott Murray, dans leur ouvrage The Anatomy of Liverpool, Jerzy Dudek s’est définitivement inscrit ce soir-là, avec Jamie Carragher, dans "une lignée de héros improbables" qui ont écrit l’histoire du club de la Mersey, aux côtés de Jackie Balmer, Gerry Byrne, Tommy Smith et Alan Kennedy.

 

 

 

 

La suite de sa carrière sera bien plus difficile et se réduira à des miettes. Barré par Pepe Reina lors de la saison 2005/06 après une blessure au bras, il joue très peu et ses relations avec Benítez se tendent. Il rejoint alors le Real Madrid, où il est le remplaçant d’Iker Casillas, loué par ses partenaires pour son professionnalisme. Il y connaît aussi quatre entraîneurs différents (Bernd Schuster, Juande Ramos, Manuel Pellegrini et José Mourinho). Il est de la déroute (0-4) à Alcorcón en Coupe du Roi. Et il est sanctionné d'une amende de 5.000€ pour son rôle dans les exclusions volontaires de Xabi Alonso et Sergio Ramos face à l’Ajax Amsterdam lors de la phase de poules de la C1 2010/11. Mais il a droit à une haie d’honneur de ses coéquipiers lors de son remplacement pour son dernier match face à Almería. L’histoire ne devrait pas l’oublier non plus, surtout eu égard à cette mythique soirée turque de mai 2005.

 

Lire aussi:
Luis Garcia 2005, un train fantôme pour Byzance

 

Réactions

  • Lionel Joserien le 25/05/2015 à 11h20
    Très bon article, merci.
    Et le timing est parfait, en ces temps de départ du Djib' et de Saint Steven.

  • Lucarelli le 25/05/2015 à 14h21
    Et 10 ans après, modulo la victoire en Cup l'année suivante et quelques moments de bravoure en championnat, Liverpool n'en finit plus de devenir une équipe triste à pleurer, jusqu'à l'épilogue gênant de cette saison, la dernière de l'autre héros de cette finale.

  • Ba Zenga le 25/05/2015 à 15h18
    Merci, merci. Luca, il y a eu également quelques belles soirées en Champions League, dont une finale et une demie. Pour moi, le début des emmerdes coïncide avec le départ de Xabi Alonso.

  • magnus le 25/05/2015 à 16h30
    Et c'est encore pire pour Milan.

  • Lucarelli le 25/05/2015 à 17h48
    Ah oui, le départ de Alonso, la dissolution de la charnière Hyypiä - Carragher, et enfin la filière espagnole et ses innombrables transferts qu'on ne peut justifier d'un point de vue sportif (ni avant ni après le passage des dits joueurs).
    Bref, nostalgie et aigreur.

  • Licha Sauvage le 25/05/2015 à 22h02
    Content de voir un article dédié à cet arrêt qui est un des plus légendaires qu'il m'ait été donné de voir en direct à la télé. On l'oublie trop souvent alors que c'est une double parade complètement incroyable.

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