Ballon d'Eau fraîche 14/15, les candidats : Claudio Beauvue et Franck Béria
Un Guingampais volant plein d'humilité, un Lillois chambreur, bon client et engagé: deux jolis candidats pour inaugurer les présentations.
Beauvue, Prince de Bel Air
Comme les Zubar(s), Angloma, Sommeil ou Chimbonda, il a porté la tunique des Gwada Boys. À l’image de certains de ses glorieux aînés, Claudio pourrait bien un jour venir frapper à la porte de Clairefontaine. Car Claudio "Air" Beauvue (vingt-sept ans) est une valeur qui monte. Qui monte tard, mais vite et haut. Formé au FC Nantes, transité par l’ESTAC, La Berrichonne de Châteauroux et Bastia, le Guingampais présente une courbe de progression presque aussi atypique que son profil.
Il en devient difficile de trouver des comparaisons pertinentes. À Guingamp, beaucoup le comparent à Florent Malouda, ancien enfant chéri du Roudourou. Qualités sportives quasi similaires, avec notamment une belle polyvalence qui aide énormément le collectif, un sourire charmant, une grande disponibilité et une arrivée sur les bords du Trieux sur la pointe des crampons. Comme "Flo", il est l'antithèse de la star et fait l'unanimité au club. Le profil de Beauvue est de plus agrémenté d’un atout que Malouda n’avait pas: il règne dans le domaine aérien du haut de son... mètre soixante-quatorze. À cœur vaillant...
Son parcours et son état d'esprit sont à l’image de ceux de l’En Avant: un peu cahoteux, mais terriblement naturel et accessible. Il est devenu progressivement le principal leader d’attaque et le visage emblématique guingampais, comblant lumineusement le vide laissé par le départ de Mustapha Yatabaré dans un style très différent, tout en combinaisons et en mouvement. Tout a souri à Claudio, auteur d'une saison extraordinaire: maintien assuré en jouant; demi-finale de coupe de France; vingt-cinq buts au compteur toutes compétitions confondues, avec notamment une incroyable épopée européenne en guise de touche de fraîcheur ultime, pour faire fondre les coeurs des footeux de France.
Au plus fort de la hype qui l'entourait, Beauvue ne s'est jamais enflammé, n'a jamais oublié d'où il venait, ne s'est jamais détourné du collectif. "Ça fait plaisir, mais de là à se prendre la tête avec ça..., glissait-il alors qu'on lui suggérait un avenir en bleu, au coeur de l'hiver. Je suis sur une bonne série avec mon club, je marque beaucoup de buts, mais il ne faut pas s'enflammer. Tout de suite, un jeune qui flambe, même si je ne suis plus tout jeune, on commence à parler de l'équipe de France..." Comme quoi, régner sur les airs n'empêche pas de garder les pieds sur terre.
Point fort
Il est le visage souriant du miracle guingampais 2014-2015.
Point faible
Il fait tellement briller ses partenaires que Christophe Mandanne lui ferait presque de l’ombre.
Le slogan de campagne
Engagez-vous dans l'armée de l'Air Beauvue
Début mars, il sort sur une civière. Sa saison se termine là, à Guingamp, sous les applaudissements du public breton. Personne ne se réjouit alors de la blessure de Franck Béria, taulier de Ligue 1 désormais âgé de trente-et-un ans et qui mène la belle carrière d’un joueur doué mais pas trop, professionnel réglo sur le terrain, conscient de ses qualités et de ses limites mais aussi de son rôle social.
Pour la presse, il est le bon client. Pas tant parce qu’il aime vanner hors caméra que parce qu’il s’arrête toujours, analyse les choses avec recul et une certaine aisance d’expression. Des qualités utiles pour cet étudiant en Master 2 en management du sport qui a fait ses premiers pas sur les terrains de l'élite en 2001. À l’époque, il est au FC Metz, qu’il a rejoint à l’adolescence après avoir débuté à l’INF Clairefontaine. Et c'est après une saison pleine en Ligue 2 et près de cent matches en lorraine qu'il rejoint Lille en 2007. Ce sera son deuxième et, pour l’instant, dernier club. "J’ai un rôle d’ancien, ce qui prime c’est le club, qui m’a tant donné, explique-t-il dans La Voix du Nord. J’ai connu beaucoup de choses. Tout le bonheur que j’ai pu connaître ici, à un certain moment donné, j’ai envie de le faire partager. Moi aussi j’ai été jeune. Je vais tout faire pour transmettre."
Joueur de club, il est aussi utile sur le terrain que dans le vestiaire, au sein duquel ce grand chambreur fait le lien entre les générations. "Mon rôle? Oui, plus leader, encadrer les plus jeunes, répond-il. Mon expérience, ce que Flo (Balmont) ou moi représentons, on est important pour le groupe, qu’on joue ou qu’on soit sur le banc." Trimballé à tous les postes de la défense depuis son arrivée – il lui est même arrivé de jouer à gauche, à droite puis dans l’axe en l’espace d’un mois –, il n’a jamais rien réclamé, même si cette instabilité l’a peut-être empêché de passer un cap supplémentaire et d’intégrer le groupe France. Pas de regrets, pas non plus de joie excessive quand les titres sont arrivés, Béria est avant tout content d’être là. Et s’il n’est plus au niveau.... "J’aime bien qu’on mérite les choses. Si demain je ne mérite pas ma place, je le saurai au fond de moi, et ça m’embêterait que quelqu’un d’autre en pâtisse."
C’est la notoriété apportée par son statut qu’il met au service d’associations: parrain d’ELA et de Stand’Hope, qui travaille avec des handicapés mentaux à Villeneuve-d’Ascq, il participe régulièrement à diverses actions humanitaires dans la région. Sans faire la tournée des plateaux ou se préoccuper de son image publique, simplement pour servir des bonnes causes. Un joueur loin des mauvais stéréotypes, attachant et sans casseroles, qui partira sans doute aussi discrètement des terrain qu’il y est arrivé.
Point fort
Près d’une décennie en Lorraine puis dans le Nord: si ça c’est pas l'amour du foot...
Point faible
Il est beaucoup moins médiatique que Rio Mavuba.
Le slogan de campagne
Béria bien qui rira le dernier