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Tourner les pages du football brésilien

Bibliothèque – Éloge de l’esquive et Futebol, The Brazilian Way of Life: deux ouvrages essentiels explorent les passions du Brésil pour le ballon rond, retissent les liens entre le jeu et la culture du pays.

Auteur : Christophe Zemmour le 9 Oct 2014

 

 


Éloge de l'esquive

Comme beaucoup de personnes nées au football lors du Mundial 1982, Olivier Guez est de ces nostalgiques du ballon rond que le Brésil de Socrates, Zico et Santana a marqués de manière indélébile, écrivain d’une histoire aussi importante que les victoires de 1958 et 1970. Ce sont ces dernières qui ont permis l’épanouissement et la reconnaissance planétaire de la nation auriverde, conséquences heureuses de l’acceptation tardive de son origine africaine, qui avait auparavant poussé certains à travestir leur couleur de peau avec de la poudre de riz. Le football brésilien trouve ses racines dans l’évitement, la danse du corps, il est un jeu de contrepieds, distrait, spontané, libre et désobéissant, sans être insolent, arrogant ou irrespectueux. C’est l’image du malandro, séducteur et anti-conformiste sensuel, qui est en filigrane et qui caractérise notamment Garrincha, l’amant obsédé au sexe de vingt-cinq centimètres, l’homme détruit par la maladie et l’alcool, l’insaisissable joueur aux jambes tordues.

 

Vie et mort de Mané, vie et mort du football samba – voire football capoeira –, dont Olivier Guez regrette l’extinction, malgré les titres de 1994 et 2002, le premier porté par un Dunga sévère et rugueux, l’autre édulcoré par une opposition de moindre envergure. Cependant, on regrette la quasi-absence de Ronaldo, qui semble pourtant détenir en lui cette idée du football auriverde: déstabilisateur, émouvant, parfois éphémère, mais éternel dans le souvenir du plaisir procuré. Il y est plutôt fait le portrait des hommes aux mille buts, de Pelé évidemment, d’Arthur Friedenreich, premier grand joueur de couleur de la Seleçao – laquelle se passera de lui à cause de sa couleur de peau, avant de le réintégrer pour gagner à nouveau.

 

Éloge de l’esquive remet ainsi constamment et habilement son propos dans le contexte, rappelant les hésitations de la société brésilienne au sujet de l’intégration des Noirs et de la question de l’eugénisme, si prégnante dans les années 30 notamment. Cette savoureuse ode transcende le football avec ses références musicales et littéraires, et donne envie de pousser l’apprentissage plus avant avec notamment le livre d’Alex Bellos, Futebol (lire ci-dessous). L’ouvrage d’Olivier Guez s’attarde, lui, seulement sur quelques faits marquants et cette figure de style qu’est le dribble, “élément fondamental de l’identité brésilienne”. L’auteur use de métaphores et d’une plume élégante qui alterne entre phrases courtes nominales et tirades à virgules, et cale son tempo sur les déhanchés de ces footeux de génie. Un plaisir de lecture et un amour assumé, dignes des gestes techniques et des footballeurs dont il fait l’éloge.

 

Éloge de l’esquive, d’Olivier Guez, Grasset 2014, 13 euros.

 

 


Futebol : The Brazilian Way of Life

Avant de se lancer dans la lecture et la critique de Futebol de Alex Bellos, il convient de préciser qu'il s'agit plus d'un livre et d'une plongée dans la culture football au Brésil, que d'un ouvrage historique. N'oubliant aucun aspect recouvert par le ballon rond dans ce pays, il n'a cependant pas pour but d'être exhaustif ou chronologique, préférant raconter des anecdotes -notamment personnelles- et ainsi analyser l'essence de ce way of life, et reste donc loin de la construction thématique et du traitement méticuleux d'un Calcio: A History of Italian Football. Plus proche du Jonathan Wilson nomade de Behind the Curtain, ou de Phil Ball dans Morbo, Alex Bellos s'efforce, à chaque chapitre, de définir ce futebol, à travers son voyage aux quatre coins du Brésil. Avec une remarquable précision journalistique, malgré un rythme pas toujours soutenu et donc quelques longueurs.

 

Alex Bellos effectue ce parcours au travers des histoires incroyables qui ont suivi la finale de 1950, comme ce supporter qui a monté un film du match s'arrêtant avant le but fatal de Ghiggia et ne retenant que des images de joie. Ou encore de la place – moquée avec ironie par l'auteur – de la religion et de la superstition dans le football brésilien. On ne résiste pas à l'envie de partager certaines anecdotes liées au club de Botafogo, dont celle du président Carlito Rocha qui prit comme talisman son chien Biriba, ou qui a interdit au journaliste Geraldo Romulado da Silva de dormir le week-end, en lui payant des tables de casino, parce qu'il avait eu le "malheur" de rêver une fois que l'équipe allait faire match nul. Mais les personnalités les plus sévèrement critiquées sont les dirigeants corrompus de la CBF, et en particulier le sulfureux Eurico Miranda de Vasco da Gama: les fameuses enquêtes parlementaires de 2000 et 2001 ont droit à un traitement très dense.

 

Grâce à Futebol, on en apprend aussi beaucoup sur le pays, sa population comme sa géographie. Manaus y est décrit avec précision et esprit critique, comme le sont ces fameux "big kickabouts", tournois de foot immenses faisant la part belle aux miss et à une organisation alambiquée. On découvre également avec plaisir ces formes de football jouées dans la jungle amazonienne, parfois à même le fleuve, ou ce stade dont la ligne médiane passe précisément sur l’équateur.

 

Son dernier chapitre, l'un des plus intéressants, est le récit d'une interview de Socrates, qui revient évidemment sur la démocratie corinthiane, sa passion et sa grande sensibilité qui définissent selon lui la relation que cultivent les Brésiliens avec le football. De la même manière, Alex Bellos préfère consacrer un chapitre à Garrincha qu'à Pelé, "l'ange aux jambes arquées" caractérisant plus le futebol populaire que le Roi. On regrettera seulement la coquille dans une légende d'une photo du frère de Rai, stipulant "comme il est aujourd'hui", alors qu'il s'agit d'une édition spéciale Mondial 2014, ne contenant finalement que quelques très petites mises à jour par rapport à l’originale de 2002 et spécifiant pourtant dans le corps du texte que le mythique footballeur est désormais malheureusement disparu.

 

Futebol : The Brazilian Way of Life, d'Alex Bellos, Bloomsbury 2002/2014.
 

Réactions

  • Richard N le 09/10/2014 à 12h40
    Plus le temps passe, plus il m'en manque pour lire et plus je regrette de passer à coté de ces ouvrages. Merci Christophe pour le résumé. A défaut de lire les bouquins, je peux toujours les rêver ;-)

  • Ba Zenga le 09/10/2014 à 13h10
    De rien, Richard. Éloge de l'esquive ne fait même pas cent pages, dans un format très petit. En deux soirées, c'est bouclé. Par contre, Futebol demande plus d'investissement, car plus long (environ 350 pages) et en anglais, on lit toujours moins vite.

  • Croco le 09/10/2014 à 20h05
    L'an dernier j'avais profité des recommandations de bouquins avant Noel et je l'ai pas regretté donc je les note.

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