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Rivera 1970, l'ultime affront

Les héros malheureux de la Coupe du monde - Mis en concurrence avec Alessandro Mazzola, Giovanni Rivera vit le Mundial mexicain de 1970, tantôt dans la peau du sauveur, tantôt dans celle du mal-aimé, mais toujours dans celle du remplaçant.

Auteur : Christophe Zemmour le 4 Juil 2014

 

 
C'est l'histoire de quelques minutes. Des six petites, polémiques et humiliantes, qu'il dispute en finale contre une équipe du Brésil qui mène alors 3 buts à 1, Carlos Alberto attendant toujours l'offrande du Roi. De celles séparant sa défense maladroite au premier poteau sur Gerd Müller et son plat du pied victorieux en demies face à la RFA. De ce but sur une frappe premier poteau marqué au pays organisateur en quart à la 70e. Gianni Rivera, pourtant Ballon d’Or en titre, est condamné à jouer le second rôle derrière la star du rival intériste, Alessandro Mazzola, tout au long d’une compétition ponctuée de heurts, et qui sera à la fois “son triomphe et sa Némésis” comme le dit si bien John Foot dans son ouvrage Calcio.
 


La staffetta

L’Italie sort du premier tour avec un seul but marqué et zéro encaissé. Rivera n’a joué qu’une mi-temps, lors du dernier match face à Israël (0-0). Lui est préféré Sandro Mazzola, dont le registre plus défensif sied mieux au sélectionneur Ferruccio Valcareggi. Ce sera le cas jusqu’à la finale, malgré les exploits de Rivera en quarts et demies. Selon Roberto Boninsegna, attaquant de la Nazionale, “ce fut une erreur historique de ne pas [les] faire jouer ensemble”. Pour le milieu offensif intériste, “c’est typique des Italiens: si on a deux grands sportifs, on les met l’un contre l’autre”. Des paroles qui trouvent une résonance dans celles de Cesare Maldini, qui répondra ainsi aux questions sur la non-association entre Alessandro Del Piero et Roberto Baggio lors de la Coupe du monde 1998: “Les talents ne s’additionnent pas; ils s’annulent”.
 

Avant même le début du Mundial, Gianni Rivera avait fait connaître publiquement, lors d’une conférence de presse, ses désaccords avec le staff et la Fédération italienne. Et il avait même menacé de rentrer, son entraîneur de club Nereo Rocco faisant finalement le trajet jusqu’au Mexique pour l’en dissuader. Son coéquipier et porteur d’eau au Milan, Giovanni Lodetti, pourtant sélectionné dans la liste finale, est renvoyé en Italie, Valcareggi appelant Boninsegna et Pierino Prati pour pallier la blessure de Pietro Anastasi. Pour Rivera, c’est une humiliation. La situation va aboutir à la mise en place de la staffetta (le relais) entre Mazzola et lui, une mi-temps chacun. Pour certains, le sélectionneur valide ainsi la théorie de l’abatino du journaliste Gianni Brera, selon laquelle les joueurs du profil des deux stratèges milanais, techniques mais moins combatifs que leurs coéquipiers, sont un luxe, un poids. Ils seraient des perdants dont le manque d’apport doit être compensé par les autres.
 


“Rivera, Rivera, Rivera, Rivera”

Enrico Albertosi le traite de tous les mots doux de la création: “Figlio di puttana”, “Testa di cazzo”, “Stronzo”. Il a même envie de l’étrangler. Rivera lui avait pourtant assuré qu'il défendrait bien ce premier poteau, mais il l’a déserté et laissé passer le ballon. La RFA vient d'égaliser à 3-3 par Müller dans cette prolongation mythique du 17 juin 1970, et le Golden Boy sait qu’il doit désormais marquer pour se racheter. Il aurait même envie de dribbler toute l’équipe allemande, mais se ravise et passe à Giancarlo De Sisti. Il continue sa course axiale jusque dans la surface adverse, tandis que Boninsegna déborde sur l’aile gauche. Le centre rebondit sur le sol et Rivera est à destination. Avec calme et élégance, le numéro 14 italien penche son corps en avant et reprend du plat du pied pour placer son tir. Spectateurs, caméra et Sepp Maier sont tous pris à contre-pied. L’impression visuelle est forte, la joie partagée avec Riva encore plus.


 

 

Cette victoire réunit un temps le peuple transalpin, alors embourbé dans un contexte politique et social difficile. Mais Valcareggi décide tout de même de laisser Rivera sur le banc pour la finale face au Brésil. Pelé ironise: “Si les Italiens se [le] permettent, quelle équipe ils doivent avoir!” L’image est triste et embarrassante: Rivera n’entre en jeu qu’à la 84e minute, à la place de… Boninsegna. Il y a déjà 3-1 en faveur des Auriverde, l’espoir suscité par le score de parité de la mi-temps (1-1) trompeur et envolé. L'entame convaincante, qui explique probablement le choix du sélectionneur de renoncer à la staffetta, n'a pas tenu sur la durée. Rivera déclarera, acide: “Peut-être que Valcareggi n’avait pas vu qu’il ne restait que six minutes à jouer”. À son retour, la Squadra Azzurra est accueillie par une dizaine de milliers de supporters, certains brandissant des pancartes de protestation contre ce choix. Certains observateurs soupçonnent même le sélectionneur d’avoir sciemment voulu associer le Golden Boy à la défaite en le faisant entrer.
 

 

Interrogé sur l’identité des quatre meilleurs footballeurs italiens en cette année 1970, Sir Alf Ramsey avait eu cette réplique: “Rivera, Rivera, Rivera, Rivera”. Le regret restera donc éternel de ne pas avoir vu celui qui est considéré par beaucoup comme le plus grand joueur transalpin disputer réellement cette finale. Une finale entrée dans l’histoire et dont la Nazionale occupera, à jamais, le mauvais côté.

 

Réactions

  • Richard N le 04/07/2014 à 08h17
    Très bel article. Et très belle série. Bravo à l'auteur ;-)

  • Ba Zenga le 04/07/2014 à 08h48
    Merci Richard, ça fait plaiz.

  • magnus le 04/07/2014 à 12h01
    "Cesare Maldini, qui répondra ainsi aux questions sur la non-association entre Alessandro Del Piero et Roberto Baggio lors de la Coupe du monde 1998: “Les talents ne s’additionnent pas; ils s’annulent”."

    Tout du moins en attaque, parce que ça ne le gênait pas de mettre en place un 5-3-2 complètement anachronique.
    Bel article. J’imagine que beaucoup auraient eu mal à la tête en essayant de faire jouer en même temps Rivera-Mazzola-Riva-Boninsegna.

  • Beubeu le 04/07/2014 à 15h45
    Le Brésil a bien fait jouer 4 numéro 10... Ca pouvait se tenter!

  • Ba Zenga le 08/07/2014 à 09h59
    Et la France aussi, donc oui ça pouvait se tenter. Et merci magnus.

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