Dans la ligne de Miro
À trente-six ans, Miroslav Klose va vivre au Brésil son quatrième Mondial. Un dernier voyage et une dernière chance de titre avec le Nationalelf pour le désormais seul meilleur buteur allemand qui, avec son pays, cumule les buts… et aussi les places d’honneur.
S’il n’en reste qu’un, c’est lui: Miroslav Klose est officiellement l’unique attaquant retenu par Joachim Löw dans la liste finale des 23 Allemands pour la Coupe du monde au Brésil. Gomez, Kießling, Kruse et Lasogga écartés de la liste des 30 pour diverses raisons, seul Volland aurait pu encore lui faire concurrence. Mais le capitaine des Espoirs figure dans les derniers éliminés par Löw.
À trente-six printemps – fêtés en ce 9 juin – Klose va donc rejoindre la cinquantaine d’internationaux qui ont eu le privilège de participer à quatre Mondiaux, qui plus est avec de très bonnes chances d’être titulaire. Comme d’habitude, pourrait-on dire. Retour sur les épisodes précédents.
2002, la révélation
Avant le début du premier Mondial asiatique, l’Allemagne entraînée par Rudi Völler est loin d’être souveraine. En éliminatoires, elle a tardé à s’imposer en Grèce, a souffert en Finlande (2-2), et surtout a bu le calice jusqu’à la lie à domicile face à l’Angleterre (1-5). Enfin, elle a conclu sa phase de qualification sur un 0-0 contre la Finlande qui l’a forcée à passer par des barrages contre l’Ukraine (1-1, 4-1). Dans la Mannschaft de l’année 2002, les noms d’Oliver Kahn et Michael Ballack – au sortir d'un triplé de deuxièmes places avec "Neverkusen" – sont les deux seuls qui sortent nettement du lot.
Le Mondial asiatique va permettre aux médias du monde entier d’en faire ressortir un troisième: celui de Klose. L’avant-centre de vingt-quatre ans évolue alors au 1.FC Kaiserslautern: pour la deuxième saison de suite, il est le meilleur buteur des Diables rouges, et il est même dans le Top 5 des buteurs de la Bundesliga 2001/02. En sélection, il profite de son statut de titulaire acquis quelques mois plus tôt pour inscrire cinq buts – tous de la tête – en phase de poules du Mondial, dont un triplé lors du premier match contre l’Arabie Saoudite (8-0). Titulaire pendant tout le tournoi, Klose ne parvient toutefois pas à faire la différence au cours des matches à élimination directe. Il termine deuxième meilleur buteur du Mondial, derrière le Brésilien Ronaldo dont l’équipe bat 2-0 en finale une Allemagne que finalement peu attendaient aussi haut.
2006, la confirmation
Pour la Weltmeisterschaft 2006, pas de stress lié aux qualifications, puisque l’Allemagne est le pays organisateur, donc qualifiée d’office. À cette époque, Klose, qui joue au Werder de Brême depuis 2004, martyrise les défenses de l’élite allemande grâce au duo redoutable qu’il forme avec son compère croate Klasnic. De quoi finir facilement et largement meilleur buteur de la Bundesliga 2005/06 – 25 buts en 26 journées. Peu utilisé par le sélectionneur Jürgen Klinsmann en 2005, la faute à une blessure à un genou qui l’écarte du groupe aligné notamment pour la Coupe des Confédérations (qui sert de répétition générale au Mondial), Klose redevient en 2006 le titulaire incontesté de l’attaque allemande.
Lors de la WM 2006, Klinsmann fait le choix d’aligner systématiquement en attaque Klose en duo avec Podolski – Neuville étant alors le remplaçant n°1, devant Asamoah et Hanke. Klose termine son Mondial à domicile avec un bilan de cinq buts (dont un seul inscrit de la tête), ce qui lui vaut de finir meilleur buteur du tournoi. Une réussite personnelle qui compte peu devant l’immense déception ressentie collectivement: même avec la meilleure attaque, la troisième place acquise à Stuttgart contre les Portugais n’apaise pas les regrets de la non-qualification pour la finale tant espérée à Berlin…
2010, la résurrection
Quatre ans après cet échec, l’ex-assistant de "Klinsi" Joachim Löw maintient sa confiance à Klose pour le tournoi sud-africain. Pourtant, depuis son arrivée à Munich en 2007, les choses ont changé pour l’attaquant. Son séjour en Bavière est moins réussi que sa période au Werder: il n’a marqué que dix buts en championnat pour chacune de ses deux premières saisons au Bayern, et il a même finalement perdu sa place de titulaire en club début 2010, relégué par van Gaal sur le banc, au bénéfice d’Olic et Gomez. Malgré cette relative mise à l’écart, et malgré le fort rajeunissement effectué au sein de l’équipe nationale – seuls trois trentenaires figurent dans le groupe des 23 appelés – Löw mise sur son avant-centre le plus expérimenté encore en activité.
Klose répond présent. Il est vrai que la concurrence en attaque dans les 23 n’est pas très rude: à côté de Klose, le secteur offensif est composé de Cacau, qui s’éteint très vite après son but marqué contre l’Australie, de Gomez et de Kiessling, jamais titulaires et au temps de jeu cumulé inférieur à un match sur l’ensemble du tournoi. Klose marque ainsi quatre nouveaux buts – dont un doublé en quarts contre l’Argentine entraînée par Maradona. Cela lui permet de devenir le meilleur buteur allemand en Coupe du monde ex aequo avec Gerd Müller, avec quatorze réalisations. Mais lui qui, jusqu’ici, n’avait pas raté la moindre rencontre, a manqué deux matches (suspendu pour le Ghana, blessé pour l’Uruguay). Et si Klose a franchi le cap des cent sélections et rejoint les cinq prédécesseurs qui ont fini trois fois sur le podium (Beckenbauer, Höttges, Overath en 1966-70-74, Littbarski et Matthäus en 1982-86-90), il est le seul d’entre eux à n’avoir pas encore rien gagné avec le Nationalelf.
2014, la consécration ?
2014 verra-t-elle Klose enfin soulever un trophée? Si depuis 2006 elle figure toujours dans le dernier carré des grands tournois qu’elle dispute, l’Allemagne ne semble pas être la grande favorite du Mondial au Brésil. De son côté, Klose a quitté l’Allemagne en 2011, pour une expérience à l’étranger avec la Lazio de Rome, avec laquelle il a pu montrer qu’il n’avait pas perdu son sens du but.
Pour conclure sa longue carrière internationale démarrée en 2001, et récompenser sa régularité au plus haut niveau, Klose – deuxième Allemand le plus capé, meilleur buteur en sélection – mériterait bien un trophée. Mais pour ce joueur plutôt humble et assez discret, qu’on n’a jamais vu aller au clash avec ses dirigeants quand sa situation était moins enviable, et qui a toujours placé les résultats de son club et de son pays avant les siens, la récompense qui conviendrait le mieux serait le trophée pour une victoire en finale. De quoi voir le numéro 11 allemand exécuter un dernier saut périlleux – il a cessé de fêter ses buts ainsi pour éviter de se blesser avant ce dernier Mondial – et remercier le sélectionneur d’avoir cru en lui jusqu’au bout.