Bien sûr, il y a "le niveau de l'opposition", dont on doit pourtant rappeler qu'il a suffi à compliquer la vie de la Suisse il y a quelques jours, et tout ce qui invite à pondérer un score azerbaïdjanesque. Mais il y a pire bagage à emmener en Coupe du monde qu'une telle valise. Et s'il faut rester prudent quant à la portée (et la reproductibilité lors du tournoi à venir) de ce qui a bien fonctionné, ce points-là sont nombreux: entente entre Giroud et Benzema, influence constante de Valbuena, utilité de Cabaye, apport des second choix Sissoko et Griezmann et, évidemment, l'efficacité qui avait manqué contre le Paraguay.
 

Alors, comme il faut lire le proche avenir des Bleus ailleurs que dans des éléments très objectifs, autant se laisser emporter par des impressions, comme celle, désormais persistante, que ce groupe fait équipe, que son sélectionneur fait autorité sur lui, et que cette équipe de France aborde une Coupe du monde, pour la première fois depuis bien longtemps, avec une rare sérénité. Le caractère fort raisonnable des espoirs que l'on place en elle n'est ainsi pas le moindre de ses atouts.
 

La nalyse : un jam sans hics

Pour la confiance, c'est parfait, pour des enseignements majeurs, on repassera donc. Après un affrontement aussi déséquilibré, où la différence de qualité individuelle fut telle qu'elle a aplani l'influence des options tactiques. On peut tout de même se satisfaire du spectacle proposé, de la fluidité offensive tricolore avec un 4-3-3 dans lequel Mathieu Valbuena et Karim Benzema n'ont pas évolué en ailiers, mais en véritables soutiens axiaux à Olivier Giroud. De la rassurante efficacité des Bleus devant le but. De l'absence de blessure grave – et ce n'est pas négligeable au cœur de l'hécatombe actuelle.

La principale curiosité de ce dernier test résidait dans l'association Benzema-Giroud aux avant-postes, une première au coup d'envoi depuis Géorgie-France (0-0), en septembre 2013. Bien aidée par le laxisme défensif jamaïcain, leur relation a été utile sans atteindre des sommets de complicité. "Ils peuvent faire mieux, encore", a d'ailleurs souligné Didier Deschamps après le match. Mais ils offrent chacun des atouts complémentaires qui donnent du relief à l'attaque française. Ribéry forfait, le costume de leader de l'attaque française revient désormais au Madrilène, qui a levé les doutes quant à sa condition physique et affiché un altruisme bénéfique au collectif. Le Gunner a, lui, confirmé son utilité face à un bloc regroupé qui attendra certainement les Bleus le 15 juin prochain, contre le Honduras.

Aligner les deux attaquants ensemble présente tout de même un risque non négligeable quant à l'équilibre défensif des Bleus. Dimanche soir, ni Benzema, ni Valbuena n'ont défendu leur couloir. "Je ne demande pas à Karim et Mathieu d'occuper leur couloir", a objecté le sélectionneur. Cela a tout de même contraint Moussa Sissoko et Blaise Matuidi à une couverture plus large qu'à l'accoutumée, sans toutefois trop nuire à leurs projections offensives. "J'ai un triangle au milieu qui a le coffre pour le faire et compenser sur les côtés", s'est satisfait Didier Deschamps. La Jamaïque, qu'on attendait plus consistante, n'avait de toute façon pas les moyens d'en profiter, mais ce ne sera peut-être pas le cas des adversaires de l'équipe de France au Brésil.

Le sélectionneur aura une semaine pour peser le pour et le contre. D'ici là, il pourra se satisfaire d'une "statistique": lors des trois dernières Coupes du monde, la seule fois où les Bleus ont remporté leur ultime match de préparation sur le sol français, ils sont allés jusqu'en finale. (Julien Momont)

Les gars

À défaut d'être vraiment sollicité, Hugo Lloris a rassuré sur un de ses points faibles: les sorties aériennes.

Mamadou Sakho, comme souvent fébrile en début de rencontre, à l'image de cette passe en retrait risquée à son gardien, est rentré peu à peu dans son match pour dominer sans problème ses adversaires directs, en particulier dans le jeu aérien. Raphaël Varane a été solide, comme d'habitude. Il pique un peu trop sa tête sur un corner de Valbuena (62e), mais sera un atout offensif intéressant sur coups de pieds arrêtés.
 

Mathieu Debuchy est resté relativement discret: la faute à un couloir droit un peu délaissé par les Bleus et à des services pas toujours précis de Moussa Sissoko. Quelques interventions importantes en première mi-temps néanmoins, avant une béquille qui l'oblige à céder sa place à Bacary Sagna, appliqué. Patrice Évra s'est rendu disponible et a beaucoup participé au jeu sur son côté. Pas aidé par un Benzema peu enclin à faire les efforts défensifs, le Mancunien n'a pas toujours gardé son couloir avec sérénité. 
 

Yohan Cabaye s'est appliqué à jouer long avec plus ou moins de réussite, mais a été en progrès par rapport à ses deux dernières apparitions. Pas toujours visible, son utilité pour la cohérence de l'ensemble est bien réelle. Blaise Matuidi, auteur d'un doublé, n'a pas eu grand chose à faire à la récupération et a confirmé qu'il savait percuter. Moussa Sissoko a parfois manqué de justesse dans le dernier geste, mais sa disponibilité a été récompensée par une belle passe décisive.
 

Chaque match qui passe nous rappelle à quel point Mathieu Valbuena est indispensable à l'équipe de France. Sa justesse technique, son jeu sobre et efficace, sa qualité de centre et son entente avec Olivier Giroud le rendent presque irremplaçable.
 

Capable de garder les ballons en attendant le soutien, précieux dans ses déviations et son jeu de tête, Olivier Giroud a consolidé en trois matches un statut de titulaire de plus en plus probable. Quant à Karim Benzema, que sa nouvelle position ne semble pas avoir dérangé, il s'est baladé face à une opposition limitée qui lui a permis de placer deux beaux buts et deux passes décisives. (Nicolas P.)

Espérons juste qu'ils ont laissé leurs fringues Desigual à Clairefontaine.

Vu du forum

=>> Lucho Gonzealaise – 21h02
Je préfère que nos Bleus soient soudés dans le port de coiffures ridicules plutôt que dans l'organisation de grèves de l'entraînement, mais là quand même, Debuchy...
 

=>> Full Metal Caennais – 21h12
Les Jamaïcains sont en 5-4-2 avec un goal volant.
 

=>> Paul de Gascogne – 21h14
On peut donc rajouter "jamaïcain" à la liste des 38 nationalités d'Apoula Edel.
 

=>> Lucho Gonzealaise – 21h21
En tout cas, Matuidi a tout compris, les Jamaïcains ne disent jamais non à un pétard.
 

=>> Moravcik dans les prés – 21h26
Trop facile cet adversaire. Ça me rappelle quand on avait écrasé la Chine 0-1 avant la Coupe du monde 2010.
 

=>> Gouffran direct – 21h37
Barrett serait suivi par L'Hadjuk Spliff.
 

=>> Moravcik dans les prés – 21h47
"Mmm... Gary Oldman dans Le Cinquième élément ?
- Gagné !
- Bon bah c'est bon du coup Mathieu, tu peux arrêter de déconner maintenant."
 

=>> Jean-Manuel Tétris(te) – 22h03
Ah! Le poulpe de Sagna remplace la limande de Debuchy
 

=>> le Bleu – 23h13
Il commence à devenir violent, l'effet du discours de Patrice Évra.
 

=>> CHR$ – 00h37
Benzema à gauche, Fred avant centre du Brésil (et Ben Arfa chez lui): cette Coupe du monde réhabilite Alain Perrin.

Les titres auxquels vous avez échappé

"Reggae comme du papier à musique"
"Une bonne rastatouille"
"Aux armes, et cætera"
"Weed à zéro"
"The Walking Dreads"
"Rousta Rocket"

(par Raoul gonze à l'aise, Gouffran direct, Toto le Zéro, Varane de Komodo, newuser et @SebVb)