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Incohérence et iniquité, la déception du fair-play financier

L'idée partait sans doute d'une bonne intention. Mais, au lieu de réduire la dette, le fair-play financier ne fait que conforter les gros clubs, empêchant les autres de se développer pour combler leur retard.

Auteur : Pierre Barthélemy le 7 Mai 2014

 

 

C’est en fin de semaine que l’UEFA doit annoncer les premières sanctions fondées sur l’entrée en vigueur du fair-play financier cher à Michel Platini. Malgré tout, les mois passent mais le brouillard persiste sur son champ d’application, sa motivation, sa finalité, son avenir… Alors que ces mesures devaient permettre de rétablir la cohérence sportive, il semble que l’on se dirige vers un corpus normatif inefficacement inique.

 


 


Un objectif louable

L’endettement actuel du football européen avoisine les 10 milliards d'euros, dont plus de la moitié représente des emprunts bancaires. Il en va de sa pérennité de freiner la croissance de cet endettement qui pourrait conduire, en cas d’éclatement de la bulle spéculative du football (transfert de Gareth Bale, droits de retransmission anglais), à un séisme aux conséquences médiatiques bien pires que celles de la crise des subprimes en 2008.


Par ailleurs, les inégalités entre grands clubs et clubs de second rang ne cessent de croître, conduisant certains historiques à abandonner tout rêve de maintien au sommet (Glasgow Rangers ou Ajax Amsterdam à l’échelle européenne, RC Strasbourg ou Le Havre AC à l’échelle nationale). Comme en Top 14 de rugby, les espoirs sportifs des équipes tiennent désormais davantage aux considérations économiques de leur bassin géographique et de leur propriétaire qu’à leur historique légitimité sportive.


Un fair-play financier, dont le double objectif est de pérenniser le football européen et de faire de sa richesse un élément d’universalité et non d’exclusion, ne peut donc que séduire.
 


Un champ d’application étrange

Malheureusement, tout n’est pas si simple et la brume qui entoure cette chimère semble n’accoucher que d’étranges décisions. Oubliant ses objectifs déclarés, le fair-play financier semble au contraire faire fi de la dette historique et protéger les présents contre la puissance nouvelle des entrants.


Pour en revenir au PSG, il est savoureux de constater qu’il a été unilatéralement décidé par l’UEFA que son contrat de sponsoring avec Qatar Tourism Authority devait être dévalorisé de moitié. Sans la moindre justification. Ce qui ne surprendra personne puisqu’il s’agit d’un contrat innovant et hors marché, donc dépourvu d’étalon référent. Paradoxalement, le fair-play financier bénéficie au contrat entre QTA et le PSG dès lors que la polémique l’entourant n’a d’autre effet que d’en augmenter la valeur et la crédibilité. En effet, un contrat d’image a pour finalité de faire connaître la partie qui en est à l’initiative. L’UEFA et le Bayern Munich offrent ainsi à QTA sa plus grande exposition médiatique.


L’absence de justification sur la contestation de la valeur du contrat de sponsoring du PSG interpelle d’autant plus que les contrats de sponsoring actuellement en vigueur traduisent une forte tendance inflationniste et peuvent servir de base de comparaison. Bien que l'UEFA ne se préoccupe pas de la valeur d'un contrat lorsqu'il est passé entre deux parties non liées, la comparaison entre l'accord QTA/PSG et les principaux contrats de sponsoring d'autres grands clubs reste pertinente. Ces derniers ne sont-ils pas, eux aussi, surévalués?
 


L'inflationnisme comme norme

Manchester United a conclu pour huit et sept ans des contrats de 211 millions d'euros pour rebaptiser son centre d’entraînement et de 424 millions pour sponsoriser le maillot. Le naming du stade de Manchester City est chiffré à 491 millions d'euros pour dix saisons, celui d’Arsenal à 175 millions pour cinq saisons. Quant au FC Barcelone, il a conclu un partenariat avec Qatar Airways et la Fondation du Qatar pour 330 millions d'euros sur cinq saisons. Des recettes de sponsoring tout aussi impressionnantes et hors marché que celles annoncées pour le PSG.


Ajoutons, par ailleurs, que ces clubs bénéficient de recettes de droits de retransmission télévisuelle sans commune mesure avec les montants français dont la répartition, notamment en Espagne, est très inégalitaire. Un promu anglais dispose ainsi d’enveloppes de transfert supérieures à celles de l’Olympique Lyonnais ou de l’AC Milan. Par ailleurs, certaines dépenses semblent échapper au radar de l’UEFA: le Zénit Saint-Pétersbourg s’est par exemple vu offrir un stade neuf de 65.000 places par Gazprom (quand on sait combien cela a amputé les dépenses sportives d’Arsenal ou de l’Olympique lyonnais).


En outre, la situation géographique, consubstantielle des clubs, crée une injustice qui ne souffre d’aucun remède. Un club parisien seul dans le plus grand bassin démographique et économique d’Europe, autour de la ville la plus touristique du monde, bénéficie d’un avantage structurel inaltérable.
 


Les inégalités verrouillées

Par sa mise en œuvre, le fair-play financier contredit ses deux finalités. Alors qu’il vise à combattre l’endettement, il sanctionne les investissements (hors dépenses déterminantes comme les infrastructures) et apports de fonds, mais ne s’attaque pas à la dette structurelle qui met en danger le football européen. Concrètement, alors qu’il était l’instrument attendu pour lutter contre la dette, il la valide en creux. Comment en est-on arrivé à un fair-play financier qui sanctionne les recettes couvrant les dépenses mais valide les dépenses assises sur la dette? In fine, on valide une dette mal investie qui détruit de la valeur, mais on interdit les investissements aux vertus exogènes positives. En effet, la dette enrichit les banques et appauvrit les clubs débiteurs d’intérêts financiers alors que les investissements des mécènes valorisent les droits de retransmission redistribués et enrichissent le football européen, ses clubs les moins riches (Pescara-Verratti, Palerme-Pastore/Sirigu, Hambourg-Kompany) et le contribuable.


De même, alors que fair-play financier est censé instaurer davantage d’égalité sportive, il conforte la rente de situation des gros clubs actuels. En validant leur dette et en interdisant aux entrants d’investir massivement (même avec un business plan à moyen terme), il ferme le marché. Un cas topique de pratiques anticoncurrentielles où les présents peuvent cumuler deux milliards de dette mais un postulant ne peut acheter un ticket d’entrée à 200 millions d'euros.


Le fair-play financier et son panel répressif sont si opaques que sont évoquées, sans fondement textuel ni indice de fiabilité, des sanctions grotesques et inefficientes. Les amendes n’affectent en effet pas un acteur économique aux fonds illimités. Le reste ne ressemble qu’à un indécent bricolage sans la moindre cohérence. Si les informations relayées par Le Parisien et L’Equipe dans leurs éditions du 6 mai 2014 se confirment, comment justifier l’autorisation de recruter un joueur à 60 millions d'euros mais d’interdire de recruter cinq joueurs à 12 millions? Si ce n’est que les seuls clubs dont les joueurs valent 60 millions d'euros sont ceux... déjà présents au sommet du marché.
 


Business is business ?

Traditionnellement, il est deux méthodes permettant d’ajouter à l’ordonnancement juridique des normes à finalité inavouable. Soit la méthode "pas vu, pas pris" du cavalier législatif (comme pour les interdictions administratives de stade), soit la méthode de l’illusionniste (ou comment faire d’un suppositoire une sucette en l’enrobant de sucre). Que ce soit pour l’article 100 des règlements administratifs de la LFP en matière de domiciliation sportive ou pour le fair-play financier, c’est la seconde méthode qui a été choisie: justifier une innovation textuelle par l’introduction de davantage d’équité sportive. Le règlement au service, pêle-mêle, de l’égalité, de la morale sportive ou de la justice. Qui peut dénier à l’UEFA son grand cœur et son humanité?


La LFP a créé un règlement à la seule destination de Monaco sur l’autel de l’égalité fiscale entre les clubs. Pourtant, elle a aussitôt accepté d’y renoncer contre le paiement d’un droit de ne pas respecter les règles... puis a, sans vergogne, remodifié l’ordonnancement juridique après avoir arrondi ses fins de mois. En l’occurrence, le fair-play financier de l’UEFA, qui n’a aucun effet positif dans la lutte contre la dette ou en faveur d’un plus grand accès de nouveaux clubs au sommet, n’est rien d’autre qu’un prétexte fallacieux pour faire payer, non pas les plus grands "tricheurs" mais les plus grands payeurs. Sanctionner d’une amende un club dont le propriétaire n’a pas de limite financière n’a d’autre sens qu’enrichir l’UEFA et instaurer un péage: acheter le droit de transgresser les règles, en quelque sorte, comme on achète ou l’on s’échange des droits de polluer depuis le Protocole de Kyoto. Les idéaux d’équité ou de morale sportives deviennent donc des biens de marchés destinés à enrichir les présents.


Un fair-play financier qui ne touche que les clubs qui ont des fonds illimités, qui ont des comptes équilibrés et qui n’ont pas encore la légitimité historique ou la force de frappe populaire d’un Real Madrid ou d’un FC Barcelone, a-t-il vraiment pour objet d’assurer la bonne gestion des clubs et leur pérennité? À ce rythme, mieux vaut être endetté et n’avoir pas de DNCG que vouloir investir tout en préservant l’équilibre de ses comptes.
 

Réactions

  • José-Mickaël le 07/05/2014 à 05h41
    Merci pour cette analyse ! Encore un espoir fichu en l'air. Platini semblait sincère dans sa volonté de ramener un peu d'équité, aussi je pense que c'est plus de l'incompétence que de la malveillance. Après tout, c'est un ancien footballeur, pas un ancien dirigeant ou un ancien avocat d'affaire. Peut-être bien que les dirigeants des grands clubs installés le manipulent habilement et rigolent dans son dos. Cette hypothèse est malheureusement cohérente avec les faits.

  • Edji le 07/05/2014 à 07h23
    Si je partage l'avis général de l'auteur de l'article, je trouve l'article un poil prématuré, et bien léger sur certains points :

    - pour commencer, évoquer la croissance insupportable des inégalités dans le foot européen en citant l'exemple de Strasbourg et Le Havre pour l'appuyer, c'est tout de même un peu ridicule ; à ce compte là, on peut aussi prendre la liste de tous les clubs relégués de ces 20 ou 30 dernières années...bah ouais, il y aura toujours des 18e, 19e et 20e, et toujours des clubs qui géreront n'importe comment leur budget, c'est terrible, mais sauf à envisager des Ligues 1 à 80 clubs et auxquelles on n'appliquerait pas les règles inhérentes au droit des faillites, je ne vois pas trop comment empêcher cet état de fait, consubstantiel au foot pro

    - "il est savoureux de constater qu’il a été unilatéralement décidé par l’UEFA que son contrat de sponsoring avec Qatar Tourism Authority devait être dévalorisé de moitié. Sans la moindre justification" : qu'en sait l'auteur de l'article, vu que les sanctions ne sont même pas encore officielles ? Celui-ci envisage t-il sérieusement que cette dévalorisation soit faite d'autorité, alors même que l'instance qui la décide est soumise, en cas de recours du club concerné, au contrôle d'une instance de jugement, puis du TAS ?

    - puis l'auteur compare ce contrat à d'autres, pour se plaindre que ces derniers soient validés sans discussion, en dépit de leurs montants parfois exorbitants : or, (i) il se trouve que pour City (et le lien indiqué par l'auteur suffit à le rappeler), le deal avec Etihad est justement pointé par l'instance de contrôle du FPF comme en contrariété avec ses règles ; (ii) on attend toujours la démonstration du fait que les autres contrats sont hors marché

    - par ailleurs, l'auteur indique que le FPF "ne s'attaque pas à la dette structurelle qui met en danger le foot européen", puis qu'il "valide une dette mal investie qui détruit de la valeur" : ah bon ? Mon sentiment est plutôt que le FPF valide les dettes établies (comme les apports de fonds propres, du reste) de longue date, mais de nature à générer du retour sur investissement, sans quoi il faudra m'expliquer comment elles parviennent à préserver l'équilibre recettes/dépenses

    - "la dette enrichit les banques et appauvrit les clubs débiteurs d’intérêts financiers alors que les investissements des mécènes valorisent les droits de retransmission redistribués et enrichissent le football européen, ses clubs les moins riches (Pescara-Verratti, Palerme-Pastore/Sirigu, Hambourg-Kompany) et le contribuable" : bon, là, c'est vraiment n'importe quoi...la dette comme les fonds propres, ce sont des ressources pour les clubs ; en tant que telles, elles ne sont ni mauvaises ni bonnes, tout dépend de leur répartition et surtout de leur emploi. Par ailleurs, l'auteur semble considérer que les indemnités de transfert allouées aux clubs vendeurs et les salaires versés aux recrues n'existent que lorsque les fonds investis proviennent de mécènes et pas lorsqu'ils proviennent d'établissements financiers...

    - enfin, l'auteur décrète pour le disqualifier que les sanctions du FPF sont grotesques et inefficientes : pourrait-il attendre que l'on connaisse leur exacte teneur avant de se prononcer de manière aussi anticipée et définitive ? Car tout son propos conclusif consiste à considérer que ces sanctions se réduisent à des amendes inefficaces pour des clubs qui ont les moyens de les payer...alors même qu'à mesure que les jours passent, lesdites sanctions paraissent précisément plus originales

    Bref, tout cela manque un peu de rigueur et de recul, c'est bien dommage.

  • Chantôminho le 07/05/2014 à 08h05
    @Edji:

    Sur le caractère prématuré du papier, je ne peux pas te donner tort. Mais il est à lire en connaissance de cause.

    Pour le premier point, ce sont des exemples parmi d'autres pour montrer qu'aujourd'hui certains clubs survivent mieux à leurs erreurs de gestion que d'autres parce qu'ils bénéficient de situations inégalitaires et non en raison de facteurs absolus. Par leur puissance démographique, financière ou politique, certains clubs peuvent éviter un dépôt de bilan là où d'autres clubs ou sociétés de droit commun seraient contraints de déposer le bilan.

    Concernant les sanctions, je pars du postulat que L'Equipe et Le Parisien ont bien fait leur boulot. Concernant la justification et les recours, il n'y en aura pas puisque cette sanction est issue d'une transaction opaque. Donc oui, la dévalorisation est "d'autorité" négociée. C'est bien ce que je regrette. On n'aura ni fondement textuel, ni motivation, ni jurisprudence avec le cas PSG. Or, quand on lance une telle machine et que l'on veut faire un exemple, il est nécessaire d'asseoir solidement la première lame. A voir pour City qui a refusé de négocier.

    Pour les autres contrats, il s'agit de points de comparaison avec ce qui se pratique. Justement pour juger du marché. Hors marché à l'origine, ces contrats et ces montants créent effectivement une référence marché en se multipliant. Mais juger ces montants hors marché seulement quand ils sont entre entités liées, c'est introduire un rupture d'égalité difficilement compréhensible. Et une présomption irréfragable contre tout investisseur lié au club qu'il finance. Mon argument n'est pas de dénoncer ces contrats mais de dénoncer la différence de traitement.

    La dette est évidemment nécessaire. C'est même révélateur de bonne gestion. Une société qui n'a pas de dette ou qui a un excédent de trésorerie n'actionne pas les bons leviers. Le FPF autorise d'ailleurs un déficit annuel raisonnable à ce titre. Mais la dette des clubs espagnols qui se chiffre en centaines de millions (l'Atletico doit 300M€ aux banques et 125M€ au contribuable) n'a rien à voir avec de la bonne gestion. C'est du dérapage complet qui dans toute société normale aurait paralysé toute activité économique et conduit au dépôt de bilan.
    Par ailleurs, la dette bancaire et les fonds propres sont incomparables à raison de leur origine mais aussi de leurs conséquences financières. Un actionnaire ne touche pas d'intérêts (mais des dividendes sous conditions) et n'a pas vocation à récupérer avec certitude son capital. Un actionnaire ne bénéficie pas d'assurance défaut.
    Et je ne vois pas en quoi les investissements d'un mécène seraient moins une ressource que la dette bancaire ou la dette à l'endroit des actionnaires. J'ai du mal à comprendre en quoi la dette établie des clubs espagnols génère plus de retours sur investissement que les fonds d'un mécène. C'est bien cette contradiction que je dénonce puisque le FPF a vocation à corriger ces errements financiers. Ne considérer que les déficits et donc valider en creux la dette bancaire même dans des proportions rédhibitoires n'est pas cohérent.

    En outre, je ne considère pas que les transferts ne se font que sur investissements de mécènes. Je constate que Pescara ou Palerme n'auraient pas touché ces sommes en l'absence d'investisseurs qataris. Quelle banque aurait prêté 15M€ au PSG de Colony Capital pour acheter un jeune de Série B ? Quel actionnaire aurait apporté 45M€ pour acheter un gardien méconnu et un jeune de Palerme ?

    Le papier manque certainement de recul, je te le concède, mais c'est inhérent à toute réaction instantanée. Je ne souhaite que poser, à chaud avec les risques et les défauts afférents, les bases d'une réflexion pour ces prochaines semaines d'actualité.
    En revanche, je te suis moins sur le manque de rigueur puisqu'il me semble que les éléments de réflexion sont argumentés factuellement et théoriquement.


  • katana le 07/05/2014 à 09h23
    Suis je le seul à trouver cet article partisan et complètement faux ?

  • Chantôminho le 07/05/2014 à 09h39
    @katana:
    Je veux bien en convenir, mais sur quels fondements ?

    A titre d'information, cet article du Monde (et notamment ses deux derniers paragraphes) :

    lien

  • Larssonofthebeach le 07/05/2014 à 10h49
    "Ce qui ne surprendra personne puisqu’il s’agit d’un contrat innovant et hors marché, donc dépourvu d’étalon référent."

    J'attends d'un article des cdf qu'il aille un peu plus loin que la simple reprise d'arguments qui pourraient sortir tout droit d'un communiqué de presse du PSG. Le coup de "Mais c'est un pays entier qui est mis en valeur, c'est du jamais vu donc incalculable" ça ressemble quand même un peu beaucoup à de l'enfumage qui mériterait un minimum de remise en cause...

  • serge le disait le 07/05/2014 à 11h10
    Petit Chantome, je partage assez peu tes arguments. Tu auras certainement des compléments à fournir et tu m'excuseras pour le côté décousu des contre argument.

    1- Tu argumentes sur le fait que le fair play ne tient pas compte de l'endettement et ne s'y attaque pas. Soit.
    Le FPF vise en effet à réduire les déficits structurels des clubs, conduisant in-fine à ne plus solliciter d'endettement hors investissements en infra structure (pourquoi s'endetter si les comptes sont équilibrés ? Pour acheter des joueurs ? Ok mais, et là je n'ai pas la réponse, à mon sens les dettes levées ne rentreront pas dans les ressources du club, le conduisant de fait à ne plus respecter le FPF.
    La vision du FPF est à long terme et comment veux tu que l'UEFA dise "maintenant vous remboursez toutes vos dettes sinon oust, dehors" ? Le but est à mon sens de faire en sorte que les clubs soient structurellement bénficiaires (au moins à l'équilibre) permettant ainsi, à terme, que les clubs ne soient plus endettés.
    Je trouve cette démarche et cette aproche plutôt pertinente et pragmatique.

    2- Tu contestes la décision de l'uefa de décoter le contrat QTA en le comparant à ceux de Man U ou du Barça qui sont eux aussi "hors normes".
    Tu oublies un point fondamental : les contrats de Man U et du Barça sont signés avec des tiers qui ne sont pas présents au capital du club. C'est donc un prix de marché répondant à une offre et une demande. Sont pas fous les sponsors, ils vont pas surpayer un partenariat.
    Où le contrat de Man City et du PSG sont discutables (et c'est à mon sens une belle fumisterie de vouloir faire croire que c'est un prix de marché) c'est qu'ils sont signés avec les actionnaires du club. Tu lances un appel d'offre sur ces partenariats avec des tiers désintéréssés au capital et tu peux être sur que cela n'atteindra jamais les 200ME.
    De surcroit, au PSG on parle de 200ME/an. Bien plus importants que ceux du Barça ou de Man U.

    Bref, ce FPF a ses faiblesses mais sa philosophie me semble pertinente pour redresser durablement les comptes des clubs.
    Après, est ce que ce FPF ne va pas contribuer à augmenter les inégalités dans le foot en renforcant l'importance d'une participation à la LDC et en excluant à terme les "ptits clubs" (le cercle vertueux ou vicieux en fonction d'où se pose), c'est un autre débat.

  • Edji le 07/05/2014 à 11h30
    Chantôminho
    aujourd'hui à 08h05
    "Pour les autres contrats, il s'agit de points de comparaison avec ce qui se pratique. Justement pour juger du marché. Hors marché à l'origine, ces contrats et ces montants créent effectivement une référence marché en se multipliant. Mais juger ces montants hors marché seulement quand ils sont entre entités liées, c'est introduire un rupture d'égalité difficilement compréhensible. Et une présomption irréfragable contre tout investisseur lié au club qu'il finance. Mon argument n'est pas de dénoncer ces contrats mais de dénoncer la différence de traitement.
    ---
    Mais il n'y a de différence de traitement que parce que la situation est différente, tout simplement. Il est quand même assez évident qu'une entité indépendante d'un club ne va pas sponsoriser ledit club par pure philanthropie : peut-être la subvention allouée est-elle de mauvaise gestion, mais c'est alors un tout autre problème dont il est question.
    Et s'agissant des contrats entre parties liées, la présomption que tu dénonces n'a aucun caractère irréfragable : si le deal, bien que conclu entre parties liées, correspond à une "fair market value", il sera entériné sans recalcul au titre du FPF.



    "La dette est évidemment nécessaire. C'est même révélateur de bonne gestion. Une société qui n'a pas de dette ou qui a un excédent de trésorerie n'actionne pas les bons leviers. Le FPF autorise d'ailleurs un déficit annuel raisonnable à ce titre. Mais la dette des clubs espagnols qui se chiffre en centaines de millions (l'Atletico doit 300M€ aux banques et 125M€ au contribuable) n'a rien à voir avec de la bonne gestion. C'est du dérapage complet qui dans toute société normale aurait paralysé toute activité économique et conduit au dépôt de bilan."
    ---
    Le montant brut d'une dette ne révèle rien du tout : tout dépend de son caractère soutenable, i.e. de savoir si les résultats dégagés par l'entité débitrice seront suffisantes pour couvrir les échéances (et idéalement, un peu voire beaucoup plus que cela).
    Si tel n'est pas le cas, alors, en effet, on peut s'interroger sur la bonne gestion de l'entité...mais en quoi les règles du FPF tiendraient-elles ce problème pour quantité négligeable ? Si les ressources dégagées par la dette sont mal employées, alors le club peinera à atteindre l'équilibre recettes/dépenses, donc à se conformer à la règle cardinale du FPF, ce qui vaut pour l'Atlético comme pour les autres clubs espagnols.



    "J'ai du mal à comprendre en quoi la dette établie des clubs espagnols génère plus de retours sur investissement que les fonds d'un mécène"
    ---
    J'ai déjà répondu pour partie ci-dessus, mais je ne pose nullement une telle règle : ça dépend des cas, tout simplement.
    Mais il te suffit juste te comparer les résultats (financiers, hein) du Real et du PSG pour avoir une partie de la réponse : sans QTA, le PSG fait pour l'heure 200 millions de pertes, tandis que le Real, nonobstant le poids de sa dette, fait des bénéfices.

  • Chantôminho le 07/05/2014 à 11h38
    @Larssonofthebeach :

    Au risque de te décevoir à nouveau, je n'ai rien à ajouter sur ce point si ce n'est les éléments de réponse à serge.

    @serge :

    1-Sur le premier point, je suis d'accord avec ton raisonnement.

    a) L'objet déclaré du FPF est de limiter les déficits et donc de faire de 2014 l'année 0 d'analyse des budgets.

    b) Néanmoins, le traitement du PSG et City va au-delà, car ils n'ont pas de déficit. Au nom de l'équité, on sanctionne un budget à l'équilibre parce que l'on juge les ressources inéquitables. C'est le FPF qui crée un déficit ... avant de le sanctionner. C'est donc un jugement sur la valeur des ressources et non le strict respect de l'équilibre. C'est en ce sens que ce FPF là me choque, alors qu'à l'origine je me réjouissais de son apparition. Soit il a pour objectif la fin des déficits et les ressources façon QTA sont intouchables, soit il a pour objectif de restaurer de l'équité sportive et dans ce cas les clubs qui ont contracté des dettes rédhibitoires doivent aussi faire l'objet de sanctions, à l'instar des sanctions de la DNCG en France.

    2- Sur le second point, si le FPF se place donc en juge de la "légitimité" des ressources, toute la question est effectivement celle de connaître la valeur marché d'un tel contrat. J'ai cité les exemples d'autres clubs pour permettre d'évaluer ce qui peut se faire. Il est bien précisé qu'il faut l'analyser sous le spectre entités liées / marché.
    A ce titre, deux remarques :

    a) Personne n'a mis le couteau sous la gorge de QTA. Ce sont des fonds librement apportés. En vertu de la théorie des apparences, aurait-il fallu que ces 200M€ arrivent sous forme d'apport au capital ? Quid en cas de donation ? On entre dans toute la partie étrange de la finalité du FPF. Ca rejoint le point précédent où l'importance accordée à l'équité conduit à la construction artificielle d'un cadre normatif;

    b) Concernant la valorisation en elle-même du contrat, il y a tellement de paramètres à prendre en compte que peut-être seuls quelques économistes dans le monde ont la capacité de chiffrer la valeur de ce contrat.
    (i) Même si Larssonofthebeach est dubitatif sur ce point, le fait que ce contrat soit innovant l'affranchit de certaines limites.
    (ii) Surtout son caractère innovant lui offre une bien plus grande exposition que celle d'un sponsor maillot d'un grand club. Quand United prend AON, on a une campagne de pub ponctuelle et des brèves dans les médias. Le contrat QTA / PSG fait l'objet de discussions presque chaque semaine depuis un an dans la presse sportive, la presse économique...
    (iii) En outre, peut-on vraiment aujourd'hui évaluer l'impact de ce partenariat sur le tourisme qatari ? On doit bien reconnaître que le Qatar s'est acheté une exposition médiatique hors norme, bien plus qu'avec ses prises de participations (qui coûtent des milliards) dans les sociétés du CAC40 ou l'immobilier de luxe à Paris.
    (iv) De surcroît, Paris reste probablement la plus grande marque touristique au monde. S'y rattacher par ce contrat offre une exposition unique.
    (v) Enfin, le fait que ce contrat permette au PSG d'arriver soudainement dans le Top8 européen n'en augmente que davantage l'exposition. Surtout quand le PSG peut capter l'attention unique de tous les regards dirigés vers le bassin parisien. Hormis Munich, aucune grosse ville de foot bénéficie d'un statut hégémonique dans une région à la richesse économique et démographique si forte.

    Tout ça donc pour dire qu'il aurait fallu d'une part un cadre normatif clair et libre d'accès avec les critères et les éléments de valorisation, d'autre part un vrai jugement contre le PSG avec un visa des textes fondant la décision, des motivations juridiques renvoyant à un rapport économique d'experts indépendants, un schéma d'analyse jurisprudentiel... On manque encore de recul pour juger, mais pour l'instant, on a l'impression d'un bricolage un peu mafieux dans une opaque transaction où seuls les chiffres et les dollars comptent. Ca m'interpelle d'autant plus que le FPF a fait naître chez moi des illusions à la hauteur de cette déception.

  • Chantôminho le 07/05/2014 à 11h41
    @Edji:

    Parce que le Real dispose d'une rente de situation que le PSG veut se créer par un investissement massif. C'est pour ça que je regrette que les déficits initiaux ne soient pas appréciés sous le spectre d'un business plan à moyen terme. Ca fait barrage à l'entrée et donc pratique anticoncurrentielle.

    Le PSG a désormais un actif "joueurs" bien plus proche de celui du Real. Par conséquent, il n'aura pas l'an prochain de nouveau déficit d'une ampleur 200M€ puisque sa balance commerciale sera plus équilibrée.

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