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Tom Finney, le plombier de Preston

Hommage – Malgré sa petite taille, une carrière entière passée dans un club moyen et la concurrence directe de Stanley Matthews en sélection, il fut l’un des plus grands ailiers qu’ait connu le foot anglais.

Auteur : Richard Coudrais le 17 Fev 2014

 

 Une des photographies les plus célèbres de Tom Finney le représente en train de glisser sur un terrain détrempé. A-t-il été séché (si l’on ose dire) par un adversaire? Cherche-t-il à récupérer un ballon sur le point de sortir ou tente-t-il simplement de freiner une glissade? Toujours est-il que la flaque d’eau se transforme en un océan déchaîné, et l’on a l’impression de voir Tom Finney surfer sur la vague. Le cliché, entré au panthéon de la photographie sportive tout comme dans l’imagerie populaire, a inspiré une drôle de statue inaugurée en 2004 près du stade de Deepdale, à Preston. Cette statue reproduit le joueur dans la même position que sur la photo. Le sculpteur a eu la bonne idée de la placer sur une fontaine où les gerbes d’eau restituent avec un effet saisissant la légende du surfeur de Preston.

 

Tom Finney
 


Stanley Matthews pour rival

Tom Finney n’a pourtant rien d’un surfeur. L’ailier qui porta les espoirs du Preston North End FC dans les années 1950 était plutôt un terrien, un homme solidement accroché aux réalités. Celles d’un joueur qui n’ignorait rien du privilège exceptionnel de faire du football un métier. Sa carrière balle au pied a été longue à prendre forme, d’abord à cause de sa petite taille qui aiguisait le scepticisme des recruteurs, puis à cause de la guerre qui a brutalement différé ses débuts professionnels. Tom Finney avait eu de bonnes raisons de penser que le foot ne le ferait peut-être pas vivre, aussi avait-il pris soin de terminer son apprentissage dans un "vrai" métier, celui de plombier, avant de se plonger vraiment dans l’aventure.
 

Pour ne rien arranger, Finney était ailier droit, un poste un peu limité en débouchés internationaux quand on a la mauvaise idée d’être contemporain d'un monument de la trempe de Stanley Matthews. Mais le plombier de Preston a su contourner cette concurrence qui aurait pu nuire à la carrière des deux hommes. S’il était plus petit que Sir Stan, il présentait l’avantage d’être habile des deux pieds et d’être capable de jouer avec un égal bonheur à un autre poste qu’à l’aile droite. Ainsi l’ailier de poche du Lancashire honora en soixante-seize occasions le maillot du onze anglais, en évoluant à gauche ou parfois même au centre de l’attaque, inscrivant pas moins de trente buts.
 


Arrêté par la guerre

Thomas Finney est né le 5 avril 1922 à Preston, à quelques encablures du stade de Deepdale. Il semble donc appelé à rejoindre les rangs de North End, mais le club marque une certaine réserve. Si le gamin est doué, son gabarit est léger: à quinze ans, Tom ne mesure en effet qu’un petit mètre quarante-cinq. Deux ans plus tard, Tom Finney n’a toujours pas joué avec l’équipe première. Nous sommes en 1939 et l’urgence n’est plus au football. La Grande Bretagne entre dans le deuxième conflit mondial et suspend tous ses championnats. Finney est appelé à défendre son pays, mais comme de nombreux footballeurs de l’époque, il bénéficie de quelques privilèges. Il est envoyé en Égypte principalement pour y disputer des matches et entretenir le moral des troupes [1]. Lorsqu’il revient en Angleterre, Finney dispute les War Leagues, ces championnats de guerre que Preston remporte notamment en 1941. Tom Finney se distingue particulièrement lors de la finale à Ewood Park contre Arsenal (2-1), durant laquelle Eddie Hapgood, le Gunner chargé de son marquage, vit le pire match de sa vie.
 

La guerre se termine enfin et le championnat reprend ses droits. Le 31 août 1946, Preston bat Leeds et Finney marque un but. À vingt-quatre ans, l’ailier est un élément essentiel de North End, mais il n’a pas pour autant abandonné son métier de plombier, puisque l’Angleterre de l’après-guerre a un gros besoin de main-d'œuvre qualifiée. Finney n'est pas riche pour autant, la réglementation sur les salaires étant à l’époque très stricte.
 


Les honneurs des Three Lions

Finney est appelé pour honorer sa première "vraie" sélection le 28 septembre 1946. Il s’agit d’une rencontre face à l’Irlande du Nord à Windsor Park. Il y inscrit un but (score final 7-2) et fait forte impression, mais sa performance est dévalorisée par l’absence de Stanley Matthews. Les deux hommes évoluent au même poste, et entrent donc en concurrence. Ils disputent leur premier match ensemble le 27 mai 1947 à Lisbonne face au Portugal. L’Angleterre s’impose sans trop de soucis (10-0), les deux compères marquent chacun un but, mais c’est Finney, positionné à l’aile gauche, qui arrache les meilleures notes. Sa performance est telle que José Cardosa, le capitaine portugais chargé de son marquage, aurait plusieurs fois demandé à être remplacé.
 

Tout au long de sa carrière, ses performances furent donc systématiquement comparées à celle de Matthews. Son habileté des deux pieds lui a permis d’occuper le flanc gauche de l’attaque, et même quelques fois le poste d’avant-centre où il se montra plus prompt que le Sorcier du dribble. Finney réalise quelques parties de haute volée, notamment lors d’un Italie-Angleterre de 1948 à l'occasion duquel il inscrit deux buts pour un mémorable 4-0. On note également un quadruplé réussi en mai 1950 face, de nouveau, au Portugal (5-3). Finney est évidemment sélectionné pour disputer les trois premières Coupes du Monde de l’équipe anglaise. Il ne peut éviter l’humiliation face aux Etats-Unis en 1950, mais est présent en 1954 en Suisse, puis en Suède en 1958. S’il ne participe pas au fameux 6-3 infligé par la Hongrie à Wembley en novembre 1953, il est sur le terrain en mai 1954 pour le 7-1 concédé face aux mêmes Magyars.
 


Sir Tom Finney’s Road

Bien qu’international, Finney est toujours resté fidèle à Preston North End, un club moyen qui n’a pas contribué à enrichir son palmarès. Il a même passé deux saisons en deuxième division, refusant des propositions plus enrichissantes. Preston remonte en 1951 et connaît une période assez faste. En 1953, North End rate le titre pour quelques poussières, devancé à la différence de buts par Arsenal. L’année suivante, les Lillywhites sont à Wembley pour la finale de la Cup, mais West Bromwich Albion s’impose 3-2. Quatre ans plus tard, Preston termine à nouveau deuxième, loin derrière une intouchable équipe de Wolverhampton. Finney aura donc un palmarès absolument vierge, si l’on excepte ses titres de Footballer of the Year décernés en 1954 et 1957.
 

En 1960, il a trente-huit ans et n’envisage pas d’arrêter sa carrière. Il faut dire que son rival Stanley Matthews en a sept de plus que lui et continue de courir. Mais Finney est trahi par une blessure à l’aine. Il annonce ses adieux en fin de saison 1959/60 et ses adieux contre Luton attirent 30.000 spectateurs à Deepdale. C’est son 433e match de League avec Preston, pour qui il a inscrit 187 buts [2].
 

Tom Finney est resté à Preston où il a monté son entreprise de plomberie. En 1963, il effectuera un surprenant come-back avec le club irlandais de Distillery, pour un match de Coupe d’Europe face à Benfica. Un 3-3 historique et sans lendemain: Distillery, sans Finney, s’écroulera au retour (5-0). La rue qui longe le stade de Deepdale s’appelle aujourd’hui Sir Tom Finney’s Road. Mais Preston North End cherche toujours la voie qui le mènera vers les sommets. Sans doute est-ce pourquoi, en 2005, le club fit appel à sa légende pour occuper quelques temps le fauteuil de président. Tom Finney est mort le 14 février 2014 à l'âge de quatre-vingt-onze ans.
 

Article initialement paru chez kicknrush.com le 5 mai 2006.


[1] Ses biographies précisent même qu’à cette période, il aurait croisé parmi ses adversaires égyptiens un dénommé Michel Shalhoub, que le cinéma rendra célèbre sous le nom d’Omar Sharif.
[2] Dès la saison suivante, privée de son joueur emblématique, Preston North End échoue à la dernière place et est aussitôt relégué. On ne le reverra plus dans l’élite avant longtemps.

 

Réactions

  • Ba Zenga le 17/02/2014 à 09h40
    Très joli texte, merci Richard.

  • Pamèche le 17/02/2014 à 17h11
    Voilà un footballeur qui aurait sans doute figuré au palmarès du Ballon d'eau fraîche... ou au prix Poulidor, au choix!

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