Giuly, une carrière au frais
Il n'est pas dans la liste dans candidats au Ballon d'Eau fraîche 2013, la dernière pour laquelle il était éligible. Afin de compenser ce scandale, nous lui accordons une session de rattrapage-hommage.
Il ne jouera plus jamais en Ligue 1 et ne remportera donc pas le Ballon d'Eau fraîche. Et pourtant, ce n'est pas faute d'y avoir mis du sien. Déjà, au niveau du critère de la fidélité, les atouts de Ludovic Giuly sautent aux yeux. En 2011, à la fin de son contrat avec le PSG et après une carrière bien remplie, le lutin décide d’aller prêter main forte au club qui l’a fait éclater en France, lui ouvrant les portes du FC Barcelone: l’AS Monaco, alors en Ligue 2. Les millions de Dmitry Rybolovlev ne sont pas encore arrivés sur le rocher, et il s’agit alors plus d’aider le club à ne pas descendre en National que de prendre un dernier gros salaire en mode préretraite. Ce retour est chamboulé au bout d’un an par l'arrivée de Claudio Ranieri, après une saison relativement modeste (27 matches, 3 buts). Le coach italien ne compte pas sur lui et Giuly opte alors pour Lorient.
Une dernière pige en Ligue 1, probablement plus pour être éligible au BdEF que pour le climat, qu'il justifie par l'envie de prendre du plaisir et "pour s'éclater tous ensemble." Une saison passée en partie sur le banc (un but en 17 matches), situation pas évidente pour un joueur de son calibre mais qu’il prend avec sagesse, livrant quelques derniers cadeaux avant de quitter la L1... et de rejoindre Chasselay. Le MDA, club de sa jeunesse, dont son père est vice-président, qu’il soutient financièrement depuis quinze ans et qui évolue dans un stade à son nom. L'engagement de retourner à Chasselay, pris au cœur de sa saison 2012/13 avec l’objectif de terminer au niveau CFA, est respecté malgré la relégation à l’échelon inférieur. Finalement repêché de dernière minute grâce à sa bonne gestion, le club permet à Ludovic Giuly d'évoluer au plus haut niveau amateur. La belle histoire est mise en avant par l’élimination d’Istres (L2) en Coupe de France (1-1, but de Giuly). Avec un bonus larmes et un match contre... Monaco au tour suivant, qui se solde malheuresement par une élimination dans une rencontre marquée par la blessure de Falcao.
Sur le critère lucidité non plus, Giuly n’est pas largué. Sa carrière parle pour lui: dans sa phase ascendante, elle porte de Lyon à Barcelone. Impliqué dans la deuxième C1 du Barça, avec notamment un but décisif en demi-finale contre Milan, mais progressivement éclipsé par l’émergence de Lionel Messi, il accepte de redescendre tranquillement les marches de sa carrière (Roma, Paris SG, Monaco, Lorient, Chasselay). L’exemple parfait du footballeur de haut niveau passionné, qui préfère jouer un échelon en dessous à chaque fois que le banc de touche se profile. Un joueur qui sait donc faire preuve de philosophie, état d’esprit bienvenu au regard notamment de son histoire bleue, marquée par une blessure au mauvais moment avant l’Euro 2004 et sa mise à l'écart par Raymond Domenech (17 sélections, 3 buts).
Le critère sens du collectif serait-il le point faible de Giuly? Pas vraiment. Si son profil est celui du joueur percutant, véloce et tonique plus que du créateur de jeu, il a su jouer une rôle de premier plan dans l’aventure collective du Monaco 2004, associer son heure de gloire individuelle avec la naissance du collectif du grand Barcelone, ou encore se faire engager par Christian Gourcuff, le perfectionniste du jeu d’équipe, à trente-six ans. C'est pour cette raison et toutes les autres que Ludovic Giuly aurait dû être de la liste 2013. Et même s'il ne remportera donc pas ce trophée, sa carrière est à saluer.
Point fort
La seule embrouille dans sa carrière, c’est avec Raymond Domenech.
Point faible
Il n’est pas dans la liste des candidats.
Le slogan de campagne
"Encore jeune et Giuly."