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Renverser les plateaux télé

Si on perd, ce sera parce que l’Ukraine aura mérité de passer. Si on se qualifie, ce sera parce que les experts télévisés auront mérité qu’on leur coupe les micros.

Auteur : Gilles Juan le 18 Nov 2013

 


C’est comme si la défaite était réellement interdite. Lorsque "nous" perdons (la France, les clubs français), c’est nécessairement que nous sommes en crise, que nous sommes nuls, que quelque catastrophe couvait, là, depuis longtemps, et qu’il fallait bien qu’elle nous explose à la gueule – et puis voilà, elle a explosé: c’est la débâcle, ridicule, dégradante, scandaleuse. "Symptomatique". D’une psychologie défaillante, d’une sociologie déviante, d’une économie immorale. Jamais la défaite n’est sur les plateaux télé une conséquence, une possibilité du jeu.
 

D’ailleurs ce n’est plus "nous", car "nous" c’est lorsqu’on gagne, c’est "ils" qui deviennent perdants, insupportables, trop payés, trop cons, incapables de mouiller le maillot, de se bouger un minimum pour faire honneur à la France – la France! Qui leur a fait le cadeau de les autoriser à porter le maillot frappé du coq! Comment peut-on perdre lorsqu’on est la France? C’était prévisible, on avait commencé par ne pas chanter l’hymne…
 


Défaite sportive interdite?

Même au rugby. Perdre contre les Blacks quatre fois dans l’année a justifié le constat d’échec d’un sélectionneur, la nécessité d’en changer. L’OM perd tous ses matchss en Ligue des champions? Honte à lui... Mais si les autres sont plus forts? En quoi l’OM serait-il ridicule de sortir de la C1 avec zéro point? L’OM n’a fait que des matches courageux, en Ligue des champions, cette année. Et si la France était tombée sur une équipe qui avait remporté le match, "tout simplement", comme un match peut se perdre logiquement, sur le terrain, parce qu’on a moins su tenir ses nerfs, parce qu’on y a mis de l’engagement, mais que cela n’a pas suffi contre ceux qui ont su mieux que nous se transcender un jour béni? Même aux consultants ex-footballeurs, la simple idée qu’une défaite puisse être d’abord sportive ne vient jamais à l’esprit. Ça ne veut pas dire qu’on se refuse à critiquer, ça veut juste dire qu’il est proprement indécent d’évacuer le jeu et les lectures objectives qu’on est susceptible d’en faire.
 

 



 

Les plateaux-télé pensent manifestement que la victoire leur est un dû: si on ne leur offre pas, on a alors, à leurs yeux, une dette. Sous prétexte que nos joueurs jouent dans des clubs prestigieux, notre équipe n’a pas le droit de perdre contre une autre qui la devance au classement FIFA. Ah, que ces créanciers cyniques l’aimaient, cette même équipe de France, lorsqu’elle égalisait en Espagne il y a quelques mois…
 


Baroud d’honneur

La seule table rase qui vaudrait la peine, c’est celle de cet environnement médiatique nauséabond, dont le moralisme corporatiste dégénère dans son désir d’une autorité pour nous remettre toute cette m... fainéante au travail. Puisqu’elle ne bougera pas, qu’elle aime son reflet dans le miroir au point de mettre en scène le duel "Zlatan / Ronaldo" en faisant le montage des déclarations où l’un et l’autre demandent de ne pas réduire les sélections à leurs personnalités, puisqu’elle continuera de faire son beurre sur le ressentiment et les arguments ad hominem, et bien trouvez-y, chers joueurs, une motivation supplémentaire. Ne pliez pas sous les injonctions à "respecter les médias". Pensez football, pensez supporters, pensez à vous. Charte ou pas charte, Brésil ou pas Brésil, glorieux passé ou non, de toute façon, à leurs yeux, on ne les respecte jamais assez. Le plus drôle est que… plus ils sont méprisés (par Mourinho s’il faut un exemple) plus ils aiment ça. Ils peuvent faires des montages, des zappings. Ils sont contents.
 

Envoyez paître ces donneurs de leçon qui bandent à l’idée de saquer vos notes, qui se réjouiraient d’aller au Brésil d’abord pour tout ce que ça leur rapporterait, qui s’empresseraient en même temps de vous solliciter, comme si de rien n’était, pour mettre leurs caméras dans vos quotidiens qui seraient alors lissés, et policés, par leurs présences. Laissez-les s’essouffler en défendant un football moralisé, eux qui au moindre reproche se justifient lâchement en expliquant qu’en Angleterre les médias c’est pire.
 


Allez la France

Si vous triomphez, les insulter serait leur faire trop d’honneur en leur donnant l’opportunité de continuer à vous accuser. Soyez poli avec eux, adressez-vous aux supporters par leur intermédiaire. Exultez entre vous, bizutez les jeunes en les envoyant en conférence de presse, savourez.
 

Si vous perdez, alors que c’était loin d’être inaccessible, il vous faudra alors faire profil bas – ce que les plateaux télé et les grands quotidiens n’ont jamais le courage de faire. Trop imbus d’eux-mêmes pour faire preuve de lucidité, les mecs avaient volontiers méprisé Lille et son entraîneur Rudy Garcia, lorsque ce dernier avait fait aveu d’impuissance après la défaite à Munich l’an dernier. Il avait fallu que le Bayern batte le joli Barça pour que les plateaux télé, qui voulaient leur finale Barça-Real, commencent à s’interroger. Soyez plus nobles qu’eux, qui se distinguent d’abord par leur miraculeuse aptitude à avoir manqué toutes les occasions (et elles ont été nombreuses) de mea culpa ces dernières années.
 

Ceux qui aiment l’équipe de France seront heureux avec vous si vous passez, et seront tristes avec vous si vous êtes éliminés. Ceux qui vous maudiront n’auront rien compris. Bon courage à vous.

 

Réactions

  • plumitif le 18/11/2013 à 08h18
    Publier en boucle ce genre de papier à un public forcément convaincu c'est aussi faire preuve de facilité.
    Passer au cran du dessus c'est à dire faire la preuve d'une analyse plus charpentée que ceux que l'on fracasse serait plus pertinent et constructif.
    Et serait aussi l'occasion de plus
    s'exposer.

  • Basile mais pas boli le 18/11/2013 à 09h15
    Mouais c'est un peu facile tout ça. On met tout le monde dans le même panier et emballé c'est pesé.
    Je vais me faire l'avocat du diable mais vous ne croyez pas que publier un tel article à l'emporte-pièce c'est aussi faire preuve d'un "moralisme corporatiste" qui "dégénère dans son désir d’une autorité" ? Certains (beaucoup !) de journalistes/consultants sont à jeter et je suis le premier à sourire quand un article pointe leurs contradictions mais c'est jouer dans la même cour qu'eux que d'écrire un tel édito.

  • magnus le 18/11/2013 à 09h17
    En prenant comme exemple l'OM qui n'a fait "que des matchs courageux" en LDC (le match à domicile contre Naples: LOL comme dirait Jacko), le papier a le même défaut que l'objet de sa critique: évacuer le jeu.

  • johnny gategueune le 18/11/2013 à 09h29
    @magnus
    Est-ce que tu as entendu les mecs qui se sont répandus tout le week-end parler de jeu? On n'a eu droit qu'à des imprécations simplistes sur l'engagement et les mentalités. S'ils ne sont pas foutus de porter une analyse crédible, il est légitime de les dézinguer sur leur propre mentalité, à mon avis.

    @plumitif
    Le compte-rendu du match comporte bien une "analyse plus charpentée", non? Plus que tous ce que j'ai vu/lu ailleurs en tout cas.

  • Tous en slip le 18/11/2013 à 09h31
    "un public forcément convaincu"

    Convaincu de la faiblesse globale des observateurs médiatisés du foot, peut-être...

    Mais en l'occurrence je ne suis pas en ligne avec le début du texte. Il me semble que la situation, là, en novembre 2013, de l'équipe de France, découle effectivement d'une vraie "crise", d'une somme d'incompétences et d'erreurs répétées depuis plusieurs années. Non ? Même si au bout il n'y a qu'une paire de matchs, fatalement soumis à une réalité sportive plus ponctuelle.

    L'attitude des invités de plateaux TV est agaçante pour bien des raisons, mal justifiée, mal portée, mais elle peut aussi rencontrer de vrais problèmes d'un foot qui va réellement mal. Je crois bien avoir vu ici une infographie reprenant de volée un courrier de Noël de Fred Thiriez risible d'optimisme benêt, ou un article montrant à quel point le projet Footpro 2012 était un fiasco...

    Je comprends qu'il puisse y avoir des scrupules à hurler avec la meute, surtout quand celle-ci se base sur des analyses bas-du-front. De là à prendre le contrepied systématique et sur tout... Un certain nombre de déclarations et d'attitudes montrent bien qu'il y a des problèmes plus profonds que le fait de perdre "simplement" un match de foot contre plus fort que soi.

  • johnny gategueune le 18/11/2013 à 09h43
    @Tous en slip
    Quelles déclarations et attitudes? Les mots maladroits de mecs qui ne comprennent décidément pas les contraintes de la com et ce sur quoi ils vont se faire allumer? Qui ne comprennent pas quel discours on veut qu'ils tiennent pour répondre à une demande, la sincérité n'ayant rien à voir là-dedans? Et les "attitudes", est-ce que ce sont des notions objectives, ou bien des trucs dans lesquels tous ces haters projettent leur haine?

    Sur le plan sportif, l'équipe de France a terminé deuxième dans le groupe de l'Espagne, après avoir pu espérer mieux au soir du match de Madrid. Et elle a raté (mais pas dans les proportions que j'ai lues) son match aller. Est-ce que ça justifie le déchaînement réellement haineux auquel on assiste sur ces plateaux télé?

    A mon avis, le texte a parfaitement raison de pointer l'incapacité à accepter qu'une défaite soit sportive, et pas la traduction d'une faillite morale. Aujourd'hui, on n'en est pas du tout à analyser ce que les responsables de l'équipe de France aurait pu faire mieux (interrogation parfaitement justifiée), mais à mener un énième procès qui confine vraiment à la débilité sur les principales ondes. Comme s'associer à ce procès?

  • Pascal Amateur le 18/11/2013 à 09h49
    @ Plumitif et Basile
    Personnellement, je ne critiquerais pas ce texte comme vous le faites. Il n'est pas constructif ? Il est une colère à l'emporte-pièce, pamphlétaire, aveugle ? Oui, il y a de ça. Mais il n'est que l'expression de la rage qu'ont monopolisée les autres.
    Si vous me permettez cet adage de Valéry Giscard d'Estaing :

    « Tout d'abord je trouve toujours choquant et blessant de s'arroger le monopole de la colère. Vous n'avez pas Messieurs les Journalistes, le monopole de la colère ! Vous ne l'avez pas... J'ai une colère comme la vôtre qui bat à sa cadence et qui est la mienne. Vous n'avez pas le monopole de la colère. »

  • gurney le 18/11/2013 à 09h53
    C'est un texte partisan, on va pas y chercher la mesure. Il est là pour contrebalancer à sa manière l'énorme degueullis de c...ies qu'on lit/entend depuis trois jours.
    Des mecs qui polluent toutes les ondes possibles et imaginables.
    Des mecs qui nous innondent sur twitter.
    J'ai jamais autant haï cet environnement corporatiste.
    Alors oui, il y a quelques exagérations dans ce texte, sur les matchs de l'OM ou autre. On s'en fout. On est en guerre là. On est déjà sur de la perdre, dépassé que nous sommes en nombre et en poids médiatique, alors on va pas commencer à chercher le bon compromis entre eau tiède et chaude.

    Je crois que je commence à nourrir le même ressenti pour les consultants/journalistes que eux en nourrissent avec les joueurs.
    Sauf que nous, si ils font une grève, on viendra pas s'en plaindre, bien au contraire.

    Petit apparté sur Dugarry. A ce niveau là, c'est quoi ? Le syndrome de Stockholm ?
    Le mec, il a souffert toute sa vie qu'on réduise son foot à ses statistiques faméliques et à son amitié avec Zidane, et il fait pareil maintenant qu'il est de l'autre côté ?
    Il se rend compte que le Dugary de 98 lui mettrait un coup de boule dans les gencives ?
    Une aussi forte négation de tout son passé, c'est high level quand même.

  • Sens de la dérision le 18/11/2013 à 10h16
    gurney
    aujourd'hui à 09h53

    C'est un texte partisan, on va pas y chercher la mesure. Il est là pour contrebalancer à sa manière l'énorme degueullis de c...ies qu'on lit/entend depuis trois jours.
    Des mecs qui polluent toutes les ondes possibles et imaginables.
    Des mecs qui nous innondent sur twitter.
    ----
    Bah la solution c'est quand même de fermer les yeux là-dessus. J'ai regardé avec un masochisme maladif les éructations de Pascal Praud après le match. Une telle haine c'était impressionnant.
    Par contre dès que je voyais un sujet sur le foot sur les chaînes d'info je me dépêchais de faire tout autre chose.
    Idem pour les autres médias. Le CFC en a fait des tonnes ? Fallait faire autre chose. RMC aussi ? Ya d'autres chaînes de radio.
    Je comprends l'idée de ce papier, je ne comprendrais jamais ceux qui s'infligent les commentaires dont on sait pertinemment ce qu'ils seront même si quelque part il peut y avoir un fond de vérité dans ce qu'ils disent.

  • Tous en slip le 18/11/2013 à 10h17
    Johnny :
    "Les mots maladroits de mecs qui ne comprennent décidément pas les contraintes de la com et ce sur quoi ils vont se faire allumer?"

    N'y a-t-il pas des moments dans l'emploi du temps d'un footeux, ou durant sa formation, des créneaux qui permettraient de travailler là-dessus ? De les aider justement ? 5 ans après la demande en mariage de Domenech, c'est pas une grosse erreur récurrente de la fédé de ne pas faire plus sur le sujet ? Benzema qui ignore Giroud au moment de le remplacer alors qu'il y a eu 1000 focus sur eux depuis 2 ans, y a pas moyen, en 10 minutes de discussion, de faire en sorte d'éviter ça ? Nasri qui dit qu'il pensait avoir plus de chance de marquer en piquant son ballon mais qu'il ne le fait pas "par peur du ridicule", là y a pas un lien direct entre le jeu et l'attitude ? Franchement, vu le contexte, ces joueurs ultra observés on peut pas les encadrer ? Un joueur comme Evra, tu peux pas discrètement le briefer ou le suivre quand il est prévu qu'il participe à une itw télé ? Il y a (pour moi) des tas d'erreurs derrière tout ça, et je ne parle pas des joueurs.

    "Le texte a parfaitement raison de pointer l'incapacité à accepter qu'une défaite soit sportive, et pas la traduction d'une faillite morale"

    OK pour l'obsession focalisée sur la faillite morale, surtout en EDF. Mais les échecs des clubs français (autre sujet, certes, mais voisin selon moi) sont au contraire toujours entourés d'excuses, de chouineries, de "temps de récupération", "on a pas assez de sous", et de décisions arbitrales malheureuses. Les faits de matchs d'une défaite sportive, qui ne souriraient qu'aux autres. Au lieu de se demander pourquoi c'est systématiquement les clubs de L1 qui sont pénalisés par ces faits, ce qu'il y a derrière, et pourquoi Nice, Sainté, Bordeaux se font éclater par des clubs danois et chypriotes moins fortunés qu'on continue à regarder de haut...

    Enfin, il n'y a pas qu'un barrage mal engagé dans la balance, mais aussi deux phases finale sagouinées (2008 et 2010) + une autre en suivant, honnête sans être convaincante. Et l'impression que peu de choses changent, moi je l'ai sincèrement, au-delà des singeries des uns et des autres sur Canal ou Itélé. Or cet article, derrière la critique média, me donne un peu l'impression que tout va bien... (c'est ma lecture, je me trompe peut-être).

La revue des Cahiers du football