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Vieira 2006, la résurrection inachevée

Lors de cette Coupe du monde allemande, il a relancé les Bleus et remis Zidane sur orbite, avant de devoir les abandonner à une encablure de l'arrivée.

Auteur : Stéphane Pinguet le 24 Oct 2013

 


Le parcours de l’équipe de France en Allemagne risque de rester, quelques années encore, le dernier grand exploit de la sélection – n’en déplaise aux sceptiques sur l’âge et la forme des joueurs, ou sur le sélectionneur. Le deuxième tour de la compétition et les exploits de Zidane ont sans doute rejeté dans l'ombre la performance de ses coéquipiers. À l'exception d'un seul: Patrick Vieira.
 

 



 


La fin qu'on voit venir

Après un match raté face à la Suisse et un autre rageant contre la Corée du Sud, les Bleus se retrouvent, et ce sont les mots de l’époque, "condamnés à l’exploit" pour leur dernier match de poule. L'adversaire qui se dresse devant eux et qu'il faut battre par deux buts d'écart n'est que le Togo, mais la peur fait toujours recette et personne ne se moque des coéquipiers d'Emmanuel Adebayor. Lors des deux précédentes compétitions internationales (hors Coupe des Confédérations), la France a en effet chuté face au Sénégal en 2002 et la Grèce en 2004. Dans une atmosphère défaitiste, beaucoup anticipent une autre énorme déconvenue, tant le jeu français semble patiner et les cadres faire leur âge.
 

Et c’est à ce moment que Patrick Vieira, après une préparation et une entame de tournoi alarmante, refait surface pour rendre à l’équipe de France la combativité qui lui faisait défaut. Jusqu’à transcender tout le groupe, ce 23 juin 2006, le jour de ses trente ans et de sa 90e sélection, celui aussi des trente-quatre ans de Zidane, suspendu pour ce match décisif en raison de sa moyenne d’un carton jaune par match. Vieira et Zidane, les deux grognards vivement critiqués par les millions de sélectionneurs français: "trop vieux", "pas au niveau", "trop lents", "jamais décisifs". Il était donc écrit que l’équipe de France n’y arriverait pas, qu’elle rentrerait très vite, qu’on mettrait en question les joueurs, le sélectionneur, la préparation, les publicités, la conspiration allemande et l’alignement des planètes.
 


Deuxième souffle

Très vite, Vieira est omniprésent, essentiellement grâce au sacrifice de Makelele qui gère en grande partie le travail défensif. Mais de nombreuses actions restent inachevées, la poisse semble être coriace et à la 55e minute de jeu, le score est encore de 0-0. Il reste trente-cinq minutes pour marquer le double du nombre de buts inscrits par les Tricolores depuis le début de la compétition. Jusqu’à une charge de Ribéry droit dans la défense et sa passe pour Vieira, qui élimine son défenseur sur le contrôle, mais se retrouve complètement dos au but. Il pivote, enroule sa frappe, petit filet. Il en faut encore un, qui viendra dans les cinq minutes. Vieira fait un appel en longues enjambées, Sagnol le voit, Vieira saute et dévie pour Henry: contrôle, frappe et but. La France est qualifiée, le numéro 4 est le bonhomme du match. Zidane ne terminera pas sa carrière sur une suspension et tout le monde souffle.
 

Le match contre l’Espagne est connu de tous pour ce but de Zidane qui contresigne une victoire en forme de revanche sur ceux qui annonçaient sa retraite, mais en réalité le craignaient encore pour l'avoir admiré durant ses cinq années au Real. Ce match est aussi celui du premier but en équipe de France de Franck Ribéry, le vrai grand coup dans la liste de Domenech. Vieira abandonne son brassard au retour du patron, mais seulement le brassard. Il est encore l’homme du match: une passe décisive pour l’égalisation de Ribéry à la 41e, le but de la 83e qui assomme les Espagnols. En deux rencontres, il a permis aux Bleus de revoir la lumière puis de revenir dedans, avec cette qualification pour un quart de finale champagne contre le Brésil inespéré une semaine avant. Zidane peut finir le travail tranquillement.
 


La fin qu'on n'a pas vu venir

Tant de choses ont été dites sur le match du Brésil qu’il est inutile de s’attarder. Avec un niveau de jeu tellement élevé, il serait malvenu de mettre en avant un joueur plus qu’un autre – sauf Zidane évidemment, mais ce n’est plus le même combat. Tous solidaire et pourtant chacun à son poste, les stars françaises affichent un niveau au-delà des attentes. Vieira compris, tout en puissance et en rayonnement, attire les ballons comme un aimant et dans un rôle de meneur bas, il distribue et oriente. Ce ne sera pas son troisième match de suite avec une passe décisive et un but, puisque, altruiste, il en laisse aux copains et permet enfin au monde d’admirer une passe décisive de Zidane pour Henry.
 

Zidane est la star de cette finale, dernier match du maître au cours duquel il marque sur une panenka et obtient la dernière balle de but, et qu’il perd dans le thorax de Materazzi. On se rappelle finalement moins le penalty raté de Trezeguet ou la barre de Toni. Ou la sortie de Vieira. Le tournant du match oublié par les résumés officiels, celle qui fait perdre le leader du milieu, le point d’appui qui crée le surnombre, celui qui relaie les messages aussi. La France tient l’Italie, elle la submerge au retour de la mi-temps, c’est le bon moment pour marquer, pour cadenasser. Mais Vieira n’a jamais été épargné par les blessures inopportunes. Après un mondial exemplaire, il a des contractures aux cuisses, et son corps le lâche, ce grand corps nous lâche. Alou Diarra le remplace, le cœur n’y est déjà plus tellement. Peut-être même aurait-il été plus juste d’entendre les mots de Thierry Gilardi pour le grand Pat’ et seulement pour lui: "Non, oh non, pas ça, pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait".
 

Réactions

  • Doc Emett Brown le 24/10/2013 à 01h50
    Viera est évidemment le plus grand joueur français dont on ne parle jamais. Sans doute parce que son physique (et une réputation acquise en Angleterre)a donné à beaucoup l'impression que c'était un milieu de terrain cantonné aux basses besognes, un 6 sans sans finesse ni jugeote...

    Mais ce n'était pas seulement un récupérateur (terme élégant, donnant l'impression qu'un rôle tactique est tenu par le joueur, pour dire que c'est un bourrin) : il possédait une finesse technique et une vision du jeu qui lui permettait d'avoir un apport offensif très important. Un véritable "deep playmaker" comme disent les anglais (expression qui n'a pas d'équivalent en français car on considère souvent dans nos contrées qu'un joueur placé devant la défense doit être un stoppeur un peu plus avancé).

    Je suis souvent peiné de constater que personne ne souvienne de lui comme le grand joueur qu'il était... l'oublié des années 00, je vous dis !!

    Le prochaine fois, je vous parlerai de Marcel Desailly (l'oublié des années 90).

  • sansai le 24/10/2013 à 03h36
    On mesure l'oubli dont est victime Vieira dans les propos tenus par Laurent Blanc, pourtant un de ses anciens coéquipiers, dans l'affaire de sinistre mémoire.

    Des grands blacks costauds comme Vieira, on en manque depuis un moment, un peu la faute aux blessures de Diaby.
    Puisse Pogba être celui-là.

  • Ba Zenga le 24/10/2013 à 08h30
    Merci pour les souvenirs. Putain, on aurait dû la gagner, cette coupe.

  • Van Der Wiel Age People le 24/10/2013 à 09h32
    Perso, j'ai très rapidement oublié la coupe du monde 2010 (un peu comme les Gaulois ont oublié Alesia...).

    Par contre, la défaite en finale en 2006 (et la sortie prématurée de Pat et le coup de folie de Zizou) reste une put£%@ de blessure grande ouverte.

    Comme dit Ba Zenga, on aurait vraiment dû la gagner et seule une victoire dans une grande compétition pourra la refermer (un peu comme l'ont fait TP et sa bande à l'Euro cette année).

    A propos de la blessure de Pat cette année là, un jour il faudra peut être demander des comptes à Arsène Wenger, qui lui a fait jouer (avec l'accord du joueur, certes) un tas de matches blessés pednant 9 ans, et qui sentant la fin plus proche s'en est séparé en 2005 (fin de contrat approchant aussi) avant de le voir renforcer l'infirmerie londonienne. Ainsi, il a plutôt renforcé l'infirmerie turinoise et s'est présenté en Allemagne après une saison hâchée et globalement moyenne pour lui. Nous avons assisté à sa renaissance pendant le tournoi avant la fin tragique (et mer..).

  • Ba Zenga le 24/10/2013 à 09h41
    Mais non, si Vieira était blessé en club, c'est parce qu'il jouait trop en EdF, Wenger te l'assurera.

    Autant la finale est certainement ma plus grande déception de supporter, autant elle reste un de mes matches préférés. D'ailleurs, je l'ai revue souvent, pas plus tard que la semaine dernière. Maso, moi?

  • Christ en Gourcuff le 24/10/2013 à 10h15
    Ba Zenga
    aujourd'hui à 09h41

    ____

    Rien que pour le psychopate qui met une panenka en finale de CdM, ça vaut le coup. Mais qu'est-ce que ca fait mal!

    L'image que j'ai de Vieira dans ces CdM c'est cette passe magnifique dans la profondeur pour Ribery face à l'Espagne. Controle parfait, enchainement et la ballon qui passe à quoi? 3cm du pied espagnol?

  • la rédaction le 24/10/2013 à 10h22
    @Ba Zenga
    Extrait d'un article des Cahiers, août 2004:
    ---
    "Les sélectionneurs mettent la pression sur les joueurs pour qu'ils disputent des matches, même s'ils ne sont pas au mieux, et ce sont les clubs qui en subissent les conséquences" (AFP). Rien de nouveau sous le ciel de Londres, donc, puisque l'Arsène ne craint toujours pas de travestir, voire d'inverser la réalité (de l'invertir, dira-t-on). Le même Arsène qui abhorre le turnover et qui asséna, au lendemain de déclarations de Patrick Vieira se plaignant de son état de fatigue et réclamant du repos: "J'ai regardé les statistiques du match, et physiquement, Patrick a été extraordinaire". CQFD. Si les joueurs se blessent, c'est bien entendu parce que les matches internationaux sont terribles pour les organismes, alors que les matches de clubs régénèrent leurs capacités physiques.
    ---
    lien

  • Licha Sauvage le 24/10/2013 à 11h59
    Bel hommage pour un grand joueur injustement critiqué au moment où il ne fallait pas...

    Je ne vois que Pogba comme "successeur" bien que ne raffolant pas de ce genre d'étiquette.

  • Gouffran direct le 24/10/2013 à 13h03
    Et je clique les liens, et je mate le match en entier et je bouffe 2h de ma journée!
    Je ne vous dis pas merci!

    Quand il est sorti en finale j'ai fait la moue et je comprenais pas.
    Arsène paiera pour ses crimes.

  • Bouderbala le 24/10/2013 à 13h17
    Merci, c'est un bel article qui permet de revivre bien des sensations.

    En revanche, il est clair que le grand oublié des compte-rendus cette Coupe du Monde, c'est Mikaël Silvestre.

La revue des Cahiers du football