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À qui le mérite ?

Le match nul lors de la deuxième journée, au Parc des Princes entre le PSG et les Corses d'Ajaccio, était écrit. Dans la Bible.

Auteur : Gilles Juan le 20 Août 2013

 


Paris a largement dominé le match contre Ajaccio, dans des proportions rarement atteintes: plus de 30 frappes dont une bonne proportion cadrée, contre une seule concédée, plus 70% de possession de balle, cinq fois plus de passes que l’adversaire, mais un score final d’un partout, dont le mérite revient, manifestement, à Ochoa, le vif gardien des Corses, auteur d’une douzaine de parades formidables, mobilisant toute la palette des activités d’un gardien. Réflexe sur la ligne, détente, sortie dans les pieds, promptitude à revenir sur ses appuis, qualité du placement, sans parler des sorties aériennes et des relances efficaces bien qu’en catastrophe, après passe en retrait douteuse: le Mexicain a écœuré joueurs et supporters parisiens, qui ont aussi dû se désoler de voir deux fois la barre et deux Ajacciens sur la ligne retarder l’égalisation.

 


 


Paris a fait le Job

Paris a dominé, Paris a mérité de gagner? Ambiguë, la question du mérite. Parce qu’insondable, vraisemblablement [1]. Dans l’Ancien Testament, la leçon est donnée aux hommes de ne pas se figurer des notions de mérite et de justice trop simplistes. "Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive; ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint", affirme l'irréprochable Job (3:25) accablé par Dieu faisant mumuse avec Satan. Eux aussi, les supporters ont vu venir que ça ne rentrerait pas, que le PSG ne gagnerait pas, et en même temps ils ont trouvé tellement injuste que les dieux du foot ne leur accordent pas la délivrance méritée, la victoire dans les arrêts de jeu… Alors qu’Ajaccio n’a fait qu’un tir! Un seul! Et le PSG 37! La barre en tremble encore. Démunis, ils n’avaient même pas de cibles à accuser. Gardien virevoltant, arbitrage impeccable, adversaire qui joue avec ses armes… Certains accusaient donc le sort, comme les favoris accusent toujours le sort: contre eux et eux seulement les autres se dépassent soi-disant toujours, ont de la réussite comme jamais… Comme s'il fallait toujours que quelqu'un, ou quelque chose, porte le chapeau pour l'injustice.
 

Mais s’ils n’ont pas tous lu la Bible, les supporters connaissent le foot et savent, au repos, en tirer les mêmes enseignements: on gagne, on perd, avec ou contre le cours du jeu, et il ne nous appartient pas d’estimer si les choses sont justes ou non. Elles sont. Comme bien des joueurs, les supporters sont d’ailleurs superstitieux. Reste le sentiment que quand même, là, vraiment… "Si on rejoue le match dix fois..."
 


L’attaque mérite-t-elle de gagner ?

On va prendre acte du fait que Dieu est mort, considérer que la question de la justice est légitimement posée dans ce monde, et s’interroger finalement sur le sentiment le plus répandu: il semble naturel de considérer que l’équipe qui a poussé pour l'emporter méritait de gagner. Mais dans quelle mesure celle qui a défendu ne méritait-elle pas, elle aussi, de repartir avec un point? La notion de "mérite" signifie que lorsque des efforts ont été fournis, il est normal et naturel qu’ils soient récompensés. À partir du moment où les efforts et les qualités des Ajacciens leur ont permis de tenir, on ne peut considérer que le match nul n’est injuste que si l’on admet, implicitement, le privilège de l’attaque sur la défense. Car quoi d’autre? Si ce n’est pas le sentiment que l’attaque valeureuse mérite plus de gagner que la défense valeureuse d’obtenir un match nul, qu’est-ce qui pourrait justifier qu’on ressente une forme "d’injustice" face à ce résultat? En lisant les commentaires, on est obligé de constater que les efforts défensifs ont moins de valeur (comme aux yeux des jurys du Ballon d’Or). D’ailleurs, si Paris avait marqué un second but, il y a fort à parier que beaucoup – peut-être les Ajacciens eux-mêmes! – aurait trouvé cela "normal". Après tout Paris avait dominé, Ochoa avait retardé l’échéance autant que possible, mais finalement, il devait bien y avoir une "logique"... Cette logique est celle de la valeur supérieure des velléités offensives sur la ténacité défensive.
 

Pour des raisons esthétiques? Parce qu’au foot, pour gagner, il faut nécessairement gagner, et donc, quelque part, un minimum, attaquer? Mais n'attaquer qu'une fois a failli suffire. En termes de qualité et d’intensité, la valeur des efforts, ce dimanche, était largement réciproque. Sur le plan tactique, on peut même estimer qu'Ajaccio a mieux joué. Reste, pour départager les efforts aux yeux de la justice, leur orientation. Mais il faudrait expliquer en quoi l’une est supérieure à l’autre, surtout en championnat ou une équipe supérieure reçoit celle qui n’est pas assurée de se maintenir. Dans le cas contraire, le match nul doit apparaître comme un résultat assez juste, et même, allez, parfaitement logique, parce qu'il a reflété le déroulement du match.
 


La parole est à la défense

Autre détail intéressant: la note de 9/10 attribuée à Ochoa par L’Équipe. On ne s’étonne généralement pas que les notes soient décevantes. Mais celle-ci était particulièrement attendue. Se flattant sans doute d’avoir un niveau d’exigence élevé, l’évaluateur a dû estimer qu’en ayant pris un but, Ochoa avait "failli", d’une certaine manière, au bout du compte – ou bien il a estimé qu'Ochoa avait dû être suppléé quatre fois, par ses montants ou ses défenseurs, et que son match n’était donc pas parfait. Ou les deux. Mais dans la mesure où il est absolument impossible de reprocher à Ochoa d’avoir encaissé le but (il était même particulièrement bien placé, et aurait pu capter une frappe moins puissante ou moins bien cadrée), de même que ses défenseurs n’ont pas eu à compenser une éventuelle erreur (au contraire, le mérite revient aussi à Ochoa de laisser quelqu’un au premier poteau sur corner), pourquoi faut-il déprécier la performance individuelle du gardien sous prétexte qu’elle n’a pas suffi? Que fallait-il à Ochoa en plus d’être irréprochable? Il lui fallait, pour être parfait, contrarier l’intégralité de la sacro-sainte attaque.
 

Parce que la finalité du foot est finalement de marquer des buts, la performance de l’attaquant écrase les autres qualités, et seul peut être parfait le gardien qui a su garder sa cage "inviolée" (terrible, ignoble métaphore). Ainsi le gardien qui n’a pas su être l’ultime rempart pour empêcher le ballon de franchir la ligne n’a alors pas parfaitement joué. Il a finalement eu droit à sa petite pénétration, parce que son équipe l’avait bien cherchée, et serrant ainsi les fesses. Le privilège de l'attaque? Peut-être un sexisme caché.
 


[1] Faut-il intégrer les budgets des équipes dans la réflexion? Mais peut-être que Paris a mérité le prestige et le budget qui sont les siens?

 

Réactions

  • Luis Caroll le 20/08/2013 à 15h45
    Difficile de faire un tel article sur le mérite sans parler de la chance.

  • la menace Chantôme le 20/08/2013 à 16h25
    D’ailleurs, si Paris avait marqué un second but, il y a fort à parier que beaucoup – peut-être les Ajacciens eux-mêmes! – aurait trouvé cela "normal". Après tout Paris avait dominé, Ochoa avait retardé l’échéance autant que possible, mais finalement, il devait bien y avoir une "logique"... Cette logique est celle de la valeur supérieure des velléités offensives sur la ténacité défensive.

    > Pour ce qui est de la logique et de la normalité, qui sont des notions plus objectives (surtout la première), il me semble que le raisonnement est différent.

    Il n'y a pas que des motifs subjectifs à cette logique et à l'anormalité (relative) de la non-victoire parisienne.
    La supériorité de l'attaque sur la défense est aussi, il me semble, une logique physique : les temps de réaction font qu'un attaquant a systématiquement une avance sur le défenseur (à moins qu'il s'agisse de Thiago Silva), sa prise de décision précédent celle du défenseur.

    Les options du défenseur pour combler son retard naturel sont d'anticiper les intentions de son vis-à-vis ou de le pousser à faire ce qu'il veut. Et là, même s'il me semble évident que Ravanelli avait décrit un style d'occasions adverses acceptables (comme les frappes de loin de Pastore, Thiago Silva, etc.), je doute qu'Ajaccio ait sciemment poussé Paris à avoir tant d'occasions nettes et variées contre Ochoa.

    C'est aussi ce principe de base de retard permanent du défenseur qui fait qu'il vaut normalement (à qualités offensive et défensive équivalentes, ou en faveur de l'attaque) mieux attaquer pour gagner dans le foot. Pour peu qu'une équipe sache vraiment ce qu'elle fait, même une défense très vaillante devrait "normalement" s'incliner tôt ou tard. Et pour le coup, Paris a quand même montré une réelle maîtrise de son sujet et fait plus ou moins ce qui lui plaisait (à part marquer davantage !).

    Pour moi, ce résultat est donc une véritable anormalité illogique, mais effectivement absolument pas un nul "injuste" pour Paris ou "immérité"/"heureux" pour Ajaccio.

  • la rédaction le 20/08/2013 à 16h30
    @Luis Caroll
    Il semble pourtant que l'article évoque cet aspect, même si c'est avec un synonyme:
    "Certains accusaient donc le sort, comme les favoris accusent toujours le sort: contre eux et eux seulement les autres se dépassent soi-disant toujours, ont de la réussite comme jamais… Comme s'il fallait toujours que quelqu'un, ou quelque chose, porte le chapeau pour l'injustice."

    Pour remettre une pièce dans le bastringue, on peut ensuite se demander si la chance ne se mérite pas en football... Et ce qu'est la chance: un ballon sur la barre, c'est de la malchance pour l'attaquant ou un manque (même infime) d'adresse?

  • Luis Caroll le 20/08/2013 à 16h55
    La rédac, il me semble que la chance n'est ici pas évoquée mais évacuée alors que c'est peut-être l'élément le plus fondamental. De manière très mathématique, plus on tirera une pièce en l'air, plus elle aura en effet de chances de retomber à un moment sur le côté pile.

    Donc oui, la chance se mérite. Jusqu'à un certain point. Parfois on tirera face 10 fois de suite. Il n'y a pas de notion de mérite là dedans. Et parler de mérite dans le foot sans parler de chance, c'est comme parler de mérite dans le poker sans parler de chance. Ca fait intégralement partie du truc!

    On aurait par exemple pu parler du fait que le mérite en foot se décide sur des temps longs, là où la chance s'estompe (une décision d'arbitrage, un terrain mouillé ou sec, c'est de la chance). Que les résultats de championnats sont par conséquents plus justes (ou méritoires) que les résultats en coupe, etc.

    Ca permettrait même de sortir de la dictature de l'analyse courte, et de rappeler qu'un match de championnat gagné ou perdu, en soi, ça de donne droit à rien, ça ne fait rien gagner. Et que le mérite se mesurera au nombre de points qui sépareront PSG d'Ajaccio à la fin de la saison.

  • Punk Sludge Grind le 20/08/2013 à 16h55
    "Cette logique est celle de la valeur supérieure des velléités offensives sur la ténacité défensive"

    ----

    Je pense en effet que les tentatives offensives sont mieux appréciées pour deux raisons.

    Tout d'abord, pour marquer, il faut créer, prendre des risques, essayer, construire. Défendre, c'est contrer, empêcher, détruire. Je trouve normal que marquer soit plus apprécié qu'arrêter.

    Ensuite, marquer, c'est un acte très difficile. Ca se voit, c'est très rare en foot ! C'est quoi déjà la stat ? "7 face-à-face sur 10 sont remportés par le gardien". Pourquoi Wenger a toujours voulu placer son joueur le plus technique avant-centre (Bergkamp, Henry, Van Persie). Parce que c'est le plus dur dans le football. Quel mérite a Pedretti d'arrêter la tête d'Alex : celui juste d'être ici, le ballon lui arrive dessus, un reflexe mineur lui permet de contrer le ballon. Le mérite d'Alex sur la même action ? La synchronisation de son impulsion et de la trajectoire du ballon, la force et l'orientation de son crane lors de l'impact avec le ballon pour l'envoyer vers le but mais pas sur le gardien, sans compter qu'il doit prendre le dessus sur le défenseur qui le marque (passer devant et/ou aller plus haut).

    Bref, pour ces raisons là, je trouve logique qu'on valorise plus le fait de marquer que celui de défendre. Je précise que j'ai passé toute ma "carrière" de footballeur en tant que défenseur !

  • la rédaction le 20/08/2013 à 17h24
    @Luis Caroll
    Merci pour cette argumentation, très intéressante, mais dans laquelle quelques remarques peuvent faire tiquer.

    Tirer au but, ce n'est pas tout à fait lancer une pièce et ne relève pas d'une pure logique probabiliste (même si c'est ce dont on a l'impression quand on signale aucun but pour un grand nombre de tirs cadrés - encore faut-il les cadrer). L'analogie avec le poker semble aussi biaisée: même si on affronte un adversaire "ses cartes en main", il y a en football plus de façons de les jouer au sens où il y a plus de façons de les lancer sur la table. Une partie de foot, ce sont des interactions extraordinairement complexes entre les détenteurs d'"atouts" individuels, un déroulement avec plus de rebondissement et de scénarios potentiels qu'une donne n'en laisse à un joueur de poker (OK, ça peut se discuter: un joueur de poker, sur une partie entière, a aussi une infinité de choix différents auxquels recourir).

    Après, il faudrait que tu définisses la notion de chance dans le football. En reprenant l'exemple du tir sur la barre: quand on dit de lui qu'il est malchanceux, peut-être oublie-t-on que dans de nombreux cas un tir mieux "assuré", à un mètre du montant, aurait été beaucoup plus efficace. En l'occurrence, on croit à tort qu'un tir sur le cadre était précis (ça, c'est plutôt le challenge Machin).
    Bref, la frontière entre malchance et maladresse est bien difficile à définir, au point que la notion un peu ésotérique de chance ne soit pas d'un grand recours pour interpréter un match.

    En revanche, bien d'accord pour dire que la chance s'estompe dans la durée d'un championnat et que la notion de mérite accroît sa pertinence dans cette durée-là.

    Surtout, l'article fait un autre choix, pas moins légitime que celui que tu préconises: celui d'aborder le sujet sous l'angle du mérite, et celui de se demander pourquoi en football on le reconnaît plus pour l'attaque que pour la défense (cf. les réactions ci-dessus, qui portent bien sur cet aspect). Et compte tenu de la façon dont l'auteur développe ce choix, on peut penser qu'on est très loin d'une "dictature de l'analyse courte", sauf à considérer qu'il faudrait traiter tous les sujets de façon exhaustive et contradictoire, en abordant de façon systémique tous ses aspects, à la manière d'un travail de recherche. On est là dans un exercice plus modeste. Et puis on interdit aux rédacteurs les articles de 75.000 signes.

  • Maurice Eculé le 20/08/2013 à 19h09
    "Tirer au but, ce n'est pas tout à fait lancer une pièce et ne relève pas d'une pure logique probabiliste"

    Qu'est-ce qu'une "pure logique probabiliste" ? Une approche probabiliste n'exclue pas l'existence d'une dynamique complexe, c'est même une de ses principales utilités, par exemple dans la physique statistique. Ainsi le lancer de pièce est en théorie un problème de mécanique, c'est l'impossibilité de connaître précisément la condition initiale et de résoudre les équations d'évolution qui imposent l'angle probabiliste.

    En revanche la théorie des probabilités est un cadre contraignant, comme pressenti dans le reste du message : il faut des événements (tirs cadrés ? bien placés ?) et une loi de probabilité (la succession d'interactions est-elle modélisable ainsi ?).

    Pour le reste, j'interprète le "ils méritaient de gagner" comme l'estimation d'un résultat moyen du processus "match", ce que retranscrit assez bien le "si tu le joues 10 fois...".

  • Luis Caroll le 20/08/2013 à 19h26
    La rédac, la comparaison avec la pièce, c'était pour rappeler que le résultat d'un match de foot tient beaucoup de la chance, c'est pour ça que ses résultats sont tellement moins prévisibles que dans les autres sports. Je ne crois pas que ce soit sujet à débat.

    Là où l'article me semble omettre un pan entier du problème, c'est qu'il part du postulat qu'on considère que le PSG méritait de gagner parce qu'il a attaqué. Ca me parait un peu osé comme postulat. Je crois surtout qu'on considère que le PSG méritait de gagner parce qu'avec une chance normale, ça finissait en 3-1. Ca donne un peu l'impression que l'auteur s'est inventé un moulin à vent, "ceux qui pensent que le PSG méritait parce qu'il a attaqué" et s'est lancé à son assaut.

    Dans " À partir du moment où les efforts et les qualités des Ajacciens leur ont permis de tenir, on ne peut considérer que le match nul n’est injuste que si l’on admet, implicitement, le privilège de l’attaque sur la défense." il faut impérativement intégrer le facteur chance, ce qui rend caduque la fin de la phrase.

    Et comme pour la pièce, le problème mécanique qui fait qu'un ballon tiré de 20 mètres va finir 3cm à gauche ou à droite du centre du poteau, est trop complexe pour qu'il soit résolu par l'esprit d'un footballeur. C'est la marge d'erreur, qui sur 15 tirs cadrés suffit dans des conditions de chance normale pour mettre 2/3 buts

  • Ward le 21/08/2013 à 10h22
    C'est toujours bien un article qui creuse les idées reçues et nous force à réfléchir aux évidences, mais si beaucoup d'idées reçues sont bêtes, beaucoup d'autres sont fondées, et je crois pour ma part que c'est le cas de celle-ci : l'attaque, en football, "mérite" d'avantage que la défense. Il suffit d'avoir un peu joué au foot pour se souvenir que, lorsque l'on tombe sur plus fort que soi, on décide collectivement de défendre à fond en croisant les doigts pour avoir un minimum de chance - parce que c'est alors la seule tactique qui peut déboucher, si les astres sont bien alignés, sur une victoire ou un nul. Parce que le football est ainsi fait qu'il est difficile d'y créer quelque chose de fluide et d'harmonieux, et bien plus facile de s'employer à y détruire les tentatives de création adverses.

    Dans cette configuration, on dira alors que les tâcherons "méritent" de faire un bon résultat (dans le sens où l'effort, la combativité et l'abnégation ont du mérite dans l'absolu, avec une forte nuance morale), et en même temps que leurs gracieux adversaires "méritent" tout de même la victoire (dans le sens, cette fois, où l'on reconnaît tout de même au talent une valeur suprême dans le cadre d'une activité compétitive fondée sur l'adresse). Les deux mérites n'ont pas le même sens.

    Et aucun d'eux n'exclue la possibilité de la chance ou de la malchance. Ajaccio mérite, à sa lourde manière morale, un bon résultat contre le PSG - ET bénéficie d'une chance absolument délirante. Un mot sur celle-ci : la performance du gardien en soi ne relève pas de la chance (les réflexes, même à la frontière du surnaturel, n'en sont pas), ni les frappes sur les barres (pas la chance : maladresse infinitésimale des frappeurs), ni les sauvetages de défenseurs sur la ligne (pas la chance : lucidité et abnégation de ceux-ci), ni le fait que Pedretti sorte, sur la seule occasion corse du match, le plus beau but de sa saison. La chance ne réside pas dans chacun de ces "faits de jeu" pris isolément, mais dans leur combinaison, leur articulation, succession et concomitance au sein du même match de foot, des mêmes 90 minutes.

La revue des Cahiers du football