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Le prêt, et après ?

Alors que le nombre de prêts augmente, regardons qui prête qui, à qui, et si ça marche... Petite étude sur les joueurs prêtés par les clubs  de Ligue 1, et leur destin incertain.

Auteur : Paul Junca le 9 Juil 2013

 


"Le Bonheur est dans le prêt". Combien de fois n’a-t-on lu ce jeu de mots facile en période de transferts? Mais la maxime se vérifie-t-elle pour les nombreux joueurs qui reviennent de prêt et reviennent gonfler en ce moment les rangs de clubs qui ne veulent plus forcément d’eux? Chiffres à l’appui [1], étudions comment le modèle de prêt a évolué ces dernières années et tentons de dessiner le portrait-robot du joueur prêté version 2013.
 

S’il reste encore marginal à l’orée des années 90, le prêt de joueurs se développe peu à peu afin de permettre aux clubs formateurs de laisser s’aguerrir leurs joueurs encore un peu verts pour intégrer l’équipe première. Dans les années 2000, la concurrence des clubs étrangers, puis la nécessaire rigueur économique ont placé le modèle de prêt au cœur de la stratégie des clubs français. Ces deux dernières saisons, la nécessité pour les dirigeants de contrôler leur masse salariale a contribué à une augmentation continue du nombre de joueurs prêtés par les clubs de L1.

 

évolution nombre joueurs prêtés clubs ligue 1
 

 

Cette augmentation est essentiellement due à la période de transfert estivale, le nombre de prêts réalisés en janvier restant moindre (en dépit d'une croissance lors de la saison passée), ce qui laisse penser que ces derniers relèvent d’une nécessité plus sportive qu’économique. En bonus, le nombre de prêts par club de Ligue 1.
 

Pour corroborer ce sentiment, il est instructif de se pencher sur les destinations de ces joueurs.
 

 

destination joueurs prêtés clubs ligue 1 

 


On note une nette hausse de la part des prêts intra Ligue 1 en hiver (23% des transactions contre 6% en été), confirmant que le prêt hivernal relève essentiellement d’une logique sportive et répond à un besoin du club acquéreur. D’ailleurs, lors de la saison écoulée, la plupart des joueurs qui ont changé de maillot en janvier ont eu un temps de jeu significatif dans leur nouveau club: Mollo à Saint-Étienne, Raspentino à Brest, Chalmé à Ajaccio, ou encore Tinhan et Mulumba en L2.
 

Autre élément frappant, les destinations les plus prisées lors de la fenêtre estivale sont les divisions inférieures (L2 et National rassemblent plus des deux tiers des prêts). Cela relève ici à la fois d’une logique de poursuite de la formation (l’âge moyen dépasse tout juste les vingt-et-un ans) et d’impératifs économiques, les clubs cherchant plus que jamais à rationaliser la taille de leurs effectifs.
 

Enfin, les prêts vers l’étranger s’inscrivent dans une démarche inverse à la précédente. Si leur nombre s’accroit significativement en hiver [2], on note une moyenne d’âge supérieure à vingt-six ans. Ce sont pour la plupart des joueurs qui ont connu leur heure de gloire dans leurs clubs, mais dont ces derniers se débarrassent pour des motifs économiques (Helder, Bastos), ou pour des rendements insuffisants au vu de leur potentiel (Lugano, Jussiê, Emeghara).
 


Y a-t-il une carrière après le prêt ?

Pour bon nombre joueurs de retour de prêt, la reprise de l’entraînement est synonyme d’interrogations. Quel sort leur réserve le président? Tiendra-t-on seulement compte des performances réalisées la saison pensée? Entrent-ils dans les plans de l’entraîneur? Et si celui-ci est nouveau, va-t-il rebattre les cartes de l’effectif? Pour aiguiller ces âmes en peine, dressons le bilan des retours de prêt 2012, et voyons si la mode est davantage au Leiti N’Diaye ou au André Ayew.

 

situation joueurs prêtés clubs ligue 1
 

 

On pouvait s'en douter: plus des trois quarts des joueurs prêtés sont indésirables la saison suivante. Les plus chanceux sont à nouveau prêtés ou trouvent un club plus accueillant, à un échelon inférieur. D’autres restent sur le carreau avec une carrière souvent compromise. Dans cette dernière catégorie, on trouve étonnamment moins de joueurs expérimentés désabusés (David Bellion, et à la limite Fabien Robert) que de jeunes pousses en quête de temps de jeu.
 

Inversement, qui sont les joueurs qui arrivent à s’imposer en L1 au terme de leur prêt? Pas de recette miracle, pas de progression spontanée et inattendue: ce ne sont ni plus ni moins que des joueurs qui glissent du haut de tableau vers des clubs moins prestigieux. Les Bordelais (Krychkowiak, Ayité, S. Sané) et les Lyonnais (Yattara et Reale) sont les principaux représentants de cette catégorie.
 

En fin de compte, un seul joueur déjoue les statistiques en s’imposant dans un club plus huppé que celui de son prêt. Mais pour ce cas bien précis, il faudrait bien un article complet pour comprendre le phénomène. Sacré Mustapha Bayal.
 


[1] Source : soccerway.com.
[2] Et encore, le pourcentage estival est dopé par le départ à Mouscron de quatre jeunes Lillois.

 

Réactions

  • le Bleu le 09/07/2013 à 09h38
    En réalité le prêt est généralement une option de la dernière chance pour le joueur.

    Le meilleur moyen pour un jeune de percer en équipe première est de s'imposer au sein de son propre groupe, à l'entraînement. Les François Clerc sont l'exception.

  • et alors le 09/07/2013 à 09h58
    Le phénomène mérite effectivement d'être analysé. Mais si le prêt était traditionnellement l'option de la dernière chance comme dit le Bleu, j'ai l'impression que ça change et que l'augmentation du nombre de prêtés en est significative. Peut-être sous l'influence de ce qui se fait à l'étranger (notamment en Italie ou au Portugal), les clubs qui développent leur activité "trading de joueurs" ne prêtent plus seulement les jeunes formés au club en attente de percer, mais aussi les plus ou moins grands espoirs recrutés très jeunes, dans l'idée que certains finiront par renforcer l'équipe première, que d'autres devront être fourgués à qui voudra, mais qu'il y en aura dans le lot qui pourront être revendus assez chers pour rentabiliser les investissements. Le LOSC cité dans l'article est bien dans cette situation avec ses jeunes recrues Klonaridis ou Gianni Bruno prêtées après un court passage au club.

    Du côté des joueurs, ça ressemble encore à un constat d'échec d'être prêté, mais ça peut changer. En Italie c'est devenu un passage obligé pour les jeunes, qui enchaînent parfois deux ou trois prêts (sans parler des mouvements en copropriété et ce genre de choses) avant de se faire une place au plus haut niveau, sans que ça nuise à leur réussite sportive à long terme. A vue de nez, plus de la moitié des sélectionnés italiens à la coupe des confédérations a fait au moins une saison de prêt, et on ne peut pas dire qu'ils aient raté leur carrière (Giovinco, Marchisio, Aquilani, El Shaarawy, Maggio...).

  • le Bleu le 09/07/2013 à 12h36
    A vrai dire, c'est toujours prendre un grand risque que de prêter un joueur.

    On ne s'en rend pas compte parce que nous observons cela, nous, adultes généralement mûrs et expérimentés, en tout cas bien plus que ces enfants, en oubliant que lesdits ont entre dix-huit et vingt-et-un an. Qu'ils débarquent dans la vie après avoir, en principe, connu une adolescence fermée dans le cocon désocialisant du centre de formation.

    Et voilà qu'on leur demande de faire leurs preuves en déménageant, dans une région où ils ne connaissent personne, un club où ils ne connaissent personne, une équipe avec laquelle ils n'ont aucun repère, et à ce tout jeune âge, on leur dit que cette expérience va être primordiale pour la suite d'une carrière qui n'a pas encore commencé...

    C'est peut-être éducatif, mais dans le sens "ça passe ou ça casse".

  • fireflyonthewater le 09/07/2013 à 13h12
    J'ai aussi l'impression (mais je me trompe peut etre)qu'on voit de plus en plus de prêt avec option d'achat.
    Donc dans le genre: "le club ne veut plus de toi, mais on arrive pas trop à te vendre donc on te prête avec option d'achat. Alors stp, soit sympa avec nous: te rates pas car on ne veut pas te récupérer dans 1 an ou 6 mois"
    Au niveau confiance/pression pour le (jeune) joueur c'est quand même difficilement supportable je crains

  • Paul de Gascogne le 09/07/2013 à 15h35
    le Bleu
    aujourd'hui à 12h36

    En fin de compte, on se rend compte que le jeune joueur en manque de temps de jeu n'est pas forcément le prototype du joueur prêté. En fait, le type de joueur prêté varie énormément selon la division de destination.

    Vers le national, pas de souci, c'est du post-fromation. En revanche, vers la L2 c'est déjà beaucoup plus diffus. La moitié des joueurs prêtés a 23 ans ou plus. Et certains (Psaume, Tinhan, J-E Maurice, Cuvilier,...) ne sont plus des espoirs depuis bien longtemps.

    Si on analyse les prêts intra-L1 ou vers l'étranger, là on tombe carrément sur une catégorie de joueurs expérimentés, en difficulté dans leur club contractuel.

    Bref, le but de l'article était essentiellement de montrer que les clubs de L1 ne se servait plus du prêt uniquement comme d'un outil de post-formation, voire que cette pratique devenait minoritaire.

    Et donc je souhaitais sensibiliser tous les joueurs de retour de prêt susceptibles de lire les Cahiers.

  • sansai le 09/07/2013 à 18h10
    En fait, il y a une infinité de situations qui correspondent à des prêts. L'analyse globale ne me satisfait pas énormément, là.

    Il manque des paramètres : par exemple, ce qui se passe à Lyon montre simplement qu'il est compliqué de faire de la formation quand on joue une qualif en C1 tous les ans (Rémy, Mounier, Grenier qui a failli partir à Nice à une blessure de Gourcuff près, etc... possible qu'on reparle bientôt du cas Réale).
    Peu de clubs ont cette patience, beaucoup manquent des arguments pour le faire.
    Le prêt, c'est la solution de simplicité à cet effet.

    Mais la formation, c'est toujours pareil : c'est pas 75% de réussite avec que des joueurs qui ont minimum le "niveau L1" (notion très vague et toujours très discutable dans un sport dont on continue à nier quotidiennement la dimension collective et l'aspect relationnel).

    Et c'est l'autre argument qui me semble manquer un peu dans l'histoire : beaucoup de jeunes et moins jeunes n'ont tout simplement pas les armes ou les conditions requises pour s'imposer dans le club dans lequel ils sont sous contrat.

    Pour beaucoup de joueurs à la réussite incertaine, les techniciens ne prennent pas de risque et ça se termine par une fin de contrat (notamment pour les jeunes). Pour d'autres, les techniciens font des paris (aussi bien sur des jeunes du centre, des amateurs à potentiel, des joueurs confirmés des divisions inférieures, des joueurs offensifs qui vont flamber sur 6 mois et qui sont donc encore accessibles à un prix raisonnable), et se couvrent sur trois saisons ou plus avant de s'apercevoir que ça ne va pas coller.

    Ce n'est donc pas le prêt qui est un échec ; il est au contraire le symptôme d'un échec de recrutement et/ou de mise en condition du joueur. Le prêt constitue en fait une porte de sortie win-win, faute d'offre de rachat du contrat.

    Le prêt peut servir à plusieurs choses donc : donner du temps de jeu à un jeune surnuméraire dans un effectif trop chargé à son poste mais auquel on croit quand même (Jebbour à Nancy pendant que Foulquier explosait), donner du temps de jeu à un jeune qui peine à confirmer en L1 et sera peut-être plus à même de le faire en L2 (Autret à Caen), donner une porte de sortie à un joueur avec lequel ça n'a pas collé (une bonne part des prêts), le tout sur fond de sureffectifs fréquents qui font que, à un moment donné, tu peux pas avoir durablement, sur le banc et en tribunes, à la vitesse à laquelle les statuts des joueurs évoluent et l'oubli arrive, 10 joueurs confirmés ou qui cherchent à valider leur crédibilité comme joueurs pros avant la fin de leur contrat.

    Par contre, il est évident que quand le prêt prend la forme d'une sanction ou d'un désavœu, ses chances de succès en sont réduites.

    J'aurais bien aimé revoir le Marama de Nice et Lorient un jour, moi, par exemple.

    Plus que le prêt, je dirais que c'est le transfert qui est risqué, de manière générale.

  • Paul de Gascogne le 09/07/2013 à 18h45
    Sansai, le but de l'article était moins d'expliquer pourquoi le prêt échouait que de mettre en avant le fait qu'il concernait de moins en moins de jeunes jours en phase d'apprentissage.

    En rebalayant l'article, je me rends compte que ce n'est pas forcément ce qui en ressort, mais c'est ce qui m'a le plus frappé à titre personnel. Il y a 10 ans, si l'OM prêtait un joueur, je suivais ses performances avec intérêt en me demandant s'il dévoilerait le potentiel nécessaire à l'intégration dans l'équipe la saison suivante. Aujourd'hui, je me dis quasi-systématiquement qu'il y a là un aveu d'échec et ne crois absolument pas au retour en grâce du joueur prêté.

    Par ailleurs, un passage de ton commentaire m'a interpelé : 'Et c'est l'autre argument qui me semble manquer un peu dans l'histoire : beaucoup de jeunes et moins jeunes n'ont tout simplement pas les armes ou les conditions requises pour s'imposer dans le club dans lequel ils sont sous contrat.'
    Le plus gros du tri de la formation ne se fait-il pas justement au sortir du centre de formation ? J'ai l'impression qu'on offre de moins en moins facilement de contrats pro aux jeunes du centre justement. Et que le phénomène se voit amplifié par les impératifs économiques et la rationnalisation des effectifs (en gros, on ne signe le jeune que s'il peut intégrer le groupe pro immédiatement). C'est d'ailleurs un des facteurs exppliquant la montée de l'âge moyen des joueurs prêtés.

    Et à long terme, ça pourrait déboucher sur un système assez moche qui verrait les plus grands clubs servir de machines à formation qui alimenteraient le marché européen de chair fraîche. J'ai d'ailleurs l'impression - purement personnelle - que le tampon 'Masia' fait figure d'AOC du footballeur, je pense par exemple au récent transfert de Muniesa (2 matches de championnat à 21 ans et qui débarque en Premier League).

  • sansai le 09/07/2013 à 19h39
    Il y a encore un gros tri après la signature du premier contrat pro (dont un certain nombre ne voit même pas la couleur du groupe pro). Pour des raisons diverses et que je me sens pas capable d'évoquer de façon exhaustive, mais on pourrait parler du difficile cap mental du premier contrat pro qui se ressent quasi-systématiquement dans les performances d'un jeune joueur, des blessures, des changements de coach et/ou de politique sportive, du sur-recrutement (les contrats pros issus du centre sont généralement validés par les formateurs et le directeur du centre qui engage sa responsabilité vis-à-vis de la direction sur chaque contrat pro ; pendant ce temps-là le staff de l'équipe première est susceptible de sur-recruter au même poste...), etc.

    D'autant que les choses se compliquent singulièrement quand on ajoute à ça les campagnes de communication de présidents de club en mal de reconnaissance qui signent d'un coup 3, 5, 8 contrats pros de façon prématurée ou illégitime, contre l'avis des formateurs, juste pour obtenir un bon classement pour leur centre de formation.

    Bref, c'est infiniment complexe tout ça.

  • le Bleu le 09/07/2013 à 22h02
    Et à long terme, ça pourrait déboucher sur un système assez moche qui verrait les plus grands clubs servir de machines à formation qui alimenteraient le marché européen de chair fraîche.
    ---
    Ah ben c'est marrant, jusque là c'était un système assez moche qui voyait les petits clubs servir de machines à formation pour alimenter les plus grands incapables de sortir et d'intégrer eux-mêmes les joueurs de leurs ambitions.

  • et alors le 09/07/2013 à 23h03
    Ca pourrait déboucher sur un système assez moche qui verrait les plus grands clubs servir de machines à formation qui alimenteraient le marché européen de chair fraîche.

    ---------

    Pour revenir à l'Italie, c'est déjà le cas là-dessus aussi. La Juve, la Roma et les Milanais se taillent la part du lion en matière de formation, parce qu'ils ont davantage de moyens à mettre dans l'encadrement et surtout parce qu'ils ont les réseaux et l'attractivité pour faire venir les jeunes pousses les plus prometteuses (y compris à l'étranger). Du coup ils sortent tous les ans des promotions comportant un nombre non négligeable de joueurs capables d'intégrer le niveau pro, mais pas forcément leur propre équipe première. D'où la multiplication des prêts et le fait que leurs jeunes deviennent des opportunités pour les équipes de deuxième partie de tableau ou de Serie B - qui se retrouvent "filialisées" et négligent leur propre formation.

    Tous les petits clubs finissent par compter plusieurs joueurs formés dans les plus gros, et parmi ceux-là les meilleurs peuvent finir rachetés par leurs clubs d'origine (Giovinco par la Juve à Parme, récemment Andreolli par l'Inter au Chievo). Mais les grands clubs étrangers ont aussi compris qu'il y a des affaires à faire et viennent parfois faire leur marché directement en Primavera.

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