''Je crois que bon'' : The Origins
Non, Laurent Blanc, nouvel entraîneur du PSG, n'est pas l'inventeur de ce tic de langage: on en a retrouvé une trace il y a presque trente ans, dans la bouche de Bruno Bellone.
La langue de bois des footballeurs est ciselée dans les expressions toutes faites et les tics de langage. On pourrait croire que cette tradition orale est assez récente, c'est-à-dire date de l'époque durant laquelle le "média-training" s'est systématisé – celle de l'éloignement des journalistes et des joueurs, celle de l'encadrement de plus en plus strict de la communication des joueurs. Mais à l'origine, elle procède certainement du malaise de footballeurs embarrassés devant les caméras et ne disposant pas tous de l'aisance et du vocabulaire requis: se réfugier dans le langage automatique des banalités est une attitude assez compréhensible.
On laisse le soin aux linguistes de mieux déterminer la genèse de cet idiome, mais nous versons à leur documentation cet interview de Bruno Bellone au sortir d'un France-Bulgarie de novembre 1984 comptant pour la qualification au Mondial 1986 (1-0, penalty de Platini). La séquence montre clairement que Laurent Blanc n'a pas la paternité du fameux "Je crois que bon", que son aîné parvient à prononcer à quatre reprises en moins de dix secondes. Ces propos sont d'autant plus remarquables qu'ils contiennent aussi, en substance sinon en toutes lettres, les incontournables "L'important c'est les trois points" et "On prend les matches les uns après les autres sans se poser de question". À partir de là, l'enquête peut se poursuivre.
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La séquence complète et originale est visible sur le site de l'INA.