Cinq ans plus tard, où sont-ils ?
Pour se faire une idée de la mobilité des joueurs, traquons ceux qui ont participé à la 34e journée de L1 2007/08. Comparons avec la Premier League... et la D1 1986/87.
Les effectifs des clubs se renouvèlent à la vitesse des transferts des joueurs, c'est-à-dire sur un rythme très élevé, à tel point que quelques années suffisent pour métamorphoser les compositions d'équipe. Prenons les joueurs ayant participé (c'est-à-dire foulé le terrain) de la 34e journée du championnat 20007/08, il y a cinq ans. La photographie est arbitraire avec le choix de cette durée et de cette journée précise, et elle omet les joueurs absents et les remplaçants non utilisés, mais son échantillon a tout de même quelque représentativité. (Source soccerdatabase.com)
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Sur les 277 joueurs qui ont disputé la 34e journée il y a cinq ans, 84 évoluent encore en Ligue 1: c'est moins d'un tiers, et c'est peu. Non seulement les équipes changent, mais le championnat tout entier aussi. Sur ces 84, 25 évoluent encore dans le même club. Soit moins d'un sur dix, au total, qui est resté fidèle à ses couleurs.
Le club le plus constant est Valenciennes avec 5 joueurs toujours présents dans l'effectif (Penneteau, Ducourtioux, Saez, Sanchez, Mater) suivi... du PSG (Armand, Camara, Sakho, Chantôme), puis Lorient et Marseille avec 3 joueurs chacun. Les joueurs alignés par Toulouse, Lens, Sochaux, Nice, Auxerre, Metz, Strasbourg et Le Mans sont tous partis depuis ce jour-là.
Les retraités, chômeurs et pensionnaires des divisions inférieures (dont 31 en Ligue 2) forment un autre petit tiers. La troisième catégorie est composée des 38% de joueurs évoluant désormais à l'étranger. Leur plus fort contingent est en Angleterre avec 22 expatriés – dont 7 à Newcastle et 5 en Championship.
Prenons l'Angleterre pour point de comparaison, avec les 270 joueurs ayant pris part à la 34e journée de la PL d'il y a cinq ans. Le pays montre une plus grande capacité à garder ses joueurs: non seulement une part plus importante d'entre eux (37%) est toujours en Premiership, mais parmi ceux-ci, 4 sur 10 portent encore le même maillot. Paradoxalement, l'Eldorado du foot business ne semble pas le plus affecté par l'extrême mobilité des footballeurs – du moins par comparaison avec la France, marché formateur et très prisé.
Les clubs les plus constants sont Manchester United avec 7 joueurs (Ferdinand, Evra, Carrick, Scholes, Rooney, Anderson, Giggs) et Everton (Howard, Baines, Hibbert, Jagielka, Neville, Pienaar, Anichebe) et Liverpool (5).
L'attraction des divisions inférieures locales, qui ont récupéré 20% des footballeurs, réduit la part des départs vers l'étranger, qui s'élèvent à 26,3% du total. L'Eldorado est difficile à quitter.
Il y a une trentaine d'années, les choses changeaient moins vite en un quinquennat. Une petite moitié (46%) des 246 joueurs de l'échantillon évolue toujours en D1 cinq saisons plus tard, mais la mobilité "interne" à l'élite nationale était déjà importante: parmi ces fidèles à la première division, 3 sur 10 seulement l'ont aussi été à leur club (17% du total).
Les clubs les plus constants sont, à égalité avec 5 joueurs chacun, Sochaux (Croci, Lucas, Henry, Thomas, Madar), Auxerre (Martini, Prunier, Vahirua, Dutuel, Otokoré) et Monaco (Ettori, Puel, Fofana, Sonor, Dib).
La variation la plus frappante concerne évidemment la part des exils à l'étranger, qui s'élève alors à un tout petit 4,1%. En 1992/93, on est encore dans l'avant-Bosman.
Évidemment, cet exercice un peu empirique mériterait d'être étayé par une approche plus systématique et plus globale, mais il livre quelques indications significatives. Pour approfondir la question, nous renvoyons aux travaux du Centre de droit et d'économie du sport (CDES) ou du Centre international d'études du sport (CIES) qui publie les rapports de son Observatoire du football.