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Comment s'achèvent les règnes

Fatalement, la lourde défaite à Munich a fait dire que l’ère de Barcelone était terminée. Rappelons-nous d’abord comment les empires s’effondrent.

Auteur : Christophe Zemmour le 25 Avr 2013

 

 

“Fin de cycle, “fin de règne”, “passation de pouvoir”... Voilà le genre de verdict que l’on peut entendre dans le sillage de la lourde défaite (0-4) du FC Barcelone sur le terrain du Bayern Munich le 23 avril dernier. D’aucuns avaient déjà avancé ces expressions-là l’an passé, quand Chelsea sortait le Barça au même stade de la compétition et que le Real Madrid le détrônait en Liga. Pourtant, le début de saison 2012/13 du club catalan avait fait revenir les éloges sur son jeu et son écrasante domination... avant qu’il ne soit de nouveau bousculé ça et là par le Real, l’AC Milan, le PSG et maintenant, le Bayern. Il est périlleux, voire inutile de prédire l’avenir du Barça, et encore plus celui du football européen. Aussi se gardera-t-on de clamer la fin d’une époque. En revanche, on peut toujours regarder dans le rétroviseur pour discuter cette notion. Parce que si certains matches ou événements peuvent servir de références, de dates charnières, il serait plus juste de penser qu’une grande équipe ne meurt – ni ne naît – subitement.
 

 


[Cliquez sur l'image pour l'agrandir]
 

Les deux morts de l’Inter

Dans l’excellent et très recommandé Inverting the Pyramid de Jonathan Wilson, un chapitre est consacré à la Grande Inter de Helenio Herrera. L’homme qui est décrit comme le père du professionnalisme tel qu’on le connait aujourd’hui avait imposé une méthode, une hygiène et une stratégie qui ont mené l’Inter Milan sur le toit de l’Europe en 1964 et 1965. Surtout, l’équipe marque l’époque par sa maitrise tactique et son utilisation du catenaccio. En finale de la C1 1967, elle perd face au Celtic Glasgow (2-1) et beaucoup y ont vu sa chute face à la philosophie offensive des Écossais. Il faut dire que le match fut un calvaire pour les Lombards, l’issue n’étant repoussée que par la prestation de Giuliano Sarti (13 arrêts) et les montants. Dans le livre de Jonathan Wilson sont également rapportées certaines anecdotes, relatant notamment le pesant isolement qu’ont dû subir les Intéristes durant leur mise au vert. Chute et failles d’un système poussé à son paroxysme, très probablement, qui aura droit à une seconde mort à Rotterdam en 1972 face à l’Ajax Amsterdam [1].
 

Il y a certainement de cela dans la passe actuelle du Barça, dont les équipes adverses n’ont certainement plus aussi peur. Le temps faisant, les exemples de solutions contrecarrant la mécanique blaugrana se faisant de plus en plus nombreux [2], l’équipe de Messi ne parait plus aussi invincible et hégémonique qu’elle a pu l’être en 2009 et 2011. Certains suggèrent que Pep Guardiola serait parti pour éviter ce qui est supposément en train d’arriver, d’autres qu’il était fatigué par cette exigence incroyable qu’il a et qu’il s’est imposée durant ses quatre années à la tête du Barça. Cette usure touche certainement tout le club, de Messi à Villanova, en passant par Xavi et Villa.
 


L’usure et les scandales

Une usure comparable à celle qui a miné l’équipe de France 2002 et qui a servi de révélateur dramatique de la déliquescence d’une formation pourtant en proie à une perte de maîtrise sensible, notamment après ses trois défaites lors de l’exercice amical de 2001 [3]. Les Bleus avaient eux aussi connu des départs significatifs (Blanc, Deschamps), comme le Bayern Munich des années 1970 qui dut attendre le retour de Paul Breitner et l’éclosion de Karl-Heinz Rummenigge pour retrouver un statut plus conforme, à la suite du départ de Franz Beckenbauer pour les États-Unis et du crépuscule de Gerd Müller. Français comme Bavarois connaitront par la suite des retours de flamme qui les porteront en finale des compétitions qui les avaient rendus rois [4], mais sans jamais retrouver leur suprématie dans la durée.
 

Ce sont parfois des facteurs extérieurs au terrain qui mettent fin à une hégémonie. L’AS Saint-Étienne a connu un déclin lent à la fin de “ses” années 70, avec un fort renouvellement de son effectif et des conflits internes. Déclenchée lors de la saison suivant le dernier titre du club, l’affaire de la caisse noire précipita la chute, avec la démission de Roger Rocher et le licenciement du Sphinx par la nouvelle présidence. Les Verts descendirent à l’étage inférieur deux ans plus tard, en 1984, subissant un retour de bâton brutal – selon un scénario “judiciaire” qui eut aussi raison des Girondins de Bordeaux (dans d’autres conditions) et de l’Olympique de Marseille avec l’affaire VA-OM. Le club phocéen connut une purge massive de son effectif et dut dire adieu à l'équipe championne d'Europe en 1993.
 


L’empire de Milan

L’OM fut l’une des raisons principales de la pause dans la domination du Milan AC de Franco Baresi. Battus en 1991 et 1993, suspendus en 1992 (et vice-champion d’Italie derrière la Sampdoria), les Rossoneri surent changer dans la continuité, palliant notamment la retraite forcée de Marco van Basten et supportant plutôt bien le remplacement de Sacchi par Capello. Comme sut le faire l’Ajax Amsterdam un temps après le départ de son bâtisseur Rinus Michel pour le Barça, remportant la C1 en 1972 et 1973. Mais lorsque Cruyff rejoint le mentor en Catalogne, le déclin est sensible. La dernière finale face à la Juventus Turin (1-0) recelait déjà les signes de la fin d’une époque, l’Ajax remportant une victoire plutôt terne face à une équipe inexpérimentée.
 

 


 

Au contraire du Milan AC qui a dû et su faire profil bas face à la Vieille Dame au milieu des années 90, en renouvelant son approche tactique et son effectif [5], l’Ajax a connu une période d’errance avant de se reconstruire grâce à des principes maison. Dans cette catégorie, on pourrait également citer le Brésil, auquel on a souvent reproché l’européanisation de son jeu lors du Mondial 1974 [6]. C’est certainement faire fi du miracle de 1970 qui vit une inédite et inégalée osmose entre les meilleurs joueurs du pays, alors sélectionnés sur ce simple critère. Zagallo comptait sur leur professionnalisme et leur talent pour s’adapter à son postulat du 4-2-4 et composer une formation réactive, capable de gérer les péripéties d’un match et de magnifier les qualités de ses individualités. Il a fallu attendre l’arrivée de Tele Santana et de ses principes offensifs pour que le Brésil retrouve une aura et un style qui lui correspondent.
 


Survivre aux catastrophes

Enfin, il y a des cas où c’est le mauvais sort qui décide de l’arrêt d’une dynamique vertueuse. Le drame du Heysel en 1985 sonna brutalement le glas de la période faste de Liverpool, durant laquelle le club de la Mersey remporta quatre C1 en huit saisons [7]. Même s’il est bien évidemment impossible de savoir ce qu’auraient encore accompli les Reds, leurs performances domestiques [8] durant les cinq années de suspension qui suivirent laissent des regrets aux amoureux de football, qui ne pourront jamais savoir ce que cette équipe aurait pu valoir face au grand Milan. Plus généralement, ce fut tout le football anglais qui fut touché, Manchester United signant victorieusement son retour en C2 1991, comme il le fit en 1968, dix ans après le crash de Munich qui emporta nombre de Busby Babes, alors jeunes joueurs formant une génération pleine de promesses.
 

La fin d’une ère, le début d’une autre: si l’élimination nette du Barça est confirmée mercredi prochain, alors le plus intéressant est à venir. Parce que les Blaugranas savent mieux que les autres qu’une victoire se construit à la fois dans le temps et les vicissitudes. Et parce que les grandes équipes et les grands champions ne sont jamais aussi beaux que lorsqu’ils se relèvent après avoir chuté.
 


[Sur les "ères" des clubs en championnat de France, voir cette infographie]


[1] Défaite 0-2, doublé de Cruyff.
[2] Le Real Madrid, notamment, a cette saison proposé des stratégies lui permettant de contrer et de lire plutôt bien le jeu catalan, ne perdant qu’une fois en sept confrontations contre le Barça.
[3] Face à l’Espagne (1-2), à l’Australie (0-1) et au Chili (1-2). Avant de s’envoler pour l’Asie, la France avait également été défaite par la Belgique à domicile (1-2).
[4] Les Bleus furent finalistes du Mondial 2006 face à l’Italie (1-1, 3 t.a.b. à 5) tandis que le Bayern chuta face à Aston Villa en finale de la C1 1982 (0-1).
[5] Le club lombard remportera deux fois la C1 en 2003 et 2007, et sera finaliste en 2005.
[6] Malgré une quatrième place (défaite 0-1 face à la Pologne en match de classement).
[7] En 1977, 1978, 1981 et 1984.
[8] Doublé en 1986, champions en 1989 et 1990.


 

Réactions

  • Sens de la dérision le 25/04/2013 à 07h33
    J'aime beaucoup l'infographie qui montre clairement les périodes de domination.
    Même si on s'aperçoit au final que le foot c'est surtout une histoire de génération : par exemple la finale des Bleus de 2006 sonnant la fin de la génération Zidane qui a connu une certaine apogée en 98/00.

  • Toto le Zéro le 25/04/2013 à 08h51
    Les 3 défaites des Bleus en 2001 ne sont pas si emblématiques que cela : même à cette époque, l'Espagne était un sacré outsider et les 2 autres défaites étaient aux antipodes (était-ce d'ailleurs les premiers matchs des Bleus dans ces 2 pays?)...

    Peu avant la Corée, la France battait l'Ecosse 5-0 dans une belle démonstration et de là on ne pouvait pas vraiment anticiper ce qui allait advenir en Corée (les blessures de Zidane et Pires étaient selon moi les éléments beaucoup plus préjudiciables).

  • Miklos Lendvai le 25/04/2013 à 09h20
    C'est justement à ce France-Ecosse que je daterais la fin de l'ère des Bleus, à la mi-temps précisément.

  • magnus le 25/04/2013 à 09h38
    Pour l'Ajax des années 90, il y a une raison qui me paraît évidente qui n'est pas évoquée: la saignée annuelle de ses meilleurs talents. Une victoire en 95, une finale perdue aux pénaltys en 96 et une demi en 97, ça relève de l'exploit dans ces conditions.

  • Miklos Lendvai le 25/04/2013 à 09h41
    C'est justement à ce France-Ecosse que je daterais la fin de l'ère des Bleus, à la mi-temps précisément.

  • Tonton Danijel le 25/04/2013 à 09h50
    Toto le Zéro
    aujourd'hui à 08h51

    Peu avant la Corée, la France battait l'Ecosse 5-0 dans une belle démonstration et de là on ne pouvait pas vraiment anticiper ce qui allait advenir en Corée (les blessures de Zidane et Pires étaient selon moi les éléments beaucoup plus préjudiciables).
    - - - - - - - - - - - - - - -

    Relativisons un peu: l'Ecosse avait raté l'Euro 2000 et ne s'était pas qualifiée pour le Mondial 2002. Ni pour aucune compétition suivante, même si les éliminatoires de l'Euro 2008 était un cache-misère, les Ecossais étant dans un groupe très relevé avec les deux finalistes et un quart de finaliste de la coupe du monde 2006, ils avaient été en course jusqu'au bout grâce à leurs deux victoires contre les Bleus.

    Mais le 5-0 du printemps 2002 fut surtout acquis contre une équipe d'Ecosse très faible, en déclin depuis le mondial 1998, rien à voir avec l'équipe qui se qualifiait régulièrement en phase finale de compétition internationale (et qui se faisait sortir à chaque fois dès le premier tour, certes). Cette victoire a été finalement préjudiciable aux Bleus, qui se sont peut-être vus plus beaux qu'ils n'étaient face à un adversaire assez modeste, malgré son histoire.

  • Toto le Zéro le 25/04/2013 à 10h02
    @magnus
    aujourd'hui à 09h38

    Je plussune. L'effectif était jeune (Van der Saar et les frères De Boer avaient 25 ans et Overmas, Davids, Seedorf, Kluivert étaient plus jeunes!!!)

    L'équipe aurait dû régner sur l'Europe plusieurs années. Mais bon, Bosman, toussa.

  • Toto le Zéro le 25/04/2013 à 10h11
    Tonton Danijel
    aujourd'hui à 09h50

    C'est vrai, mais n'oublions pas non plus la victoire 4-0 contre le Portugal de Figo et Cie (le 25 avril 2001, jour de fête nationale portugaise...). Là c'était une belle démonstration, et contre l'Ecosse ils ont fait valoir leur rang.

    Miklos Lendvai
    aujourd'hui à 09h20

    Il y a eu un évènement particulier à la mi-temps?

  • José-Mickaël le 25/04/2013 à 12h16
    Même si à l'époque il était facile de battre l'Ecosse, ce match avait été impressionnant pour sa qualité. C'était quasiment le match parfait. Les trois défaites de 2001 étaient effectivement sans vraie signification (tous les ans on perdait un ou deux matchs). De toute façon 2002 est à mon avis plus un accident qu'une fin de règne. Oui, il est en partie une fin de règne, mais je dirais pour 1/3, pas plus. Les autres critères, c'est 1/3 pour l'inorganisation (notamment le fait que les joueurs n'étaient pas en forme) et 1/3 pour la malchance (Zidane, Pirès, les 5 tirs sur le poteau).

  • Troglodyt le 25/04/2013 à 12h49
    90-93, c'est un règne de l'OM.

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