Angers : la montée en douceur ?
Highway to L1 – Keserü, Frikèche et Chabane sont-ils les hommes qui feront retrouver l'élite au SCO, vingt ans après son dernier passage en D1?
Devenu ces dernières saisons un habitué du haut de tableau de la Ligue 2, le club a vécu un exercice précédent assez agité, sanctionné par une honorable onzième place, compte tenu du contexte (déboires financiers, changement de président et d’entraîneur). Reparti sur de nouvelles bases cette saison, le SCO s’affirme semaine après semaine comme un sérieux prétendant à la montée.
La star : Claudiu Keserü
L'ex-éternel espoir a fini par se stabiliser à Angers et y fait actuellement sa saison la plus accomplie, la quatrième au club et sans doute la dernière – sauf en cas de montée. Son efficacité le place parmi les meilleurs buteurs du championnat, et lui a récemment offert le titre de joueur du mois de janvier. C'est pour l'anecdote son quatrième trophée de ce type (obtenus dans trois clubs différents), ce qui en fait le recordman. Cela ne manque pas d'attirer l'attention des clubs de l'échelon supérieur, et il est évident qu'il mérite d'avoir sa chance dans l'élite.
En attendant, il compose avec Férébory "Fodé" Doré une paire d'attaque à la fois atypique et complémentaire. Le Congolais est précieux par son jeu en pivot, qui compense ses difficultés face au but (il a dû attendre la 27e journée pour marquer en championnat, un doublé décisif contre Le Mans). Et le Roumain profite de ces remises pour prendre les espaces et faire parler sa patte gauche. On connaissait ses qualités de tireur de coups francs, il a élargi sa palette pour arriver à dix-sept buts, certains spectaculaires, d'autres opportunistes, qui en font déjà son meilleur total en une saison.
> Son but contre le Gazélec Ajaccio sur une ouverture de Doré (1-0).
Le jeune à suivre: Rayan Frikèche
La révélation de la saison 2011/12 a fait la fierté des supporters locaux. Le SCO n'étant plus guère un club formateur, voir un "p'tit gars" né à Angers et qui y a fait toutes ses classes s'imposer en équipe première est une agréable surprise. Rayan Frikèche a connu une ascension rapide, avec la CFA à dix-sept ans et l'entrée dans le groupe pro à dix-neuf. Arrivé discrètement, il s'y est vite fait une place jusqu'à devenir un titulaire indiscutable au premier semestre 2012, éjectant de l'équipe une valeur sûre de Ligue 2 comme David De Freitas. Ses performances l'ont même propulsé jusqu'à Old Trafford, puisqu'il a été inclus dans la sélection marocaine pour le tournoi olympique.
(photo : angers-sco.fr)
Malheureusement pour lui, il est resté sur le banc durant tout ce tournoi, qui lui a également fait manquer la préparation estivale avec son club. La saison de la confirmation est donc plus difficile pour le milieu, dont les performances restent irrégulières cette année. Stéphane Moulin lui conserve sa confiance et voit en lui le complément idéal de l'inoxydable récupérateur Olivier Auriac. En effet, Frikèche est un "8" complet, qui apporte beaucoup notamment par ses projections offensives. Et l'entraîneur qui le connaît bien pour l'avoir déjà lancé en CFA ne se fait pas d'illusions: il a le potentiel pour jouer en Ligue 1 et y sera certainement quand il aura acquis de l'expérience. Le SCO n'a plus qu'à espérer monter avec lui.
Le président: Saïd Chabane
Il n'est certainement pas le président de club le plus exubérant ou le plus habité par la passion. Son modèle est Jean-Michel Aulas et son profil celui du terne gestionnaire. Mais il se révèle ainsi à l'image de la ville, raisonnable et modéré ; et cette sobriété fait aussi du bien au club, après le passage de Willy Bernard à sa tête. Celui-ci était plutôt du type "jeune loup aux dents longues" et s'il a obtenu des résultats, notamment avec Jean-Louis Garcia sur le banc, il a oublié dans sa précipitation quelques règles qui lui ont valu d'être condamné pour plusieurs délits financiers. Chabane est, comme son prédécesseur, un patron de PME originaire de la Sarthe, arrivé dans le foot semble-t-il plutôt par intérêt puisqu'il a d'abord sponsorisé l'ex-MUC 72, avant de saisir l'opportunité de reprendre le SCO.
Certes, il manifeste de l'ambition et parle lui aussi de monter en Ligue 1, mais toujours avec mesure. La différence s'exprime en particulier sur le projet de nouveau stade: là où Bernard en faisait une nécessité, Chabane parle plutôt de stabiliser le club dans l'élite avant de se lancer dans un gros chantier. Cette position convient à la mairie, qui a réalisé une rénovation lourde du bon vieux stade Jean-Bouin, alors que l'opposition municipale projetait une nouvelle construction en périphérie de la ville, comme au Mans. En somme, les structures ne sont pas à la pointe de l'innovation, mais elles semblent assainies, et Angers peut continuer son bonhomme de chemin, doucement et sûrement.