La CAN veut renaître en 2013
Décalée dans le calendrier, la Coupe d'Afrique des nations se cherche encore une place. L'édition sud-africaine marquera-t-elle son essor?
Le trophée remporté par les Chipolopolos de Zambie en 2012, au terme d’une séance de tirs au but mémorable et dramatique face à la Côté d'Ivoire, est déjà remis en jeu à l'occasion d'une édition dont on espère qu'elle prendra un caractère historique.
Vers une meilleure visibilité
Le nouveau calendrier, édicté en mai 2010 par les élites dirigeantes africaines, nous propose désormais une CAN les années impaires, à la grande satisfaction des aficionados du football africain et au grand dam des clubs du Vieux continent, une nouvelle fois démunis de leurs cartouches africaines (43 joueurs de Ligue 1 seront mobilisés par l'épreuve). Résumons cet imbroglio footballistique, cela dit nécessaire à la bonne tenue de cette compétition en Afrique depuis 1957: une version 2014 escamotée, une CAN 2013 prévue en Libye (dommage pour le colonel Mouammar) mais finalement octroyée à l’Afrique du Sud – terre d’élection et, on l’espère, d’extinction des Vuvuzelas. Les Libyens, aux prises avec une guerre civile, devront patienter jusqu’en 2017 pour voir l’épreuve se dérouler chez eux.
Ces changements favoriseront probablement l’intérêt du public de non-initiés au folklore du football africain. Enfin! La sous-médiatisation de la compétition en regard du Championnat d’Europe des nations et à la Coupe du monde est criante. En déplaçant l’épreuve lors des années impaires, la CAF pourrait bénéficier d’une vitrine désormais presque exclusive. Et aussi, pourquoi pas, contribuer à allonger l’espérance de vie d’un pays africain en Coupe du monde.
L’espoir d’une belle CAN, enfin
Un marathon de trois semaines, du 19 janvier au 10 février 2013, en plein été austral? Oui, oui c’est bien là, approchez… Cascade de couleurs rouge, vert, jaune, noir et bleu pour le Y du drapeau Sud-Africain, (symbole de l'unité de groupes disparates), marabouts, danses traditionnelles, sifflets, voilà à peu près le spectacle attendu en tribunes. Mais sur le terrain, la déception est souvent au rendez-vous. L’état des pelouses (aux antipodes des billards britanniques) impacte directement la fluidité du jeu et la technique des principaux concernés. Résultat des courses: les rencontres sont très physiques, l’animation tactique est pauvre. Mais les progrès sont constants. L’avènement des petites nations, à l’instar de la Guinée équatoriale, illustre l’essor du football africain, comme la réduction des écarts entre les formations. Enfin, l’apport des techniciens étrangers a été déterminant à ce sujet ces dernières années: Hervé Renard et Claude Le Roy pour les principaux, et à un degré moindre Vahid Halilhodzic, dont la rigueur disciplinaire au sein de la sélection algérienne porte peu à peu ses fruits.
Les cinq stades prévus pour la compétition, situés à Johannesburg, Nelspruit, Port Elizabeth, Rustemburg et Durban, comptent parmi les meilleurs du continent. Pas d’excuses: le ballon à terre, messieurs! Oublions le kick and rush l’espace de trois semaines.
Qui pour le titre ?
La première puissance économique du continent accueille pour la deuxième fois de son histoire la Coupe d’Afrique des Nations. Elle faisait partie des pays fondateurs de la compétition (le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie), mais avait été exclue de la première édition, en 1957 à Khartoum, à cause de son régime d’apartheid. Sa sélection, très moyenne et privée de l’un de ses meilleurs atouts, Steven Pienaar, ne semble pas en mesure de rééditer son sacre de 1996.
La Zambie, dont la plupart des joueurs évolue dans des clubs sud-africains, n'est pas désarmée pour emporter un deuxième titre consécutif, après être devenue le quatorzième pays du continent à graver son nom sur le trophée, sous la direction d'Hervé Renard, toujours en poste. La Côte d’Ivoire, également appelée "cette fois c’est la bonne", devra conjurer le sort sous la direction de l’inexpérimenté Sabri Lamouchi. Avec des techniciens tels que Feghouli, Boudebouz ou Kadir, l'Algérie, deuxième nation africaine au classement FIFA, devra bien négocier des confrontations qui s’annoncent électriques face à la Tunisie et la Côte d’Ivoire en phase de groupe. Le Ghana, même privé de nombreux cadres (les frères Ayew, Essien, Boateng, Muntari), vise un sacre qui serait la suite logique des places d'honneur obtenues ces dernières années (demi-finales en 2008 et 2012, finale en 2010).
Les Marocains, revanchards après leur élimination au premier tour de la CAN 2012 et désormais dirigés par Rachid Taoussi, l’ancien entraîneur du Maghreb de Fès, complètent la liste des favoris, auxquels on pourrait joindre, cette fois comme outsider, la jeune équipe du Cap-Vert qui, sous les ordres de son sélectionneur Lucio Antunes, contrôleur aérien de profession, a cloué les Camerounais au sol lors d’un aller-retour couperet en octobre dernier.
Quel qu'il soit, le vainqueur de cette édition obtiendra un billet pour la Coupe des Confédérations au Brésil (du 15 au 30 juin), cela laisse songeur… ou rêveur.