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Sauver le football

Une Balle dans le pied – Il y a un moment où il faut dire non, gueuler ou se mettre en travers de la route, pour faire taire les marchands de fatalité.

Auteur : Jérôme Latta le 29 Nov 2012

 

Les marchands de fatalité prospèrent dans l'industrie du football. Il se passe peu de semaines sans qu'ils n'emportent de nouvelles victoires, diversement spectaculaires et généralement prévisibles, mais toujours totales. Prévisible comme l'a été, par exemple, l'annonce que le FC Barcelone allait arborer une marque commerciale sur son maillot la saison prochaine, qui succédera à l'Unicef et à la Qatar Foundation. Le choix de ces deux organisations s'est confirmé comme celui d'un sirop pour faire passer la pilule à venir, et ce stratagème grossier a très bien marché. La portée de ce choix n'en est pas moindre (lire "Le Barça ne fait plus exception").

 

(...) Les Blaugranas vendent leur âme (assez cher) quand d'autres vendent leurs fesses à vil prix, à l'image des clubs français désormais autorisés à plaquer des sponsors aux endroits les plus saugrenus. L'absence de limite est la règle, comme on le constate aussi avec ces publicités lumineuses qui viennent littéralement parasiter le spectacle, et avec tous les symptômes de la prolifération publicitaire (lire "Envahissement de terrain"). Du haut en bas de l'échelle, c'est le même diktat qui s'impose aveuglément. Personne ne se demande pourquoi le football a besoin d'encore plus d'argent, et encore moins s'il a vraiment besoin de plus d'argent...

 

"ÇA SE FERA, C'EST FORCÉ"

Il en va de même pour l'imposition du naming comme une obligation pour les nouveaux stades, afin d'alléger leur financement, sans considération pour la colonisation de l'espace public qu'il impose. Il y a quelques jours, un des apôtres de cette pratique déroulait son bréviaire de l'orthodoxie actuelle: le "problème des Français avec l'argent", l'inévitable "retard français". "Ici, disait-il, il faut chercher à montrer que l’argent fait mauvais ménage avec le foot" (lire ici). Comme si cela était très difficile à démontrer, vu le prix à payer (dans tous les sens du terme) pour les amateurs de football.

(...)


Lire la suite de l'article :


Réactions

  • le Bleu le 29/11/2012 à 08h38
    Et Jamel Attal ne peut pas être cette voix ?

  • LLBB1975 le 29/11/2012 à 09h49
    LA vignette est magnifique. En tout cas, je remercie Jérôme pour cette question que je ne m'étais jamais posé : le football a-t-il besoin de plus d'argent ??

    Cette question est tellement simple qu'elle apparait presque saugrenue et pourtant elle est tellement pleine de sens...

    En tout cas, l'article me rappelle Coluche : il suffirait que les gens arrêtent d'acheter pour que cela ne se se vende plus. DOnc, arrêtons d'être consommateur et redevenons supporter ! Bon, j'arrête là parce qu'il faut que j'aille acheter un cadeau pour ma fille à la boutique des verts. (C'est pas gagné !)

  • Yapéno le 29/11/2012 à 12h05
    Ah ! ça fait du bien...
    Dire que ça servira à quelque chose est une autre affaire, mais lire ce type d'article, ça dégage les bronches.
    Merci Jérôme.

  • José-Mickaël le 29/11/2012 à 12h32
    Ah oui, merci pour cet article !

    La conclusion est magnifique.

    > Le seul espoir réside dans un Armageddon économique qui ravagerait cette industrie et obligerait à tout reprendre de zéro

    Oui, mille fois oui ! N'oublions pas que cette industrie ne crée pas vraiment d'emplois (l'argent va dans les poches des footballeurs ; c'est pour les augmenter ou pour les recruter que les clubs en ont de plus en plus besoin), donc sa disparition ne serait pas du tout un drame.

    Aujourd'hui, je souhaite que le foot français cesse d'essayer de suivre les fous qui s'endettent outre-Manche ou outre-Pyrénées (notamment). Tant pis si le niveau de nos clubs doit baisser. Est-ce la fin du monde si notre championnat "tombe" au niveau de la Belgique ou de la Suisse ? Absolument pas.

    En fait, je suis pour la disparition du professionnalisme. Souvenons-nous que le rugby n'est professionnel que depuis 1995, et pourtant le championnat existait depuis bien avant et passionnait autant les amateurs, et il y avait à l'époque de très grands joueurs.

    > le football n'a pas besoin de tout ce fric pour être le football.

    Bravo ! En effet, le foot actuel n'est pas mieux que le foot du temps où l'économie était son partenaire et non son dictateur. Je ne dirai pas que c'était mieux avant (même si je le pense : avant l'arrêt Bosman pour moi il n'y a pas photo) mais en tout cas depuis que le foot est soumis à l'argent-roi, il n'y a aucune raison concrète de s'en réjouir. (À moins d'être supporteur aveugle de Manchester ou de Barcelone...)


  • Kikifaitlatouche le 29/11/2012 à 12h34
    J'attends de voir sur les shorts des footeux une pub pour DUREX...

  • samirbalbir le 29/11/2012 à 13h23
    Comme pour mieux souligner les propos de Jérôme Latta, L'équipe publie sur son site une interview d'un des "économistes du sport" sus-mentionnés :

    lien

  • samirbalbir le 29/11/2012 à 13h53
    Comme pour mieux souligner les propos de Jérôme Latta, L'équipe publie sur son site une interview d'un des "économistes du sport" sus-mentionnés :

    lien

  • Metzallica le 29/11/2012 à 14h03
    Si on arrête le professionnalisme alors les joueurs devront bosser a coté.
    Donc finit les entraînements quotidiens donc le niveau chutera a mort.

    Et clairement, au lieu de payer des abonnements a BIS et Canal pour voir des matchs, il suffirait de ne rien acheter et lire les résultats dans le journal comme avant. Et tout se casserait la gueule.
    Mais désormais la masse des gens (les jeunes en fait *vieuxcon*) qui regardent se contenteraient de voir un Barca-Real toutes les semaines (les joueurs de FIFA13 savent de quoi je parle).
    Ils s'en moquent des petits clubs, ils regardent la LdC et ne supportent pas un club mais achètent les maillots du Barca, Chelsea, Real, Arsenal...
    Donc a moins qu'ils se lassent, ce n'est pas prêt de finir car ce sont eux désormais qui font tourner le bousin.
    Encore le même exemple avec FIFA13, cette année quand on joue en club, la plupart des français ont le maillot du PSG. L'an dernier c'était zéro.

  • José-Mickaël le 29/11/2012 à 18h56
    Metzallica
    aujourd'hui à 14h03
    > Si on arrête le professionnalisme alors les joueurs devront bosser a coté.
    Donc finit les entraînements quotidiens donc le niveau chutera a mort.

    Le niveau du rugby international était-il si faible dans les années 1980 ou début des 1990s ? Bien sûr que non ! Le parcours des Bleus lors de la dernière coupe du Monde de rugby est-il plus beau que celui de 1987 ? Bien sûr que non !

    > Et clairement, au lieu de payer des abonnements a BIS et Canal pour voir des matchs, il suffirait de ne rien acheter et lire les résultats dans le journal comme avant. Et tout se casserait la gueule.

    Les matchs de rugby de l'équipe de France et les finales de championnat étaient retransmis à la télé avant 1995. Mais effectivement, on ne payait pas d'abonnement : c'était retransmis sur la 2.

    De toute façon la présence d'un sport sur une chaîne de télé ne dépend pas de son statut (amateur ou professionnel) mais d'un besoin. S'il y a des gens qui veulent s'abonner pour voir les matchs, alors ils seront retransmis puisque ça générera de l'argent. Et pas trop cher puisque le spectacle coûte moins cher quand on n'a plus à surpayer les sportifs.

  • Moravcik dans les prés le 29/11/2012 à 19h56
    Il ne s'agit aucunement d' "arrêter le professionalisme", juste de poser des limites, ou plutôt de les reposer, vu que beaucoup ont déjà été largement franchies.

    "Le fatalisme de tout ce que ce monde compte de dirigeants devant des intérêts économiques de plus en plus opposés à la logique sportive et aux intérêts des amateurs de sport constitue une lamentable capitulation (...)".
    Le pire, c'est que ce fatalisme ne vient pas seulement des dirigeants, mais de beaucoup de fans aussi. Sinon tout est dit dans cette phrase. Merci Jérôme.

La revue des Cahiers du football