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In Bed with le PSG : C. C.

Que peuvent bien ressentir les footballeurs? Mettons-nous dans la peau d'un blondinet qui s'est blessé lors de sa première sélection.

Auteur : Arno P-E le 23 Oct 2012

 

 

Bien sûr que je suis content pour eux. Le PSG, samedi, ou l'équipe de France, la semaine passée. Quelles réflexions d'embouteillages... N'empêche: ça fait plaisir de voir ses coéquipiers bien s'en sortir, briller en Espagne ou gagner au Parc malgré tout. Forcément. Mais ne pas être avec eux, vivre ces matches en supporter...

 

Claude m'a dit que je devais positiver. Que Paris était mon club, que les Bleus demeuraient un objectif, que je ne devais pas lâcher, ne pas montrer ma déception. Taire mes sentiments. Je sais qu'il a raison. Je sais que lui aussi a vécu les blessures, les coups du sort. Il me dit que je reviendrai plus fort. Je sais que malgré tout, il a tout gagné, et que je dois l'écouter. Qu'il me conseille bien. Quand il me parle, je vois tout ça. Quand il est là.

 

Après, pendant les matches, je sais surtout que c'est facile pour lui. Ça, je le sais. Parce que moi, je ne suis plus sur le terrain. Pas même sur le banc. Je sais que sa carrière, elle est derrière lui, et qu'il l'a réussie. Moi, je n'ai que vingt-cinq ans, et j'aimerais avoir ma chance. Une vraie chance. Juste ça. J'aimerais vivre une saison complète, pour voir ce dont je suis capable. J'aimerais ne plus y penser, surtout.

 


« Sauter dans les bras de Peguy »

 

Le plus dur, c'est d'avoir contracté cette lésion alors même que je découvrais l'équipe de France. C'était tellement fort, d'avoir pu accéder aux Bleus après toutes ces épreuves... Je l'ai pris comme une récompense. Comme un signe que le sort tournait. Sentir ma cuisse me lâcher justement là, juste après être rentré... Pire que tout. Porter ce maillot, au Stade de France, représenter mon pays, monter cette petite marche supplémentaire, courir, enfin, avec ce maillot, pour de vrai. Se blesser.

 

J'ai vécu des rêves. J'ai vécu tant de mes rêves! Me former au PSG, m'entraîner avec les pros, rentrer en jeu au Parc. Être dans les vestiaires, titulaire, un jour, pour finir la partie vidé de toute force. Jouer en coupe d'Europe, sauter dans les bras de Peguy contre Twente, découvrir la musique de la Ligue des champions. Dans mon club formateur.

 

 


Illustrations issues de ce morceau de bravoure de Paris Sonne le Glas et de cet épisode de Kevin Kohler.

 

 

J'ai aussi connu les galères. La finale de la Coupe de la Ligue, sur le banc. Le retour au Parc après cette victoire et le penalty de Mendy, pour me faire chambrer par un connard de supporter. La tension dans les cuisses. La saison où on a failli descendre, aussi. Les bastons de supporters. Et puis les blessures.

 

Le pire c'est voir jouer celui qui me remplace pendant ce temps. Un type que tu aimes bien. Un gars qui partageait tes repas pendant les mises au vert. Qui vivait les mêmes entraînements de foncier, que l'on terminait en dégueulant. Un mec que tu respectes. Mais un coéquipier qui joue, alors que toi, tu dois recommencer à zéro, encore. Dégoûté. Partagé aussi. Pas normal d'en vouloir à ce type-là... Pas sa faute, il fait son boulot lui aussi. Merde.

 


« Ne pas être celui qui n'a pas de chance »

 

Sortir du groupe France. Sortir du groupe pro. S'entraîner à part. Ou plutôt s'entretenir, à peine. Et attendre que cette cuisse se guérisse. En sachant combien il faudra souffrir pour revenir. En acceptant les matches de reprise, en CFA, d'abord, puis avec les pros. Ces parties où l'on rate les gestes simples parce qu'on a perdu du toucher. Ces courses que l'on ne peut plus tenir, faute de rythme. Attendre avec la certitude des épreuves à traverser, encore une fois. Et cette petite idée, qui trotte toujours, malgré Claude, malgré la famille et les amis. Je ne dois pas douter, ça ne sert à rien. C'est pas positif. N'empêche... Si cette fois, je ne revenais pas? Et si ces blessures n'en finissaient jamais? M'entendre dire à mes enfants, un jour, que j'aurais pu. Que j'y étais presque. Que d'ailleurs j'avais été appelé en Bleu mais qu'à cause de ma cuisse... Je ne veux pas être celui qui n'a pas eu de chance. Pas ça.

 

Ma vie, c'est courir, de nouveau. Sentir mes cuisses dures, brûlantes d'avoir trop demandé, trop taclé, trop sauté. Aller au bout de mon chemin. Je veux savoir jusqu'où je peux monter. Me battre à armes égales et me dire au dernier jour que j'ai pu tout donner. Je veux juste qu'on me laisse tout donner.

 

Le PSG a battu Reims, samedi. On a battu Reims, samedi. Poussivement, paraît-il. Parce que tant qu'on ne gagne pas 5-0, ça n'ira pas. Animation déficiente, Ibra en perte de vitesse, etc. On a l'habitude. Peut-être que même à 5-0, ça n'irait pas non plus. Je conduis vers le Camp des Loges, il pleut, il y a du monde. Jamais bon de trop réfléchir dans les embouteillages. On rejoue mercredi, en Croatie. Les essuie-glaces font un bruit atroce. Au prix de la caisse, ils auraient au moins pu améliorer ça... Après la défaite à Porto, on n'a plus le droit à l'erreur. Il ne faudra pas qu'on se loupe. Et dans ce "on", je me dis que je n'y suis plus. Ça me fait mal. Et j'ai peur.

 

Réactions

  • Ba Zenga le 23/10/2012 à 15h02
    Très bel article sur un garçon qui a un peu la lose, il est vrai. Bien écrit et ce qu'il faut de déprimant et de touchant.

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