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L'instant X de Miguel Palanca

Invité : L'Instant X – Quand un joueur anonyme se présente en duel devant le gardien lors d'un Barça-Real, il joue plus que le match.

Auteur : Christophe Kuchly le 11 Oct 2012

 

 

Dans la vie comme dans le sport,chaque seconde peut faire basculer le cours de l’histoire. L’Instant X est un site multisports consacré à ces moments parfois oubliés dont tout le monde analyse ensuite les conséquences.

 

 

À vingt-quatre ans, bientôt vingt-cinq, il est un joueur comme un autre. Ailier droit au club d’Elche depuis la saison 2010/11, une formation qui caracole pour l’instant en tête de la Liga Adelante, la deuxième division espagnole, Miguel Palanca n’a rien d’une vedette. Il est un élément important de son équipe, mais n’est ni incontournable ni particulièrement décisif (43 titularisations pour 5 buts ces deux dernières saisons). À quelques centimètres près, sa carrière aurait pourtant pu basculer. L’énoncé de son nom n’entraînerait en tout cas pas cette froide et unanime réponse: "Qui?"

 


Le Clasico comme terrain de jeu

On est le samedi 13 décembre 2008, et c’est soir de Clasico. Le Barca de Pep Guardiola reçoit le Real de Juande Ramos, nommé le mardi en remplacement de Bernd Schuster. Sur le terrain, des stars (Eto’o, Messi et Henry d’un côté, Casillas, Sneijder et Raul de l’autre)… mais aussi quelques joueurs au nom un peu moins enthousiasmant (Gudjohnsen, Metzelder, Drenthe). Le match n’a pas encore l’intensité presque guerrière qu’il aura quelques années plus tard, mais sa portée symbolique et médiatique est tout de même immense. C’est déjà la 15e journée et le leader barcelonais peut assommer des Madrilènes seulement cinquièmes, à neuf points du rival.

 

 

Pour son premier match à la tête du Real, Juande Ramos ne bouleverse pas le onze de départ de son prédécesseur. Suspendu, Robben est remplacé par Drenthe, alors que Sneijder et Metzelder remplacent Van der Vaart et Marcelo, Sergio Ramos étant décalé au poste de latéral. Sur le banc, un petit jeune de dix-neuf ans jamais apparu parmi les pros : Miguel Palanca. Venu pour faire le nombre a priori, à l’image de Marc Muniesa en finale de Ligue des Champions l’année suivante, il n’est absolument pas destiné à jouer.

 

 

 

Le duel d’un match pour l’un, d’une vie pour l’autre.

Oui mais voilà, Sneijder se blesse après une demi-heure de jeu. Plutôt que de faire entrer Van der Vaart, Juande Ramos tente un pari et lance Miguel Palanca sur l’aile droite. Sans complexe, celui qui avait été recruté à l’Espanyol Barcelone pour renforcer la réserve apporte toute son envie et sa fraîcheur. La technique est parfois hésitante, l’intelligence tactique dans le positionnement aléatoire, mais Barcelone est quelque peu perturbé par le jeu de cet inconnu. Et même s’ils dominent largement, les Catalans sont incapables de prendre l’avantage alors que l’on s’apprête à entrer dans les dix dernières minutes, et restent sous la menace des contres madrilènes.


On joue la 79e minute, et c’est là que tout va basculer. Ou plutôt ne basculera pas. Miguel Palanca reçoit la balle sur l’aile à trente-cinq mètres des buts de Valdés. Deux crochets pour rentrer au cœur du jeu, un relai en une touche de balle avec Raul, et il se retrouve à 6m du but, dans un angle fermé. Plus de défense, aucun partenaire à servir, aucune question à se poser. L’action devient duel. Un duel entre un gardien alors souvent décrié et un gamin dont c’est le deuxième match en Liga, dix-huit mois après une courte entrée en jeu avec l’Espanyol. Un duel qui pourrait donner un avantage décisif au Real et son nouvel entraîneur dans le match le plus important de la saison.

 

 


La belle histoire n’aura pas lieu

Plutôt que de tenter une hypothétique frappe croisée, le gamin tire fort, sans contrôle, droit devant. Le geste est juste, tutoie la perfection, mais ne fait que la frôler. Valdés avance pour boucher l’angle, écarte les bras, et dévie le ballon de l’épaule. Pas un réflexe, pas tout à fait un coup de chance non plus, mais le tournant du match. Le ballon sort en touche, Palanca met les mains sur sa tête et se rend compte qu’il a raté sa chance. A quelques centimètres près, son tir serait passé entre l’épaule et la barre transversale. En attendant, il y a toujours 0-0.

 

Trois minutes plus tard, Samuel Eto’o dévie la balle dans le but à la suite d’un corner. Dans les arrêts de jeux, Messi se charge de plier définitivement l’affaire. Victoire 2-0, et 12 points d’avance au classement. Le score paraît sans appel, mais le scénario infirme la théorie du long fleuve tranquille. L’histoire retiendra que Barcelone a fait un pas décisif pour le titre ce soir de décembre 2008, tandis que quelques mémoires affutées raconteront qu’un jeune ailier, habitué à la réserve, aurait pu tout remettre en cause.

 

Une semaine plus tard, Palanca entrait à l’heure de jeu contre Valence. Deux semaines après, il remplaçait Robben en fin de match contre Mallorca. Retourné en réserve pour la suite de la saison, prêté à Castellon l’année suivante puis transféré à Elche pour deux ans, avec une clause de rachat pour le Real qui ne sera sans doute jamais activée, il n’a plus jamais vu la Liga depuis.

 

 

Réactions

  • Paul de Gascogne le 11/10/2012 à 09h30
    J'aime beaucoup le concept de l'instant X !

    J'imagine que chacun repensera à un instant X bien à lui à la lecture de cet artcile. Le mien, puisque vous insistez tant pour que je vous le divulgue, ce serait une magnifique action du Bayern lors de la finale de CL face à MU, à l'issue de laquelle Basler (à moins que ce ne soit Scholl ?) trouve le poteau sur un amour de frappe en rupture.

  • Tonton Danijel le 11/10/2012 à 10h43
    On aurait pu imaginer la version alternative:
    La balle passe entre l'épaule de Valdès et la barre.
    Miguel Palanca devient le nouveau chouchou de Bernabeu.
    Fiorentino Perez estime qu'il n'a pas besoin de renforcer son secteur offensif, Benzema reste à Lyon où il va réaliser une saison exceptionnelle, offrant à Claude Puel un deuxième titre de champion de France après celui acquis avec l'AS Monaco.

    Palanca et Benzema, qui enfilent tous les deux les buts en club (le Real de Palanca se fait sortir par l'OL de Benzema en 8e de finale de Ligue des Champions, victoire 2-1 de l'OL à Gerland, défaite 3-2 à Bernabeu au retour. Benzema et Palanca inscrivant chacun un doublé). Benzema permet à sa sélection d'éliminer sans trembler l'Eire, puis d'accrocher un méritoire match nul 1-1 (ouverture du score de Palanca)au Stade de France contre l'Espagne. Il dispute avec l'OL sa première finale de Ligue des Champions, mais l'OL chute face au réalisme de Diego Milito à Bernabeu. Coupe du monde, l'Espagne devient championne du monde en remportant tous ses matchs à élimination directe 2-0, Palanca est le premier buteur de la Roja contre la Suisse. L'EdF de Benzema réalise un parcours honorable, mais doit se passer de Karim Benzema pour la demie-finale contre les Pays-Bas, ce dernier ayant repoussé un ballon de la main sur sa ligne en quart de finale contre le Ghana.

    Purée, à quoi tiennent deux destins.

  • pavlovitch le 11/10/2012 à 11h39
    Au cours du même match, une action beaucoup moins "Instant X" mais quand même, bien avant le dénouement abrupt:

    En première mi-temps, Drenthe et ses dread partent dans le dos de Dani Alvés et se retrouvent face à Valdés.

    Le portier détourne la frappe hollandaise.

    Drenthe ne sera jamais un héros.

    (Bref, le Barça était sur un nuage à l'époque mais Juande aurait bien pu réaliser le hold-up.)

  • Radek Bejbl le 11/10/2012 à 13h12
    Etrangement, si je me souviens parfaitement de l'action décrite dans l'article, je me souviens également très bien de ce duel avec Drenthe. J'ai même hésité à y faire allusion mais ça aurait été un peu lourd. Je suis sûr que ça a dû arriver dans d'autres grands matches, mais celui-là m'a tellement marqué que j'en avais oublié comment étaient les buts.

    C'était fun à l'époque, ces clasico avec quelques joueurs bancals au milieu pour mettre du piment.

  • Pascal Amateur le 11/10/2012 à 13h50
    Ou comment un instant X devient une occasion lambda…

  • Sens de la dérision le 11/10/2012 à 15h37
    J'aime bien aussi le principe de cet instant X.
    Et la non-conclusion de cette action me rappelle que j'ai toujours eu l'impression que la majorité des duels attaquant-gardien tournent à l'avantage du deuxième.

  • Henri Désiré Landreau le 11/10/2012 à 21h59
    J'ai beaucoup aimé cet article qui évoque un joueur méconnu au milieu d'un match qui l'est beaucoup.
    Néanmoins, je ne crois pas beaucoup au concept de cet instant X, je suis tristement rationnel et pense que duel raté ou pas, Palanca aurait fini par percer au Real s'il en avait eu le niveau. Inversement, il aurait fini par retomber dans l'anonymat même s'il avait remporté ce duel.
    D'ailleurs, ce serait intéressant d'écrire une série d'articles sur les instants anti-X. Des moments qui auraient pu lancer une carrière mais qui n'ont pas connu de lendemain qui chante (je pense à l'instant à la coupe du monde 2010 du Ghanéen Gyan).

  • Radek Bejbl le 11/10/2012 à 23h49
    Attention, le concept (que j'ai créé et qui est peut-être un peu flottant pour les gens qui ne vivent pas dans ma tête) est de s'attarder sur des moments qui ont, ou auraient pu faire basculer une carrière. Je comprends absolument le point de vue, et je suis d'ailleurs assez rationnel moi-même. J'ai d'ailleurs fait un article cycliste sur un non-instant X, un moment où le Tour de France aurait pu basculer et où un grain de sable a tout remis en cause, ce qui a donné une situation tout à fait banale au final.

    Je ne suis pas persuadé que Palanca aurait fait carrière s'il avait marqué, mais une chose est sûre : il/on a perdu l'occasion de le savoir. Surtout, il serait au moins resté dans les mémoires pour ce but (sauf à prendre 2 buts et perdre 2-1). Comme je l'ai titré sur le blog "Palanca ne sera jamais un héros". Quelqu'un comme Neil Mellor a beau avoir raté sa carrière, il restera quand même comme le gars qui a planté un énorme but à Arsenal dans les arrêts de jeu.

  • C. Moa le 12/10/2012 à 17h11
    Flou ou pas, j'aime beaucoup le concept. Merci pour cet article Radek, et bonne continuation !

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