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Angleterre-Hongrie 1953

Les matches de légende – Le 25 novembre 1953, la Hongrie écrase l'Angleterre (3-6) à Wembley. Le "match du siècle" est un tournant dans l'histoire du football anglais et européen.

Auteur : Julien Momont le 4 Oct 2012

 

 

Invité : A World of Football Notre rubrique George Guest s'honore de compter deux nouveaux invités: les remarquables Sharkfoot et A World of Football. Pour l'occasion, nous accueillons le second avec plaisir et avec cet article sur une rencontre légendaire. "Entre analyses tactiques, reportages, interviews et dossiers, A World of Football explore le monde du foot d'hier et d'aujourd'hui avec passion, mais sans prétention."

 

 


Budapest. Station de métro "Puskás-Ferenc stadion", au Nord-Est de la capitale hongroise. Pas de photo du choc entre l'Angleterre et la Hongrie (3-6), à Wembley, en 1953. Ici, c'est l'équipe victorieuse (7-1) de la revanche au Népstadion – "stade du peuple", rebaptisé Puskás-Ferenc stadion en 2002 –, l'année suivante, qui s'affiche sur les murs. Pourtant, c'est bien le succès à Londres qui est entré dans l'histoire comme "le match du siècle".

 

Si on l'a affublé de ce qualificatif, c'est qu'il mettait aux prises la nation mère du football et celle qui le jouait le mieux, à l'époque. Le mercredi 25 novembre 1953, la Hongrie se présente à Londres avec le statut de meilleure équipe du monde, invaincue depuis 24 matches et auréolée de son sacre olympique en 1952, à Helsinki. En face, l'Angleterre et son complexe de supériorité sur le continent, face à qui elle était invaincue à domicile1.

 

Les 105.000 personnes qui s'entassent dans l'Empire Wembley Stadium cet après-midi-là s'attendent à une victoire facile des Three Lions. Les Anglais s'intéressent peu au football continental. Ferenc Puskás et consorts? Des inconnus. Mais l'Angleterre va tomber de son piédestal, écrasé par une véritable leçon tactique, technique, physique et collective hongroise. Un match charnière dans l'histoire du football anglais et européen.

 


Les équipes

L'Angleterre évolue dans son WM maison, introduit par Herbert Chapman à Arsenal au milieu des années 20. Dans les buts, Gil Merrick, gardien historique de Birmingham City. Devant lui, un trio défensif composé d'Alf Ramsey, plus connu pour avoir mené l'Angleterre au sacre mondial en 1966, Harry Johnston et Bill Eckersley. Au milieu, les demis Billy Wright et Jimmy Dickinson, en retrait des inters Ernie Taylor et Jackie Sewell. Devant, la star de Blackpool Stanley Matthews à droite, George Robb à gauche, et Stan Mortensen, l'attaquant de Blackpool, dans l'axe.

 

 

 

Côté hongrois, l'équipe est construite autour du noyau dur du Honvéd Budapest, avec six joueurs titularisés. Une défense en apparence classique, devant le gardien Gyula Grosics: Jeno Buzánszky à droite, Gyula Lóránt au centre et Mihály Lantos à gauche. Inters, les deux József, Zakariás et Bozsik, le second évoluant un cran plus haut. Jusque-là, rien de révolutionnaire. Mais le W traditionnellement aligné en attaque est ici un M. László Budai à droite et Zoltán Czibor à gauche encadrent Nándor Hidegkuti. Devant, le duo Ferenc Puskás-Sándor Kocsis.

 

 


Une leçon tactique

Préparés comme un club, les hommes de Gusztáv Sebes mettent l'Angleterre face à son archaïsme tactique. Les décrochages de Nándor Hidegkuti posent un problème de taille au marquage individuel adverse. Harry Johnston est incertain quant à l'attitude à adopter: suivre le numéro 9 hongrois et ouvrir des espaces pour Kocsis et Puskás? Rester en position et lui permettre de se retourner pour organiser le jeu? Ces hésitations permettent au joueur du MTK Budapest d'ouvrir le score d'entrée d'une frappe en pleine lucarne, après avoir crocheté son garde du corps (0-1, 1re). Le début de son festival. Après l'égalisation anglaise, sur un contre rapidement mené et conclut par Sewell (1-1, 15e), il redonne l'avantage à son équipe après un gros cafouillage (1-2, 20e). Il conclura ensuite, de volée, une superbe action collective en même temps que la démonstration magyare (2-6, 54e).

 

 

 

Contrairement à la rigidité du WM, le système hongrois offre une certaine liberté à ses cinq joueurs offensifs. Hidegkuti n'est pas seul à décrocher. Puskás redescend à sa hauteur pour mettre en valeur sa patte gauche et donner du liant au jeu. Kocsis cherche les espaces entre Johnston et les latéraux, occupés par le marquage de Budai et Czibor. L'apparente improvisation est trompeuse. Les mouvements sont parfaitement huilés et la défense anglaise mise hors de position. Les espaces s'ouvrent, exploités par des courses complémentaires: la Hongrie trouve facilement despositions de frappe aux vingt mètres, après avoir créé des décalages face aux demis Wright et Dickinson.

 

La confusion des défenseurs anglais est renforcée par une numérotation inhabituelle des maillots hongrois: contrairement à la tradition britannique, issue des évolutions tactiques vers le WM, les numéros magyars sont attribués de droite à gauche, de la défense vers l'attaque. Résultat: impossible de se fier au numéro pour le marquage individuel.

 

 


Une leçon technique

Le football ne se joue pas (que) sur tableau noir. La Hongrie doit aussi sa domination mondiale à ses artistes, parmi les meilleurs techniciens de l'époque: Puskás, Hidegkuti, Kocsis, Czibor et Bozsik. Plus que de simples "jongleurs", pour reprendre le terme utilisé par le Daily Telegraph le matin du match. Le décalage avec des Anglais laborieux et sans imagination est frappant. Point culminant: le sixième but d'Hidegkuti. Aboutissement d'une longue séquence collective, de déviations rapides. Concrétisation du génie technique de Puskás et son service aérien pour Hidegkuti, au second poteau.

 

 

 

La star du Honvéd Budapest s'est faite un nom grâce à cette passe décisive, mais aussi grâce à son premier but. Service dans la surface de Budai. Inspiration géniale. Un râteau éclair. Wright tacle dans le vide. Puskás conclut tranquillement (1-3, 24e), Wembley applaudit. Le "Major galopant" ajoute ensuite un nouveau but sur une déviation (1-4, 27e).

 

Après la réduction de l'écart de Mortensen (2-4, 38e), Bozsik y va lui aussi de son but d'une frappe sous la barre (2-5, 51e). Ramsey adoucit finalement la note sur penalty (3-6, 58e), indication supplémentaire de la friabilité défensive hongroise. La contrepartie logique d'une attaque flamboyante?

 

 


La remise en question du football anglais

Fluidité et technique hongroises ont eu raison de la rigidité anglaise. La naïveté tactique des Three Lions est révélée au grand jour. Cette lourde défaite est un véritable coup de tonnerre outre-Manche. Le premier revers à domicile contre une équipe du continent. "C'est seulement en 1953 que l'Angleterre a fini par accepter que le jeu continental avait atteint un niveau d'excellence qu'aucune quantité de sueur ne pouvait compenser", souligne Jonathan Wilson dans son excellent ouvrage Inverting The Pyramid [2].

 

Un électrochoc salvateur. Le football anglais entame enfin une remise en question dont il a tant besoin. Le "match du siècle", couplé à la déroute plus lourde encore (7-1) lors de la revanche à Budapest, l'année suivante, marque un nouveau départ. Le football anglais s'ouvre aux avancées tactiques du continent et délaisse le vieillissant WM. Il intègre des nouvelles méthodes d'entraînement, plus poussées, plus axées sur la technique. "Ce match seul a changé notre manière de penser", résuma Sir Bobby Robson. Les fondations du succès. En 1966, l'Angleterre serait sacrée championne du monde, chez elle.

 

Côté hongrois, Gusztav Sebes voit dans ce triomphe la supériorité du socialisme sur l'individualisme anglais. Il est surtout la confirmation de l'hégémonie magyare sur le football mondial. Sur le plan tactique, l'organisation avec un milieu très reculé devant la défense et un attaquant axial décroché est un premier pas vers le 4-2-4, popularisé par le Brésil de Pelé et Garrincha, en 1958. Il ne manquera finalement qu'un sacre en Coupe du monde à l'Aranycsapast, invaincue pendant quatre ans (1950-1954) et 29 matches, pour qu'elle soit encore un peu plus reconnue. Elle en sera privée en 1954, par une RFA au collectif extraordinaire, mais dont les pratiques dopantes ont été révélées depuis. Le fameux "Miracle de Berne", fin de l'âge d'or du football hongrois.

 


[1] L'Angleterre s'était déjà inclinée à domicile, contre l'Irlande (0-2) en 1949, à Goodison Park (Liverpool).
[2] Jonathan Wilson, Inverting the Pyramid : The History of Football Tactics, Éditions Orion, 2009, 384 p.

 

 

Réactions

  • le Bleu le 04/10/2012 à 08h21
    "Est-ce que le communisme a existé ? Oui, pendant deux fois quarante-cinq minutes, à Wembley, lorsque la Hongrie a battu l'Angleterre. Les Anglais ont joué individuel, les Hongrois ont joué collectif."
    (approximativement) Jean-Luc Godard, in Notre Musique (2004)

  • magnus le 04/10/2012 à 09h28
    Le crochet exter de Puskas avant sa mine du gauche est peut-être le cassage de rein le plus célèbre de l'histoire.

  • kinilécho le 04/10/2012 à 10h10
    Dans la vidéo j'adore l'arbitre qui après les buts, viens mettre une petite tape dans la nuque du buteur, ou l'embrasser dans le coup avant de le repousser gentiment dans l'autre moitié du terrain pour que le jeu puisse reprendre.
    Et l'ouverture de Puskas...

  • dan le 04/10/2012 à 10h18
    putain le rateau de Puskas !! Un geste qu'on voit trop rarement de nos jours

  • Pascal Amateur le 04/10/2012 à 14h04
    Zakarias, Kocsis... tous ces pianistes qui jouent au foot !

  • Mykland le 04/10/2012 à 15h34
    Son rateau pied gauche me fait penser à Raul et Suker.

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