La diversité sauce Canal
Invité : Lucarne Opposée – Le premier résultat du nouveau contrat des droits télé de la L1, c'est la multi-diffusion des "gros" clubs par Canal+. Les chiffres pour les neuf premières journées.
Lucarne Opposée, le site tous les footballs, véritable observatoire des championnats sur les cinq continents, regarde aussi la Ligue 1. Et comme tout le monde, il voit toujours les mêmes clubs... (l'article originel)
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"Cela fait plaisir pour notre championnat de voir les grands clubs que sont l’OM, l’OL et le PSG déjà en place". Voilà à peu de choses près la réflexion prononcée par Grégoire Margotton lors du passionnant Nancy-OM d’hier soir. Cette petite phrase m’a donné envie de voir comment Canal entrevoit la couverture de notre championnat sous l’ère qatarie.
Le 19 octobre prochain sera la date de la neuvième journée de Ligue 1 2012/13. Au lendemain de cette journée, le championnat français abordera son deuxième quart. La grille des diffusions étant connue, l’occasion était trop belle de voir comment Canal définissait sa couverture "exceptionnelle" de la Ligue 1 (comme jamais auparavant qu’ils disaient en début de saison). Pour cela, simple et efficace, le site de la LFP.
La "PLM-cytose"
Avec l’arrivée de BeIn Sport et les changements des règles concernant la diffusion, Canal peut donc se lâcher et ne diffuser que ceux qui l’intéressent avec surtout, le premier choix. Alors qu’ils n’avaient eu que 12 diffusions sur 38 journées la saison dernière, le PSG a donc déjà, en 9 rencontres, dépassé la moitié de son total de l’an passé. Derrière, l’OM et l’OL sont déjà en avance (4 diffusions chacun contre respectivement 9 et 8 au total de la saison dernière).
Avec 15 diffusions sur les 21 matches proposés par Canal, l’axe PLM aura donc occupé 71% des télés des abonnés de la chaîne du meilleur du football (sic). Si derrière certains clubs en profitent (Bordeaux et Reims gagnent deux diffusions face à deux de ces trois équipes, Ajaccio, Sochaux, Valenciennes et Bastia leur doivent leur unique passage alors que Troyes passe trois fois dont deux face à l’axe PLM), au terme du premier quart de la saison, il reste trois oubliés : Lorient, Brest et Rennes, les trois bretons sont privés de Canal.
Donner aux riches
Même au sein de l’axe PLM, il est un absorbeur d’audiences: le PSG. Si le club de la capitale gagne 7 diffusions sur 21 au total (7 en 9 journées, 8 si on oublie le multiplex de la 1première journée), l’overdose est frôlée lorsqu’on ajoute les compétitions européennes. Car oui, Canal, qui offrira les "meilleures affiches" (re-sic) de la Ligue des Champions devient le Canal officiel du PSG au point que le mois qui arrive frise le ridicule.
Tout débute avec PSG-Kiev ce mardi, suivi de Bastia-PSG samedi, PSG-Sochaux la semaine prochaine enchaîné avec Porto-PSG le mercredi 3 octobre et Marseille-PSG le 7 et enfin, PSG-Reims le 20. Vous comptez bien, d’ici au 20 octobre, le PSG disputera 6 rencontres et toutes seront sur Canal+!
Le supporter du PSG peut jubiler, d’autant que les conséquences sont aussi financières. Les droits télé représentent 57% des revenus pour un club de L1, prennent en compte, au moment de la répartition du pactole, le facteur "notoriété" – critère totalement arbitraire basé sur le nombre de diffusions décalées. Et si l'on ajoute que ce critère compte pour 20% du total du pactole, on comprend mieux comment Canal fait un joli cadeau à sa vitrine qu’est le PSG (qui avait déjà vu une belle augmentation de la somme reçue la saison dernière), certains diront "comme s’ils en avaient besoin".
BeIn réajuste.
Fort heureusement, il n’y a pas que Canal qui diffuse la Ligue 1. Les Qataris de BeIn Sport sont venus se mêler à la lutte et en profitent pour réajuster. Enfin, façon de parler. Privé de PSG, BeIn se rabat sur les historiques: l’OM et Bordeaux passent 5 fois, Saint-Étienne 4, alors que le champion sortant trouve enfin une écoute en passant 4 fois – de même que les Bretons (avec en chef de file Rennes et ses quatre diffusions).
Reste qu’au final, si on ajoute les diffusions sur BeIn à celles de Canal, le résultat n’est pas bouleversé outre mesure. L’axe PLM domine les débats (l’OM profitant de BeIn pour doubler le PSG) là où certains peinent à exister (citons Sochaux, Nice, Valenciennes ou Bastia).
Au-delà des considérations de supporters, c’est tout une équité qui est donc continuellement remise en cause par un Canal+ désormais libre de dicter la répartition des droits à qui bon lui semble. Canal sous l’ère qatarie, c’est en quelque sorte le système immunitaire de la Ligue 1 venu nettoyer le paysage en se fabriquant deux ou trois macrophages destinés à éliminer les dix-sept autres microbes. La future French Premier League repose sur cela...