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Maradona 1994, le dernier cri

Un jour, un but – Lors de la Coupe du monde 1994, Maradona transforme un banal Argentine-Grèce en requiem pour sa carrière.

Auteur : Stéphane Pinguet le 17 Sept 2012

 

C’est un jour du début de l'été 1994, alors que la Coupe du monde américaine se cherche encore un héros hollywoodien. Loin d’être une ruée vers l’or, la quête tournera à la tragédie. Première compétition qui accueille la Russie, l’Arabie Saoudite ou le Nigéria, elle mène en demi-finale la Suède et la Bulgarie, les deux qualifiés du groupe devant la France pendant les éliminatoires. Et au-delà de l’ennui d’une compétition qui conduira à l’assassinat du Colombien Escobar, il y a quelques coups d’éclat grâce aux Milla, Salenko, Yekini, Baggio, Romario ou Klinsmann.

 


Dernière victoire

Et il y a cette minute sous les projecteurs de l'éphédrine. Quatre longues années (dont quinze mois pour un contrôle positif à la cocaïne en 1991) après ce qui aurait dû être son Mondial en 1990, il est de nouveau là. Il joue. Diego Armando Maradona porte le brassard de capitaine, sans doute pour sa dernière Coupe du monde. Il voudrait bien redevenir le roi et il l'est redevenu pour un instant, le temps d'un regard, le temps d'un cri, le temps d'un but, pas plus. Contre la Grèce, faible faire-valoir pour cette équipe, l'Argentine remporte une victoire tranquille, 4-0. On le voulait présent, sain(t), ressuscité. Ce fut davantage. C'est une action rapide, six ou sept passes sur quelques mètres carrés, impliquant quatre joueurs différents. Une-deux, feinte, une touche de balle, petit pont, et cette balle qui lui arrive. Un contrôle intérieur gauche à l'entrée de la surface de réparation, une feinte de frappe pour un extérieur du gauche – histoire de se dégager des défenseurs devant lui. Une détonation: il a tiré, un seul coup, sans appel. Il a décidé de tuer ses démons, et le ballon part, droit, le gardien ne peut rien. À la fin de l'envoi, Il touche et c'est la lucarne. Tout le monde l’attendait, il a répondu présent.

 

 

 

 

Maradona est de retour, Il a montré qu'Il était de nouveau le messie. Il y a ce but, mais il y a aussi cette célébration du but, exercice habituellement si ridicule. Mais cette course, c'est autre chose, c'est celle d'un revenant, d'un illuminé, d'un fou, elle vient d'outre-tombe. Le visage déformé n’a rien d’humain, ce regard peut réjouir ou effrayer. Ce cri sent la renaissance, la vie et le plaisir. Il sent aussi la revanche, la rage et la passion. Contre ceux qui l'ont condamné, enterré, jugé... Il court vers la caméra la plus proche, celle du bord du terrain, les bras contre le corps et les poings serrés avec cet index droit pointé vers le sol. Maradona est seul, ceux qui viennent le féliciter n'ont pas compris, Il est seul, comme Il l'a toujours été dans ses succès et ses échecs, quand on est le premier comme quand on est l’exclu. Rien ne compte en dehors de ce que disent ce regard et ce cri. Ce but c'est sa dernière victoire, éphémère certes, mais tellement essentielle à son histoire.

 

 


Dernières images

Quelques jours plus tard, Il est contrôlé positif à l'éphédrine, exclu de son équipe. Voué aux gémonies et à la vindicte populaire, il redevient cet animal de foire médiatique, avec toujours assez d’excès dans les mots et l’attitude pour qu’il ne soit pas un simple sportif pris dans la tempête du dopage. C’est la fin prématurée de son dernier retour, c’est la fin du parcours de l’Argentine dans ce Mondial qui ne se remettra pas et perdra contre la Roumanie en huitième de finale. C’est aussi la fin de l’Argentine victorieuse dont le destin a été intimement lié pendant dix-sept ans à la carrière de son enfant terrible: deux Coupes du monde (1978, même sans Diego, 1986) et une finale (1990), deux Copas America (1991 et 1993), une Coupe des confédérations (1992) pour les trophées les plus emblématiques. Et depuis, plus rien, malgré les générations de grands joueurs et de grandes équipes qui lui ont succédé. Pour cette sélection depuis en deuil, plus rien que des désillusions à la hauteur de celle de ce 21 juin 1994. Une fête funeste au son de requiem.

 

La dernière image de Maradona en tant que joueur en Coupe du monde devient celle d’un homme assis en tribune avec lunettes de soleil, et même là, il est bien plus qu’un spectateur. Au-dessus des autres depuis tant d’années, il n’avait que faire des règlements pour les autres. Il a triché une fois de trop, il savait ce qu’il l’attendait en cas de contrôle. Comme tous ses supporteurs, d’ailleurs, qui ont pu croire à une autre renaissance, une de plus. En fait, y croyait-il vraiment lui-même? Peut-être sentait-il que ce but et ce cri seraient les dernières images de lui en Coupe du monde – et même ses dernières images sous le maillot albiceleste. Pour son mythe, elles valurent bien celles des larmes de Rome en 1990.


 

Un jour, un but...

Panenka 1976, le penalty de velours

Arconada 1984, naufrage au Parc
Gazza 1996, pourvu qu'on ait l'ivresse
Wiltord 2000, héros sur le tard
Trezeguet 2000, de l'or sous la barre
Laghrissi 1994, le billet pour l'Amérique
Hurst 1966, contesté à jamais
Sparwasser 1974, au-dessus du mur
Gemmill 1978, point G de l'Écosse
Carlos Alberto 1970, l'offrande du Roi
 

Réactions

  • leo le 17/09/2012 à 10h00
    Le but de Maradona contre la Grèce avec les commentaires de Victor Hugo Morales, LE commentateur du football argentin (celui du "barrilete cosmico" de 1986). C'est le commentaire dont il est le plus fier, admirez la précision de la description, alors que les remises à une touche de balle s'enchaînent à toute vitesse :

    lien

    La rédac devrait utiliser cette video pour illustrer l'article

  • la rédaction le 17/09/2012 à 10h16
    Elle est effectivement sympa pour la prouesse vocale, mais elle escamote quelque peu la séquence du cri, qui est l'objet central de l'article...

  • Marius T le 17/09/2012 à 12h24
    Et combien d'argent rapporte cet article à son auteur, touche-t-il sur le nombre de commentaire ?

  • Pascal Amateur le 17/09/2012 à 16h19
    Snif.

  • Sens de la dérision le 17/09/2012 à 17h39
    leo
    aujourd'hui à 10h00
    La rédac devrait utiliser cette video pour illustrer l'article
    ----
    pour donner des envies de meurtre ?
    (ya que moi qui déteste viscéralement ces cris sudam sur les buts ?)

  • Meilleur Second Rool le 17/09/2012 à 19h36
    "Et au-delà de l’ennui d’une compétition qui conduira à l’assassinat du Colombien Escobar, il y a quelques coups d’éclat grâce aux Milla, Salenko, Yekini, Baggio, Romario ou Klinsmann."

    Il n'y a que moi qui garde un souvenir agréable de cette Coupe du Monde (à part la finale) ?

  • Tonton Danijel le 17/09/2012 à 20h40
    Non, y a moi aussi. Mais c'était la première. Et il y avait Saeed Al Oweiran aussi dans les coups d'éclat.

  • Ô Mexico le 17/09/2012 à 21h33
    Sens de la dérision
    aujourd'hui à 17h39
    (ya que moi qui déteste viscéralement ces cris sudam sur les buts ?)

    Ça doit être un truc de Lyonnais, car Charterhouse déteste également les Gooooooooooooool. Et tout ce qui se rapproche de l'espagnol et de l'Amérique du Sud. Un gros manque de passion sans doute.

  • gimlifilsdegloin le 17/09/2012 à 21h48
    Moi aussi, j'avais bien aimé cette coupe du monde : Al Oweiran et son but invraisemblable, Romario-Bebeto, l'Italie jamais battue (enfin, Baggio jamais battu), l'ambiance des stades, Brésil/Pays-Bas...

  • Richard N le 18/09/2012 à 07h03
    Excellent article, très juste et agréable à relire. La World Cup 94 fut pour ma part un tournoi très enthousiasmant, supérieur en tout cas à l'édition précédente en Italie. J'ai le souvenir d'un Mondial très coloré, qui tranchait nettement avec le tournoi 1990 très sombre.

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