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Arconada 1984, naufrage au Parc

Un jour, un but – Le 27 juin 1984 à Paris, Luis Arconada maîtrise mal un coup franc de Michel Platini. Il donne ainsi le titre européen à la France et son nom aux bourdes des gardiens.

Auteur : Richard N. le 21 Juin 2012

 

L’espace d’une seconde, Luis Arconada a tout perdu. Il a suffi d’un ballon mal maîtrisé en finale d’un Championnat d’Europe pour que tout le reste de sa carrière soit balayé d’un revers de main. Oubliées la soixantaine de sélections en équipe d’Espagne, un record dans un pays qui n’a pourtant jamais manqué de bons gardiens. Envolés les deux titres remportés par son club de toujours, la Real Sociedad dans un championnat qu’on croit réservé à deux clubs. Récusée l’idée qu’Arconada fut l’un des meilleurs gardiens du monde. Aujourd’hui, son nom ne revient à la surface que pour souligner la bourde grossière d’un soir. Il est devenu le synonyme des errements de ses successeurs. Luis Miguel Arconada Echarri ne méritait pas ça. Le gardien espagnol a, durant sa carrière, commis sans doute moins de boulettes qu’un Lev Yachine ou un Fabien Barthez. Peut-être n’en a-t-il d’ailleurs commis qu’une seule.

 

 


Le bol

Lorsqu’il fête ses trente ans, la veille du 27 juin 1984, Luis Arconada est pratiquement un héros. Il est le capitaine d’une équipe d’Espagne un peu poussive qui s’est frayé un chemin jusqu’à la finale de l’Euro 84 en bousculant deux favoris, la RFA et la Danemark. Face aux Allemands, tenants du titre, Arconada a réalisé un match de feu, dégoûtant les Rummenigge et autre Völler par ses réflexes et son autorité. Et aussi par sa baraka: trois fois ses montants ont repoussé les frappes germaniques. Les Espagnols s’imposeront sur un but de dernière minute inscrit par le libero Maceda. En demi-finale à Lyon, les Espagnols ont solidement contenu les Danish Dynamite (1-1, nouveau but de Maceda) et ont fini le boulot aux tirs au but.

 

"Ils ont du bol", grince Michel Platini avant la finale. Le capitaine français avoue sa crainte. La présence même des Espagnols dans ce tournoi était un véritable miracle. Lors des qualifications, il ne leur restait plus qu’un match contre Malte, qu’ils devaient battre par plus de dix buts d’écarts. Score final: 12-1. C’est sans doute ce "bol" qui fait peur aux Français le soir de la finale au Parc des Princes. La belle équipe de Michel Hidalgo, son carré magique, son panache offensif et son Platini intouchable ont en effet perdu un peu de leur superbe. À moins que ce soit leur statut de favori qui leur coupe les jambes. Le match est crispant. La France bafouille devant une Espagne qui place quelques contres ravageurs. Celle-ci croit en sa bonne étoile. Carlos Santillana pense même ouvrir le score lorsqu’il trompe Bats de la tête, mais Battiston est sur la ligne pour repousser.

 


La tasse

Arrive l’heure de jeu, ou plus précisément la 57e minute de la finale. Bernard Lacombe, à l’entrée de la surface, est bousculé par Salva. La faute n’est pas vraiment évidente, mais l’arbitre tchèque M. Christov accorde un coup franc. C’est un grand classique qui se dessine sur les téléviseurs. Platini a posé le ballon à quelques centimètres de la surface, à gauche de l’arc de cercle. On le voit de dos, les mains sur les hanches, L’arbitre va siffler, Platini s’élancer, le ballon contourner le mur, le gardien plonger trop tard et la balle claquer dans les filets. Comme contre la Hollande en 1981. Sauf que là, Luis Arconada a vu le coup venir. Idéalement placé, il plonge pour accueillir le ballon dans les bras. L’action semble terminée, et pourtant tout bascule: alors qu’Arconada est au sol, on voit le ballon lui échapper et glisser lentement derrière la ligne. Le gardien se retourne et ramène le ballon vers le terrain, mais c’est trop tard.

 

Un court moment de stupeur envahit le Parc des Princes, puis c’est l’explosion de joie. Sur les téléviseurs, les ralentis cherchent une explication. Où l’on s’aperçoit qu’Arconada a finalement un léger temps de retard sur la frappe de Platini. Son plongeon est mal assuré. On croit le ballon dans ses bras alors qu’il est déjà sous son corps. Un très léger coup de coude a poussé la balle derrière la ligne blanche. L’Espagne a perdu son "bol". Le sort semble même s’acharner sur elle. En plus de l’erreur de son gardien, et du but manqué de Santillana en première mi-temps, elle se voit frustrée en fin de match d’un penalty qu’aurait pu lui accorder l’arbitre pour une faute de Bossis sur Santillana. L’équipe de France est également loin de ses meilleurs soirs. Elle termine le match la trouille au ventre, se retrouvant à dix après l’expulsion d’Yvon Le Roux.

 

 


La coupe

La délivrance arrivera dans les toutes dernières secondes lorsque Bruno Bellone, superbement lancé par Tigana, s’en va achever d’une pichenette Arconada et les siens. Tandis que la France fête ses nouveaux héros, l’Espagne cherche à comprendre. Luis Arconada déclare qu’il ne se sent pas fautif. Il rend hommage à la frappe parfaite de Platini, que peu de gardiens, selon lui, auraient arrêté. Contrairement à une idée reçue, Arconada n’a pas mis fin à sa carrière internationale après ce maudit soir. Il gardera plusieurs fois encore la cage espagnole avant qu’une blessure ne profite à son jeune successeur, Andoni Zubizarreta.

 

Bien des années plus tard, le nom d’Arconada restera en France le synonyme d’une faute de main, d’une erreur de gardien. Les commentateurs français se feront une joie de l’utiliser lorsque Zubizarreta s’inscrira un fameux "autogol" contre le Nigeria lors de la Coupe du monde 1998, ou lorsque Molina ratera bêtement sa sortie contre la Norvège à l’Euro 2000. Mais en 2008, lorsque l’Espagne remporte le Championnat d’Europe vingt-quatre ans après Paris, le gardien remplaçant Andrés Palop s’en va chercher sa médaille vêtu du maillot qu’Arconada portait lors de la finale de 1984. Un geste qui touchera d’autant plus le héros malheureux que l’homme qui remet les médailles ce jour-là n’est autre que le nouveau président de l’UEFA … Michel Platini.

 

 

 

Un jour, un but - série spéciale Euro

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Réactions

  • Toto le Zéro le 21/06/2012 à 07h26
    Inutile de demander a Coupet ce qu'il aurait fait du tir de Platini...

    Bel article inversant le point de vue sur ce but célèbre.

  • lyes le 21/06/2012 à 09h52
    l'avantage si il doit y en avoir un pour Arconada, c'est qu'il bourde sur un coup-franc que beaucoup de gardiens auraient encaissés de toute manière. Il ne se troue pas sur une frappe anodine, il peche aussi par envie de briller. Il l'aurait joué façon Ettori 82' sans même plonger et personne n'aurait jamais rien eu à redire sur un coup franc pareil de Platini. La, il se jette, il anticipe au maximum et du coup il bourde...

  • le Bleu le 21/06/2012 à 10h12
    "Elle termine le match la trouille au ventre, se retrouvant à dix après l’expulsion d’Yvon Le Roux."
    ---

    Visiblement une bien mauvaise habitude de l'Equipe de France, qui ne peut pas s'empêcher de jouer une finale majeure sans prendre un carton rouge.

  • LokomotivDallas le 21/06/2012 à 10h50
    je ne connsaissais pas l'anecdote avec Palop, signe que cet épisode a été très marquant en Espagne tambièn.
    généralement je trouve ce genre de démonstration hors sujet, mais ce coup ci c'était très approprié.

  • pavlovitch le 21/06/2012 à 14h03
    Article qui vient à point nommé, mais qui édulcore l'amertume laissée par ce match en Espagne.

    Les titres de la presse espagnole, au lendemain du match, en gros, c'est: "L'Espagne volée à Paris". Marca se fend d'un article sur l'arbitre en forme d'avis de recherche. (Ce qui, au passage, me fait penser que le style tabloïdesque, dans lequel sont noyés les vrais bons papiers, n'est en rien une dérive récente de ce journal mais est dans son adn).

    lien

    Le trophée conquis à l'euro 2008, remis par Platini lui-même, et l'hommage de Palop, ont été vécus comme une revanche.

    Quant à Arconada, l'article rappelle bien qu'il a été injustement considéré comme un tocard à cause de cette bourde isolée, alors que c'est un des plus grands gardiens de l'histoire. Gagner deux titres de suite avec la Real, sacré exploit quand même...

  • José-Mickaël le 21/06/2012 à 15h55
    Vous êtes sûr qu'il a été considéré comme un tocard ? Dans mes souvenirs, Arconada était plutôt ce fameux gardien supposé le meilleur du Monde qui avait accompli une énorme bourde au pire moment, pas un tocard tout court.

    Mais j'aime bien ce que dit lyes215, en effet il a fait "mieux" que les gardiens qui ont encaissé un coup-franc de Platini sans bouger.

    Quant à l'Espagne qui se plaint d'avoir été volée à Paris, rappelons que son 12-1 contre Malte est plus que suspect, d'autant qu'à l'époque il y avait eu cette affaire comme quoi les dirigeants du Real et de Barcelone invitaient les arbitres des matchs de coupe d'Europe dans de somptueux hôtels et leur fournissaient des call girls.

  • Tonton Danijel le 21/06/2012 à 16h01
    José-Mickaël
    aujourd'hui à 15h55

    Vous êtes sûr qu'il a été considéré comme un tocard ? Dans mes souvenirs, Arconada était plutôt ce fameux gardien supposé le meilleur du Monde qui avait accompli une énorme bourde au pire moment, pas un tocard tout court.
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    Le problème, c'est justement que la bourde très médiatisée lui doit son nom. Du coup, dans l'imaginaire collectif, quand on évoque Arconada, on pense à la bourde. Avant tout le reste.

  • Pascal Amateur le 21/06/2012 à 16h13
    C'est comme ma femme. Elle appelle ça "faire une Jurietti", sous prétexte que je suis rentré une fois et que ça a duré sept secondes. Alors que finalement, je suis pas un mauvais bougre. Mais bah, ça, on n'en parle pas. Jamais.

  • Metzallica le 21/06/2012 à 18h52
    Tonton Danijel
    aujourd'hui à 16h01

    Ça c'est vrai en France. J'avais un collègue espagnol, un jour on a vu un but de la sorte et je lui ai dit "une Arconada".
    Il m'a dit qu'en Espagne on ne dit pas çà et que Arconada est considéré comme un des plus grands gardien qu'ils aient eu.
    Ils ne lui tiennent pas grief de ce but.

  • leo le 27/06/2012 à 09h40
    Une emission espagnole (Informe Robinson, par Michael Robinson, ex-joueur de Liverpool qui bosse à Canal+ Espagne depuis loooongtemps) qui revient sur l'Euro d'Arconada avec les matchs contre l'Allemagne, le Danemark et la France.

    lien

La revue des Cahiers du football