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Lettre ouverte à Charles Biétry

Hier, BeIn Sport, la nouvelle (double) chaîne du groupe Al-Jazira, présentait ses programmes. L\'occasion d\'inviter son patron à mener une indispensable révolution.

Auteur : Jérôme Latta le 25 Mai 2012

 

Une précision d'emblée : cette lettre n'est pas une lettre de motivation déguisée. D'abord parce que les danses du ventre dont tu as été le destinataire ces derniers mois ont constitué un spectacle suffisamment navrant pour qu'on n'y risque pas notre amour-propre, ensuite parce que de toute façon, nous n'avons pas la moindre chance. Une recherche Internet associant ton nom aux Cahiers du football fera inévitablement remonter des expressions comme "souverain pontifiant" ou ton titre de Micro de Plomb 2004, entre autres amabilités. En 1998, on trouvera même la trace d'une prédiction de ton plantage à la tête du Paris Saint-Germain, sûr que nous étions que ton infernale prétention d'alors finirait par avoir ta peau. Alors, dans un milieu où l'aptitude pour l'autosatisfaction est inversement proportionnelle à la capacité d'autocritique, un milieu où il y a tant de copains et de flagorneurs à récompenser, on ne va pas te demander l'impossible.

 

C'est donc dans l'intérêt général que nous t'interpellons. Voire dans le fameux intérêt supérieur du football français, et peu importe le caractère légèrement désespéré (ou prétentieux) de la démarche. Car aujourd'hui, tu détiens un pouvoir considérable. Non pas le pouvoir politique personnel que tu as acquis en rejoignant Al-Jazira, mais le pouvoir inestimable que cette position t'accorde: celui de changer les choses. Ce pouvoir, tu l'as déjà eu, et tu t'en es servi, puisque tu fus le principal maître d'œuvre du bouleversement de la retransmission télévisuelle des matches de football dans les années 80 et sur Canal+. Aussi critiques que nous puissions être avec certaines de ces évolutions qui ont fait des réalisateurs les démiurges de ce sport, le fait est qu'elles ont fixé de nouveaux standards et fait largement école.

 

 

L'environnement a changé. À cette époque, Canal+ n'avait que le choix de l'audace pour exister et réussir son pari industriel: la révolution était obligatoire, à mille lieues de ce que la chaîne est devenue aujourd'hui – soit un modèle de conservatisme ayant abandonné tout désir d'imagination. Cette révolution va bientôt dater de trente ans et, pardon, mais tu apparais plus comme l'homme du passé que comme celui de l'avenir. Peux-tu être l'homme de deux révolutions? On ignore les termes de ta lettre de mission, mais l'hypothèse la plus probable est que ton objectif qualitatif ne soit finalement que de refaire du Canal, et l'on sait à quel point la "concurrence" économique engendre le conformisme – quand ce n'est pas le nivellement par le bas ou une course à la médiocrité.

 

Pourtant, quel chantier il y aurait à mener! Aujourd'hui, Canal+ vit sur une réputation de qualité largement usurpée, survivance qui doit beaucoup à l'absence de challenge de la part des autres chaînes. Mais ce n'est pas parce qu'elles font pire que le produit de Canal est bon: dans les principaux médias sportifs français, la défense de l'insuffisance générale (pas de meilleur cordon sanitaire que la cooptation et le réseautage entre semblables) permet de laisser chacun dans l'illusion qu'il est un cador. Pour que BeIn Sports se construise ni contre, ni comme Canal+, la chaîne serait tellement bien inspirée de miser sur l'innovation et la différence – ne serait-ce que pour gagner les batailles suivantes (celle de la conquête d'abonnés et celle des prochains droits télé)...

 


Changer le programme

Parmi toutes ces innovations ou ces réformes, nous te soumettons trois mots d'ordre à poursuivre. C'est cadeau: nous ne demandons pas d'honoraires et abandonnons par la présente toute velléité de revendiquer des droits d'auteur dans l'hypothèse hautement improbable où tu nous ferais le bonheur d'appliquer ce programme.

 

Élever les débats. Oui, il faut de l'enthousiasme, de la candeur et le sens du spectacle en télévision, la capacité à s'adresser à un grand nombre. Mais la niaiserie n'a rien d'obligatoire, ni le goût pour les polémiques stériles, tout comme rien n'interdit de quitter un peu le ras des pâquerettes ou de s'offrir le luxe de la curiosité. Avec deux antennes, tu pourras ouvrir des espaces de liberté et de discussion, inventer des émissions qui ne ressemblent pas à des programmes de variétés montrant de moins en moins de football. Les défis seront parfois faciles à relever, par exemple pour faire en sorte que Les Spécialistes ne passent plus pour la meilleure émission de débats sur le football, ni Pierre Ménès pour notre plus brillant expert national. Peut-être seras-tu également frappé par le constat que les grands enjeux de ce sport ne sont quasiment jamais débattus sur les chaînes de football.

 

Revenir à une réalisation télévisuelle qui se mette au service du football, et non l'inverse: plus sobre, allant plus à l'essentiel – le jeu – et permettant de mieux le comprendre au lieu de recourir mécaniquement aux rafales de ralentis, aux plans de coupe intempestifs et autres gadgets parasites. Cela n'empêcherait pas d'expérimenter et d'innover: imaginons un pôle R&D pour tester de nouvelles approches, de nouvelles manières de raconter un match en cassant les certitudes et les habitudes des réalisateurs. Pédagogue compulsif à tes grandes heures, quand tu voulais même expliquer ce qui se passait dans la tête des joueurs, tu dois encore ressentir l'envie de faire progresser la connaissance du football.

 

Enrayer le délire anti-arbitral, devenu le principal produit éditorial de Canal+, consistant à réarbitrer constamment les rencontres en faisant passer les interprétations des commentateurs pour des erreurs d'arbitrage. D'une confondante pleutrerie face aux puissants du football, nos braves garçons retrouvent une vigueur de procureurs jdanoviens pour tomber sur les arbitres, ignorant sans vergogne aussi bien la lettre que l'esprit de la règle. Aie pitié de ceux qui veulent voir et parler d'autre chose, ou qui souhaitent que l'on montre plutôt la complexité et la difficulté de l'arbitrage (et mets le révélateur au placard, merci).

 


Nous voilà, Charles, au bout de cette interpellation, avec le sentiment du devoir accompli. Tu feras le tien comme bon te semble. On paiera l'abonnement à BeIn Sport comme on mise sur un espoir, à onze euros par mois. Peut-être qu'après avoir échoué, jadis, à "redonner un sourire au PSG", tu arriveras à nous rendre le nôtre.

Réactions

  • matthias le 25/05/2012 à 10h18
    C'est vachement bien écrit pour une lettre au Père Noël.

  • Jean Christophe Tout vénal le 25/05/2012 à 10h52
    "on sait à quel point la "concurrence" économique engendre le conformisme – quand ce n'est pas le nivellement par le bas ou une course à la médiocrité."

    Puis

    "Canal+ vit sur une réputation de qualité largement usurpée, survivance qui doit beaucoup à l'absence de challenge de la part des autres chaînes."



    N'y a t il pas là un paradoxe idéologique difficilement soutenable ? Voyons ce qu'en pense le Comité permanent du bureau politique.


  • dugamaniac le 25/05/2012 à 11h00
    Le 1er qui traite Jerôme Latta de flagorneur devra recopier 1000 fois le 1er paragraphe.

    Il a pas été patron de sports de France Télé depuis Canal? Le train de la révolution est passé depuis longtemps je crains pour le monsieur.

  • Christ en Gourcuff le 25/05/2012 à 11h11
    Il a rien compris le Latta, il fallait proposer ça à Nasser Al-Khelaifi. Pour deux raisons :

    D'une, il aurait payé pour ça. De quoi prendre ta retraite, et fermer ce site peuplé de gauchistes-réac-antividéo-cétémieuavant-poteauxcarré.

    De deux, c'est lui le chef. Bietry n'est qu'un vulgaire Léonardo BIS. Il n'aura qu'un pouvoir de décision de facade, signera Ménes (Pierre) d'ici la fin de l'été et arrivera quand même second au championnat de l'audimat.


  • Jamel Attal le 25/05/2012 à 11h32
    @Jean Christophe Tout vénal
    Pas compris la remarque... Il s'agit bien du même constat de l'absence de challenge qualitatif: personne n'a cherché à être "mieux-disant" que Canal, et Canal s'est confit dans l'autosatisfaction, se laissant aussi glisser vers une certaine médiocrité.

  • Tapas Tef y Graf le 25/05/2012 à 11h33
    Beln Sport, ça veut dire quoi ? En tout cas c'est imprononçable.

  • JihaiR le 25/05/2012 à 11h39
    dugamaniac
    aujourd'hui à 11h00

    Il a pas été patron de sports de France Télé depuis Canal? Le train de la révolution est passé depuis longtemps je crains pour le monsieur.
    ----------
    Directeur des sports, 2 ans, entre 99 et 01. Mais de une, reprendre un paquebot de service public ou créer in extenso 2 nouvelles chaines, c'est pas tout-à-fait le même boulot, de deux, c'était pas encore la période de remise en question, pour lui, cette époque-là.

    Après, on craint tous ce que tu décris, évidemment, mais il y a quelques signes forts. A Alexandre Ruiz près, et le choix des consultants qui m'étonne un peu, le recrutement journalistique me parait assez habile (quoiqu'un peu lisse, je pense)

    Et on échappe à Denis Balbir, pour des raisons de négo, certes, mais quand même.

  • Jean Christophe Tout vénal le 25/05/2012 à 11h43
    @Jamel :
    Je relevais juste que si la concurrence tirait la qualité vers le bas, il était difficile d'imputer la médiocrité de Canal à l'absence de concurrence.
    Et j'ai bien compris que dans un cas, c'est la concurrence économique dont il s'agit, dans l'autre la concurrence qualitative, mais la formulation dans l'article n'est pas si claire et surtout séparer les deux me paraît un peu artificiel.

    Bref, rien de bien méchant, les mouches me remercient.

  • Marius T le 25/05/2012 à 11h47
    Et un procés du Prince Machin ça coûte combien ?

  • Jamel Attal le 25/05/2012 à 11h52
    @Jean Christophe Tout vénal
    "Et j'ai bien compris que dans un cas, c'est la concurrence économique dont il s'agit, dans l'autre la concurrence qualitative"
    C'est bien cela, et en effet la formulation aurait pu être plus précise.

La revue des Cahiers du football