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Tottenham sensible

Invité : When Saturday Comes – Dans le quartier où l'Angleterre urbaine s'est embrasée, Tottenham Hotspur pourrait jouer un rôle important... à condition de s'y réinstaller vraiment.

Auteur : Alan Fisher le 28 Oct 2011

 

Notre partenariat avec When Saturday Comes se poursuit avec un article extrait du numéro d'octobre. Titre original : Hard of hart? - traduction Kevin Quigagne.


* * *

Tottenham, l’étincelle qui déclencha les émeutes urbaines à travers le pays, a subi plus de dommages que nulle part ailleurs... Ajouté à l’étendue considérable des dégâts, jusqu’à deux cents personnes se retrouvèrent sans abri. Dans l’urgence, un centre de loisirs fournit un toit, de la nourriture et des vêtements pour les familles ayant tout perdu. Alors que la reconstruction commence, le rôle du club de football au sein d’une communauté est sur le point d’être testé comme jamais auparavant.

 

Tottenham est un arrondissement extrêmement défavorisé. Tottenham Hotspur, régulièrement dans le top quinze mondial des clubs en termes de revenus annuels, est situé dans un quartier de Londres qui compte parmi les cinq pour cent les plus défavorisés d’Angleterre. Sur l’ensemble de Tottenham, ce sont 80,3 % des enfants qui vivent dans des foyers à faibles revenus.

 

 


Reconstruction émotionnelle

Carpetright, le magasin de moquette entièrement brûlé que l’on a tant vu dans les bulletins d’information, se trouve à quelques centaines de mètres du stade mais le club, lui, a été épargné, hormis quelques dégâts causés au guichet billetterie. Tottenham High Road, la principale voie d’accès au stade par voiture et transport en commun, est restée fermée plusieurs jours, causant le report du match d’ouverture de la saison contre Everton.

 

Il est bien naturel que les riverains et les politiciens voient le club comme un partenaire essentiel pour l’avenir. Victoria Hart vit sur High Road et a passé un long samedi soir à rassurer son enfant de six ans, apeuré et désemparé, alors que la violence faisait rage sous leurs fenêtres. "Nous nous sentons tous meurtris par les émeutes et toute cette destruction autour de nous. Nous voulons conserver une certaine fierté pour Tottenham, mais cela est difficile quand la perception de la presse semble renvoyer l’image d’un quartier où une émeute devait 'fatalement' arriver. J’espère que le club de football, que tout le monde connaît par ici, pourra nous aider à reconstruire ce qui doit l’être. Et par là, je veux dire plus émotionnellement que financièrement."

 


Assou-Ekotto au nom des joueurs

Les premiers signes furent encourageants. Le président des Spurs, Daniel Levy, promit rapidement que le club "apporterait son aide autant dans les tâches de nettoyage de notre quartier que sur le long terme, dans la reconstruction de la communauté." La réaction des supporters fut tout aussi positive. Beaucoup d’entre eux profitèrent de leur samedi de congé pour se rendre à Tottenham prêter main forte aux riverains dans le grand nettoyage. Dans le même temps, plus de 35.000 livres furent collectées à la suite d’un appel lancé sur Internet au nom d’Aaron Biber, un barbier de quatre-vingt-neuf ans. Sa boutique, entièrement refaite, fut inaugurée par Peter Crouch, lequel semblait passablement nerveux en voyant Biber tourner autour de lui une paire de ciseaux à la main.

 

Pour le reste, il échut à Benoît Assou-Ekotto de réagir au nom des joueurs. Le latéral est en passe d’acquérir un statut de joueur culte parmi les supporters pour ses prestations de qualité et sa simplicité. Il se déplace en métro, tout de même! Conscient d’être lui-même issu d’un milieu défavorisé, il prit vite la mesure à la fois du désarroi des riverains et de leur détermination à remettre le quartier sur pied. Reste maintenant à savoir si Tottenham est motivé par ce même désir de forger des liens aussi étroits avec les habitants.

 

 


"Les clubs de Londres ne sont pas des clubs de Londres"

Comme beaucoup de clubs, Tottenham se dit fier de son travail dans la communauté. En 2007, Spurs a investi 4,5 millions de livres dans une fondation œuvrant pour le sport, l’éducation et l’aide aux sans-emplois. Toutefois, son impact local est discutable. Mark Perryman, co-fondateur de Philosophy Football et abonné à White Hart Lane, critique avec virulence le bilan du club sur ses vingt-cinq ans de vie locale: "Le club fait connaître cet arrondissement dans le monde entier, mais à part ça, je ne vois pas ce qu’il apporte à ce coin de Londres. Hormis autour du stade en lui-même, la présence physique du club est quasi inexistante et ce qui saute aux yeux et fait mal en même temps, c’est à quel point Spurs est coupé de son environnement. Ce club ne joue pas le rôle d’institution dans cette communauté qui est la mienne." Son constat vaut pour nombre de clubs de Premier League.

 

Les écoles de football du club, fortement fréquentées, le sont davantage par la population des comtés suburbains et relativement aisés du Hertfordshire et de l’Essex que par les habitants des cités autour de White Hart Lane. De même, le coût des billets, parmi les plus élevés du pays, fait que les habitants de Tottenham n’ont pas les moyens d’assister aux matches. "Les clubs de Londres ne sont pas des clubs de Londres, ce sont des clubs des Home Counties [comtés autour du Grand Londres, ndt]. Ceux qui peuvent se payer un abonnement ne vivent pas dans les quartiers défavorisés de Londres. Peut-être était-ce le cas il y a une génération ou deux, mais plus maintenant", conclut Perryman.

 


Un nouveau stade... sur place?

En parallèle de son discours sur un engagement accru du rôle du club dans la communauté, Levy étudie activement la faisabilité d'un éloignement radical de Tottenham. La préférence du club pour un nouveau stade, situé sur le site du Parc Olympique (et qui remplacerait le vénérable mais vieillot White Hart Lane), illustre la prépondérance de l’aspect financier sur l’histoire ou sur la responsabilité vis-à-vis de la communauté. Cette option reviendra moins cher et générera davantage de revenus sur les activités extra-football. La décision d’attribuer le stade à West Ham n’a pas dissuadé Spurs, qui a engagé une coûteuse procédure de révision judiciaire, laquelle sera examinée en fin d’année [1].

 

L’alternative est la construction d’un stade de 56.250 places à côté de l’actuel. Le tout s’inscrirait dans un projet prévoyant des logements, un hôtel, un supermarché ainsi que, élément capital, l’amélioration du réseau de transport public – afin de revitaliser le quartier. Les associations de supporters, telles We Are N17 font campagne pour rester à Tottenham, mais le projet prend désormais un caractère bien plus significatif que la simple préservation de l’héritage du club. À quelque chose malheur est bon, et les problèmes récents vont à la fois accroître la pression politique pour un maintien du club sur place et favoriser la création d’un Fond régional de croissance conséquent ainsi que le classement du secteur en Zone entreprise, afin de stimuler l’activité commerciale et couvrir une partie des coûts supportés par Spurs.

 


En discutant avec les riverains, on se rend compte que le club fait partie intégrante de leur vie et qu’il a le potentiel pour servir de point focal dans leur détermination à reconstruire aussi bien le tissu relationnel que l’habitat. Le projet du nouveau stade, aussi important soit-il, n’est pas suffisant en lui-même. Spurs se doit d’aider et mobiliser cette communauté volontaire, dont il est partie prenante. Comme le dit Victoria Hart: "Nous avons toujours eu besoin du club mais, aujourd’hui, nous en avons besoin plus que jamais."

 


[1] NdT: le club a finalement annoncé l'abandon de ce recours, le 18 octobre dernier (lire sur le site du Guardian). À propos du projet du nouveau stade, des relations tendues avec les collectivités, lire aussi "West Ham aura le Stade Olympique" (voir au vendredi 11 février).

 

 

Réactions

  • Hydresec le 28/10/2011 à 23h42
    Bel article et merci au traducteur. Voilà.

  • Miklos Lendvai le 29/10/2011 à 08h42
    L'interview d'Assou Ekoto dans so foot m'avait laissé un goût amer. Content d'apprendre qu'en fait c'est un bon gars.

  • Miklos Lendvai le 29/10/2011 à 08h45
    L'interview d'Assou Ekoto dans so foot m'avait laissé un goût amer. Content d'apprendre qu'en fait c'est un bon gars.

  • Mangeur Vasqué le 30/10/2011 à 11h47
    Cette histoire du nouveau stade à Tottenham, ce "Northumberland Development Project" (récurrent problème sur Londres où les 16 ou 17 clubs pros sont les uns sur les autres avec peu de terrain libre - cf QPR et Chelsea en ce moment), ces relations tendues avec la municipalité d'arrondissement (Haringey) et les complications avec les acteurs du dossier (surtout English Heritage et Transport for London), ça rappelle quand même pas mal Liverpool & Anfield.

    Anfiel est un coin (ou "ward", techniquement) très défavorisé que le Liverpool City Council cherche à revitaliser depuis longtemps avec, entre autres moyens (dont argent de Bruxelles), la construction d'un nouveau stade (projet étudié dès la fin des années 90), la municipalité comptant bien faire participer le club aux dépenses.

    L'agrandissement d'Anfield (solution préférée des actuels proprios, cf leur stade à Boston) étant de moins en moins problable, pour diverses raisons, on devrait se rabattre sur ce "Nouveau Anfield", à 300 mètres de l'actuel, qui jouxterait le fameux Stanley Park comme prévu dans les plans originaux y'a plus de 10 ans.

    Un stade invisible attendu depuis si longtemps qu'on le surnomma le "nouveau stade fantôme" y'a quelques années, même avant qu'on s'aperçoive que Hicks & Gillett n'avaient jamais eu l'intention (ou les moyens) de le financer, contrairement à leurs promesses burlesquo-kachkariennes ("Vous verrez, d'ici 2 mois, on fera poser la première pierre", avaient-ils déclaré lors de leur première conf' de presse, février 2007, presque la truelle à la main).

    Mais la direction du club semble vouloir faire le forcing, ils tiennent absolument à agrandir Anfield eux, ce qui paraît peu probable tout de même (bras de fer entre la municipalité et NESV pour forcer l'un ou l'autre partie à accepter ses conditions ? hmm, pas impossible).

La revue des Cahiers du football