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Mondial 98 : Jacquet, L'Equipe et nous…

Les archives des Cahiers du football 1998 s’ouvrent pour retracer, vue depuis notre observatoire, la saga qui opposa l’équipe de France à L’Equipe (d’Issy-les-Moulineaux)… De février à juin, une sélection d’articles pour revivre une polémique entrée dans l’histoire.
le 21 Fev 2001
Dernière réaction : le 26/03/2015 à 15h55

 

L'envie nous travaillait depuis quelque temps, pour le plaisir de se replonger dans la délétère période de l’avant-Mondial, pour celui de montrer qu'à l'époque, les Cahiers y croyaient, et pour celui de rouvrir un dossier assez exemplaire d'un certain journalisme sportif à la française. Le récent débat avec Dominique Rousseau de L'Equipe (voir Les Cahiers du foot et les journalistes, "Droit de réponse", Epilogue, en janvier dernier) a ravivé ces souvenirs et nous a incités à reprendre un procès qui fut d'abord celui d'Aimé Jacquet avant de devenir celui de la bande à Bureau.
Une autre raison pourrait être que certains n'ont toujours pas digéré ce qui fut pour eux une cuisante défaite, celle d'un pronostic facile (Jacquet est nul, la France va se planter) perdu sans honneur. Il est encore aujourd'hui quelques aigris définitifs qui trouvent le moyen de discréditer cette victoire de Jacquet, en évoquant la chance (argument hilarant, quel vainqueur de CM n’en a pas eu ?) ou une absence totale de mérite. Nous avions fait une parodie de ce type de raisonnement avec un "article" intitulé Honte aux Bleus, signé Jean-Patrick Sacdefiel et daté du 03 juillet 2000, au lendemain d'une autre victoire historique.
La canonisation de Jacquet après 98 est certainement aussi disproportionnée que fût sa lapidation, mais au moins rend-elle justice à l’homme (il l’aurait mérité même si le penalty de Di Biagio ne s’était pas écrasé sur la barre), et à une vérité toute simple: il a gagné la Coupe du monde. Ceux qui y trouvent encore à redire ont dû être bien tristes au soir du 12 juillet, et rien que pour ça, nous sommes tristes pour eux.

La sélection de ces articles des Cahiers du foot 98 s'arrête après le second match des Bleus, le reste appartenant à l'histoire. Et pour montrer que le conflit latent entre la sélection nationale et certains journalistes sportifs existe toujours, nous avons ajouté à cette liste un autre échantillon, datant de l'Euro 2000, et qui montre que Lemerre a succédé à Jacquet à plus d’un titre.

L’auto-flagellation, sport national
25 février 98
Les critiques précèdent toujours l’équipe de France. Tout le monde est prêt pour la contre-performance, la chute, l’échec. Comme pour les personnalités, sa rubrique nécrologique réactualisée est toujours écrite à l’avance, prête à sortir…

La stratégie de L’Equipe
27 avril 98
Pour assurer le maximum de ventes et donc de rentrées publicitaires, L’Equipe, qui a comme point commun avec les vendeurs d’électroménager d’avoir le Mondial pour doper le marché, a une stratégie qu’il convient d’éclaircir…

28 motifs de polémique
25 mai 98
Malgré l'indigence communicationnelle de Jacquet, sa liste des 22 qui font 28 ne mérite pas une tel esclandre médiatique.

(28-6):2=11 ?
26 mai 98
Les journalistes font semblant de se plaindre des choix du sélectionneur et de ses troubles de la communication, qui lui fournissent un inestimable grain à moudre. Une fois les rétrospectives épuisées, qu'auraient-ils pu raconter? C'est ainsi que le problème de la liste des 22 a été décliné en scandale de la liste des 28, en recherche de la liste des 6, en commentaire de la liste des 28 moins 6…

La voix du plus fort
29 mai 98
La campagne systématique de dénigrement menée par l'Equipe contre Jacquet tourne au pathétique, mais elle parvient à imposer à tous l'opinion de quelques éditorialistes. Revenons sur les raisons de la haine…

Dans le tunnel
07 juin 98
Luttons contre la déprime d’avant-Mondial en assourdissant les lamentations et en dédramatisant le conflit entre les Bleus et le peuple.

Les chiens aboient, la caravane leur passe dessus
13 juin 98
Le premier match de Coupe du monde des Bleus a suffi à ravaler deux ans de procès d’opinion contre Jacquet au rang de péripétie sans fondement. La malhonnêteté intellectuelle, qui peut entraîner les masses derrière elle, ne peut résister à la réalité.
La facile victoire des antidugarristes primaires
14 juin 98
Dugarry blessé, tous ceux qui craignaient de le voir réussir son Mondial se trouvent rassurés. Les procureurs peuvent reprendre leur sale besogne…

Comme rien ne peut changer vraiment, ajoutons à ce dossier nos articles de l'Euro 2000, concernant cette fois les attaques subies par Roger Lemerre et les répliques du sélectionneur.

L’école de la malveillance, 23 octobre 1999.
Le 12 juillet 1998 au soir, un quarteron de journalistes sportifs sombrait dans la déprime quand le pays tout entier chavirait dans le bonheur. Aujourd'hui, la rédaction de l'Equipe continue de souhaiter aux Bleus tout le mal possible...

Roger trompe son monde 23 mai 2000.
Attendu au tournant de la "liste des 22", Roger Lemerre a habilement contourné l'embuscade médiatique pour laisser les évidences s'imposer d'elles-mêmes. Des péripéties finalement assez réjouissantes et qui illustrent bien la vanité des procès faits au sélectionneur.

Le silence de Lemerre et le bruit des médias, 14 juin 2000.
Avant de s'éteindre dès que Roger Lemerre reprendra le chemin de la salle de presse, la guérilla tragi-comique entre l'équipe de France et les journalistes aura révélé quelle conception hypocrite et un peu ridicule ces derniers ont de leur profession.

Lemerre et les médias: rupture de faisceau, 16 juin 2000.
Il ne fallait pas sous-estimer la capacité de Roger Lemerre à aller au bout de ses humeurs: la rupture avec les médias va durer quelque temps encore. Les Cahiers ne sont pas scandalisés et l'équipe de France n'est pas en danger…

Réactions

  • Amazigh le 21/02/2001 à 00h00
    A quand une chronique: Anelka, l'Equipe et vous...
  • Eric Cantona le 21/02/2001 à 00h00
    Je vous cite : "Ceux qui y trouvent encore à redire ont dû être bien tristes au soir du 12 juillet, et rien que pour ça, nous sommes tristes pour eux."

    Tout est dit. (1) non seulement on peut ne pas aimer Jacquet mais etre heureux que l'equipe de france gagne (pour le joueurs motamment, mais aussi pour tout les francais qui eux aussi etaient heureux, c'est ca le sport en definitive, apporter de la joie aux peuples...)
    On peut penser que Jacquet est un abruti et ne pas etre d'accord avec sa vision du foot et etre content de voir les bleus malgres tout gagner.

    Jacquet n'est pas le centre du monde, putain!
    En revanche, ce qu'il a fait en demi-finale de l'euro96, a Old Trafford, ne pas faire jouer Cantona, c'est priver un champion et un peuple d'un bonheur immense, d'une joie indescriptible et d'un moment de legende inoubliable. Et surtout pour les gens, plus que pour Eric the King, c'est vraiment nul et tres tres lien
    (2) votre phrase montre bien de quel coté est la haine et l'intolerance, le chauvinisme et la non-objectivité... Je comprends pas comment on peut ecrire des choses comme cela... les titres ne montent pas qu'a la tete des entraineurs et des joueurs. Imcomprehensiblement, cela enfle les chevilles de gens qui n'y sont pour rien.
    Triste triste. moi c'est ca qui me rend triste.
    et demain quoi? Fernandez est un grand entraineur? PSG meritait de gagner contre le Milan? A mourrir de rire (Il vaut mieux ca, c'est tellement triste..)


  • houbahouba le 21/02/2001 à 00h00
    Très instructive votre rétro sur Jacquet et l'Equipe.
    Moi aussi, je doutais un peu de la capacité d'Aimé à nous conduire au titre mondial. Moi aussi, j'estimais que Dugarry n'avait peut-être pas sa place dans les 22.
    Et que je suis content de m'être trompé ! C'est trop facile de dire que nous n'avons pas gagné "grâce à" Aimé alors que si nous avions perdu tout le monde aurait dit c'était "à cause de lui"!

    Et pour répondre au msg de Cantona, un sélectionneur ne construit pas une équipe pour faire plaisir au public-supporter du stade où l'EDF doit jouer sinon il y aurait 11 parisiens sur la pelouse du SDF, 11 Bordelais à Bordeaux et 11 Marseillais au vélodrome. Sauf que pour les marseillais, il suffit d'avoir porté le maillot de l'OM une fois pour être estampillé "produit de la canebière" à vie. (On se souvient du défilé des "Marseillais" champions du monde après la victoire, j'en rigole encore....)
  • Bobby Lapointe le 21/02/2001 à 00h00
    Ben vous aurez l'air malin quand J.-J. Bozonnet sortira son nouveau bouquin "La revanche de Jean Michel Aulas"


    ;-)
  • Garcimore le 21/02/2001 à 00h00
    Je trouve déjà dommage de reparler de ce non-événement. Mais soit,parlons-en. Qu'est ce que le métier de journaliste? C'est donner de l'information et donner son avis sans servir la soupe à son employeur en gros. Donc un journaliste a le droit de critiquer des choix d'entraîneur comme un critique des Cahiers du Cinéma un film. On peut reparler de la forme, effectivement, dont les excès ont été 853 fois montrés du doigt. Mais est-ce que vous vous souvenez seulement des matchs amicaux pitoyables de l'Equipe de France? Qui a soudé le groupe, Jacquet ou l'enjeu? Comme par hasard les quasi mêmes bleus avec Lemerre font aussi bien, même mieux, qu'en 98. Jacquet est devenu l'intouchable du foot français, le gourou omniscient, martyre et réssucité, un espèce de De Gaulle qu'on ne peut critiquer maintenant qu'il a libéré la France. Mais c'est bien sûr un mec bien mais arrêtez avec Saint-Jacquet patron des footballeurs. Bon je déconne, ça reste du foot (donc une source de hasard et d'incertitude). Allez les bleus, allez les Cahiers et vivement 2002.
  • Ah ben pourquoi le 21/02/2001 à 00h00
    Ouh la, pas content Eric Cantona!
    Allez Bureau, enleve ton masque, on t'a
    reconnu! Sinon, totalement d'accord
    avec houba. Depuis quand l'entraineur
    doit faire plaisir au supporter en
    mettant sur la pelouse les chouchous
    du public. Ou est le merite du travail?
    L'entraineur est la pour construire un
    effectif coherent capable par le jeu
    qu'il produit de faire adherer le public.
    Et honnetement, Canto dans un effectif,
    avec son ego surdimensionne, l'esprit
    de groupe, on pouvait s'asseoir dessus.
    Et a mon avis, c'etait aussi perdu
    pour la CM98.
  • Forza le 21/02/2001 à 00h00
    de meme pour Les Verts, L'Equipe et Vous..
    car on sait tres bien que c 'est L'Equipe et...Aulas qui sont les premiers assassins de l'ASSE!
    Ils savent tres bien que le club le plus aimé en France c'est l'ASSE et non...PARIS !
  • marco le 21/02/2001 à 00h00
    Je suis mitigé au vu de votre article. Oui il ne servait pas à grand chose de critiquer avant, de predire une desillusion cuisante. Mais il faut reconnaitre des excuses à ces personnes: l'ère Jacquet a marqué un tournant dans les matches amicaux, les joueurs qui jusque là semblaient fiers de participer à un match en portant le maillot tricolore, semblent à présent plutot fatigués et ne se donnent pas vraiment. Quand on voyait les prestations des bleus avant le mondial il y avait de quoi avoir peur: aucun fond de jeu, aucune percussion, rien...

    Alors eut il fallu se taire, jouer la carte de l'opportunisme en etant pret à tomber sur Jacquet APRES? Ou fallait il tirer la sonnette d'alarme? Je ne suis pas sur que cela ait eu des effets negatifs sur le groupe, au contraire.
    Parce que dans cette victoire, le mot groupe est le plus important. C'est un groupe qui a gagné. Et Jacquet a su cimenter ce groupe. Là est son mérite et c'est à mon sens le seul.
    Vous vous offusquez de l'appel à la chance mais oui il y a eu beaucoup de reussite. Dire cela ne me fait pas oublier qu'il en faut, forcement. Dire cela, c'est juste rappeler à Jacquet, qui a completement pete les plombs apres la victoire, expliquant pourquoi cette victoire etait totalement la sienne, qu'il faut garder les pieds sur terre.
    Quand il dit, au sortir de la Coupe du Monde "Je connaissais depuis 6 mois la liste des 22", on ne peut s'empecher de se demander pourquoi il titularise Anelka en attaque un mois avant. On ne peut s'empecher de lui faire remarquer qu'il ment. Jacquet n'est pas un saint, un martyre, ou un heros. Son merite est indiscutable, mais il ne faut pas le disproportionner. Le schema de jeu fut terrible, les attaquants abandonnés. Alors oui, on a gagné comme ça, mais est ce qu'on aurait pas eu plus de chances de gagner (avant) avec un jeu plus construit ou coherent ? L'equipe de l'Euro n'etait ellepas indiscutablement beaucoup plus forte ?
    Alors critiquer Jacquet, je ne vois pas le problème. Je le critiquais AVANT, je le critique toujours APRES. Pas comme la moitié de la population qui a retourné sa veste, cédant dans un sens comme dans l'autre aux pressions mediatiques.
    Les resultats ont donné raison à Jacquet, l'Histoire lui a donné raison, cela ne veut pas dire que sa voie etait la meilleure.
    Le vrai debat qui se pose est "Etait il utile de le critiquer ouvertement ?". Je vous laisse à vos opinions sur ce sujet, et je reste persuadé que Jacquet n'est qu'un piètre entraineur.
  • zoltar le 21/02/2001 à 00h00
    Dans la série "on l'avait bien dit" "on avait tout prévu" vous faîtes fort!
    Un petit cours de modestie à vos lecteurs cela ne mange pas de pain, franchement je ne vois pas pourquoi on reparle de ça. C'est le best of de la rediff?
  • depolnzen le 21/02/2001 à 00h00
    Très bonne initiative, tant certains se croient intouchables et n'ont pas d'états d'âme a dire tout et son contraire le lendemain. Rarement, ou jamais, on leur met leurs productions passées sous le nez. D'ailleurs, pourquoi ne pas avoir ressorti lesdits articles, avec le nom de leurs auteurs? Et si c'est une histoire de droits, pourquoi ne pas avoir demandé, juste demandé? il est certain que c'eut été pris comme un procès, mais L'Equipe en l'occurence est le plus féroce des loups lorsqu'il a trouvé une proie. Quelques rappels à l'autre de "la base", c'est à dire ses lecteurs ne seraient pas de trop. Et venant de vous, le poids serait plus important que venant d'un lecteur lambda.

La revue des Cahiers du football