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Les chiens aboient, la caravane leur passe dessus

Le premier match de Coupe du monde des Bleus a suffi à ravaler deux ans de procès d’opinion contre Jacquet au rang de péripétie sans fondement. La malhonnêteté intellectuelle, qui peut entraîner les masses derrière elle, ne peut résister à la réalité.
Auteur : Jamel Attal le 13 Juin 1998

 

Vendredi soir, une majorité de footbeux s’est rendue compte que son opinion sur le jeu et le sélectionneur de l’équipe de France avait largement outrepassé la réalité. Sous l’impulsion initiale d’un quarteron de généraux de la plume sportive, la France entière avait tenu pour ferme et définitive la conviction qu’Aimé Jacquet était un incompétent. Plus en détail, on le présentait comme un garçon gentil mais très limité, dont les options de jeu étaient frileuses, aberrantes ou incompréhensibles, qui n’avait pas la carrure pour un tel poste et conduisait les Bleus dans l’impasse en Coupe du monde. Anticipant l’échec avec une science qui relève de la tradition nationale, pourrissant la situation, ce tribunal avait failli parvenir à ses fins: déstabiliser suffisamment Jacquet pour le faire craquer et se donner ainsi raison, dans le seul bénéfice de montrer son pouvoir.
En fait, même s’il ne s’agit que d’un premier match et contre une équipe au niveau incertain, ce France-Afrique du Sud a désintégré en 93 minutes deux ans de procès d’intentions et de personnes, de jugements de valeur promus en vérités, de malveillance acharnée et de vanité. Engagés dans une lutte d’opinion qui n’a plus rien à voir avec un examen ou un exercice critique (on connaît les raisons de la haine), ces éditorialistes ont subi l’humiliant démenti du terrain, les pauvres se trouvant aujourd’hui acculés à un profil aussi bas que leurs coups, sans pouvoir prendre, on s’en doute, aucun plaisir à cette jolie victoire. Il a en plus fallu que ce soit Dugarry qui ouvre le score et prépare le deuxième but ; les mêmes qui pardonnaient l’impardonnable à Cantona exécutaient le Bordelais énervant sans autre forme d’instruction que sa désignation comme bouc émissaire officiel de la sélection. Le débat médiatique ayant basculé dans l’irrationnel et la victime désignée, c’est le petit peuple tout entier du football qui préparait ses pierres pour la lapidation. Toute certitude massivement soutenue par une majorité trop flagrante mérite pourtant examen : un tel unanimisme, une telle bonne conscience sont toujours suspects, ils cachent souvent d’énormes contresens tout en interdisant un réel débat.

On peut critiquer l’équipe de France ou son sélectionneur, douter de leurs qualités, préférer un joueur à un autre : ce travail commence aujourd’hui avec des éléments beaucoup plus tangibles. La rencontre du Vélodrome est le seul témoignage réellement significatif de la valeur des Bleus en compétition, l’absence d’enjeu ayant totalement altéré les conditions et le sens des rencontres amicales, dont on ne devait retenir à la rigueur que les scores : il fallait être un piètre analyste pour se croire autorisé à en tirer des convictions irrévocables et à déclencher des polémiques en série. Seul le France-Espagne de janvier avait l’importance que les joueurs s’étaient engagés à lui donner, et cette prestation était déjà très rassurante.
L’histoire de cette sélection a débuté à Marseille où elle a tourné à son vrai régime, oublions tout ce que nous croyons savoir d’elle, et espérons seulement que l’aventure soit belle.

P.S. : Samedi et dimanche, ce sont les seconds couteaux qui ont commenté le match des Bleus dans l’Equipe, et il a fallu attendre lundi matin pour trouver l’éditorial d’un Jérôme Bureau en petite forme, assez gêné aux entournures. Il lui reste à apprendre la nuance entre malveillance et critique, opinion et analyse, liberté d’expression et stigmatisation effrénée, ainsi qu’à reconnaître la “malhonnêteté“ réelle des commentaires dont a fait l’objet Aimé Jacquet. Il en garde d’ailleurs sous le pied en se repositionnant immédiatement : déçu de ne pas obtenir une déroute précoce, ce sera désormais la victoire finale ou la potence. Et la routine reprend vite ses droits: quelques pages plus loin, David Trezeguet est invité à ruer dans les brancards. Quand le pouvoir de la presse n’est que pouvoir de nuisance, c’est que la presse a bien peu de pouvoir.

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