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Privées de médaille

La défaite des Bleues contre la Suède aura permis de revivre en accéléré toutes les émotions du mois passé. Et de définir les objectifs 2011/2012.
Auteur : CHR$ le 17 Juil 2011

 

On peut se demander à quoi sert de jouer toute une Coupe du monde alors que tout est contenu dans le match pour la troisième place: la domination stérile, les erreurs défensives, le retour dans le match au courage et pour finir la déception et l’impression de défaite injuste.


Le mérite et la (mal)chance

Lorsque l'on perd la moitié de ses matches, on doit toutefois se garder de croire en l’injustice du football. Le sort est facétieux, mais pas au point de s’acharner toujours sur les mêmes: la malchance, c’est ce qui reste quand on a perdu. Quand on l’emporte, elle n'est plus qu'un moyen de prouver sa force de caractère. Pour les Bleues, on a encore longtemps oscillé entre les deux.
Les deux entraîneurs avaient décidé de jouer à fond cette petite finale. Bruno Bini choisissait seulement de faire (enfin) entrer Corine Franco à la place de Laure Lepailleur, et bien sûr de changer une fois de plus la joueuse à côté de Laura Georges. Au grand bonneteau de la défense centrale, c’était cette fois-ci Wendie Renard qui sortait du gobelet. Par ailleurs Marie-Laure Delie, sortie blessée de la demi-finale [1], était remplacée en pointe par Eugénie Le Sommer.

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Face à une équipe de Suède plus proche des standards de jeu de l’équipe de France (moins rentre-dedans et plus footballeuse) que ses précédents adversaires, la France a un peu moins dominé (19 tirs à 10, 8 cadrés à 4 tout de même), mais elle semblait contrôler le match lorsque Lotta Schelin a profité d’un bon lancement et d’une approximation de la charnière française pour tromper Bérangère Sapowicz (29e). C’est à ce moment-là que la poisse est revenue visiter les Bleues, qui perdaient deux joueuses d’un coup sur cette action: Louisa Necib blessée à un genou peu avant et Bérangère Sapowicz, mal retombée sur le but. L’entrée d’Elodie Thomis était pourtant un mal pour un bien puisqu’elle apportait, devant, un mouvement qui manquait jusque là un peu.


Les vingt dernières minutes

Un autre changement tactique allait relancer la France: Eugénie Le Sommer, jusque-là complètement muselée dans l’axe, passait à droite et Elodie Thomis était recentrée. On ne peut pas vraiment dire qu’elle passait en pointe dans la mesure où la France jouait en fait sans véritable point d’appui devant, la flèche lyonnaise [2] partant de plus loin, ce qui lui permettait d’utiliser sa vitesse.
C’était donc justice que ce soit elle qui marque en profitant d’une récupération haute et d’un alignement approximatif de la défense suédoise, pour placer une jolie frappe au premier poteau (56e). On notera que, même marqué par l’avant-centre, il s’agit encore une fois d’une frappe en dehors de la surface. Les Bleues semblaient alors tenir le match, surtout après qu’une altercation entre Sonia Bompastor et Josefine Öqvist se fut soldée par l’expulsion de la Suédoise.

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Revenue à un partout et à onze contre dix, la force de caractère de l’équipe de France avait parlé. C’est sans doute sur ces dernières vingt minutes que le staff des Bleues va devoir travailler pour faire vraiment franchir un palier à cette équipe. Les Françaises ont alors semblé vouloir jouer tranquillement, comme si le score allait obligatoirement tourner en leur faveur, avec moins de mouvement et plus de ballons rendus. Le but splendide de Marie Hammarström était la conséquence logique de ces quelques dixièmes de secondes de retard, dans la prise de balle d’Eugénie Le Sommer d’abord, puis dans l’intervention Wendie Renard ensuite (82e).


Plus touchées par cet échec

Avec dix minutes à jouer, une joueuse en plus et un but à remonter, deux actions symbolisent sans doute ce qui manque pour remporter ces matches. Bruno Bini a choisi comme dernier remplacement de faire entrer Caroline Pizzala, seule joueuse de champ qui n’avait pas encore joué, mais qui est plutôt une milieu relayeuse, alors qu’il avait encore sur le banc Marie-Laure Delie et Sandrine Brétigny, emmenée "parce qu’elle peut faire la différence en entrant à vingt minutes de la fin". Encore faut-il entrer quand il y a un but à marquer, ce qui n’a été le cas ni contre l’Allemagne, ni contre les Etats-Unis, ni contre la Suède [3]. Mais l’entrée de la Parisienne ne traduisait pas l’envie farouche d’aller chercher la prolongation.

Puis, dans la dernière minute de temps additionnel, les Françaises ont eu par deux fois l’occasion d’aller porter le danger dans la surface suédoise, et elles se sont perdues par deux fois en tentant de remonter le ballon proprement pour se faire enfermer sur un côté aux abords de la ligne médiane. En théorie, il est effectivement louable de vouloir toujours passer par le jeu pour s’en sortir, mais quand il ne reste que vingt secondes, mettre au plus vite le ballon près de la cage adverse est une obligation pour égaliser, même en tentant une balle aérienne contre les Suédoises.
Au final, les Bleues perdent donc leur troisième match de la compétition et semblent paradoxalement plus touchées par cet échec pour la troisième place que par la défaite contre les Etats-Unis. Sans doute parce que, malgré tout ce qui a été dit, la marche semblait vraiment trop haute pour la finale, alors que la Suède était vraiment une équipe à la portée des Bleues.


Projet de vie et projet de jeu


Bruno Bini et son staff [4] ont un an et quelques matches (dont le début des éliminatoires de l’Euro) pour trouver les clés permettant de faire ressembler cette équipe aux Bleus de 98-2000 plus qu’à ceux de 82-86 [5]. Il aura sans doute à analyser la pertinence de la prééminence du "projet de vie" sur le "projet de jeu". La demi-finale et la place aux JO, surtout avec le scénario contre l’Angleterre, semblent légitimer ce choix. Mais les résultats d’ensemble laissent aussi planer le doute. Après la défaite en demi-finale, Sonia Bompastor a estimé que le problème venait de ce que la France "manquait de matches de haut niveau". De fait, depuis le dernier Euro, la France n’a rencontré que la Nouvelle-Zélande parmi les qualifiées pour la Coupe du monde, et globalement les adversaires les plus dangereux ont été l’Italie (en barrages) et les Pays-Bas – soit des équipes assez éloignées du gratin [6]. Il est tout à fait impressionnant de mettre 50 buts en 10 matches contre la Serbie ou l’Estonie (ou l’Irlande, l’Ecosse et le Pays de Galles lors des prochains éliminatoires), mais cela n’épaissit sans doute pas beaucoup l’expérience.

Le choix de la gardienne permet aussi une interrogation du même registre. Au delà de l’absence de Sarah Bouhaddi, les performances de Céline Deville ont finalement été plus convaincantes que celles de Bérangères Sapowicz. Pourtant, le choix de la numéro 1 ne faisait pas de doute et ne prêtait pas à discussion. Sauf que Céline Deville compte une quarantaine de sélection depuis 2003, a joué un quart et une demi-finale de Coupe d'Europe, alors que Bérangère Sapowicz compte moitié moins de capes (et sauf la première, depuis 2009, donc jamais contre des adversaires de haut niveau) et n’a encore jamais joué en Coupe d’Europe. Peut-être que la gardienne de Montpellier était plus prête à assumer l’événement que celle du PSG – dont le talent n’est certainement pas en cause.


Jusqu’en 2007, la France participait à l’Algarve Cup où elle se frottait au gratin mondial et où elle faisait en général bonne figure (3e ou 4e), ce qui lui faisait tous les ans trois ou quatre confrontations avec les meilleures nations. Il serait sans doute enrichissant d’y retourner. De plus, l’OL et le PSG participeront cette saison à la Coupe d’Europe, qui va donc concerner une quinzaine des 21 sélectionnées, plus une bonne partie des joueuses qui sont dans l’antichambre de la sélection. Un bon parcours du PSG serait sans doute de bon augure pour les prochains JO.


[1] Et dont il se murmure qu’elle l’était d’entrée de jeu, ce qui aurait été diversement apprécié de ses coéquipières.
[2] Normalement, on utilise l’appartenance à un club pour éviter la répétition des noms de joueuses, mais là c’est un peu difficile… Là il s’agit d’Elodie Thomis.
[3] On remarquera toutefois que contre l’Allemagne et la Suède, les expulsions et blessures avaient déjà bien entamé le quota de remplacements.
[4] Car on n’imagine pas qu’il ne soit pas reconduit pour mener l’équipe de France aux JO, et à l’Euro 2013 en Suède.
[5] Ou à la rigueur à ceux de 84.
[6] Et les deux saisons précédentes, ce n’était guère plus difficile.

Réactions

  • Justin Bibard le 17/07/2011 à 02h21
    Bravo pour ton oeil d'expert et ton enthousiasme très communicatifs tout au long de l'épreuve !

    Je trouve très pertinentes les remarques sur le coaching et les dernières secondes de jeu : j'ai lu ici ou là des commentaires qualifiant le football pratiqué par les françaises de "romantique". Ce soir, c'est aussi le coaching qui était romantique, parce que faire entrer Pizzala pour qu'elle participe à la fête, c'est un joli geste, mais ce n'était sans doute pas la meilleure garantie d'aller arracher l'égalisation...
    La fin du romantisme, c'est quand Hidalgo met son cher Didier Six dans les tribunes pour France-Espagne 84 (et lui préfère le jeune Bellone). Ca peut être cruel, mais ça n'empêche pas de bien jouer, ni de gagner ! Bruno, essaie de t'en souvenir l'an prochain quand il faudra faire entrer une Brétigny pour aller chercher la médaille :)

    Pour ceux qui veulent prolonger un peu le plaisir, sur le site d'Eurosport, il y a plusieurs videos de 4-5 minutes, où l'on découvre l'équipe de l'intérieur, façon les yeux dans les bleus.

  • le Bleu le 17/07/2011 à 11h45
    Romantique comme le match pour la 3e place en 82, qu'on a perdu contre la Pologne avec Castaneda, Larios, Girard, Soler, Couriol titulaires ? Sans doute... Dans les deux matchs, ce n'était visiblement pas la victoire qu'on visait en premier.
    (notons qu'on bat les Belges en 86 avec là aussi une équipe bis)


    Bon, parlons avenir. Cette Coupe du Monde, qui a été d'un très bon niveau, a fourni une bonne publicité au foot féminin. On peut donc s'attendre à une augmentation des inscriptions. Si j'étais responsable de fédération, je fixerais un doublement des effectifs de licenciées sur un court terme de 2 ans, et un x10 sur un long terme de 10-15 ans. Nous atteindrions alors 500 000 footballeuses pour un peu plus de 2 000 000 de footballeurs.

    Je lis ici et là que les clubs sont confrontés actuellement à une demande à laquelle ils ne peuvent pas répondre faute de structures et de moyens. Il faut pourtant que la Fédération anticipe et pourvoie aux besoins.

    En championnat, l'Olympique Lyonnais est la meilleure équipe d'Europe. Fort bien ! En terme de prestige, on a assisté à la montée du PSG également, nous avons les historiques équipes de Montpellier (thanks Loulou) et Juvisy, ainsi que Saint-Etienne. Mais les choses pourraient s'accélérer avec la création de l'équipe de l'OM. Si Marseille venait à monter en D1 dans les 3 ans, le prestige du championnat, avec des chocs OL-OM-PSG, s'en trouverait énormément renforcé.

    Parce que soyons réalistes, avoir Saint-Brieuc, Yzeure ou Rodez dans l'élite c'est sans doute frais, mais si on veut une grande équipe de France il faut les moyens de détecter et former de grandes joueuses, et cela passe par des clubs puissants, prestigieux et attirants. Une fan de foot sera toujours plus attirée par le PSG que par Soyaux... Et ne parlons pas des supporter(trices) et spectateurs(trices) !

  • Tonton Danijel le 17/07/2011 à 12h23
    Un truc que je trouve quand même étonnant chez Bruno Bini, c'est la difficulté qu'il a eue à dégager une défense type devant la gardienne - et je partage les réserves de CHR$ sur ce poste. Contre des équipes faibles et inoffensives comme la Serbie ou l'Estonie, ce n'est pas gênant. Par contre, quand on prend 3 buts sur 4 occases adverses comme contre les USA (pas vu le match d'hier), c'est qu'il y a un léger problème derrière (alors que le milieu de terrain tient bien le choc). Gros chantier à mettre en place donc, le hic c'est que les prochains adversaires des Bleues (Pologne, Irlande, Israël...) ne font pas partie du gotha mondial...

  • le Bleu le 17/07/2011 à 12h23
    Et j'oubliais de dire: la signature de Deville à l'OL pourrait accélérer sa carrière internationale...

  • CHR$ le 17/07/2011 à 15h14
    Visiblement, le suiveur de la Coupe du monde pour le quotidien sportif de référence (entre autre) est du même avis que moi.
    lien

  • François-Youssouf Hadji-Lazaro le 17/07/2011 à 15h40
    Merci CHR$ pour ces compte-rendus.

    Sur le but de Hammarström (magnifique par ailleurs), il m'a semblé à moi que c'est Corine Franco qui remonte un peu trop nonchalamment sur le corner: si le sombrero pour éviter Le Sommer est bien réalisé, le crochet qui suit est un peu long. Si Franco était remontée un peu plus "concernée" par la suite de l'action, le ballon serait arrivé dans sa zone d'intervention.
    Enfin, il me semble, c'est ce qui m'a frappé en revoyant l'action (parce que la première fois, c'est juste l'enchainement de la suédoise que l'on remarque).

    Sinon, c'était pas Josefine Öqvist ?

  • CHR$ le 17/07/2011 à 15h44
    Ah ben si. Mais le lecteur aura rectifié de lui-même.

  • bcolo le 17/07/2011 à 18h24
    Merci beaucoup pour ces excellents papiers et ces analyses toujours très fines.

    Sinon, un petit truc :

    "Bruno Bini et son staff ont un an et quelques matches pour trouver les clés permettant de faire ressembler cette équipe aux Bleus de 98-2000 plus qu’à ceux de 82-86"

    OK, mais alors plutôt aux Bleus de 2000 que de 98, qui jouaient un 4-3-2-1 ultrablindé et qui s'en remettaient aux inspirations de ses joueurs défensifs (Thuram, Blanc, Lizarazu, Petit...) pour faire la différence. Ceux de 2000, au moins, prenaient des risques devant quitte à encaisser des buts de temps en temps.

    Et, à choisir, je préfère une équipe qui fait du jeu et qui finit quatrième à une autre qui ne prend aucun risque, qui s'en remet à un joueur providentiel et qui perd en finale aux tirs au but, suivez mon regard.

  • Hok le 17/07/2011 à 21h06
    le Bleu
    dimanche 17 juillet 2011 - 12h23
    Et j'oubliais de dire: la signature de Deville à l'OL pourrait accélérer sa carrière internationale...


    >> Tes points de suspensions me laissent un doute sur ce que tu veux réellement dire, mais si c'était du premier degré, il faut savoir qu'à l'OL, ils ont annoncé sa signature en précisant qu'elle serait numéro 2 derrière Bouhaddi (avec un job de formatrice des jeunes gardiennes du centre de formation).

  • zx_tampax le 18/07/2011 à 08h56
    Merci CHR$ pour ton investissement et tes analyses sur le fond et la forme.

    Je suis d'accord sur le soucis qu'on a dans le secteur des gardiennes.
    Au-delà de l'erreur de ne pas remetttre Deville dans les buts dès sa suspension levée (certes, on ne saura jamais si ça aurait été mieux) il y a vraiment un travail de formation à faire de ce coté là.
    La miss Sapowicz n'est pas responsable de son mètre 66. Donc pour elle, une lucarne est un peu plus loin que pour Solo de 10cm de plus.
    Je reste tout de même un peu dubitatif sur ses placements, ses sorties (ou non-sorties) et ses reflexes. Mais je me suis fait cette remarque avec bien d'autres gardiennes.
    Le poste de gardienne est-il mis à ce point au second plan dans les clubs?

    Sinon je suis confiant pour la suite. Les 3/4 des bleues vont jouer en ligues des championnes. Le mieux serait que quelques-unes fassent un "stage" de 2-3 ans dans des championnats plus costauds parce que l'OL et le PSG ne vont pas jouer une quantité énorme de matchs européens et leur quotidien reste la D1, dont le niveau a déjà été décrit(-ié) par CHR$.
    Et enfin, l'EdFF est aujourd'hui assez respectée pour être invitée à jouer des matchs amicaux contre des équipes plus fortes.

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