Bientôt le printemps et les buts refleurissent en Ligue 1, 24 buts pour cette fois. Marseille gagne à Rennes et Antonetti en est presque à parler de maintien. Dans le Lionico, ceux du Rhône ont battu facile ceux de la Peuge, au point de paraître injouables en ce moment. Dans le match de l’horreur, le TFC plonge Lens un peu plus près du fond de la mine - prendre un but de Santander sur un centre de Mansaré, y a de quoi se faire prescrire un antidépresseur remboursé intégralement par la Sécu. Arles-Avignon a mis trois buts mais ne prend qu’un point. Et le PSG ? Il n’aime décidément pas jouer en supériorité numérique. Nêné a t-il été transféré au mercato d’hiver sans qu’on nous le dise ? On devrait en savoir plus à l'occasion du prochain Clasico.


Ali Ahamada (Toulouse F.C.)
Comme la saison dernière, le TFC réussit l’exploit d’utiliser quatre gardiens sur une saison. On ne sait pas si le Stadium est bâti sur un cimetière indien ou si Alain Gouaméné a usé de la magie vaudou, mais la malédiction elle reste tenace. Un comble quand on sait que la ville rose se passionne plus pour un sport pratiqué lui aussi avec les mains. La carrière de Yoann Pelé mise en David Sommeil, Valverde suspendu, Marc Vidal blessé, c’est un illustre inconnu habitué à la CFA 2 qui a gardé les buts de l’escouade toulousaine. Face à des Lensois au radar, autant dire que personne ne sait si Ahamada est vraiment gardien de but ou juste une blague potache signée Casanova pour ramener à la surface le souvenir de son légendaire homonyme, Hassan Ahamada.


Défenseurs

Rudy Mater (Valenciennes)
Quand on voit Bacary Sagna, ses tresses, ses centres et son charisme d'écrevisse, on comprend que Mathieu Debuchy se pose ce genre de questions : « Par moments, je me demande : « Pourquoi je ne suis pas chez les Bleus ? » » Quand on voit la nouvelle coupe de cheveux de Mathieu, on comprend déjà moins qu’il ne tienne pas un début d’indice. Quand on apprécie surtout la performance de Rudy Mater en face, on n’est même plus sûr que Debuchy soit le meilleur latéral droit de sa génération dans le 5-9.

Dejan Lovren (Olympique Lyonnais)
C’est aussi à ce genre de joueur qu’on se rend compte que l’OL peut être un club aussi passionnant que le PSG. On n’est pas obligé de l’aimer pour autant, mais au même titre que les sorties à répétition d’Aulas, la patience dont sait faire preuve le club lyonnais pour amener un joueur à s’imposer comme un cador à son poste a de quoi captiver. Une saison, c’était déjà à peu près le délai maison qui avait déjà été accordé à Cris, Edmilson, Juninho ou Delgado pour se trouver un peu plus qu'une place. A la différence de ses prédécesseurs, Lovren a dû composer avec les prix qui s’envolent (10 millions d’euros) et une chronique prête à s’enflammer face à ce qui aurait eu partout ailleurs et surtout à Paris la saveur de la pioche foireuse. Pourtant, le résultat est le même. Sans avoir été flamboyant samedi, le grand Croate à tête de poupin a de nouveau fait preuve d’une belle sérénité, de son goût pour les belles relances et d’un art de l’anticpation pour faire du Bonal Vista Sochal’ Club une équipe de L1 comme les autres. Du coup, le Cris et le Pape vont pouvoir continuer à se déchirer pour la dernière place à prendre en défense centrale.

Mapou Yanga Mbiwa (Montpellier HSC)
La Ligue 1 est un championnat atypique. Pour 600 millions d’euros, vous pouvez voir des défenseurs inscrire des doublés. Sûrement motivé par la présence dans le camp adverse du goleador parisien du moment, Sylvain Armand, le prometteur stoppeur montpelliérain a compris que pour faire partie du Gotha du championnat, il fallait faire trembler les filets. Même si Yanga Mbiwa ne fait pas encore parler la poudre de l’autre côté du terrain, certains gestes laissent entrevoir quelques-unes des plus belles promesses du moment à son poste. Geoffrey Jourdren est prêt à se constituer témoin.

Adriano (Monaco)
Devant la gabegie offensive de la semaine dernière, les défenseurs ont décidé de prendre part à la grande opération rachat du week-end et de revoir à la hausse la moyenne de buts pour cette 27ème journée. A Bordeaux, dans le rôle du défenseur-buteur décisif, c’est la latéral gauche monégasque qui est sorti de sa boîte. Du coup, tout le Rocher n'attend plus qu'une chose, que Laurent Bonnart assure le maintien de l’ASM en Ligue 1 d’une frappe de trente mètres pleine lucarne pour la 38ème journée.



Milieux


Camel Meriem (A.C. Arles-Avignon)
Au détour d’une interview récente accordée au Guardian, Xavi – et peut-être surtout son inconscient – a lâché un genre de révélation fracassante pour tous ceux qui traquent les mutations du jeu que l’on appelle football : « Mon rôle, c’est de chercher des espaces. Tout le temps. Ici ? Non. Là ? Non. Tous ceux qui n’ont jamais joué ne peuvent pas savoir à quel point c’est difficile. Des espaces, des espaces et toujours des espaces. En fait, c’est comme jouer à la Playstation. » Autrement dit, de la même manière que les préceptes savamment prodigués à la Masia tout au long de sa formation, l’expérience du foot sur PES ou Fifa a participé à façonner le jeu de Xavi. Un sacré coup de boule envoyé à tous les vieux grincheux qui fustigeaient il y a peu encore la « génération Playstation ». Et une explication qui pourrait enfin tenir la route pour tous ceux qui ont encore dû se demander après son beau récital de samedi comment Camel Meriem, technicien surdoué pied-droit-pied-gauche, s’y est pris pour passer autant à côté de la carrière qui lui était promise. Manquait sans doute un peu de X-L1-Δ.

Jonathan Brison (Nancy)
Avant-propos : que notre confrère Thomas Burgel soit ici remercié pour avoir écrit sans le savoir l’hommage vibrant que méritait Jonathan Brison. « Gingers have souls » braillait le zigoto américain. Il reste encore apparemment une âme à l’AS Nancy-Lorraine. Elle pourrait s’appeler Jonathan Brison, elle pourrait être rousse comme la carotte, elle pourrait avoir 27 ans à peine, une gueule d’ange déchu déjà brisé par une carrière qui se confond avec celle de Bérenguer ou de Gavanon, une polyvalence passionnante et changeante, elle pourrait écrire des morceaux de bravoure régulièrement bouleversants où des centres au cordeau rehaussent avec grâce des mouvements collectifs minimaux et un jeu proto-barcelonais. Elle pourrait créer un trou dans l’espace temps entre le Nantes de 1995 et les Canaris et la Ligue 1 ecstasiée d’Alain Casanova. Et allez savoir : cette âme pourrait être une des plus bouleversante redécouverte de l’année. Ceux qui l’ont récemment vue sur le synthé de Marcel-Picot, apparemment, confirment.

Morgan Amalfitano (Lorient)
D'accord, notre double Kevin d'Or enchaîne les performances de choix à la pointe de l’attaque morbihanaise. Mais il en faudra plus pour éclipser le rendement spectaculaire de l’ancien Sedanais. Buteur et passeur décisif contre Arles-Avignon, il est acquis que Gameiro ne sera pas le seul Tango à quitter Lorient cet été.






Attaquants

Olivier Giroud (Montpellier HSC)
L'affiche du dimanche a proposé le duel à distance entre deux attaquants au profil similaire. Comme Guillaume Hoareau, l’attaquant montpelliérain culmine à plus d’1m90. Lui aussi a fait ses gammes en Ligue 2 avant de confirmer à l’étage supérieur. Si le Réunionnais a ouvert les hostilités, l’ancien Tourangeau a rejoint la longue cohorte des vrais génies de L1, ceux qui savent faucher en plein vol les derniers espoirs de titre des Parisiens. Le tout à 11 contre 10…


Eric Mouloungui (OGC Nice)
Probablement vexé par son apparition la semaine dernière dans notre top 5 des attaquants qui ne marquent jamais, l’international gabonais a inscrit le plus beau but de cette 27ème journée avec un contrôle orienté et une frappe enchaînée aussi précise que puissante. L’espace d’une action, le stade du Ray avait des faux airs de Camp Nou.  Alors, n'hésitez plus ! Pour réveiller votre buteur, écrivez à les3points.com.


Eden Hazard (Lille)
Dans les années 2000, le but lillois de la 92ème minute a permis de sauver de l’oubli quelques-uns des grands maudits de l’attaque lilloise. Sorti de l'enfer de matchs ultra-fermés façonnée par la patte tragique des coachs Vahid et Puel, Dagui Bakari marquait de la hanche une demi-douzaine de buts à la dernière seconde permettant d'empocher par ci par là, un point inespéré. Avant que Fauvergue ne reprenne la formule à sa manière juste pour le plaisir de pourrir la fin de saison du Stade Rennais. Du coup, les attaquants lillois ont choisi de mettre un peu de fun dans les derniers matchs à priori boring d'un championnat trop facile en rendant hommage à ces deux légendes trop tôt disparues. Après De Melo et Frau, c'est Hazard s'y est mis. Faudrait juste penser à rappeler à la nouvelle génération losciste que l'hommage risque de virer à l'affaire de mauvais goût si elle continue à marquer des buts dans le money time à la fois beaux, mérités et servant à quelque chose...


C'est le moment de regretter de ne pas avoir connu les3points plus tôt:
• Looks du monde - Cissé, un DC9 d'école
• Hall of Shame - Paris Saint-Germain