Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Rennes, 110 ans sans disette ?

Le Stade Rennais, loser chic du football français qui vient d’avoir 110 ans et figure sur le podium provisoire, aime à croire (sans trop le dire) qu’il a des arguments pour y rester...
Auteur : François Thomazeau et Maxime Heuzé le 14 Mars 2011

 

Le classement actuel du Stade Rennais suscite chez les commentateurs de la "presse spécialisée" au mieux de l’indifférence, au pire de l’irritation. Pourtant, à y regarder de plus près, cette situation doit peu au hasard: Rennes, meilleure équipe à domicile et meilleure défense du championnat (vingt buts encaissés), restait, avant sa défaite contre l’OM (0-2) sur une série de cinq victoires consécutives en championnat. Alors que le club peut, pour la première fois de la saison, compter sur un effectif conséquent, faisons le point sur ses forces et faiblesses.


La bonne formule du Dr Dré
Maudit pour avoir été trop gâté dans son histoire récente, le SRFC dispose néanmoins d'une bonne situation financière qui doit évidemment tout à l’aisance de son unique actionnaire, le milliardaire François Pinault. Ce dernier a mis en place ces dernières années une gouvernance qui a fait ses preuves: la présidence aux hommes de confiance de la famille (Emmanuel Cueff, Frédéric de Saint-Sernin et, depuis 2010, Patrick Le Lay); le sportif entre les mains de Pierre Dréossi, placé en position de "manager général".
Le Dr Dré a su en effet imposer progressivement une gestion saine de l’effectif professionnel, à la mesure des moyens du sixième budget de L1, par un contrôle rigoureux de la masse salariale (salary cap situé à 100.000 euros mensuels) et une politique de recrutement raisonnable. Et si cette année le propriétaire du Stade Rennais a dû, via sa holding Artémis, se fendre d'un abandon de créance de 2,9 millions d'euros pour mettre le budget du club à l'équilibre, il avait pu, les saisons précédentes, puiser dans des comptes largement excédentaires.

rennes_2011_1.jpg
[photo : frenchwill]

Carte jeune et départs tardifs
Cette prudence relative a été largement compensée par le travail mené auprès du centre de formation, le meilleur de France depuis cinq ans selon le palmarès publié annuellement par la FFF. Ainsi, le club a-t-il pu inscrire à son palmarès deux coupes Gambardella [1] et de nombreux trophées en catégories jeunes. Mais c’est surtout l’équipe première qui a bénéficié de cette politique, avec l’incorporation de nombreux joueurs de haut niveau qui forment, depuis des années, son ossature et son réservoir.
Mais alors que le club semblait armé pour lutter dans le très haut du classement en début de championnat grâce à une campagne de recrutement ambitieuse et précoce (Carrasso, Apam, Kana-Biyik, Mandjeck, Dalmat et Montaño), il s’est tiré une balle dans le pied en se délestant de ses principaux joueurs offensifs les 31 août et 2 septembre derniers (départs conjugués de Gyan et Bangoura, après Sow et Briand plus tôt dans l’été), incitant le staff rennais à afficher des ambitions prudentes [2].


Colmater les brèches
D’autant que les blessures s’enchaînent dans un effectif restreint, n’épargnant aucun secteur de jeu: Apam n’est toujours pas apparu sous ses nouvelles couleurs, et Marveaux n’a été présent que quelques matches – pour n’être que l’ombre de lui-même. Montaño, Kembo-Ekoko et Brahimi ont tous payé physiquement le manque de solutions de remplacement en attaque. Lemoine a perdu un rein et une demi-saison lors de la deuxième journée, à Nancy. Tettey, Dalmat et Mangane sont restés plusieurs semaines sur le flanc pour des problèmes musculaires. Même Douchez a été longtemps affaibli, jusqu’à subir une opération chirurgicale avant Noël.
La conséquence de cette improbable situation est qu’au fil des matches, pendant toute la première partie de saison, le coach Antonetti n’a, à sa grande frustration, pu que colmater les brèches avec le sous-banc de son effectif, en se reposant sur de jeunes joueurs [3].


Turn-over général
Toutefois, de nuls arrachés en victoires étriquées, se dégage une réelle cohésion collective basée sur la solidité défensive, sous l’influence de Mangane, auteur d’un début de saison de très haut niveau, de M’Vila, qui confirme sur le terrain son nouveau statut d’international, et de Douchez, revenu très fort après une saison mitigée. Au niveau de l’animation offensive, c’est plus flou: mis à part Montaño et Kembo, plusieurs fois blessés cette saison, il n’y a pas de réel avant-centre dans l’effectif. Antonetti procède donc à un important turn-over sur tous les postes dans l’animation du jeu (attaque et milieux de terrain relayeurs), ce qui a le mérite de la souplesse mais l’inconvénient de l’inconstance dans un secteur où les automatismes jouent souvent un rôle capital.
Paradoxalement, il ressort assez nettement que, de tous les clubs du top 5, Rennes est de ce fait celui qui a le plus fait tourner son effectif, alors même qu’il est le seul à n’avoir pas participé à une compétition continentale (lire ci-dessous "Rotation intensive"). L’excellente troisième place du Stade Rennais à la trêve, malgré une ultime défaite à Caen et le départ anticipé de Rod Fanni à l’OM, ne dissuade donc pas les dirigeants de procéder à un indispensable renforcement de l’effectif.

rennes_2011_2_antonetti.jpg
[photo : frenchwill]

Les plans d'Antonetti
Le mercato hivernal a en effet été décisif dans l’affirmation des ambitions rennaises, grâce à l’achat rapide de l’attaquant lensois Razak Boukari. A cela s’ajoute le retour si longtemps attendu d’Alexander Tettey, puissant milieu de terrain, jusque là presque toujours blessé. Depuis, Rennes affiche en championnat un bilan appréciable de six victoires pour deux défaites (Marseille donc et, plus tôt, Sochaux). En plus de la confiance que peut générer cette série, le coach peut compter sur un effectif enfin presque au complet (sans compter les absents de très longue durée Apam et Marveaux, qu’on ne verra sans doute plus cette saison).
Antonetti se trouve dans des conditions plus favorables pour mettre en œuvre ses plans: un 4-3-3 qui, à l’extérieur, ressemble davantage à un 4-1-4-1, et un jeu basé sur une grande discipline dans le positionnement, le harcèlement permanent de l’adversaire, et le repli défensif dès que le ballon est perdu. Il en ressort une très grande intensité dans la récupération, maître mot du coach rennais, ce qui permet à l’équipe de pouvoir subir le jeu sans pour autant être trop souvent mise en danger.


Plus de Mangane pour gagner plus
Si les médias ont légitimement mis la lumière sur le rôle joué par M’Vila dans ce dispositif, il convient de mettre sur le même plan l’ensemble de la ligne de défense dirigée avec autorité par Kader Mangane, l’un des tous meilleurs défenseurs centraux du championnat de France. Intraitable dans le domaine aérien, sûr dans ses interventions comme dans ses relances, capable de montées balle au pied à la Desailly, et buteur à l’occasion (à deux reprises cette saison), il s’est affirmé comme le leader d’un bloc très solide.
Il a su encadrer les débutants Kana-Biyik et Théophile-Catherine dont les performances respectives ne peuvent pas laisser indifférent quand on sait qu’ils n’ont tous les deux que vingt-et-un ans. De même Danzé, indiscutable dans son couloir droit, Fanni, souvent à contre-emploi dans un rôle de stoppeur, ou, tout récemment, le néophyte Boye, ont participé à leur mesure à cette imperméabilité défensive.

Au gré des remaniements dans l’effectif, il est difficile de dessiner une équipe type. En ce début d’année, elle pourrait tout de même ressembler à ceci.

sch_rennes_2010_11b.jpg


Exorciser Fauvergue ?
En phase offensive, si un certain nombre de joueurs ont une technique très supérieure à la moyenne qui permet, dans les périodes de domination rennaise, une bonne conservation du ballon (M’Vila, Leroy, Brahimi), il faut toutefois bien remarquer que le jeu reste très direct et la construction assez fruste. Malgré de belles fulgurances collectives, l’équipe ne se crée pas beaucoup d’occasions dans le jeu, et se repose sur deux domaines qu'elle maîtrise: les tirs de l’extérieur de la surface (12 buts sur 31) et les coups de pieds arrêtés (10 buts, dont cinq penalties).
Les dernières sorties avant le match contre l’OM avaient révélé une amélioration sensible dans la fluidité du jeu offensif. Celle-ci demande néanmoins confirmation dans l’optique  la fin du championnat, et ne pourra de toute façon que se renforcer avec la stabilité nouvelle de l’équipe première. Après le prochain match à Lyon, il restera dix journées au Stade rennais, cohérent et ambitieux, pour s’accrocher au podium et, peut-être, lors de l’ultime match à Lille, exorciser Fauvergue [4].


[1] En 2003 (génération Gourcuff, Faty, Briand, Bourillon) et 2008 (génération M’Vila, Brahimi, Théophile-Catherine, Souprayen).
[2] Un bon résumé de l’argumentaire rennais dans l'avant-dernière réponse dans cette interview d’Antonetti du 2 décembre 2010, après un match nul 0-0 obtenu au Vélodrome. Depuis, le discours a peu évolué. Du fait de l’absence de Bordeaux dans les premiers, le club n’hésite cependant plus à parler du "top 5".
[3] Théophile-Catherine (né en 1989), Kana-Biyik (1989), Souprayen (1989), Brahimi (1990), Doumbia (1989), A. Camara (1990), Jebbour (1991), Mandjeck (1988) et Boye (1987), ont tous connu leur première titularisation en L1 cette saison
[4] Mai 2007, Lille-Rennes: Nicolas Fauvergue égalise pour les locaux dans les arrêts de jeu de la dernière journée de la saison, et prive Rennes d’une troisième place synonyme de qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des champions, au profit de Toulouse. Toulouse qui, de son côté, avait bénéficié lors de l’avant-dernière journée d’une victoire sur tapis vert pour cause d’envahissement de la pelouse de la Beaujoire par les supporters nantais (le score était alors de 0-0 à quatre minutes de la fin du temps réglementaire, et les visiteurs étaient réduits à dix). Ce drame en trois actes, le dernier étant celui de la défaite du SRFC devant les tribunaux, n’a toujours pas été digéré par les supporters rennais.



Rotation intensive
Le temps de jeu est remarquablement réparti entre les 25 joueurs ayant disputés au moins 90 minutes: si trois cadres sont réellement indéboulonnables (Danzé – seul joueur de L1 avec l’Auxerrois Coulibaly à avoir joué tous les matches dans leur intégralité – Douchez et M’Vila), on trouve ensuite six titulaires réguliers au temps de jeu juste conséquent (du vétéran Leroy, 1414 minutes, au débutant Théophile-Catherine, 1980 minutes), et, surtout, un groupe de seize joueurs au temps de jeu plus limité pour des raisons diverses: titulaires irréguliers (Brahimi, Kembo) ou longtemps blessés (Tettey, Lemoine ou Marveaux), jeunes appelés pour dépanner, sans compter les joueurs transférés ou recrutés en cours de saison.

En comparaison, les qualifiés en Ligue Europa, Paris et Lille, alignent autant que possible leur équipe type en Ligue 1 (huit joueurs à plus de 2.000 minutes de jeu chez des Lillois, par exemple, remarquablement épargnés par les blessures). La rotation est plus lourde chez les qualifiés en Ligue des champions, aux effectifs plus larges, mais ces derniers s'appuient tout de même sur une douzaine de joueurs expérimentés à fort temps de jeu (plus de 1.200 minutes) – Statistiques LFP après la 26e journée.

Réactions

  • Sens de la dérision le 14/03/2011 à 07h47
    C'est un chouette article.

    Antonetti se trouve dans des conditions plus favorables pour mettre en œuvre ses plans: un 4-3-3 qui, à l’extérieur, ressemble davantage à un 4-1-4-1, et un jeu basé sur une grande discipline dans le positionnement, le harcèlement permanent de l’adversaire, et le repli défensif dès que le ballon est perdu.
    ----
    J'avais fait la remarque dans l'article Deschamps et l'OM, elle reste d'actualité. Cette tactique est celle mise en place dans la majorité des équipes.

  • magnus le 14/03/2011 à 09h59
    "Une balle dans le pied", c'est vraiment le terme approprié pour qualifier la vente tardive de Gyan et Bangoura. Non qu'ils soient irremplaçables, loin de là, mais ça a amené Antonetti à faire peser le poids de l'attaque sur Montano, un bon joueur mais qui n'a pas le profil freien. Rennes peut être satisfait pour le moment de son classement, mais si j'étais supporter je serais un poil déçu que les dirigeants n'aient pas accompli le coup de pouce nécéssaire qui aurait permis de de transformer une belle saison en totale réussite. Lille, Lyon et l'OM ont l'air d'avoir entamé le fameux sprint final pour la LDC.
    Si la défaite à domicile face à l'OM ne laisse aucun regret dans la manière, on peut se dire que le match aurait pu être plus équilibré s'il y avait au moins une pointe d'un calibre supérieur à Boukari, auteur d'un joli concours de drops.
    Je n'adhère pas au discours en vogue en ce moment sur Rennes (équipe de catcheurs, d'après Riolo), oui la plupart des joueurs sont des golgoths qui misent souvent sur leur physique pour récupérer le ballon, mais quand on regarde la L1 il n'y a rien d'inhabituel. Je trouve par exemple que le Barça du Nord a un engagement souvent excessif. Mais si Rennes avait un peu plus de qualité et de variété offensive, on focaliserait moins sur cet aspect.

  • frenchwill le 14/03/2011 à 10h11
    Ce qui nous a surtout manqué contre Marseille, c'est la présence de Brahimi, qui peut à lui seul déstabiliser une défense, c'est sur lui et Leroy que repose l'animation offensive rennaise (avec Boukari).
    Et je suis d'accord sur le fait que Montano, c'est bien trop juste techniquement pour jouer le haut de tableau.

  • Luis Caroll le 14/03/2011 à 12h18
    Excellent article, merci aux auteurs.

  • Baka in the sky with ballons le 14/03/2011 à 14h44
    Sens de la dérision
    lundi 14 mars 2011 - 07h47
    C'est un chouette article.

    Antonetti se trouve dans des conditions plus favorables pour mettre en œuvre ses plans: un 4-3-3 qui, à l’extérieur, ressemble davantage à un 4-1-4-1, et un jeu basé sur une grande discipline dans le positionnement, le harcèlement permanent de l’adversaire, et le repli défensif dès que le ballon est perdu.
    ----
    J'avais fait la remarque dans l'article Deschamps et l'OM, elle reste d'actualité. Cette tactique est celle mise en place dans la majorité des équipes.

    --------

    En effet le 4-3-3, avec le milieu en triangle 'pointe en bas' s'est popularisé en L1. L'OL commençait plus ou moins à jouer ainsi dans les grandes années, même si à mon sens, la pointe était un peu plus tournée vers le haut (avec Juninho) que vers le bas. Mais le Barca l'a vraiment démocratisé, avec l'unique MDC (Yaya Touré au début, Busquets aujourd'hui) en retrait, et 2 milieux relayeurs-créateurs-offensifs devant lui.

    Comme cela est décrit dans l'article, s'est un des schémas tactiques qui demande le plus de rigueur dans le positionnement et le replacement, et une condition physique irréprochable, sous peine de prendre l'eau. C'est la raison pour laquelle pas mal d'équipes amateurs privilégient un 4-4-2 classique ou l'anciennement à la mode 4-2-3-1.

    Merci pour cet article qui met en valeur le travail de formation du Stade Rennais et d'Antonetti.

  • Maniche Nails le 14/03/2011 à 16h05
    Apparemment ils ont plutôt fait appel à une poupée vaudou qu'à un exorciste pour Nicolas Fauvergue.

  • kerne le 14/03/2011 à 20h04
    Nous n'y sommes strictement pour rien.

La revue des Cahiers du football