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Sparwasser 1974, au-dessus du mur

Un jour, un but - Le 22 juin 1974 à Hambourg, Jürgen Sparwasser inscrit le seul but du match opposant les sélections d'une Allemagne coupée en deux.

Auteur : Richard N. le 22 Juin 2010

 

Sur son côté gauche, Erich Hamann reçoit le ballon de son gardien et remonte le terrain à toutes jambes. Passée la ligne médiane, il lève la tête, cherche un peu puis envoie le ballon devant, jusque dans l'arc de cercle de la surface adverse. Trois défenseurs sont à la tombée, et pas des moindres: Vogts, Schwarzenbeck et Beckenbauer. Mais il y a aussi Jürgen Sparwasser, qui s'infiltre au milieu du trio. De la tête, il pousse le ballon sur son côté droit, ce qui lui permet d'éliminer Beckenbauer et de s'ouvrir un chemin. Il s'approche de la ligne des six mètres, feinte une première frappe pour faire plonger Sepp Maier, puis frappe pour de bon, une fois le gardien au sol. Berti Vogts a beau se jeter, la balle de Sparwasser se fiche sous la barre.

sparwasser_1974.jpg


Fraternisation interdite

Sensation à Hambourg : la RDA bat la RFA 1-0. Une victoire historique, clame-t-on aussitôt dans les journaux. N'exagérons rien. La confrontation a bien sûr été suivie pour sa symbolique géopolitique, mais n'a pas pour autant bouleversé le destin du foot. Le match en lui-même n'avait qu'un enjeu minime. Les deux équipes avaient déjà assuré leur qualification et seule la première place du groupe A était en jeu. Cette première place, d'ailleurs, était-elle vraiment enviable qui vous envoyait affronter la Brésil, les Pays Bas et l'Argentine alors que la deuxième vous donnait en apparence un groupe plus abordable avec la Suède, la Pologne et la Yougoslavie ?

Contrairement à la légende, ce RDA-RFA 1974 ne fut pas la seule confrontation des deux Allemagnes, puisque quelques parties olympiques avaient déjà opposé l'équipe amateur de l'Ouest aux athlètes d'état de l'Est. La rencontre de Hambourg n'est pas franchement emballante. La RDA pratique un jeu défensif prudent: on ose à peine écrire qu'elle jouait en bloc et dressait un mur devant l'adversité. En face, la Nationalmannschaft d'Helmut Schön n'en avait toujours pas fini avec ses problèmes internes et cela se ressentait sur le terrain. Même avec un enjeu amoindri, la rencontre se passe dans un climat très tendu. La délégation est-allemande a reçu la consigne de ne manifester aucun signe de fraternité avec les cousins de l'Ouest. Pas d'accolades, ni d'échanges de maillot en fin de match. Ceux-ci auront lieu dans l'intimité des vestiaires, loin des caméras et avec l'approbation des sbires de la Stasi.


Héros sans médaille

Contrairement aux autres disciplines sportives, la Guerre froide a rarement pesé sur les compétitions de foot. Sans doute parce que les Jeux olympiques et ses symboles étaient plus propices à l'affrontement idéologique. Sans doute aussi parce que les USA, à l'époque, n'avaient pas la possibilité de monter une équipe de soccer suffisamment performante pour s'opposer à celle de l'URSS. RFA-RDA 1974 est sans doute le seul match de l'histoire du foot à rappeler que le monde fut coupé en deux durant de longues années.

À leur retour au pays, les vainqueurs de Hambourg ne furent pas vraiment accueillis en héros. De l'autre côté du mur, on avait évité de faire trop de publicité à ce match car il était peu probable que les Allemands de l'Est l'emportent face à Beckenbauer & Co. Même Jürgen Sparwasser, le buteur, n'a pas été appelé pour une éventuelle remise de médaille. Technique, facétieux et indiscipliné, l'attaquant du FC Magdebourg (qui auparavant venait de remporter la Coupe des Coupes contre Milan) n'incarnait pas le prototype de l'athlète made in DDR. Quatorze ans après son but, Jürgen Sparwasser profitera d'un match de bienfaisance disputé à Sarrebruck pour s'échapper et "passer à l'Ouest". Le héros même pas consacré devint un traître à la patrie. Son but de Hambourg était oublié depuis longtemps.

 

 

Réactions

  • Tonton Danijel le 22/06/2010 à 09h00
    "Quatorze ans après son but, Jürgen Sparwasser profitera d'un match de bienfaisance disputé à Sarrebruck pour s'échapper et "passer à l'Ouest". Le héros même pas consacré devint un traître à la patrie. Son but de Hambourg était oublié depuis longtemps."

    En même temps, s'il s'est évadé en 1988, il n'est pas resté longtemps traître à la patrie...

    Superbe chronique, sinon, j'avais vu un reportage d'Arte sur le football est-ouest, avec les anecdotes suivantes qui m'ont particulièrement marquées:
    - Lors de la finale de la coupe du monde 1954, les Allemands de l'Est avaient pour consigne de soutenir leurs camarades hongrois. Mais dans une quasi-unanimité la population espérer le "miracle de Berne", d'où des scènes de joie au coup de sifflet final sincères, mais discrètes.
    - En coupe d'Europe, lors des confrontations est-ouest, la Stasi contrôlait que les joueurs des deux équipes se croisent un minimum. Une scène surréaliste évoquée dans ce reportage eut lieu lors d'un match (je ne sais plus lequel) où un jacuzzi était accessible à partir des vestiaires des deux équipes. À la fin du match, les joueurs est et ouest-allemands se retrouvaient au jaccuzzi et commençaient à papoter. Ayant eu vent de cela, la Stasi débarque, et force les joueurs de l'Est à retourner au vestiaire.
    - La victoire de Sparwasser et compagnie avait marqué les consciences. Des deux côtés du rideau de fer, elle fut interprétée (du moins dans les nations footballistiques, les USA s'en moquant royalement) comme le succès d'une équipe sur des millionnaires individualistes (les joueurs du Bayern et de Gladbach, les deux clubs phares ne s'entendant pas des masses). Double bénéf pour la RFA en tout cas: cette claque leur a permis d'éviter une poule de deuxième tour compliquée, et de se remobiliser pour la suite de la compétition.

  • DarkZem13 le 22/06/2010 à 22h22
    Très bon article, aussi beau que la passe qui amène le but.

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