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Les malheurs de Sofia

Dettes, corruption, fraudes: fleuron du football bulgare, le CSKA Sofia s'est empêtré dans les scandales et connaît une déchéance spectaculaire.
Auteur : Julien Tomas le 8 Avr 2010

 

31 fois champion de Bulgarie entre 1948 et 2008 (avec un record européen de neuf titres consécutifs entre 1954 et 1962), vainqueur à 23 reprises de la Coupe nationale, trois fois demi-finaliste européen (en 1967 et 1982 pour la C1, en 1989 pour la C3), club formateur de quelques uns des plus illustres joueurs du pays (Hristo Stoïchkov, Emil Kostadinov ou plus récemment Dimitar Berbatov), le CSKA Sofia a été pendant soixante ans la vitrine du football bulgare... Mais aussi, dans une certaine mesure, l'arbre qui cachait la forêt d'un sport sali par la corruption, voire le grand banditisme.
Depuis son soixantième anniversaire, fêté au printemps 2008 – dans la foulée du dernier titre remporté par le club – la vitrine a volé en éclat, et le CSKA est plongé dans une crise qui apporte chaque semaine, ou presque, un nouvel épisode plus sordide que le précédent.


cska_logo.jpg"Avenir radieux"

En mai 2008, le CSKA célèbre donc à la fois son 31e titre et son soixantième anniversaire, l'occasion pour le club d'assurer sa promotion avec un discours lu devant le chef de l'État par le président du club, qui déclare: "La marque CSKA sera pour toujours un symbole de puissance et d'esprit fair-play. L'avenir s'annonce radieux, nous serons toujours en avance sur les autres".
Quelques jours plus tard, l'avenir s'assombrit déjà. Le même homme, Alexander Tomov, annonce que le propriétaire majoritaire du club depuis 2006, Pramod Mittal, frère de Lakshmi, va se retirer dans les semaines à venir. Tomov prend soin de préciser que le club souhaite "devenir stable et financièrement indépendant". Le 3 juin 2008, la Fédération bulgare révèle qu'elle a demandé à l'UEFA le retrait de la licence permettant au CSKA de disputer la prochaine Ligue des champions, au motif que le club a contracté depuis trois ans des dettes auprès de l'État bulgare, ainsi qu'auprès de plusieurs banques privées. Mais aussi que le versement des salaires subit des retards et que les transferts ne sont plus réglés par le club. La Fédération ajoute que si l'UEFA suivait ses recommandations, le CSKA Sofia ne participerait pas non plus au prochain championnat national.
Cette annonce, inattendue en Bulgarie, fait l'effet d'une bombe et provoque une réaction violente de la part des supporters du club, qui jugent Alexander Tomov responsable de la situation. Au cours d'une conférence de presse, il est pris à partie par l'assemblée, qui lui jette à la figure des bouteilles en verre – la presse locale évoquant alors une tentative de lynchage.


cska_tomov.jpgDétournement d'argent et paris truqués

Pour mieux comprendre, il convient de préciser que l'homme qu'ils accusent d'avoir précipité leur club vers sa banqueroute est aussi le PDG de Kremikovtzi, la plus grande aciérie du pays, contrôlé par Pramod Mittal (mais n'ayant pas de lien avec ArcelorMittal) et dont l'État est actionnaire à hauteur de 25%. Employeur principal du pays, Kremikovtzi se trouve alors en grande difficulté financière et ne paie plus ses salariés... Tout comme le plus grand club du pays.
Sans surprise, l'UEFA suit la fédération bulgare et suspend le CSKA. Dans le même temps, des rumeurs de plus en plus persistantes laissent entendre que Tomov n'aurait pas seulement été coupable de négligences dans la gestion des comptes du club, mais qu'il serait également au centre d'un vaste réseau de détournement d'argent impliquant la comptabilité du CSKA et celle de Kremikovtzi.

Alexander Tomov assure que les dettes ont été épongées et se déclare prêt à s'expliquer devant la justice. Il n'aura pas à attendre très longtemps pour le faire. Dès le 18 juin, il est mis en examen pour détournement de fonds. Plus précisément, il est soupçonné d'avoir détourné cinq millions d'euros des caisses de son entreprise pour remplir celles du club, avant de réinjecter cette somme dans des sociétés tierces lui appartenant.
Le procès Tomov est un procès fleuve, toujours en instruction, qui implique une dizaine d'entreprises dans lesquelles l'ancien président du CSKA avait des intérêts. Par ailleurs, un vaste système de paris truqués est mis au jour, mettant en scène de nombreux arbitres du pays, sans compter que sept autres clubs du championnat (parmi lesquels Litex et le  Lokomotiv Sofia) sont reconnus coupables de fraude fiscale. Le principal accusé, au centre de toutes ces affaires, risque trente ans de prison.


Opération pieuvre

Au mois de février, l'affaire a pris une tournure encore plus démesurée. La police bulgare lance alors ce qu'elle nomme l'Opération Pieuvre, visant à frapper un grand coup contre le crime organisé. Alexeï Petrov, ex-agent secret et docteur en économie réputé ayant ses entrées auprès du pouvoir, est écroué. Avec lui, une quinzaine d'autres individus tombent pour blanchissement d'argent, extorsion de fonds, proxénétisme et chantage.
C'est alors qu'Alexander Tomov abat une carte inattendue au cours de son procès. Il assure que Petrov est lié à la banqueroute du CSKA et de Kremikovtzi. Mieux, il explique que l'ex-agent secret travaillait sur ordre du premier ministre de l'époque, Sergey Stanishev, et de son ministre des finances. Il dit avoir reçu des menaces de mort après avoir demandé à Petrov de quitter un bureau qu'il occupait à Kremikovtzi, alors qu'il n'en a jamais été salarié, ou après avoir écarté deux agents, travaillant pour la DANS – l'agence de sécurité du pays, dont Petrov est alors "conseiller spécial".

Tomov demande la mise en examen de Stanishev, devenu leader de l'opposition, après avoir quitté son poste de chef du gouvernement. On imagine l'embarras de la justice, les pressions de toutes sortes dont elle est l'objet depuis lors, et l'on comprend facilement que le procureur ait récemment repoussé la date du verdict dans le procès Tomov, qui risque de durer encore quelques mois...


cska_luboslav_penev2.jpgNeuf joueurs suspendus

Sur le terrain, le jeu continue. La Fédération préserve finalement le statut professionnel du CSKA, qui a repris la saison 2008-2009 en Division 1... avec une équipe de juniors, la majeure partie des joueurs professionnels ainsi que l'entraineur ayant pris la tangente à l'intersaison. L'équipe a été confiée à Dimitar Penev, joueur du club au début des années 70, sélectionneur de la Bulgarie à la World Cup 1994. Celui-ci réussit à gagner la Super Coupe et termine deuxième du championnat. Mittal fini par se désengager en décembre 2008 en vendant ses parts à Titan, une entreprise bulgare. Rapidement, Penev est écarté, au profit de son propre neveu, Luboslav Penev, ex joueur de Valencia, notamment.

Ce dernier aura moins de succès. Huit mois après son arrivée, il démissionne de son poste à cause d'un différend peu commun avec sa direction. La veille d'un match européen en Suisse, Penev avait décidé de suspendre neuf de ses joueurs, coupables d'avoir prolongé une soirée arrosée en boite de nuit. Immédiatement, le nouveau président du club, Dimitar Borisov, décidait de réintégrer quatre d'entre eux, internationaux, et promis aux cinq autres d'en faire de même le lendemain. La démission de l'entraineur est finalement refusée, Penev tient deux mois de plus avant de jeter l'éponge en janvier dernier.


« Tu es une jolie femme et les jolies femmes doivent être battues »

Depuis, dire que le club est géré à la petite semaine serait un euphémisme. Ioan Andone, entraîneur romain connu par avoir remporté le championnat de son pays avec Cluj, est nommé le 17 janvier 2010. Il a démissionné, à son tour, la semaine dernière indiquant n'avoir reçu aucun salaire de la part du club et précisant que ses joueurs attendaient systématiquement deux mois pour être payés. Pendant sa courte expérience à la tête du club, il aura eu l'occasion de vivre un mois de mars singulier... Jugez plutôt :

cska_stade.jpg10 mars. Le gardien de but camerounais, Daniel Bekono, est mis à la porte, officiellement pour "raisons disciplinaires". Officieusement, le fait qu'il ne soit pas de nationalité bulgare pose un réel problème aux dirigeants du club, qui ont décidé de n'aligner que des joueurs locaux... Dans l'intérêt supérieur du football bulgare et de sa sélection, et pas du tout parce que les supporters du club se montrent de plus en plus hostiles aux étrangers. Elliot Grandin, débarqué là-bas il y a peu, n'a qu'à bien se tenir.

14 mars. Le CSKA est mené 1-0 à un quart d'heure de la fin sur la pelouse du modeste Lokomotiv Mezdra. Le buteur est Ismail Isa, prêté par le rival du Levski Sofia. Les fans du CSKA envahissent le terrain, le match est arrêté.

15 mars. La Fédération prononce une suspension de terrain de trois matches pour le CSKA et lui donne match perdu sur le score de 4-0. Le président du club parle de "provocation". Le vice-président de la Fédé, Yordan Letchkov (ex OM) assure de son côté que les incidents répétés impliquant le CSKA risquent de provoquer l'arrêt du championnat.

16 mars. Le président du club ne se remet pas de la "provocation" de la veille et menace de retirer son club du championnat puisqu'il lui paraît "clair que la Fédération agit contre le club sous la pression".

16 mars. Orlin Orlinov, attaquant du club, est arrêté pour être suspecté d'avoir battu, puis séquestré une jeune fille, star de la télé bulgare, dans son appartement. Katrin Vacheva a expliqué à la police que son bourreau lui aurait dit: "Tu es une jolie femme et les jolies femmes doivent être battues".

Un mois normal, somme toute, dans l'histoire récente du CSKA...

Réactions

  • Sue Oddo le 08/04/2010 à 01h44
    C'est un article contre le tabassage des filles moches?
    Sinon, c'est qui qui a tiré le Cska dans la VML?

  • Ô Mexico le 08/04/2010 à 04h12
    Finalement le FC Nantes se porte bien, merci pour lui.

    (et qu'est-ce qu'est allé faire notre Eliott dans cette galère ?)

  • Tonton Danijel le 08/04/2010 à 08h38
    Eh ben, Penev et Letchkov, deux des héros de 94, sont dans un beau bourbier... (Par contre, Emil machin, jamais entendu parler).

    Tiens et pour ceux qui comme moi se demandent ce qu'est devenu le dernier héro des vignettes Panini (Trifon Ivanov), voilà ce que le wiki allemand dit:

    "Nach seinem Karriereende kaufte sich Trifon Iwanow mehrere Tankstellen in und um Sofia und hat gemeinsam mit Christo Stoitschkow eine Bank in Bulgarien."

    Une fois sa carrière achevée, il a investi dans des stations services autour de Sofia et dans une banque, en partenariat avec Hristo Stoichkov.

    (Par contre, Emil machin, visiblement, même wikipedia s'en fout*).

    *Ah si, d'après wiki bulgare + traducteur Google, il bosse depuis 2002 dans une agence nommée "Football Consult".

  • Vieux pré le 08/04/2010 à 10h05
    @ Sue Oddo

    Le CSKA fait partie de mes choix. C'était même mon tout premier.
    C'est surement ce qu'on appelle "french flair".

  • Qui me crame ce troll? le 08/04/2010 à 10h19
    Hé ben dites donc. Ca m'a l'air du propre en Bulgarie. Quand le sport se mêle au joyeux monde de la finance et de la politique...
    Dire qu'il faut être sur les CDF pour lire ce genre de choses...
    Evidemment maintenant je me demande comment ça se passe dans les clubs anglais, espagnols, allemands, italiens ou français. Il doit y avoir de sympathiques trucs à raconter aussi.

  • Lubo le 08/04/2010 à 11h19
    Tout de même, Quim, la Bulgarie se fait régulièrement taper sur les doigts par l'UE pour être le pays le plus corrompu de l'Union.
    Le foot n'est qu'une des branche pourrie de l'arbre.
    Je ne dis pas que l'envers du décor de tous les clubs européens occidentaux est parfait mais je doute que ce soit autant vérolé qu'à Sofia.

  • Tonton Danijel le 08/04/2010 à 11h23
    Oui, à côté de la corruption dans la classe politique bulgare notamment, Balkany passe presque pour un type intègre...

  • Toni Turek le 08/04/2010 à 16h55
    J'adore toujours autant ces textes consacrés au foot d'ailleurs. Merci à l'auteur pour ce joli article sur le foot bulgare, qui a l'air aussi frais qu'un yaourt avarié.
    Et ça ne concerne pas que le haut du classement - cf. le cas du Botev Plovdiv, relégable qui perd six points et ne finit pas la saison...

    Après, est-ce que le problème du CSKA n'est pas partiellement lié à la forte concurrence des autres clubs de Sofia (Slavia, Levski, Lokomotive) ?

  • Troglodyt le 08/04/2010 à 17h14
    Rien d'étonnant dans une ville réfractaire à toute police.

  • Arthur33 le 08/04/2010 à 21h03
    Joli Troglodyt, et très joli article..

    Je vous aime.

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