Twins Peek
Les jumeaux Silva, latéraux brésiliens, percent sous la tunique rouge de Manchester. Uniques à leur poste, ils peuvent se dédoubler au sens propre.
Auteur : Matthew Dymore
le 27 Jan 2009
Ils ont l’âge d’aller draguer les minettes en chemises à fleurs sur Copacabana Beach, frimer avec leur pick-up Chevrolet S-10 et fumer quelques joints en soirée. Mais non, ces jeunes insolents habitent Manchester et préfèrent un Coréen ou un Portugais pour compagnons de jeu. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent.
Olive et Tom en jaune et vert
Nés à Petropolis (pâle copie de la ville imaginée par Lang), Fábio et Rafael Pereira da Silva sont jumeaux, brésiliens, et jouent respectivement latéraux gauche et droit. Jusqu'ici, ça ressemble diablement à un scénario de dessin animé japonais. Ils ont tout juste dix-sept ans lorsque le Brésil entame le tournoi préliminaire de la zone Amsud en vue de se qualifier pour la Coupe du monde 2007 des -17 ans. L’équipe se fait peur, mais franchit le piège. Elle prend cependant soin de sa réputation en finissant meilleure attaque avec 29 buts. Fábio en marque 7.
La compétition commence en août. Lors des deux premiers matches (Nouvelle-Zélande et Corée), le Brésil enfile treize buts avant de perdre lors du troisième match de poule face à l'Angleterre. Puis se fait éliminer en huitième de finale par le Ghana (1). Aligné à droite, Rafael regarde son frère briller: capitaine et meilleur buteur de l’équipe avec trois buts, Fábio se révèle aux recruteurs venus examiner les joueurs de demain.
Neville dead
Trop tard: Les Kershaw, alors directeur de l’Academy (le centre de formation de Manchester United), les avait déjà remarqués en 2005. En février 2007, les jumeaux ont déjà signé. Présentés comme "deux petits lévriers", deux "balles rebondissantes". Un compliment ambigu.
Sans les avoir vus jouer en équipe première, Fluminense les lâche donc en janvier 2008. Six mois plus tard, leurs dix-huit ans scellés, ils peuvent débuter une carrière européenne déjà fort prometteuse. Le Times s’emballe en les désignant comme "la réponse du Brésil aux frères Neville". Comme s’il en fallait une…
Récemment, le sélectionneur Carlos Queiroz leur a proposé de prendre la nationalité portugaise. Offre refusée. Motif officiel: après avoir joué en équipe de jeunes avec le Brésil, les deux frangins rêvent plutôt de la Seleçao. Motif officieux: c’est quand même plus excitant de piquer la place de Maicon que celle de Paulo Ferreira.
Rafael Pereira da Silva
"Je dois penser à ma défense, parce que c’est complètement différent du Brésil. Là-bas, le latéral est toujours en train d’attaquer, d’attaquer, d’attaquer. Mais pas en Angleterre". Successeur présumé de Daniel Alves, ne craignant jamais d’apporter un surplus offensif, bien qu’il semble défendre plus sérieusement et plus efficacement que son aîné. Auteur de neuf apparitions et d’un but en Premier League (contrôle de la poitrine, volée pied droit, petit filet opposé, contre Arsenal), il ne cesse d’impressionner au point d’en faire un titulaire quasiment incontestable. Car la relève à ce poste se fait attendre: Brown préfère l’axe, Neville est vieux.
Rafael arbore le numéro 21, qui a auparavant appartenu à l’obscur Dong Fangzhuo, principalement recruté pour le développement de la marque Manchester United sur le marché chinois. En outre, Ferguson a déclaré "Rafael Da Silva will be the star of 2009". Il avait déjà raconté ça de Djemba-Djemba à son arrivée. Preuve qu’on peut en douter.
Fábio Pereira da Silva
Fábio est considéré comme le meilleur des deux, du moins le plus offensif puisqu’il peut également évoluer ailier gauche. "Fabio est un joueur davantage brésilien que moi. Il est plus technique et très calme. Il a également une très bonne frappe. En équipe nationale, il tire les coups francs, mais ici…" Son frère le loue, à juste titre. Impérial en compétitions internationales, il possède une technique au-dessus de la moyenne et fait montre d’assurance en phase défensive, talon d’Achille de la plupart des latéraux auriverde. Ses pépins physiques de début de saison (touché à l’épaule et contraint à une opération) l’ont empêché de se montrer autant que son frère, mais la concurrence au poste de latéral gauche pourrait se faire plus aiguë pour Patrice Evra.
(1) Dans le même temps, la France emmenée par le Parisien Mahmadou Sakho et le Lyonnais Mehamha termine seconde de son groupe derrière le Nigéria avant de battre la Tunisie en huitièmes, puis de se faire éliminer par l'Espagne. Damien Le Tallec (Rennes, 4 buts), Henri Saivet (Bordeaux, 2 buts), Saïd Mehamha (Lyon, 1 but) et Emmanuel Rivière (Saint-Etienne, 1 but) ont marqué pour la France lors du tournoi.