Angleterre : les agents au rapport
Invité: bakchich.info – La Premier League risque de se transformer en cauchemar: les agents de joueurs doivent désormais rendre des comptes.
Auteur : Woodward et Newton
le 9 Oct 2008
C’était fatal. La lutte acharnée que ne vont pas manquer de lancer les grandes institutions européennes ("Régulation, nous re-voilà!") contre la cupidité, la corruption et les dérives financières qu’elles engendrent, va trouver une application inattendue dans le foot business britannique.
Le foot professionnel british, n’en déplaise aux aigris du Continent, est bien le "number one" mondial en termes de performances économiques. Cette réalité n’a pas échappé aux investisseurs étrangers qui font main basse sur les clubs grands-bretons, ni aux agents de joueurs du monde entier qui se pressent comme des sardines pour fourguer des tombereaux de joueurs aux clubs d’outre-Manche. La concurrence est vive et chacun espère grappiller quelques miettes du pudding…
Une fédération soudainement sourcilleuse
Dans un premier temps, la Fédération anglaise a exigé que tous les agents opérant sur les terres de sa Très gracieuse Majesté se fassent connaître de manière à devenir "Agents Autorisés". Les demandes ont bien sûr afflué de toute part. Ça mangeait pas de pain, se disait-on. De plus, il n’y avait pas de raison de penser que les instances locales seraient plus regardantes que celles du continent qui, à de rares exceptions près, préfèrent tourner la tête de l’autre côté quand ça commence à franchement puer. C’est vrai qu’elles ont déjà tellement de boulot à combattre les porteurs de banderoles incendiaires. Faudrait pas en plus qu’on les mobilise inutilement contre la délinquance financière…
Cernés par les formulaires
Bref, prendre de la thune à Londres semblait aussi simple que de s’empiffrer aux frais de l’OM ou du PSG, dont les comptes, comme chacun sait, ont été auscultés avec effarement par la justice faute de l’être sérieusement par notre Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG). Mauvaise pioche.
Le 1er octobre, les agents "autorisés" ont reçu une charmante lettre de vœux de Richard Corser, Directeur de la régulation financière de la fédération british qui les prie délicatement mais fermement quand même de lui envoyer un peu de correspondance: le détail des rémunération de toutes natures, reçues et éventuellement reversées au cours de la saison 2007-2008, d’où qu’elles viennent et où qu’elles aillent (l’imprimé AG2/P ne parle tout de même pas de rétro-commissions, nos amis anglais sont délicieusement bien élevés). L’addition va se Corser pour les agents
Pour ce qui concerne plus spécifiquement les commissions d’agents versés par les clubs (l’imprimé AG2/C), là encore M. Corser leur demande de les scinder entre les commissions à proprement parler (par quel club? pour quel montant? Pour quel transfert?) et les rémunérations "commerciales". Dans cette dernière catégorie, il vise par exemple "les arrangements sur les droits à l’image" mais aussi pour corser un peu l’exercice, toutes les autres conventions du genre "contrat de supervision"…
Comme l’ont découvert tous ceux qui se sont penchés sur les transferts de joueurs, elles cachent souvent de belles polissonneries. Pour être complet, Corser demande aussi aux agents de fournir leurs références bancaires (imprimé AG7). En assurant ceux qui se laisseraient gagner par de mauvaises pensées, "que ces informations resteront privées et confidentielles".
Gageons que nos instances sauront saisir le ballon au rebond, et se feront traduire les imprimés de l’entreprenant Richard Corser afin de les utiliser à leur profit. Après tout, ça ne devrait pas poser de problème au professeur Escalettes, ex-enseignant d’anglais et candidat à sa propre réélection à la tête de tête de la FFF. Contrôler l’activité des agents de joueurs agréés par la fédé et, partant, des clubs qui les arrosent: ça c’est un programme électoral qui aurait de la gueule…
Lire ou relire sur Bakchich
La FFF, repaire de journalistes ignoré
Les hiérarques du football français aiment tellement les journalistes qu’ils ont longtemps fait bénéficier les salariés du siège de la fédération… du statut de journaliste.
Castagne à L’Equipe
Baisse des ventes, changement de direction, climat social tendu, L’Equipe ne faisait jusqu’alors pas dans l’original au sein de la presse française. Mais sportifs dans l’âme, ses journalistes ont innové, une rixe dans la rédaction, assortie d’un dépôt de plainte.
Retour vers le futur à L'Equipe
Le fantôme d’Aimé Jacquet, des ventes en baisses, des patrons qui se succèdent, et un format tabloïd qui peine à arriver dans les kiosques… Le quotidien sportif n’est plus le paisible journal d’antan.