Bienvenue dans les années 80
Matchbox : Marseille-Liverpool, 1-2. On a rajeuni de vingt ans: l’expérience internationale a prévalu face à de bonnes intentions olympiennes. La défaite était inéluctable?
Auteur : Michaël Grossman
le 17 Sept 2008
Buts: Cana (23e). Gerrard (26e, 32e pen.)
Pim, Pam et Poum, surgis en toute fin de match, n’ont rien pu faire. Pepe Reina leur a fermé la porte d’une égalisation sur le fil qui n’aurait pas été totalement imméritée, avec une autorité somme toute à l’image de la prestation d’ensemble des Reds, au terme d'une rencontre qu'ils auront globalement maîtrisée.
La nalyse
Après une entame équilibrée, qui remettait au goût du jour le fameux round d’observation d’antan, les Anglais ont peu a peu pris le dessus, développant le football plus mature de l’équipe qui jouait un match ordinaire à son rythme, face à une autre qui disputait l’une des plus grosses rencontres de sa saison en surrégime. Deux défaillances dans la concentration auront permis à Gerrard d’offrir la victoire aux siens, presque inéluctablement.
On ne peut pas reprocher aux Marseillais leur implication athlétique, au niveau de l’événement malgré un déficit de puissance qui a quelque peu nuit à leurs ambitions. Une bonne mobilité collective en phase offensive n’a pas compensé une meilleure occupation des espaces qui a simplifié la tâche des Reds, leur permettant de développer un jeu emprunt d’une simplicité relative.
Les Marseillais, pour leur part, n’ont jamais réellement su trouver la juste distance entre les lignes pour déséquilibrer Liverpool. En ont résulté des transmissions trop souvent imprécises, le pressing collectif anglais amplifiant le phénomène. De fait, une accumulation de centres en deuxième ou troisième intention a annihilé la spontanéité qui aurait permis aux attaquants de les exploiter.
Y a-t-il un Gérard Cheyrou dans l’avion?
Parallèlement, l’inégalité des individualités a pesé sur la rencontre. Outre la méforme de Ben Arfa, on peut par exemple se demander ce que pouvait bien avoir Mathieu Valbuena dans son champ de vision au moment de centrer dans la surface de réparation. Pouvait-il seulement distinguer Niang et Koné à la réception, au milieu de la forêt rouge? On aurait juré qu’il cherchait un point de fixation peroxydé…
Ne pouvant que constater le manque de réalisme, cruel en toute fin de rencontre, qui a stérilisé bon nombre d’opportunités marseillaises, on s’interroge également sur le nombre de joueurs professionnels capables d’attraper la lucarne opposée sans contrôler le ballon, à la distance à laquelle Gerrard se trouvait pour égaliser.
C’est certainement ce qu’il manque à un Cheyrou, encore une fois impressionnant par séquences, pour se hisser au niveau de son illustre adversaire. D’autant que lorsqu’il lance Cana d’une magistrale touche de balle pour ouvrir le score, l’emprise de la rencontre a déjà échappé aux Marseillais. Pour autant, l’OM aurait pu tirer profit de la lourdeur de la charnière centrale adverse, s’il avait su reproduire plus souvent ce type d’accélération en profondeur.
Si la déception domine côté marseillais, c’est en oubliant l’exploit de Mandanda face à Babel, sans lequel la défaite aurait été plus sévère. Marseille est capable de mieux faire, et devra mieux faire pour réaliser l’exploit de s’extirper de cette poule.
La minute pathologique de Jean-Marc Ferreri
"Je crois qu’il [Gerrard] tente dix fois cette frappe, il la met dix fois au dessus". (OMtv)
Les observations en vrac
• Un maillot mythique sans sponsor c’est aussi beau qu’une frappe de Gerrard sans contrôle.
• Si c’était M. Cailleux qui avait jugé les touches dans le premier quart d’heure, on aurait été au bord de la guerre civile.
• Est-ce que quelqu’un avait déjà vu Mascherano se prendre autant de vent dans un match?
• On a l’étrange impression que l’arbitre aurait donné dix fois le penalty à retirer, Gerrard l’aurait marqué dix fois au ras du poteau gauche de Mandanda.
• Cana et Cheyrou ne se sont pas jetés dans les bras de Gerets après le but olympien. C'est la crise dans le vestiaire marseillais?
• Si les Cahiers mettaient une note à l'hémorroïdomètre de Jean-Michel Larqué, il aurait eu un beau 10/10.
• Malgré le port d’un imposant patch sur le cou, Modeste M’Bami n’a pas encore réussi à arrêter de tenter des roulettes.