Buts : Tevez (3e). Brown (26e csc), Babel (77)




La nalyse

Il n’y a pas que Raymond Domenech qui connaisse la pression en ce début d’automne. Supporters, dirigeants et joueurs du vénérable Liverpool FC ont un niveau d’exigence élevé pour la présente saison et l’ont fait entendre. La confrontation entre les deux frères ennemis du championnat anglais arrivait à point nommé comme révélateur du niveau des Reds qui, rappelons-le, n’ont pas gagné le titre depuis 1990.
Les habitués d'Anfield regardent, impuissants, Manchester United en enfiler dix en quinze ans jusqu’à les talonner au palmarès (dix-huit titres pour Liverpool, dix-sept pour Manchester). Liverpool ne parvient plus à battre son ombrageux voisin depuis 2001, et subit les sarcasmes de l’inoxydable Sir Alex, venu il y a une vingtaine d’années à Old Trafford pour "descendre Liverpool de son put… de piédestal". En résumé, Benitez jouait une grande part de sa crédibilité, et un gros bout de sa tête, en ce samedi après midi ensoleillé.


Première période: "You’ll never get a job!"
Et dès la troisième minute, le sac de sciure et le billot étaient prêts. Berbatov, fraîchement débarqué de Tottenham, jouait au funambule sur la droite de la surface, Carragher se jetait à l’abordage mais n’empêchait pas le centre en retrait. Tevez, qui n’en demandait pas tant, ajustait tranquillement son plat du pied.

Liverpool accusait le coup, bien sûr, mais cette équipe semble faite d’un autre bois que celle de la saison passée. Toujours rien de génial, toujours autant d’hésitations et d’approximations dans le jeu, mais le mental est tout autre. Même privé de Gerrard et Torres, finalement sur le banc, Liverpool prenait le jeu à son compte sans s’affoler et menaçait Van der Sar en plusieurs occasions. Celui-ci craquait finalement, s’empalant sur un Wes Brown toujours aussi serein, amenant une égalisation aussi moche que désespérante pour des supporters mancuniens atterrés, qui remballaient pour quelques minutes leurs blagues sur les chômeurs de la Mersey.


Deuxième période: "Manchester is full of shit!"
Comme souvent, attaquer en direction du Kop galvanisait les Reds au retour des vestiaires. On ne vit quasiment plus les Red Devils du match, à l’image de Scholes, complètement transparent. Une frappe de Giggs détournée par Reina, qui privait le vétéran gallois d’un cadeau d’adieu à Anfield, et c’est à peu près tout. A vingt minutes de la fin, l’entrée en jeu du skipper Steven Gerrard sonnait comme l’hallali, et la victoire venait d’un but quasi identique à celui de Tevez, Mascherano puis Kuyt jouaient avec la ligne, et Babel crucifiait Manchester du point de penalty, provoquant un chaos indescriptible dans les travées.

On eut même l’impression que Manchester, privé de son leader technique Cristiano Ronaldo, baissait la tête en fin de match, sans solution. Jamais depuis le début de la saison Liverpool n’avait montré autant de maîtrise et de sang-froid. La confiance semble avoir changé de camp, et c’est un signe fort envoyé aux favoris du championnat: les Rouges sont candidats.




Les observations en vrac



• L’Angleterre entière a trinqué à la mauvaise santé du visage déconfit de Sir Alex, qu’on sentait… disons légèrement contrarié.

• Xabi Alonso n’a pas tenté de lob de quarante mètres. Ça va vraiment un peu mieux à Liverpool.
• Wayne Rooney a joué quasiment défenseur. Ça va vraiment un peu moins bien à Manchester United.





Les gestes



• La démonstration de technique en pleine course du petit nouveau Albert Riera, contrôle orienté pour lui-même et talonnade pour Alonso.
• Le braquage à l'arme blanche de Kuyt dans les pieds de Vidic, juste avant d’adresser le centre en retrait décisif pour Babel.







Les antigestes



• Les échanges de balle par-dessus le terrain, dignes d’un premier tour de qualifications à Wimbledon.
• Les tacles franchement horribles de Carlos Tevez, qui provoquent des sauts de cabris chez ses adversaires terrifiés.



Le silence d’après match qui vaut toutes les déclarations

"Liverpool a mieux joué que nous. Au revoir" (Sir Alex Ferguson au moment de rentrer aux vestiaires).