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Le chevalier inexistant

Parti bravement en croisade pour dénoncer les incohérences des contrôles anti-dopage et prouver son innocence bafouée, Christophe Dugarry s’est replié sans gloire à l’abri d’un vice de procédure. Un cas malheureusement exemplaire.

Auteur : Jamel Attal le 28 Sept 1999

 

 

Lorsqu’a été révélé fin juin le contrôle positif à la nandrolone de Christophe Dugarry – pour un taux de 6ng, soit trois fois plus que le seuil toléré [1] –, celui-ci a annoncé qu’il allait “(se) défendre, lutter de toutes (ses) forces, même contre vents et marées“ (France Football du 13 juillet), “parce qu’en plus de nous faire passer pour des dopés, on veut nous faire passer pour des abrutis“ (L’Equipe du 5 juillet), et car sa “plus grande joie sera de soulever toute la différence entre être positif à un contrôle et se doper” (communiqué du 29 juin).

 

L’attaquant se disait même prêt à une analyse capillaire, “infaillible”. Il n’en aura en fait pas eu besoin, mais simplement de ses deux avocats pour se cacher derrière un vice de procédure — le médecin contrôleur n’était pas encore assermenté au moment du contrôle — renonçant même à son droit à une contre-expertise, ce qui revient implicitement à accepter les conclusions de la première analyse.


Il est en effet déplorable que les dispositifs de lutte contre le dopage aient encore à faire les frais de pareilles approximations, mais peut-on admettre que les rares cas de positivité révélés soient tous de terribles erreurs et d’atroces injustices ? Dans les dénégations, il y souvent une interrogation contenant une affirmation: pourquoi me serais-je dopé, alors que je n’avais aucune raison?

 

À bien y réfléchir pourtant, comme Vincent Guérin en 1997 — en perdition après avoir été élu meilleur joueur de D1 et titulaire indiscutable en équipe de France — l’attaquant marseillais était sous pression, après un Mondial où il n’a pu prendre qu’une partie de sa revanche et au cours d’une saison qui l’a vu peiner à finir les matches et multiplier les incidents. Beaucoup d’athlètes positifs étaient en fait fragilisés pour une raison ou une autre (par exemple le déclin naturel d’une fin de carrière, comme l’indiquent les cas révélés dans l’athlétisme ces derniers temps), sans même parler des contraintes croissantes des intérêts financiers et des calendriers, valables pour tous.

 

Bien sûr, ces éléments ne constituent pas des preuves, et Dugarry — que par ailleurs nous défendons en tant que footballeur d’exception, face à l’opinion commune et aux non-voyants dans les tribunes qui persistent à le siffler, notamment en équipe de France — ne saurait être pour nous le bouc émissaire qu’il est pour beaucoup.

 

Il reste un doute raisonnable, entretenu par certaines hypothèses qui ne peuvent être totalement écartées, comme celle de l’absorption involontaire par le biais des produits utilisés par les kinés, avancée par Jean-Marcel Ferret, le médecin de l’équipe de France, ou plus grave, à cause de produits auto-administrés, censés ne pas être interdits comme la créatine, mais dont la composition réelle est très aléatoire. Il reste surtout le problème de la responsabilité.

 

La question est en effet de savoir pourquoi quasiment aucun contrôlé n’a reconnu de faute, sinon parfois après sa carrière ou devant l’évidence absolue (et encore, voir Festina…); comment serait-il possible que dans des disciplines diversement mais réellement touchées par le dopage, ceux qui se font prendre soient tous innocents?


On peut avancer l’idée, comme notre consultant Boris Godounov, que les sportifs de haut niveau ont développé un mental à toute épreuve, qui leur a permis d’en arriver là, mais aussi le cas échéant de soutenir des mensonges éhontés avec de déchirants accents de sincérité, ou des absurdités sans fond avec une conviction désarmante (attitude immortalisée par le fameux cycliste à l’insu de son plein gré). À tel point qu’il y a fort à parier qu’ils parviennent à se convaincre eux-mêmes de leur innocence, quitte à se projeter hors de la réalité ou à développer les habituelles théories du complot.

 

La gloire semble de fait leur interdire d’assumer leurs actes, l’écart étant devenu trop grand entre leur image de champion et le prix à payer pour une tricherie révélée. Il est tellement plus facile de se laisser soutenir par tous ceux qui préfèrent de rien savoir, dans les médias ou le public; infantilisés par les salaires en millions et la notoriété, ils refusent d’assumer la moindre responsabilité en contrepartie. S’il y a bien une ou deux choses qu’on ne trouve pas dans les urines d’un sportif dopé, c’est un peu de dignité et de courage moral.

 

[1] Rappelons que la seule production endogène de nandrolone par le corps humain n’a été constatée qu’à des taux quatre fois inférieurs à la limite de positivité et… chez la femme enceinte!

 

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