L'Espagne monte dans le quart
Matchbox : Espagne-Suède, 2-1. Après le Portugal, la Croatie et la Hollande, les Espagnols ont acquis leur billet pour la deuxième phase.
Auteur : Antoine Faye
le 16 Juin 2008
Buts : Torres (15e), Ibrahimovic (32e), Villa (90e).
Faire le jeu et marquer en contre
Le match a connu plusieurs phases, entre une Espagne joueuse et une Suède solide, la domination de la première lui valant l'ouverture du score après un corner joué en deux temps et un centre de Silva qui trouve les crampons de Torres au point de penalty. L’avant-centre des Reds et de la Roja marque son premier but en sélection depuis près d’un an.
La Suède, sans perdre la tête, sort alors de son camp et se montre dangereuse. Elmander et Larsson menacent tout à tour, avant qu’Ibrahimović ne trompe Casillas, profitant d’un flottement dans la défense espagnole. Pourtant, les Suédois reculent et manquent une belle occasion de porter l’estocade.
Triple occasion
Au retour des vestiaires, les deux équipes se neutralisent. L’arbitre distribue ses premiers cartons, pour Marchena et Svensson. Les Espagnols desserrent les lignes et Aragonés sort Iniesta et Xavi au profit Cazorla et Cesc, qui donnent donnent un coup de fouet à la sélection. Par deux fois – une triple occasion mêlant Silva, Villa et Torres, et une frappe lointaine de Senna – les rouges inquiètent un très bon Isaksson.
Au final, c’est l’équipe la plus joueuse qui emporte le match, mais au prix d’un contre. Comme face à la Russie, Capdevila transforme un dégagement en ouverture, Torres intervient et Villa devance la sortie d’Isaksson (92e). L’Espagne poursuit sa route en espérant ne pas être rattrapée par son destin.
Los Muchachos
L’Espagne étant une sélection, analysons le jeu de chaque club d’origine.
Le Real Madrid a déçu. Casillas semble s’ennuyer, derrière une défense beaucoup moins perméable que celle du Real. Quant à Sergio Ramos, il fut bien moins bon que le pire Salgado.
Pire encore : le Barça. Trois représentants au coup d’envoi, aucun en fin de match. Puyol, pour un problème de plante de pied, puis Xavi et Iniesta ont fini sur le banc. Etre blaugrana porte la poisse.
Après une saison calamiteuse, Valence revit sous le maillot rouge. Villa royal, Silva incisif, et une charnière centrale 100 % ché (Albiol-Marchena) qui ne prend qu’un but en soixante-dix minutes. Incompréhensible.
Villarreal a baissé le pied : Marcos Senna ne fut pas aussi à l’aise face aux Suédois que fasse aux Russes. Idem pour Capdevila. En revanche, l’entrée de Cazorla a dynamisé le milieu.
Les Anglais, enfin, ont apporté leur écot. Le but de Torres est plus typique d’Oliver Neuville que de l’ancien de l’Atletico. Quant à Cesc, il a fluidifié le milieu espagnol en lui donnant plus de profondeur.
Les Killa
Isaksson, qui a eu quelques interventions délicates effectuer, notamment sur la frappe de Marcos Senna et dans son double arrêt face à Silva et Villa, a sorti un gros match.
La défense suédoise a fait preuve d’un engagement à toute épreuve. De cet ensemble homogène se détache la qualité de Hansson, qui a multiplié les interventions.
Le milieu suédois fut très concentré sur les tâches défensives, mais n’a pas montré beaucoup de créativité balle au pied. Svensson a combattu parfois au-delà des limites de la régularité, et son travail a peu payé. Et si Elmander a régulièrement cherché la percussion, Ljundberg a en revanche bridé la sortie de balle suédoise.
Devant, Henryk Larsson a encore montré ce qu’un joueur de trente-cinq ans peut réussir lorsqu’il substitue l’intelligence de jeu à la capacité physique. Ibrahimovic, comme à son habitude, a été efficace, marquant sur sa seule occasion. Sa sortie a porté préjudice aux siens.
Le joueur à suivre
Peter Hansson. C’est Frédéric Thiriez qui va être content. Car Peter Hansson, auteur d’un but face à la Grèce, a livré une excellente prestation et montré que la Ligue 1 possède au moins un bon défenseur. Face à Torres et Villa, parfois aux prises avec Iniesta et Cesc, le Rennais a tâclé, coupé, écourté, limité les attaques espagnoles.
Le joueur à ne pas suivre et surtout à ne pas imiter
Sergio Ramos. Défenseur solide et téméraire du Real Madrid, Sergio Ramos peine encore à donner sa pleine mesure en sélection. Souvent happé par l’envie d’attaquer, le Madrilène fait étalage de défauts très inhabituels, notamment le port excessif de la balle qu’il perd régulièrement, et un gros manque d’attention sur coups de pieds arrêtés, qui permet aux attaquants adverses d’échapper au piège du hors-jeu. À chacun son Thuram.
Les gestes
• Perdu à trente mètres de ses cages, David Silva s’extirpe de trois suédois en effaçant le dernier d’entre eux d’une subtile pichenette du gauche.
• Le tacle salvateur de Mellberg alors que Torres cède le ballon à Silva à hauteur du point de penalty. Sur l’action suivante, la Suède égalise.
• Au vingt mètres, Andrés Iniesta reçoit un long ballon qu’il contrôle au milieu de deux suédois. Le milieu du Barça plante ses deux garde-chiourmes avec un demi-tour et une talonnade (18e).
Les anti-gestes
• L’obstination de Silva à ne pas vouloir tirer au but, même lorsqu’il est seul à l’entrée de la surface (48e).
• Le saut de l’ange de Sergio Ramos qui, face à Nilsson, esquive avec talent la faute inévitable de son vis-à-vis. (28e )