L'Allemagne en cador
Matchbox : Allemagne-Pologne, 2-0. Qui se souvient aujourd’hui qu’en 2004, l’Allemagne avait été éliminée au premier tour...
Auteur : Eugène Santa
le 9 Juin 2008
Allemagne-Pologne: 2-0
Buts : Podolski (20e, 72e)
La nalyse
Qui se souvient aujourd’hui qu’en 2004 au Portugal, l’Allemagne avait été éliminée au premier tour avec deux misérables points, dont un conquis de haute lutte face à la Lettonie? Sur sa lancée d’un Mondial 2006 très séduisant (meilleur attaque du premier tour) et seulement abandonné en demi-finale à la faveur d’une prolongation contre le futur vainqueur, l’Allemagne a commencé cet Euro austro-suisse d’une bien meilleure manière qu’il y a quatre ans: par une nette victoire au tableau d’affichage, et en proposant un jeu très convaincant.
Évoluant en majorité dans leur championnat national, les joueurs allemands jouissent d’une moins grande reconnaissance internationale que leurs confrères portugais, français ou espagnols: sur le terrain, difficile de ne pas reconnaître, pourtant, leurs immenses qualités, et surtout leur remarquable capacité à proposer un système cohérent.
Malgré une entame polonaise plutôt prometteuse, faite d’un grand engagement et d’une encourageante volonté d’aller de l’avant, les joueurs d’Outre-Rhin ont progressivement mis leur patte sur le jeu, multipliant les mouvements à une touche de balle, les déviations, les appels dans l’espace… Pour finalement étouffer totalement les Polonais dans une dernière demi-heure impressionnante de sérénité.
Le milieu de terrain germanique, très complémentaire, a ainsi rendu une partition de grande qualité, bien aidé en cela par des latéraux toujours disponibles, et deux pointes – Podolski et Klose, ce dernier parfois un peu brouillon cependant – hyper mobiles. Bref, une armada manifestement au point, tant physiquement que tactiquement. Juste impressionnante, finalement.
Le joueur à suivre
Clemens Fritz. Malgré ses vingt-sept ans, c’est l’un des "nouveaux" de la sélection, puisqu’il participe à sa première compétition internationale cette année: le joueur de Brême a été l’un des grands artisans de cette belle entrée en matière allemande. Défenseur de formation, il dispose pourtant d’un bagage technique assez surprenant, doublé d’une belle capacité de percussion. Voilà donc un remplaçant plutôt crédible au vétéran Bernd Schneider, privé d’Euro pour cause de blessure.
Les 3 gestes du match
• La volée de Podolski sur le deuxième but, fouettée de l’extérieur du pied gauche juste ce qu’il faut pour finir dans la lunette de Boruc.
• La balle piquée de Fritz au-dessus du défenseur polonais venu tacler le ballon, après une accélération d’une dizaine de mètres, et qui s’achève par un débordement maîtrisé jusqu’au centre.
• La claquette olivetomesque de Boruc sur la frappe soudaine de Ballack, avec double flip aérien avant écrasement au sol.
L’anti-geste du match
• La volée de Klose sur le deuxième but, fouettée de l’extérieur du pied droit juste ce qu’il faut pour lever le ballon à son compère Podolski.
Les observations en vrac
• Il aura fallu attendre soixante-et-onze ans pour entendre Thierry Roland dire du bien d’un Fritz.
• Un peu pauvre en compétiteurs de haute qualité depuis le début de l’Euro, le concours de la coupe de cheveux la plus ridicule a été brillamment lancé par Bastian Schweinsteiger.
• Les Allemands sont décidément toujours aussi balèzes pour occuper les camps polonais.
Le match des deux gars
En deux ans, on avait eu le temps d’oublier ce que c’est que d’entendre Thierry Roland et Franck Lebœuf commenter une rencontre internationale (les matches de l’OM en Coupe de l'UEFA ne peuvent être considérés comme tel). Quelques minutes leur ont suffi pour se remettre dans le bain. Dès la 13e, l’ex de TF1 nous assurait ainsi qu’il s’agissait du "meilleur match depuis le début de la compétition" (ce qui s’avèrera curieusement vrai après quatre-vingt-dix minutes). Tandis que son acolyte s’étonnait de "l’air désabusé" de Podolski dans la foulée de son but, avant d’enchaîner, quelques secondes plus tard: "Je sais pourquoi! C’est parce qu’il a des origines polonaises". De l’intérêt de l’oreillette pour les commentateurs de match.
La suite sera dans la plus pure veine bovino-rolandienne: le "On entend des 'Poland, Poland' dans les tribunes" du journaliste suscitera une réponse amusée de son consultant, affirmant que les Polonais devaient plus probablement dire "Polska". L’ancien défenseur central strasbourgeois achevait son œuvre par un croustillant: "Quand il y a un joueur qui dribble, ça veut dire qu’il ne voit pas trop le jeu".
Le titre auquel vous avez échappé
• "Boches : du travail de pros".
Le jeu de mot auquel vous n’allez pas échapper
• Il a dégoûté les Polaks, Lehmann.