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Ils ont une sélection, vive la Bretagne

L'équipe de Bretagne a dominé le Congo-Brazzaville (3-1). Ce n'est pas de la science-fiction, c'était la semaine dernière. Sans Mickaël Landreau, déjà.
Auteur : Steven Ar Ruz le 31 Mai 2008

 

De la mère Poulard à Merlin l’Enchanteur en passant par les Korrigans et le recrutement du Stade rennais, l’histoire de la Bretagne foisonne de contes, fiertés de ses habitants et de ses nombreux expatriés qui, entre deux bières aux algues, aiment rappeler que "chez eux, c’est pas pareil". Cultiver sa différence, parfois avec entêtement, est donc une spécialité locale qui s’est parfois nourrie de clichés, voire de mythes, mais également d’une réalité: le Breton adore en général rappeler d’où il vient et revendiquer son attachement à un bout de granit et de landes.

Côté football, s’il manquait de prétexte pour faire sonner les bagadoù, et pour peu qu’il soit porté sur la chose footballistique, l’Armoricain peut s’enorgueillir d’une densité incomparable de clubs professionnels (1). Chacun porte fièrement l’étendard local à travers l’Hexagone, avec plus ou moins d’identification régionale, témoin par exemple le maillot noir et blanc frappé d’hermines porté récemment par le Stade rennais de François Pinault. Ne manquait plus qu’une sélection de Bretagne pour apporter du liant et une certaine exposition au football breton. C’est chose faite depuis la victoire historique des Gwen-ha-Dù (2) à Saint-Brieuc face au Congo.


Conquête de l’Ouest
Les équipes de Bretagne existent depuis près d’un siècle, mais il convient de différencier les sélections "officielles" de l’équipe BFA actuelle. Les sélections de ligue (Ouest, puis Bretagne) regroupaient les meilleurs joueurs des clubs adhérents, et participaient à des tournois sous l’égide de la Fédération française (Coupe des provinces) ou européenne (l’actuelle Coupe UEFA des régions), et concernaient, à de très rares exceptions près, uniquement les joueurs amateurs.

La première sélection bretonne professionnelle apparaît en 1988 lors d’un match indoor face aux États-Unis (3), mais il faut attendre la création de Bretagne football association (BFA) en 1997 pour voir apparaître sur le gazon une vraie équipe de Bretagne, lors du cultissime Bretagne-Cameroun de 1998 (4).

bfa_1.jpg


Breizh connection
À la base du projet, l’association BFA (5) qui regroupe les footballeurs professionnels et ex-pros bretons, et l’implication de partenaires tels que Canal+ en 1998 (Charles Biétry notamment) et Direct 8 aujourd’hui (chaîne du groupe Bolloré, autre grand patron breton notoire) ou la région Bretagne. Le but avoué est d’abord de "faire une belle fête", nous disent Gérard Russo et Fañch Gaume de BFA. Loin de la kermesse des héros de France 1998 qui exhibent régulièrement leur embonpoint pour la bonne cause, l’équipe de Bretagne BFA est composée de joueurs motivés en activité, et vise la tenue d’un à plusieurs matches de prestige par an.

Si l’ambition est bien là, elle reste mesurée: pas question de postuler aux qualifications pour les grands tournois internationaux, ni d’affiliation à la FIFA. Les instances dirigeantes (ministère et FFF) ne s’opposent donc pas au projet, même si ce ne fut pas toujours le cas… Si cette sélection recherche d’abord le plaisir de se retrouver autour d’une belle affiche, elle rêve toutefois de devenir un vecteur de communication revendiquant une certaine "identité bretonne", que les clubs auraient perdue à la suite de l’arrêt Bosman.


Samba do Breizhil
Qui sont les joueurs sélectionnables? Un recensement rapide prête à rêver: Mickaël Landreau, Steve Savidan, Yoann Gourcuff, Jérémie Toulalan, Jérémy Ménez, Ulrich Ramé... En fait, plus de cent joueurs de L1, L2, National et à l’étranger sont susceptibles d’être appelés un jour en équipe de Bretagne, le dénominateur commun étant à choisir dans l’un de ces critères:
• Etre né dans les départements du Finistère, Morbihan, Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine… ou Loire-Atlantique! La Ligue de ce dernier département est d’ailleurs partenaire de l’organisation.
• Avoir dans son ascendance des parents ou grands parents nés dans ces départements. Conséquence: Gonzalo Higuain (Real Madrid), né à Brest, est sélectionnable.
• Avoir signé sa première licence dans un club de ces départements.

La sélection n’ayant aucun caractère obligatoire, la réponse des joueurs est basée sur le volontariat, et n’est pas incompatible avec une sélection en équipe de France.


bfa_2.jpgDe bric et war raok ! (2)
Remise au goût du jour dans une certaine intimité (pour ne pas dire indifférence), la sélection va devoir se battre pour trouver sa place dans le calendrier et l’espace médiatique. Les défections des principaux joueurs sélectionnables (Mickaël Landreau, par exemple, avait d’autres chats à fouetter en cette fin de saison) font également perdre de son lustre à l’équipe. Comptés parmi les dix-neuf joueurs ayant initialement répondu présent contre le Congo-Brazzaville (6), les "stars" de L1 Le Crom (Lens), Le Tallec (Le Mans) et Savidan (Valenciennes) n’ont finalement pas pris part à la rencontre, laissant le soin au vétéran Yann Lachuer (Châteauroux) de mener un groupe composé majoritairement de Vannetais et de Brestois.

Si le match lui même ne laissera pas un souvenir inextinguible par sa qualité technique (les deux équipes étant au même niveau de reconstruction, avec les mêmes difficultés pour regrouper leurs meilleurs éléments), les organisateurs et les 2000 supporters souhaitent avoir posé les bases d’une belle histoire, et attirer des noms plus ronflants pour grossir les rangs de cette curiosité sans équivalent en France. Pour à terme permettre aux Gwen-ha-Du de faire retentir le Bro-Gozh-Ma-Zadoù un jour à La Beaujoire, le stade de la capitale Naoned.


(1) Pour la saison 2008/09: FC Lorient, FC Nantes et Stade Rennais en L1, EA Guingamp, Stade Brestois et Vannes OC en L2. Plus loin de nous le Stade Briochin et Stade Quimpérois fréquentaient la D2 au tournant des années 80 et 90.
(2) Lexique : ‘’Gwen-ha-Dù’’ : les Noirs et Blancs, le drapeau breton ; "war raok !" : en avant !; "Bro Gozh Ma Zadoù" : vieux pays de mes pères, l’hymne breton, en anglais "Land of my fathers", l’hymne gallois ; "Naoned" : Nantes.
(3) La compo de Bretagne-États-unis indoor en 1988: Le Garrec, Bosser, J. Cloarec, Colléter, C. Gourcuff, Kerjean, Laguiller, Le Guern, Martins, Mellaza, Pouliquen, Salaün, D. Stephan, Tibeuf. Entr.: Lamour et Rastoll.
(4) La compo de Bretagne-Cameroun 1-1 (Rouxel 45e ; Omam-Biyik 14e) en 1998: Heurtebis (Guéguen) – Brinquin (Le Dizet), David, Le Guen (Druon), Laspalles – C. Le Roux, Michel, Viaud (Huard), Pédron (Baudry) – André (Garcion), Rouxel (Bouger). Entr.: Eo et Le Lamer.
http://www.bretagne-football.org
(6) La compo de Bretagne-Congo-Brazzaville 3-1 (Haquin 35e et 60e, et Y. Lachuer 52e ; Batoba 79e) :
Revel (J. Lachuer) - Moullec (Buzaré), Talmont (Thomas), Hervé, Billy (Poletti) - Quintin, Lebouc, Guégan (Garin), Y. Lachuer (Richetin), F. Robert, Haquin.
Staff: Serge Le Dizet (sélectionneur), Pierre-Yves David, Stéphane Guivarc’h (sélectionneurs adjoints), Stéphane Carnot, Olivier Moullac (entraineurs).

Réactions

  • nominoe le 31/05/2008 à 06h53
    Juste pour le plaisir d'être premier...

    Araok Vreizh !

    (pardon pour la très haute valeur ajoutée...)

  • Redalert le 31/05/2008 à 08h48
    Ouais ça fait vraiment plaisir de lire un article sur l'équipe de Bretagne dans les cdf. En espérant qu'elle ne se transforme pas en "équipedeCatalogne" like à plus long terme.
    Mais surtout quand aura t-on la chance de voir une "vrai" équipe de Bretagne (sans vouloir offenser ceux qui ont vaillamment porté le maillot frappé du Gwen-Ha-Dù) avec tous ses meilleurs joueurs dont ceux cités dans l’article mais je suis surpris (sans l’être vraiment quand je vois le nombre de fois où Landreau est cité dans l’article) de ne pas y trouver Etienne « Paimpol » Didot un vrai amoureux de la Bretagne qui malheureusement va probablement la quitter très bientôt.

  • Le_footix le 31/05/2008 à 09h21
    On peut s'interroger sur la valeur morale de cette "sélection bretonne" dans un Etat-nation un et indivisible. Et pourquoi pas une sélection des ch'tis, une sélection alsacienne, une sélection bourguignonne ? Déjà qu'une équipe corse a existé.

    Il y a une évidente propagande ethniciste dans ce projet, la même qui consiste à ramener les pays gallos dans le socle celtiste de la Bretagne. Faire résonner un hymne en breton unifié dans une ville (Nantes) qui n'a jamais parlé autre chose que français et gallo, correspond tout à fait aux projets d'uniformisation ethnique des nationalistes bretons. L'un dans l'autre, cela rejoint ce que les nazis firent des Sudètes tchèques.

    Le point Godwin n'est pas atteint, car on sait qui a créé ce "drapeau breton" de sinistre Histoire: Morvan Marchal, collaborationniste notoire, dirigeant influent des premiers mouvements bretons totalement rattachés aux idées racistes des nationaux-socialistes. De même que cette "langue bretonne" qui, en tant que telle, n'a jamais existé, et n'est que la monstrueuse création du breton unifié sous l'égide des nazis, pendant l'Occupation.

    Le Bretagne n'a jamais été quelque chose d'uni. Dans l'antique duché, chaque paroisse était parfaitement indépendante des autres. L'unité politique de la Bretagne n'a été créée que par la République française. C'est pour lutter contre cette République que les indépendantistes répandent le mythe, aujourd'hui, d'une Bretagne culturellement unie, par des moyens malhonnêtes tels que le rebaptême de noms de communes en breton alors qu'on n'a jamais parlé breton en ces lieux... S'il y a un génocide culturel, c'est bien celui du gallo.

    Tout cela est parfaitement vrai et les mouvements bretonnants n'ont jamais caché leur attachement à l'extrême-droite jusqu'en mai 68, lorsqu'ils ont compris que le régionalisme allait devenir de gauche et que tout le gentil folklore, les cornemuses (amenées par les Ecossais en 1944), la langue bretonne etc, pouvait désormais se faire passer pour "altermondialiste".

    Bref, tout ça pour dire que l'idée d'une sélection bretonne, officielle ou non, me fait vomir, de surcroît quand on y intègre des joueurs qui n'ont rien de breton tel Savidan qui est né à Angers.

  • Lucarelli 1 le 31/05/2008 à 11h01
    Roberto, sors du corps du Footix !

    Bon, du calme. A priori il n'y a pas d'intention nationaliste là dedans. D'ailleurs, à notre connaissance, aucun des joueurs sympathisant au projet ne milite pour quelque organisation régionaliste, nationaliste ou séparatiste que ce soit. Et les organisateurs, ici répertoriés, sont très loin d'être des illuminés prêts à envahir le Mont Saint Michel.
    Tu connais très bien l'histoire récente de la Bretagne et de ses symboles. Pourquoi tout mélanger ? C'est juste une énième expression du Breton fort en gueule, rien de plus. Les revendications politiques sont extrèmement marginales, et si de nombreux Bretons se revendiquent en tant que tel, c'est surtout par une espèce de romantisme bon enfant et une sorte de réaction sympathique à l'image parfois "plouc" de la région. Tiens, ce match, c'est un peu le "bienvenue chez les ch'tis" footballistique.

    Je connais plutôt bien le milieu culturo-associatif bretonisant. Les abrutis existent, mais proportionnellement, on ne peut même pas comparer leur nombre à celui des militants ou sympathisants FN sur l'ensemble de la France, et leur influence est proche du néant. Tout juste si certains grands patrons -et le tissu économique breton en général- utilisent le "particularisme" (qui reste à démontrer au delà de la légende) à des fins mercantiles voire de lobbying.

    (Et personnellement, je suis assez proche de tes idées, même si je ne vois pas le besoin de piquer une crise)

  • Qui me crame ce troll? le 31/05/2008 à 11h14
    Quand même, Lachuer dans 'Bienvenue chez les chtis', ça m'attriste. Il mérite tellement mieux.

  • Lucarelli 1 le 31/05/2008 à 11h27
    Ah, et pour Savidan, né à Angers, c'est lui même qui a demandé à être compté dans le lot, par son ascendance. Idem pour Laspalles.
    D'ailleurs est breton (en général) qui le souhaite, je connais des Camerounais bretons ! Si la sélection se faisait uniquement sur une "bretonnitude" vérifiable selon des critères à la con, oui, ce serait lamentable. Ce n'est pas le cas.

  • doumdoum le 31/05/2008 à 11h59
    En passant, juste un petit co-sign amical sur Luca.

    Je n'ai guère plus de sympathie pour la "cause" que lui. Je connais aussi très bien le milieu, j'ai même un ami d'enfance qui l'a joué ce match (et je rappelle qu'en Sarkozie, la preuve par l'exemple personnel est supérieure à l'argument historix). A mon humble avis, les sudètes peuvent dormir tranquille.

  • le 31/05/2008 à 12h42
    Rhôôô, la mère Poulard en symbole breton...
    [/troll]

  • Le_footix le 31/05/2008 à 14h44
    Et à ce propos, l'équipe-ch'type, ça donnerait à peu près ça:

    Janot (Valenciennes)
    Coque (Condé sur Escaut)

    Mater (Valenciennes)
    Franquart (Lille)
    Pierre-Fanfan (St-Pol-sur-mer)
    Demont (Valenciennes)
    Assou-Ekotto (Arras)

    Robail (Cambrai)
    Cabaye (Tourcoing)
    Dumont (Seclin)
    Debuchy (Fretin)
    Ribéry (Boulogne)
    Dernis (Grande-Synthe)
    Leroy (Béthune)

    Ayew (Seclin)
    Fauvergue (Béthune)
    Sibierski (Lille)
    Moreira (Maubeuge)
    Lejeune (Cambrai)

    Coachs: Daniel Leclercq, Jean-Pierre Papin, Francis Gillot

    Alors hein, haha.

  • Raspou le 31/05/2008 à 16h29
    Que personne ne fasse l'équipe "Ile-de-France", ça va faire plueurer les fans du PSG.

    J'aime bien la piqure de rappel du footix, jusque dans son exagération évidente. Il n'y a jamais rien de neutre dans la création et l'expression des identités collectives et toutes, qu'elles soient infra-nationales, nationales ou supra-nationales, se nourrissent de symboles, de folklore et de tradition (ré)-inventée. Une équipe de foot, un drapeau et plus fortement bien sûr une langue font partie de cette construction identitaire - laquelle n'est pas en soi forcément une mauvaise chose mais n'est en tout cas jamais une chose neutre, c'est quelque chose qui peut être exaltant mais qu'il convient constamment de démythifier (car rien ne produit plus de mythes que la construction d'une identité collective).

    Pour ce qui est de la Bretagne, on peut raisonnablement trouver ce régionalisme assez inoffensif, plutôt sympathique et plus susceptible d'être porteur d'ouverture aux autres que de renfermement sur soi. Mais quand même, il est important de garder la mémoire de son histoire et de ses mythes car on ne peut jamais prédire le visage qu'auront ceux qui dans 10, 50 ou 100 ans s'en revendiqueront. Donc merci le_footix de sortir du consensuel "oh comme c'est sympa, ils ont des chapeaux ronds".

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