Miracle au Camp Nou
On a vu mercredi l’archétype du match de C1 des années 2000: deux équipes bâties à coups de millions pour attirer le chaland avec du talent, neutralisées par une organisation frileuse et une ambition en berne.
Auteur : The A Team
le 25 Avr 2008
Osons le constat: cette Ligue des champions 2007/08 est une fois de plus d’une tristesse à mourir. Et pour quelques moments de bonheur – Milan-Arsenal, Liverpool-Arsenal – combien de purges ou de matches anodins a-t-il fallu s’enfiler? Nul besoin d’être François Clerc pour le savoir: difficile de prendre du plaisir en serrant les fesses.
Au Camp Nou comme à Gerland
Il semble juste de rejeter prioritairement la faute sur l’équipe la plus forte. À aucun moment United n’a semblé vouloir marquer un but. Pas même Ronaldo qui pouvait plier définitivement la double confrontation en se concentrant un peu mieux sur son penalty de la deuxième minute. Rooney n’a pas ri cantonné au rôle de milieu gauche, et le rôle dévolu à Park est un crime contre le football, lorsqu’on se souvient du virevoltant ailier qui faisait cauchemarder les adversaires du PSV. Si c’est pour l’utiliser ainsi, on veut bien l’échanger contre Florent Balmont. ManU ne verrait pas la différence, la L1 si.
On n’a peut-être pas bien relu les règles, mais il semblait plus intéressant de marquer un but à l’extérieur, plutôt que de ne pas en encaisser. La partition des Mancuniens a étrangement ressemblé à celle produite à Gerland – l’exploit de Benzema en moins.
Touchés mais pas coulés
De là à affirmer qu’on voit venir gros comme une maison le 1-0 sur un exploit personnel à Old Trafford avant de fermer boutique devant Van der Sar, il n’y a qu’un tout petit pas: on l’a vu face à l’OL, pourquoi pas face à Barcelone? La perspective est d’autant plus rageante quand on connaît la beauté du jeu proposé par les Red Devils en Premier League. Manchester n’a pas voulu, et préféré éviter une confrontation trop fatigante, sans doute pour mieux fracasser Chelsea ce week-end et le Barça dans la foulée.
Jusqu’ici, les résultats ont donné raison à Ferguson. Mais Manchester a manqué l’occasion de couler un Barça largement prenable. Fragile mentalement et physiquement, avec ces cinq joueurs revenant à peine de blessure, les Catalans osaient à peine rêver de ce match nul qui a regonflé le moral des supporters et de tout l’Entorn blaugrana. Le Barça vit encore, et c’est un petit miracle. L’équipe moribonde en Liga paraît loin. En quatre-vingt-dix minutes, les supporters ont remisé les antidépresseurs, eux qui attendaient la mise à mort de Cristiano Ronaldo.
Incertitudes au match retour
Certes, le Barça n’a jamais donné l’impression de pouvoir prendre de vitesse la défense adverse. Mais on avait plus vu les joueurs blaugranas aussi sérieux et volontaires depuis longtemps. Deco est fatigué, mais techniquement intact. Messi, même émoussé, trouve le moyen d’être foudroyant en quelques occasions. Et Zambrotta, généralement empoté et insipide, a cadenassé Cristiano Ronaldo.
Qu’en sera-t-il au match retour, une fois que les blessés du Barça auront plus de rythme? Manchester a montré plus d’aptitudes que de volonté, et il n’est pas dit que le Barça puisse à nouveau reproduire ce niveau de jeu, inédit cette saison (mise à part sous l'effet de la magie de Celtic Park). Il est à parier que Rijkaard enverra à La Corogne tous les remplaçants, et deux ou trois titulaires soigneusement expédiés dans une caisse remplie de coton.
Manchester est plus fort, c’est incontestable. Mais le Barça, à défaut d’avoir le droit de perdre, a au moins gagné le droit de rêver à une qualification. Et nous à un vrai match de coupe d’Europe à Old Trafford. Le voilà, le miracle.
Le match de Christian Jeanpierre
Trois matches. C’est ce qu’il aura fallu au récemment promu Christian Jeanpierre pour devenir aussi insupportable que ces prédécesseurs, une sorte d’hybride cumulant les défauts de ceux qui se sont assis auparavant sur son siège.
Sam je suis Sam
L’obstination avec laquelle il passa la soirée à parler de "Saméto" pour qualifier l’attaquant du Barça fut prodigieusement énervante, comme une forme d’hommage à Gilardi s’adressant aux Bleus par leur prénom pendant la Coupe du monde en Allemagne. D’autant plus horripilante qu’aucun autre joueur n’avait la chance de se voir ainsi interpellé à chaque fois par son nom et son prénom, encore moins par un diminutif dont il semble l’inventeur.
Autre marque de fabrique du commentateur qui rappelle les sombres heures pré-Astorga, à l’époque où Pascal Praud et surtout le baveux Vincent Hardy officiaient au ras de la pelouse: un aplatissement quasi dévot devant tout ce qui a porté un maillot bleu. Mercredi soir, c’est Thierry Henry qui a eu droit à ce traitement de faveur – au traitement, et aux faveurs. Henry allait débloquer le match, l’entrée d’Henry allait tout résoudre, Barcelone pourrait surtout compter sur Henry au match retour, Romain Del Bello est avec Henry dans les vestiaires (le coquin), "bien joué Thierry Henry!"
Best of.
Le commentateur qui a vu la vierge
"Thierry Henry pourrait faire son apparition dans quelques minutes".
Le journalisme d’investigation
"Ce soir, c'est une ambiance espagnole". Sérieux? Et à Old Trafford, on aura une ambiance anglaise peut-être?
La mesure des événements
"On va demander à Romain Del Bello de mesurer la surface". On va aussi te demander de mesurer tes paroles.
Le commentaire mimétique
"Jean-Michel, cet arbitre il est toujours toujours toujours à l'impact entre deux joueurs". A gauche, à gauche, à gauche de l’impact, pour être précis.
Vu du forum
La réforme indispensable
=>> José-Mickaël – vendredi 11 avril 2008 - 01:14
J'avais proposé il y a quelques temps une parade pour rendre les poules intéressantes. Il y a un avantage à commencer par des poules, c'est que les équipes sont assurées de jouer un certain nombre de matches. Encore faut-il donner à toutes les rencontres un enjeu. Voilà ce que je propose:
• Dans une poule de 4, on groupe les 6 matches en 3 doubles confrontations aller et retour.
• On attribue 1 point à l'équipe qui remporte la double confrontation.
• En cas d'égalité, on joue des prolongations et éventuellement des tirs aux buts.
• Dans le classement final, on départage les équipes à la différence de buts particulière.
Ainsi, chaque double confrontation se joue comme un match à élimination directe. De plus, pas question de se qualifier pépère avec des matchs nuls : pour obtenir 1 point il faut surclasser l'adversaire. Et il n'y a que 3 points à prendre, le droit à l'erreur est donc très faible.
Sucettus Populus Que Romanum
=>> impoli gone - jeudi 24 avril 2008 - 13:42
En tous cas, Rooney milieu défensif, Eto'o ailier, Hargreaves et Marquez défenseurs centraux, Abidal avant-centre, l'ombre de la Suçette Géante plantée en plein coeur de Paris commence à recouvrir l'Europe.
=>> Tricky - jeudi 24 avril 2008 - 13:48
(Toute l'Europe est recouverte par l'Ombre. Toute? Non! Un petit village (28.000 habitants quand même) de la banlieue de Birmingham résiste encore et toujours à l'envahissor!)