Arbitrage : la polémique, oui, les solutions, non
Vidéophiles contre la vidéo
Pourtant, cette décision en dit long, justement, sur les polémiques actuelles. Elle dit simplement que le football français se contrebat de la justice sportive et de l'amélioration de l'arbitrage. Qu'un joueur ayant commis un acte d'antijeu qui a induit l'arbitre en erreur et changé le cours d'un match, ne doit pas être sanctionné de plus d'un match de suspension – et seulement si l'action a été fortement médiatisée. La "jurisprudence Fiorèse" reste virtuelle (lire "Une petite chute pour fiorèse, un grand pas pour l'arbitrage?"), l'éthique et son conseil national, des fantômes.
Un des moyens les plus simples pour lutter contre les erreurs est pourtant de mettre en place une politique de dissuasion des "comportements antisportifs". Un usage légitime et facile d'application de la vidéo tant réclamée est de se servir des images, en commission, pour sanctionner les tricheurs et réparer les lacunes de l'arbitrage sur le terrain... Mais cette solution et l'amélioration attendue n'intéressent personne, surtout pas ceux qui font commerce des "scandales" arbitraux.

Entre-temps, L'Équipe – après avoir établi la liste très fantaisiste des "85 erreurs de la saison" – a aussi effectué un "sondage" auprès d'une centaine de joueurs de L1 en leur posant une question à la portée de ces derniers: "Les arbitres de L1 sont-ils bons?" 78% ont répondu par la négative, et l'on regrette que le quotidien n'ait pas fourni un point de comparaison en demandant aux détenus des prisons françaises s'ils trouvaient les juges "bons".
Un pas de plus ou de moins dans l'indignité ne faisant plus une différence très notable, les joueurs ont aussi été invités à désigner "le meilleur" et "le plus mauvais" arbitre de L1. L'occasion de sabrer "Poulat, le flop", celui-ci arrivant en tête du second classement. Tant pis s'il arrive aussi en seconde position des meilleurs arbitres... Poulat, l'arbitre qui a été abusé par Micoud. L'impunité des uns et la démolition des autres est bien organisée.

Cet épisode nous a tout de même valu un numéro de la part du milieu de terrain bordelais, protestant de son innocence devant une caméra de Canal+. Il ne sert à rien de rendre le joueur responsable du système qui le protège en proportion inverse de ce que subissent les arbitres, mais l'entendre se poser en victime a forcément quelque chose d'ironique.
"Ce n'était vraiment pas voulu, je n'ai jamais joué le penalty (1). Je n'ai jamais truqué quoi que ce soit durant ma carrière. Quand je lui tire le bras, je ne me dis pas je joue le penalty, je me suis dit, il ne veut pas que je joue le ballon, en contrepartie, je vais jouer le coup, tu toucheras pas le ballon toi non plus et voilà (2). Ensuite M. Poulat siffle, c'est peut-être très triste pour les Nancéens, mais voilà, c'est comme ça. Ça a été très dur, ça a été des mots très difficiles, on m'a traité de tricheur (3), j'ai eu beaucoup de mal à l'accepter (4) donc c'était surtout sur ce point-là que j'ai voulu insister. J'ai voulu expliquer que je n'étais jamais entré dans cette surface pour espérer obtenir quoi que ce soit (5). J'assume totalement ce que j'ai fait (6), on accepte la décision de la commission (7)".
(1) D'autant que cette règle de la faute dans la surface n'est pas très connue.
(2) Il s'agissait d'une banale dispute de cour de récréation, monsieur le juge.
(3) Techniquement, c'est quand même le mot qui s'applique.
(4) Assumer ses responsabilités et les conséquences de ses actes, ce n'est effectivement pas facile dans ce milieu.
(5) En fait, même Inzaghi essaie d'abord de jouer le ballon avant de voir s'il vaut mieux tomber.
(6) Pas vraiment.
(7) Tu m'étonnes.