Gaceta de la Liga - Jornada 29
Les gestes • La guerre de trois aura-t-elle lieu? • "Mieux le Real joue, mieux il perd" • Barça: moins de beau monde, plus de Bojan • Villarreal torpille Levante • Kun-ter Strike • Le malade imaginaire: acte II • Le fantôme de Lopera • Blessés pour compte • Les trophées • Ils ont dit • Les chiffres • Les équipes types
Auteur : Antoine Faye
le 28 Mars 2008
Les résultats
Murcie 4-0 Espanyol
Barcelone 4-1 Valladolid
Racing 2-0 Recreativo
Athletic 1-0 Getafe
Majorque 1-0 Deportivo
Saragosse 1-1 Almería
Osasuna 0-1 Betis
Levante 1-2 Villarreal
Séville 1-2 Atlético
Real Madrid 2-3 Valence
Les gestes
• Le Getafe de Michael Laudrup est tellement joueur que même son gardien, Abbondanzieri, sortant hors de sa surface, s’est permis de dribbler deux joueurs adversaires avant de passer le ballon à un équipier …
• Le centre impeccablement dosé de Bojan pour Samuel Eto’o, sur l’ouverture du score barcelonaise, contre Valladolid.
• L'ouverture de Dani Alvés et de soixante mètres dans la foulée de Kanouté qui, après 87 minutes de courses, est encore capable d’envoyer une praline…
Les antigestes
• La presque-bagarre entre Abbondanzieri et son coéquipier Cotelo, juste après que le Pato a réalisé son geste de la journée. Les défenseurs n’aiment pas les prises de risque.
• Le coup de boule de Maresca sur Agüero. Comme quoi les Italiens ne sont pas toujours ceux qui les reçoivent.
La guerre de trois aura-t-elle lieu ?
Curieuse Liga… En deux journées et autant de défaites, le Real de Madrid a dilapidé à nouveau la confortable avance dont il disposait en vue de la conquête de son 31e titre de champion. Le Barça, sans donner l’impression de croire en ses chances est donc revenu à quatre points. Derrière ce duel à très haute saveur médiatique, se profile l’ombre de Villarreal, le candidat surprise, parfaitement capable de coiffer tout le monde sur le poteau.
"Mieux le Real joue, mieux il perd"
En s’inclinant contre Valence (2-3), le Real a raté l’occasion de passer une semaine au calme. Après le match, le défilé silencieux des joueurs en zone mixte était digne d’une procession.
Le revers est douloureux. Par chance, les Valenciens ne sont pas des adversaires directs pour le gain du titre. Mais cette nouvelle défaite au Bernabeu peut inquiéter, en vue des réceptions de Séville, et dans quelques semaines, du Barça. Les Merengues, habitués aux voyages difficiles, commencent à faire l'expérience des réceptions délicates.
Dimanche, le Real a confirmé que "mieux il joue, mieux il perd". Car le score ne reflète pas la physionomie d’un match dominé de la tête et des épaules. Seule l’incompréhensible faillite de sa défense, et le match calamiteux de Cannavaro ont permis aux Valenciens de l’emporter.
Comme de coutume, c’est Raúl qui tenu la barre du bateau madrilène, malgré sa nouvelle mise à l’écart en sélection. Le doublé fut peu de choses au regard de la performance de Timo Hildebrand, auteur d’une ribambelle d’arrêts spectaculaires. Hormis son éternel capitaine, le Real n’a pas existé. Schuster y est même allé de son choix polémique, en remplaçant Robinho au moment où le Brésilien commençait à se sentir à l’aise sur la pelouse.
Les Valenciens – nantis de leur qualification en finale de Coupe – ont provoqué effrontément la réussite qui les a fuit tout au long de la saison. Pendant quatre-vingt dix minutes, les Che ont connu des phénomènes paranormaux: un doublé de David Villa, pour la première fois depuis près de six mois, et le premier but d’Arizmendi, joueur pas ou mal utilisé depuis le début de saison. Avec cette victoire, Valence a peut-être mis un terme à une crise qui avait débuté... par une défaite 0-5 à Mestalla, contre un Real Madrid implacable.
Barça : moins de beau monde, plus de Bojan
Après son élimination en Coupe, la réception du Barça par le Camp Nou s’annonçait peu commode. Elle n’a pas eu lieu. Vidé de ses abonnés et pris d’assaut par les touristes, le colisée blaugrana a connu une ambiance schizophrène, partagée entre le public habituel, venu demander des comptes à ses joueurs, et les nombreux touristes venus voir leurs idoles.
Et si le score final fut large (4-1), la manière a fait défaut. Dans le rôle de victime expiatoire, Valladolid n’a pas été très coopératif. Refusant obstinément de renoncer après le but de Eto’o en début de match, les Pucelanos ont égalisé sur un penalty concédé par Thuram pour un contact litigieux dans la surface (le terme de faute serait injurieux). À la mi-temps, des sifflets habituels ont raccompagné les joueurs au vestiaire.
À la reprise, le Barça profite de la léthargie de ses visiteurs pour prendre les devants grâce à Iniesta (47e). Bojan, en état de grâce, signe son premier but, hors-jeu, donnant un break d’avance aux Blaugranas. Valladolid a tout tenté pour revenir, mais les joueurs de Mendilibar se sont heurtés à une poisse tenace: une frappe sur le poteau, une autre sur la barre et un but refusé sur une action d’école mais entachée d’un hors-jeu.
Si Bojan, Iniesta et Eto’o permettent de maquiller le score, grâce à leur talent individuel, la défense du Barça a montré d’inquiétants signes de fébrilité. Privés de Marquez, les Catalans sont fragiles. Et si Milito manque lui aussi, c’est la panique. Ce qui confirme donc que “Quand ta défense prend l’eau, c’est que tu rames”. Le retour du Mexicain, en vue de la Ligue des champions et de la lutte pour le titre, est crucial.
Villarreal torpille Levante
Jamais deux sans trois. Comme tous les ans, le duel Barça-Madrid invite un participant surprise. Ces dernières saisons, la Real Sociedad, Valence ou Séville venait jouer les troubles fêtes jusqu’à la dernière journée. Cette année, c’est Villarreal qui s’y colle.
Les joueurs de Pellegrini ont rempli leur mission dans le derby les opposant à Levante, la lanterne rouge (1-2). Un match difficile, accroché, que Levante ne méritait pas de perdre, mais que Villarreal a gagné en fin de match… Vainqueurs de ses quatre derniers matches à l’extérieur, les Castellonenses ont, à chaque fois, inscrit un but dans les dix dernières minutes, lui permettant d’engranger des points importants en cette période de la saison.
Lancé à l’assaut des Barcelonais, Villarreal peut faire d’une pierre deux coups lors de la prochaine journée. En recevant l’Atlético, les hommes du sous-marin jaune peuvent renvoyer celui-ci à neuf points et assurer leur troisième place. Avant de viser un peu plus haut…
Kun-ter Strike
Battre l’Atlético ne sera pas forcément aisé. Car les Rojiblancos retrouvent la forme au moment opportun. En témoigne la victoire obtenue au stade Sánchez-Pizjuán, contre le FC Séville (1-2). Un match dans la tradition: houleux, viril et – en quelques occasions – carrément violent. Les chevilles de Diego Capel, les nez de Camacho et surtout d’Agüero, peuvent témoigner du traitement particulier qui leur fut réservé au long du match.
De cette bataille rangée, dans laquelle Séville a franchement déjoué, seul un joueur de rupture pouvait faire la différence. Avec Agüero, l’Atleti tient un attaquant capable de faire basculer n’importe quel match. Auteur d’un but plus difficile qu’esthétique et initiateur de l’expulsion de Maresca, le Kun est vital pour le club de la capitale dans la lutte pour la qualification en Ligue des champions.
Un bon résultat à Villarreal peut donner aux joueurs d’Aguirre le coup de pouce définitif vers l’Europe de haut niveau. Pour les Sévillans, la défaite a de quoi inquiéter: cinq points de retard sur l’Atleti, et la menace du Racing Santander, vainqueur du Recreativo Huelva (2-0) après sa défaite en Coupe. Les hommes de Marcelino poursuivent leur marche vers l’Histoire.
Le malade imaginaire : acte II
L’affaire Ronaldinho n’en finit plus de rebondir. Après sa mise à l’écart pour le match de Coupe à Valence, la particulière histoire du Brésilien se poursuit. Le Gaucho n’a pas été retenu pour affronter Valladolid. Nouvelle sanction? non. Car le Brésilien, à l’issue d’un entraînement sans souci, a invoqué des “pépins” pour se faire porter pâle, et par là même, esquiver l’accueil – pas forcément cordial – que lui préparait le Camp Nou.
En conférence de presse, Rijkaard n’a aucunement cherché à défendre le joueur. Il s’est borné à indiquer que le joueur dit avoir des “pépins” même s’il s’est entraîné normalement, et que le Hollandais l’a vu en bonne condition. Mais le joueur dit avoir des pépins, donc, il ne joue pas. Point barre.
Pour l’heure, le futur de Ronaldinho est incertain. Le bras de fer est engagé. Cruyff et Beguiristain ont témoigné de leur malaise devant cette situation. Et si la porte à un transfert est grande ouverte, on imagine que le Brésilien n’est pas prêt à aller n’importe où, ni à n’importe quel tarif. Quant au Barça, il ne laissera sans doute pas filer son joueur sans aucune compensation.
Mais devant le spectacle de la déchéance du Gaucho, il est difficile de croire que Chelsea ou Milan tente de recruter un joueur dont le professionnalisme est sérieusement mis en doute. Seuls restent plausibles des pistes plus “compulsives”, comme l’Inter. Moratti est riche, et a déjà démontré qu’il peut acheter un joueur sur un coup de tête. Reste qu’à ce jour, seul Fenerbahçe semble vraiment faire le forcing pour recruter le Brésilien.
Le fantôme de Lopera
Une semaine après le lancer de bouteille, le Betis revient dans l’actualité judiciaire. En début de semaine, la justice espagnole a ouvert une enquête pour une opération de décapitalisation, impliquant Manuel Ruiz de Lopera, le principal actionnaire du club, et ex-président au Betis.
Le parquet de Séville soupçonne Lopera de faire passer au nom d’une entreprise externe au club, Encadesa, une partie du patrimoine du club. Le problème est que cette entreprise a pour propriétaire un certain Manuel Ruíz de Lopera. Par conséquent, la juge en charge de l’enquête souhaite donc poursuivre l’investigation, en indiquant que Lopera est soupçonné d’avoir “abusé de sa fonction en bénéfice propre, ou d’un tiers”.
L’affaire ne fait que débuter, car un audit des comptes du club doit être mené, pour naviguer dans les méandres d’une comptabilité “sans transparence” aux dires de la magistrate. Tout juste sait-on, via le ministère public, que la dette du club est de 11 millions d’euros pour la saison dernière, auxquels d’ajoutent 8,3 millions de dette fiscale.
L’initiative pourrait donner même faire des petits. La société des actionnaires minoritaires du club de Levante pourrait bien lancer une plainte similaire contre les actuels dirigeants.
Blessés pour compte
Après quelques semaines de relative accalmie, la violence entre supporters a fait sa réapparition. À l'instar de leurs idoles en short, les supporters de Séville et de l’Atlético ont livré un avant match musclé.
Les médias, comme c’est souvent le cas, se sont fait un plaisir de ne pas évoquer les faits, jusqu’à ce que les premières vidéos apparaissent sur Internet. Dans les heures précédant le match, aux abords du stade Sánchez Pizjuán, un supporter de l’Atlético a été passé à tabac par un groupe de Sévillans. Côté andalou, on compte un supporter blessé par arme blanche.
Dans le récit de cette lamentable affaire, c’est surtout Marca qui a excellé. Le quotidien pro-Real, qui aime condamner la violence quand elle n’émane pas des Ultras Surs, n’allait pas laisser passer si belle occasion.
Le chapitre de la violence n’est sans doute pas terminé. Car le FC Séville se rend ce week-end à Madrid pour défier le Real. Entre Biris Norte, d’extrême gauche anarchisante, et les Ultras Surs, tout à l'opposé, il risque d’y avoir des échanges musclés.
Les trophées de la journée
Le Prix Abbé-Soury de la jouvence éternelle…
Est décerné à Bernd Schuster, pour ce constat lucide en conférence de presse : “Sur le troisième but, nous avons pêché par inexpérience”. Sachant que sur cette action, l’inexpérimenté s’appelle Cannavaro, le constat n'est pas sans malice.
Le Prix du gars qui veut jouer avec un handicap
Est décerné à Bernd Schuster, qui a maintes fois répété qu’il dispose de “la meilleure défense d’Europe”. C’est en tout cas ce qu’il estime de Ramos, Canavarro, Pepe et Heinze lorsqu’ils sont alignés ensemble. Le problème, c’est que les blessures ont souvent rendu impossible cette composition.
Dimanche dernier, Schuster, qui avait tous ces joueurs sous la main, a préféré titulariser Marcelo sur le côté gauche. Il faut dire que Heinze, après la débâcle de La Corogne, avait déclaré face caméra: "Quand tu n’es pas capable de gagner un match, alors, il faut essayer de faire match nul". Schuster n’aime pas qu’on critique ses choix.
Le prix Canard Enchainé du gars à qui on la fait pas
Est décerné à Johan Cruyff, pour sa lecture très personnelle de la situation de Ronaldinho: “Quand il y a un titre en jeu, personne ne peut être blessé (…). Les joueurs doivent se regarder en face et se demander s’ils veulent être présents ou pas. Quand on veut, on peut”.
Le prix Jerôme Kerviel du mauvais investissement
Est décerné à Joan Laporta et toute la direction du Barça, qui, dimanche dernier, a invité un drôle de gars dans sa tribune d’honneur. Un certain Thubten Wangchen, qui se trouve être le directeur de la Maison du Tibet, à Barcelone. Les parts de marché du club catalan en Chine apprécieront ce geste.
Ils ont dit
• “Quand il fait froid, mon genou ne fait encore mal” – Samuel Eto’o.
• “Je me fiche de savoir ce que font nos adversaires. Tant que nous n’aurons pas 40 points, je ne les regarderai même pas” – Javier Clemente.
• “Le Barça a vaincu sur un score sans appel, mais il est vrai que sur le terrain, il n’a pas donné cette sensation de supériorité” – Pichi Alonso (Sport).
Les chiffres
58%. Auteur de 7 de ses 12 buts contre des équipes de la “zone Europe”, le Kun Agüero montre qu’il est le joueur capable de faire la différence dans les moments décisifs.
100. Le nombre de buts inscrits par Joseba Etxberría sous le maillot de l’Athletic Bilbao, club pour le compte duquel il dispute sa treizième saison.
200. Manuel Pellegrini n’est pas Guy Roux, mais avec 200 matches de Liga à la tête de Villarreal, l’entraîneur Chilien réalise une belle performance. Il est d’ailleurs le plus ancien des techniciens de Liga, puisqu’il est en passe d’achever sa sixième saison.
L'équipe type de la 29e journée
L'équipe pauvre type de la 29e journée
Ces sélections sont établies sur la mauvaise foi des classements de la presse madrilène (AS et Marca, qui notent sur 4) et catalane (Sport, qui note sur 10) pour 50% de la note finale chacune.