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La révolution milanaise d'Arrigo Sacchi

On dit de lui qu’il préférait les schémas aux joueurs... L'entraîneur du grand Milan restera comme l’un des plus grands tacticiens – et l'un des plus novateurs – de l’ère moderne. Comment faisait-il jouer l'équipe de Baresi, Gullit et Van Basten?

Auteur : La chronique tactique de Michel Brahmi le 19 Fev 2008

 

 

Retrouvez l'indispensable Chronique tactique de Michel Brahmi dans les Cahiers du football. Celle-ci est extraite du n°37.

Quel est le point commun entre Carlo Ancelotti (Milan AC), Roberto Donadoni (sélectionneur de la Squadra azzurra), Marco van Basten (sélectionneur des Pays-Bas), Franck Rijkaard (FC Barcelone) et Mauro Tassoti (entraîneur adjoint du Milan AC) ? Avant de devenir des entraîneurs au très haut niveau, tous ont été des joueurs phares du grand Milan AC, celui que dirigeait alors Arrigo Sacchi... et tous le considèrent comme le technicien qui aura le plus marqué leur carrière – tout comme Alberto Zaccheroni ou Rafael Benitez, qui se déplacèrent pour le voir travailler au début de leur carrière d’entraîneur.

Qu’apporta véritablement Arrigo Sacchi, aujourd’hui considéré, depuis ses années milanaises, comme l’un des principaux pionniers du football moderne, au même titre que Rinus Michels et Stephan Kovacs le furent avec l’Ajax Amsterdam au début des années 1970?

Un novice à Milan

Arrigo Sacchi AC MilanPour commencer, et à l’opposé des deux entraîneurs précités – ainsi que de la plupart de ceux qui officient dans les plus grands clubs d’Europe –, il fut un joueur médiocre qui arrêta rapidement la pratique sportive pour étudier le football sur le plan théorique en Hollande. Faute d’une expérience de footballeur, il construisit donc son savoir et sa carrière sur la base de ses réflexions, et non de sa pratique. De retour en Italie, il dirigea d’abord un certain nombre d’équipes de jeunes, puis d’équipes de divisions inférieures, avec des résultats très flatteurs. Il se fit ainsi remarquer du tout récent président du Milan AC, Silvio Berlusconi.

Celui-ci l’engagea lors de la saison 86-87, alors que Sacchi n’avait encore jamais entraîné d’équipe de Serie A. Arrigo, et ses idées bien arrêtées (comme par exemple de réaliser un minimum de deux entraînements par jour, là où la moyenne était de quatre entraînements par semaine), heurtèrent les joueurs en place. De mauvais résultats s’ensuivirent, tant l’incompréhension sur les méthodes de gestion du groupe fut grande, et la tactique mise en place rejetée par les joueurs.
Il fallut, avant un match crucial à Vérone, que Berlusconi lui-même attende chaque joueur à la sortie du vestiaire et leur glisse ce petit mot explicite: "Entre Sacchi et l’équipe, je choisis Sacchi". Le Milan gagna le match et entama une série ahurissante qui lui permit de gagner successivement le scudetto en 87/88, deux Coupes d’Europe des clubs champions en 89 et 90, deux Supercoupes d’Europe en 89 et 90, deux Coupes intercontinentales 90 et 91, une Coupe d’Italie en 89 et une Supercoupe d’Italie en 89.
 

tactique Sacchi AC Milan



La méthode Sacchi

Arrigo Sacchi applique un 4-4-2 en zone. Il n’est ni le premier à jouer en zone, ni le premier à jouer en 4-4-2 (même si la tendance à l’époque, en Italie, est plutôt de jouer à trois défenseurs).

Pourtant, il invente une nouvelle approche: il ne s’agit plus seulement de jouer la défense de zone, mais de faire jouer chaque joueur dans une zone prédéfinie, y compris offensivement. Bien sûr, cette manière de jouer est aujourd’hui très répandue, mais lorsque Sacchi décide de la mettre en place, il s’agit d’une véritable révolution. Sa défense évolue en ligne, sans libero (ce qui, au pays du catenaccio, est un bouleversement) et joue systématiquement le hors-jeu, avec un pressing haut et permanent. Les défenseurs se situent d’ailleurs très souvent dans le camp adverse. Le bloc équipe devient très compact – les joueurs gardent toujours la même distance entre eux, au mètre près – et glissent côté ballon, en montant et descendant ensemble de manière très coordonnée (Fig. 1). Ce système mis en place par l’Italien est si imperméable que, lors de certains matches, le gardien du Milan AC ne touchera pas un seul ballon offensif. L’équipe finira championne avec quatorze buts encaissés...

Milan applique alors tout l’arsenal du football défensif actuel: le hors-jeu, le double marquage et la diagonale défensive... aussi bien au niveau de la ligne arrière que de la ligne du milieu de terrain: on voit, sur la Fig. 2, l’alignement de Donadoni, Rijkaard et Ancelotti sur la ligne du ballon. Autant d'éléments tactiques qui ne sont que très peu appliqués à cette époque.
 

tactique Sacchi AC Milan




Le schéma et les hommes

La force de Sacchi aura cependant été de faire entrer dans un schéma de jeu des hommes qui n’y étaient pas adaptés à l’origine. On dira d’ailleurs longtemps que Sacchi préférait les schémas aux joueurs, parce qu’il n’avait pas été vraiment joueur lui-même. En fait, la réalité est plus complexe: son football, et la zone qu’il impliquait, donnait une grande importance à chaque joueur et à son imagination, mais toujours en rapport au schéma initial (ainsi, un Maradona, alors à Naples, n’aurait pas intéressé Sacchi). C’est-à-dire qu’un latéral gauche pouvait faire tout ce qui l’inspirait sur sa bande de terrain, à condition de ne pas le faire dans une autre partie du champ de jeu.

Il ne s’agit pas d’un principe qui limite l’imagination, mais qui limite l’anarchie. Selon Sacchi, un joueur devait suivre son propre instinct, mais son instinct ne pouvait pas tenir lieu d’idéologie ou de tactique. Ce sont les hommes qui font la réussite d’un schéma, mais un schéma doit être conçu pour tous. Le football n’est pas un jeu que l’on peut jouer seulement à l’instinct, parce qu’on joue avec onze individus, c’est-à-dire avec onze instincts. On ne progresse pas sans imagination, mais on ne progresse pas non plus dans la confusion.

Ce qu’il aura réussi au Milan AC, Sacchi aura beaucoup de mal à le réussir en équipe nationale, dont il sera le sélectionneur de 1991 à 1994, puis dans les quelques clubs qu’il entraînera ensuite. Son exigence est telle qu’il conduit souvent ses joueurs au bord de l’épuisement. Sa période milanaise terminée, Sacchi ne retrouvera plus d’équipe valorisant autant son génie tactique. Mais d’autres, après lui, comme Lippi ou Capello – qui lui succédera chez les Rossoneri – reprendront et adapteront ses thèses. Tout comme ses anciens joueurs devenus entraîneurs à leur tour... On n’a pas fini de faire référence à la révolution Sacchi.

 

Réactions

  • Le_footix le 19/02/2008 à 00h02
    Déjà plusieurs minutes en ligne, et toujours aucune intervention d'un Marseillais pour parler de Raymond Goethals et de Chris Waddle.

    Inquiétant.

  • kelly le 19/02/2008 à 00h27
    Passionant.

  • aulasticot le 19/02/2008 à 00h41
    Excellent. Le genre d'articles qu'on a beaucoup de mal à trouver, hyper intéressant en même temps qu'il fait remonter des souvenirs.

    Ça complète farpaitement la palette d'articles des CdF. J'en redemande, avec encore plus de détails même, si c'est possible.
    J'm'en vais me coucher tout content, merci!!

  • Breizhilien le 19/02/2008 à 00h41
    Très très bon.

    Retrouve-t-on encore beaucoup d'entraineurs qui appliquent réellement ce schéma de jeu?
    En observant les compositions des équipes de D1 chaque week-end, on retrouve des 4-4-2 losange, ou des 4-5-1 à tendance 4-3-3, mais peu de 4-4-2 à plat.
    Cela me semble pourtant l'organisation la plus rationnelle, permettant de couvrir le terrain le plus efficacement.
    Cela permet également de tirer le meilleur profit de joueurs moyens mais ayant une bonne intelligence de jeu. Quand on n'a pas les meilleurs joueurs, autant faire en sorte qu'ils jouent le mieux possible ensemble.

    Ceci dit, le jeu de Sacchi demande une rigueur qui doit paraitre rébarbative au joueur lambda, voire surtout à la star car cela le bride et met en avant le collectif plus que la performance individuelle.
    Cela nécessite également du temps avant d'obtenir un résultat comme l'illustre l'article, ce qui est de moins en moins possible dans le football actuel.
    Cela est bien dommage, tant cela me semble être le football le plus intéressant, bien plus que les arabesques d'un C.Ronaldo (bien qu'il n'y ait pas contradiction).

    Celui qui s'en rapproche le plus actuellement me semble être Gourcuff et voir Lorient jouer me console un peu d'avoir été trop jeune à l'époque Sacchi.

  • Breizhilien le 19/02/2008 à 01h00
    Et si j'osais je ferai une comparaison culinaire. (et puis tiens, j'ose).

    Le système Sacchi, c'est comme la gastronomie fine : tu n'es pas forcément rassasié à la fin, mais tu as profité d'un repas différent, te faisant découvrir de nouvelles sensations pour tes papilles dans un cadre raffiné. Et pour apprécier ces nouvelles sensations, comme le goût amer, il faut prendre un peu sur soi, vouloir découvrir de nouvelles choses. Cela n'est pas forcément accessible de prime abord.

    Tandis que le football spectacle, façon passement de jambe, petit pont, patate des 30m dans la lulu, ça se rapproche du Mcdo ou du Buffalo grill. Tu peux y aller avec tous tes potes sans trop te poster de question sur le menu mais c'est gras et au bout d'un bon moment, ça pèse sur l'estomac.


    (Ce message vous est offert par les livres "la métaphore pour les nuls").

  • Le_footix le 19/02/2008 à 11h22
    Il me semble que Nancy joue encore dans ce système 4-4-2, Correa avouant dans So Foot que Sacchi était sa référence absolue.

    Bracigliano
    Chrétien-Andre Luiz-Puygrenier-Sauget
    Dia-Gavanon-Berenguer-Brison
    Kim-Fortuné

    Système 4-4-2 plat qu'on jugeait d'ailleurs "horrible" il y a peu de temps, lui préférant la créativité du 4-3-3 à la lyonnaise ou à la barcelonaise, voire le 4-4-2 "diamant" à la Ancelotti ou Tomas Schaaf, jugé par certains comme le système le plus complexe et le plus spectaculaire (et Eric Gerets ne leur donne pas tort).

  • boniek le 19/02/2008 à 11h48
    Ancelotti restera surtout le premier à pratiquer un pressing incessant sur l'équipe adverse, prélude à l'apparition de milieux défensifs décathloniens tels que Makélélé.

  • gringo le 19/02/2008 à 12h20
    Kelly slater a déja tout dit...

    Passionnant

  • rom's le 19/02/2008 à 13h57
    Le 442 diamant d'Ancelotti, on le voit pas souvent, et il est plutôt de Berlusconi.

  • taivince le 19/02/2008 à 14h44
    Pourtant il parait que ça n'intéresse personne les articles sur la tactique. Faites donc plutôt un article pour descendre un arbitre ou deux, ou alors pour dire que le championnat est nul.

La revue des Cahiers du football