Supplément d'Amsud / 3
Pendant que le Brésil continue de se chercher, l’Argentine s’échappe au classement. Les deux mastodontes ont déçu. Pas Riquelme et Kaká.
Auteur : Michaël Grossman
le 21 Nov 2007
Les résultats de la 3e journée
Paraguay-Équateur : 5-1
Argentine-Bolivie: 3-0
Colombie-Venezuela : 1-0
Pérou-Brésil : 1-1
Uruguay-Chili : 2-2
Le Riquelme show continue
Face à la Bolivie, Coco Basile dément son attachement au 4-4-2 en proposant un 4-3-3 (4-2-1-3, dirait un jeune) censé libérer la créativité de son équipe. "Kún" Agüero, titularisé en pointe malgré le retour de Crespo dans le groupe, est l’autre attraction de la journée. L’autre seulement, car comme depuis le début de la saison, il est difficile de détacher son regard de Riquelme, dont on se demande à chaque sortie combien de temps encore il va nous gratifier d’un football d’une telle qualité malgré une activité en club inadaptée à la compétition.
Après sa superbe deuxième partie de saison 2006, son influence ne se dément pas sur le jeu argentin depuis le début des éliminatoires. Basile jubile: "Riquelme est un phénomène. Les deux buts qu'il a inscrits ont été extraordinaires. Ça me remplit de joie, de bonheur, d'avoir dans l'équipe un joueur comme lui. Je joue ma vie pour le faire venir en sélection car les footballeurs qui ne jouent pas dans leur club ne peuvent pas le faire en sélection. L'unique cas connu est Riquelme". Après avoir nettoyé la lucarne bolivienne d’un maître coup franc, il termine magnifiquement une action de Messi – avec une subtilité qui chatouille les tibias quand on imagine Djibril Cissé hériter du même ballon. Il y en a même qui disent qu’ils l’ont vu danser balle au pied, au Monumental…
Les trois buts Argentins
Messi trop soliste
Pour son premier but chez les A, Agüero ne s’est pas surpassé. Il en marquera des plus difficiles dans un avenir qui semble déjà lui appartenir. On attendait la vivacité de ses appels, mais ne bénéficiant pas d’assez d’espaces en profondeur, il a rendu une copie modèle d’attaquant de pivot, offrant enfin une cohérence à l’association Tévez-Messi, jusqu’ici jamais réellement aboutie.
Cette ligne d’attaque prometteuse n’a pourtant survolé les débats qu’en de trop rares occasions. Pas assez approvisionnée, elle a surtout pâti de la gourmandise irritante de Messi, qui s’entête dans ses raids individuels, au détriment de la fluidité du jeu. Le prodige du Barça deviendra l’énorme joueur que son talent promet quand il aura emmagasiné une partie de la sobriété de Riquelme. Car lorsqu’il lâche enfin le ballon, il redevient un joueur dangereux, comme le confirme la troisième réalisation argentine. Malgré de beaux buts, ce 4-3-3 n’a pas convaincu. Il faudra le revoir face à une opposition moins timorée car, contre la Bolivie, les Argentins se sont contentés de maîtriser tranquillement la rencontre.
Auriverde pâle
Avec une entame de match très enlevée dans un Monumental de Lima surchauffé, la Seleção se montre conquérante, notamment dans le jeu sans ballon grâce au retour d'un pressing (enfin) collectif. L’opposition de qualité et la débauche physique imposée par les Péruviens minent pourtant la cohérence auriverde et malgré de bonnes intentions, les deux formations peinent à approcher du but adverse, essentiellement en raison de maladresses dans les transmissions. L’attaque de feu péruvienne – Pizarro juste derrière Guerrero dans l’axe, Farfán et Solano qui permutent sur les côtés – profite des espaces qui se dégagent progressivement entre les lignes jaunes. Les offensives du Pérou, menées par à-coups, sont très spectaculaires. Les échanges vifs dessinent des triangles sur la pelouse et mettent les champions d’Amsud hors de portée. Une trop fréquente précipitation dans les trente derniers mètres ne permet pas aux locaux d’inquiéter Júlio César. En constituant deux rideaux de joueurs qui montent sur le porteur du ballon, ils empêchent néanmoins le Brésil de développer son jeu.
Coup de fouet
Une percussion de Robinho repiquant depuis le côté gauche, puis un bel échange Kaká-Ronaldinho-Kaká qui bute sur la défense centrale sont les seules alertes de la première demi-heure, avec un coup franc de Ronaldinho bien coupé par Lúcio, qui ne cadre pas sa tête puissante. Un peu maigre. Quelle tournure aurait pris la rencontre si la belle volée de Pizarro n’était pas passée au-dessus de la transversale (33e)? Elle aura en tout cas donné un coup de fouet aux Brésiliens, qui manquent de peu l’ouverture du score dans la foulée, par Vágner Love – que l’on ne reverra plus par la suite.
Alors que Guerrero multiplie les gestes "brésiliens", Robinho gâche bien un caviar de Kaká au terme d’une longue chevauchée, mais la construction devient rudimentaire. Au point qu'on en vient à tenter un jeu direct sur Vágner Love depuis le rond central. Inquiétant. Mais après une nouvelle merveille de Kaká (1-0, 40e), les occasions se succèdent: Pizarro manque l’égalisation pour quelques centimètres. Ronaldinho décale parfaitement Kaká, dont la frappe enroulée impose un exploit à Penny.
L’extérieur de Kaká dans la lucarne
Juan façon Boli
On ne retrouve pas cette intensité lors d’une seconde mi-temps essentiellement marquée par l’égalisation de Vargas, sur une frappe déviée par Lúcio (71e). Les Péruviens auraient mérité un plus joli but. Les frappes de Solano et Pizarro (signalé hors-jeu à tort, 74e) ou la volée indirecte de Farfán au-dessus de la barre (80e) leur laissent des regrets. Juan les leur fait oublier à la dernière seconde, en coupant façon Boli le coup franc de Ronaldinho. La barre transversale péruvienne tremble encore au coup de sifflet final. Le jeu brésilien devra se montrer plus cohérent face à l’Uruguay lors de la prochaine journée. Quant au Pérou, il pourrait venir se replacer dans la course à la quatrième place en profitant de la petite forme actuelle des Équatoriens.
Les meilleurs moments de Pérou-Brésil et l’ambiance du Monumental de Lima
Paraguay-Équateur : 5-1
Argentine-Bolivie: 3-0
Colombie-Venezuela : 1-0
Pérou-Brésil : 1-1
Uruguay-Chili : 2-2
Le Riquelme show continue
Face à la Bolivie, Coco Basile dément son attachement au 4-4-2 en proposant un 4-3-3 (4-2-1-3, dirait un jeune) censé libérer la créativité de son équipe. "Kún" Agüero, titularisé en pointe malgré le retour de Crespo dans le groupe, est l’autre attraction de la journée. L’autre seulement, car comme depuis le début de la saison, il est difficile de détacher son regard de Riquelme, dont on se demande à chaque sortie combien de temps encore il va nous gratifier d’un football d’une telle qualité malgré une activité en club inadaptée à la compétition.
Après sa superbe deuxième partie de saison 2006, son influence ne se dément pas sur le jeu argentin depuis le début des éliminatoires. Basile jubile: "Riquelme est un phénomène. Les deux buts qu'il a inscrits ont été extraordinaires. Ça me remplit de joie, de bonheur, d'avoir dans l'équipe un joueur comme lui. Je joue ma vie pour le faire venir en sélection car les footballeurs qui ne jouent pas dans leur club ne peuvent pas le faire en sélection. L'unique cas connu est Riquelme". Après avoir nettoyé la lucarne bolivienne d’un maître coup franc, il termine magnifiquement une action de Messi – avec une subtilité qui chatouille les tibias quand on imagine Djibril Cissé hériter du même ballon. Il y en a même qui disent qu’ils l’ont vu danser balle au pied, au Monumental…
Les trois buts Argentins
Messi trop soliste
Pour son premier but chez les A, Agüero ne s’est pas surpassé. Il en marquera des plus difficiles dans un avenir qui semble déjà lui appartenir. On attendait la vivacité de ses appels, mais ne bénéficiant pas d’assez d’espaces en profondeur, il a rendu une copie modèle d’attaquant de pivot, offrant enfin une cohérence à l’association Tévez-Messi, jusqu’ici jamais réellement aboutie.
Cette ligne d’attaque prometteuse n’a pourtant survolé les débats qu’en de trop rares occasions. Pas assez approvisionnée, elle a surtout pâti de la gourmandise irritante de Messi, qui s’entête dans ses raids individuels, au détriment de la fluidité du jeu. Le prodige du Barça deviendra l’énorme joueur que son talent promet quand il aura emmagasiné une partie de la sobriété de Riquelme. Car lorsqu’il lâche enfin le ballon, il redevient un joueur dangereux, comme le confirme la troisième réalisation argentine. Malgré de beaux buts, ce 4-3-3 n’a pas convaincu. Il faudra le revoir face à une opposition moins timorée car, contre la Bolivie, les Argentins se sont contentés de maîtriser tranquillement la rencontre.
La mise en place de Basile
Tévez - Agüero - Messi
Riquelme
Cambiasso - Mascherano
Zanetti - Milito - Demichelis - Ibarra
Abbondanzieri
Tévez - Agüero - Messi
Riquelme
Cambiasso - Mascherano
Zanetti - Milito - Demichelis - Ibarra
Abbondanzieri
Auriverde pâle
Avec une entame de match très enlevée dans un Monumental de Lima surchauffé, la Seleção se montre conquérante, notamment dans le jeu sans ballon grâce au retour d'un pressing (enfin) collectif. L’opposition de qualité et la débauche physique imposée par les Péruviens minent pourtant la cohérence auriverde et malgré de bonnes intentions, les deux formations peinent à approcher du but adverse, essentiellement en raison de maladresses dans les transmissions. L’attaque de feu péruvienne – Pizarro juste derrière Guerrero dans l’axe, Farfán et Solano qui permutent sur les côtés – profite des espaces qui se dégagent progressivement entre les lignes jaunes. Les offensives du Pérou, menées par à-coups, sont très spectaculaires. Les échanges vifs dessinent des triangles sur la pelouse et mettent les champions d’Amsud hors de portée. Une trop fréquente précipitation dans les trente derniers mètres ne permet pas aux locaux d’inquiéter Júlio César. En constituant deux rideaux de joueurs qui montent sur le porteur du ballon, ils empêchent néanmoins le Brésil de développer son jeu.
Coup de fouet
Une percussion de Robinho repiquant depuis le côté gauche, puis un bel échange Kaká-Ronaldinho-Kaká qui bute sur la défense centrale sont les seules alertes de la première demi-heure, avec un coup franc de Ronaldinho bien coupé par Lúcio, qui ne cadre pas sa tête puissante. Un peu maigre. Quelle tournure aurait pris la rencontre si la belle volée de Pizarro n’était pas passée au-dessus de la transversale (33e)? Elle aura en tout cas donné un coup de fouet aux Brésiliens, qui manquent de peu l’ouverture du score dans la foulée, par Vágner Love – que l’on ne reverra plus par la suite.
Alors que Guerrero multiplie les gestes "brésiliens", Robinho gâche bien un caviar de Kaká au terme d’une longue chevauchée, mais la construction devient rudimentaire. Au point qu'on en vient à tenter un jeu direct sur Vágner Love depuis le rond central. Inquiétant. Mais après une nouvelle merveille de Kaká (1-0, 40e), les occasions se succèdent: Pizarro manque l’égalisation pour quelques centimètres. Ronaldinho décale parfaitement Kaká, dont la frappe enroulée impose un exploit à Penny.
L’extérieur de Kaká dans la lucarne
Juan façon Boli
On ne retrouve pas cette intensité lors d’une seconde mi-temps essentiellement marquée par l’égalisation de Vargas, sur une frappe déviée par Lúcio (71e). Les Péruviens auraient mérité un plus joli but. Les frappes de Solano et Pizarro (signalé hors-jeu à tort, 74e) ou la volée indirecte de Farfán au-dessus de la barre (80e) leur laissent des regrets. Juan les leur fait oublier à la dernière seconde, en coupant façon Boli le coup franc de Ronaldinho. La barre transversale péruvienne tremble encore au coup de sifflet final. Le jeu brésilien devra se montrer plus cohérent face à l’Uruguay lors de la prochaine journée. Quant au Pérou, il pourrait venir se replacer dans la course à la quatrième place en profitant de la petite forme actuelle des Équatoriens.
Les meilleurs moments de Pérou-Brésil et l’ambiance du Monumental de Lima
La mise en place de Dunga
Vágner Love
Robinho - Ronaldinho
Kaká
Gilberto Silva - Mineiro
Gilberto - Juan - Lúcio - Maicon
Júlio César
L'observation en vrac
• Kún Agüero, capitaine des champions du monde des moins de vingt ans, qui réussit à faire oublier Fernando Torres à Madrid et à prendre la place de Crespo en sélection, le tout en quelques semaines, ça relativise un peu la Benzemania qui n’a fait oublier que Carew et Cissé pour le moment.
Le classement
1. = Argentine 9 pts (+7)
2.↑ Paraguay 7 pts (+5)
3.↓ Brésil 5 pts (+5)
4. ↑ Colombie 5 pts (+1)
5. ↓ Uruguay 4 pts (+4)
6. ↓ Chili 4 pts (0)
7. ↓ Venezuela 3 pts (-2)
8. = Pérou 2 pt (-2)
9. = Bolivie 1 pt (-8)
10. = Équateur 0 pt (-10)
Les quatre premiers sont qualifiés pour la Coupe du monde. Le cinquième du championnat affrontera en matches aller-retour le barragiste de la zone CONCACAF.
La prochaine journée
4e journée (21 novembre)
Colombie-Argentine
Brésil-Uruguay
Chili-Paraguay
Venezuela-Bolivie
Équateur-Pérou