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Larbi, Rachid, Omar et les autres

Les racines du football français plongent largement sous la Méditerranée, de Ben Barek à Sahnoun en passant par Mekhloufi et Fontaine. Entre le Maghreb et la France, c'est aussi une histoire de foot.
Auteur : Sergi Verlad le 20 Nov 2007

 

Combien, parmi les 824 internationaux français, sont nés au Maghreb ? Une recherche rapide en dénombre vingt-cinq qui ont vu le jour en Algérie avant l’indépendance, contre huit seulement natifs du Maroc (1). Le plus célèbre, c’est Just Fontaine et ses 13 buts en Suède à l’été 1958. Né en 1933 à Marrakech, sa carrière en Bleu est pourtant météorique (21 sélections, moins que Steve Marlet !), hachée par une terrible fracture tibia-péroné dont il ne se remettra jamais.


mekhloufi.jpgDe Sétif à Casablanca

Avant Fontaine, la grande vedette des années cinquante, c’est Rachid Mekhloufi. Né en 1936 à Sétif (Algérie), il est engagé par le Saint-Étienne de Jean Snella en 1954, à dix-huit ans. Il est sélectionné en équipe de France à vingt ans, en octobre 1956, et compte quatre sélections. Il semble assuré de jouer la Coupe du monde 1958 quand il décide, avec d’autres, de rejoindre l’équipe du FLN. Il ne reviendra en France qu’en 1962, après un détour par le Servette de Genève, et gagnera trois nouveaux titres de champion de France avec Saint-Étienne après celui de 1957.

Mais le plus grand, celui qui a été reconnu après-guerre comme un des meilleurs footballeurs de son temps, c’est Larbi Ben Barek. Né en 1914, il débute avec les Bleus en 1938, quelques mois après avoir été recruté à prix d’or par l’OM. Son premier match, à Naples contre les champions du monde italiens, le rend célèbre pour avoir chanté à tue-tête la Marseillaise en réponse aux sifflets des Tifosi. Sa carrière sera interrompue par la guerre, mais il fera encore les beaux jours du Stade Français et de l’Atletico Madrid. Ecarté de l’équipe de France par Gabriel Hanot (2), il jouera son dernier match en bleu quinze ans et dix mois après ses débuts, encore contre un champion du monde en titre, l’Allemagne. Il ne compte pourtant que dix-sept sélections et n’aura jamais joué de Coupe du monde. Il est mort en septembre 1992 à Casablanca.


sahnoun_vignette.jpgOmar Sahnoun, in memoriam

Il faudrait aussi parler d’Omar Sahnoun, fils de harki né à Guerrouma en 1955 et membre de la génération de Platini, Six, Bossis ou Rocheteau. Arrivé à Nantes à 17 ans, il est appelé en sélection par Michel Hidalgo début 1977, alors que se met en place l’équipe qui jouera en Argentine l’année suivante. Capable de jouer récupérateur ou meneur de jeu, voire défenseur, très fin technicien, il est de tous les gros matches amicaux cette année-là, contre la RFA (1-0), l’Argentine à Buenos Aires (0-0) et le Brésil à Maracana (2-2) et devient champion de France avec Nantes. Il revendique fièrement l’engagement de son père à un moment où la question des harkis échauffe l’Hexagone. Alors qu’il semble sur le point de jouer la Coupe du monde en Argentine, des problèmes cardiaques l’obligent à arrêter une première fois la compétition. Transféré de Nantes à Bordeaux, il s’effondre à l’entraînement en avril 1980.

Parmi les autres Bleus nés en Afrique du Nord, fils de colons ou musulmans, il y a Abderrahman Ibrir, gardien de but né à Dellis (Algérie) en 1919 et titulaire six fois en 1949-50. Mais aussi Alexandre Villaplane (Constantine, 1906), Charles Bardot (Clauzel, 1904), Ali Benouna (Algérie, 1907), Emmanuel Aznar (Sidi Bel Abbès, 1915), Jean Bastien (Oran, 1915), Kader Firoud (Oran, 1919), Ahmed Mihoubi (Algérie, 1924), Mustapha Ben M’Barek (Casablanca, 1926), Abdesselem Ben Mohammed (Maroc, 1926), Abdelaziz Ben Tifour (Hussein-Dey, 1927), , Abderrahman Mahjoub (Casablanca, 1929), Saïd Brahimi (Algérie, 1931), Bernard Rahis (Blida, 1933), Khennane Mahi (Mascara, 1936), Jean Baeza (Alger, 1942) et, plus récemment, Serge Chiesa (Casablanca, 1950), Jean-Paul Bertrand-Demanes (Casablanca, 1952), Farès Bousdira (Tahar, 1953), Christian Lopez (Aïn Temouchent, 1953), Gérard Soler (Oujda, 1954), Jean-François Larios (Sidi Bel Abbès, 1956), Philippe Anziani (Bône, 1961) ou William Ayache (Alger, 1961).


France-Afrique, octobre 1954

benbarek.jpgLe tout premier match de l’équipe de France contre une équipe africaine ne figure pas dans les statistiques. Il date du 7 octobre 1954 et oppose, dans l’ancien Parc des Princes, les Bleus à une sélection d’Afrique du Nord (3). Dans cette dernière figure Larbi Ben Barek. Il a quarante ans et profite de cette rencontre pour se rappeler au bon souvenir des sélectionneurs, qui ne l’ont plus appelé depuis six ans. Avec Zitouni, Ben Tifour et Mahjoub, il marque un but et contribue à la victoire des Nord-Africains (3-2) contre une équipe de France qui aligne Remetter, Jonquet, Vincent, Kopa et Ujlaki. Quelques jours plus tard, le 16 octobre, Larbi Ben Barek est sélectionné avec les Bleus pour affronter le nouveau champion du monde allemand à Hanovre. Ce sera la dernière cape de celui qui fut surnommé la Perle noire et qui reste le sélectionné le plus âgé de l’histoire de l’équipe de France. Les Bleus l’emportent 3-1 à la surprise générale. Le 1er novembre, ce sera la Toussaint rouge et le début de la guerre d’Algérie, qui marquera le début de la décolonisation française au Maghreb.


Les exilés du FLN

Le 14 avril 1958 est une date fondatrice pour le football algérien. Ce jour-là, trois internationaux français qui venaient d’être sélectionnés pour la Coupe du monde en Suède, les monégasques Mustapha Zitouni, Abdelaziz Ben Tifour et le Stéphanois Rachid Mekhloufi, quittent la France avec six autres footballeurs nés en Algérie en traversant la frontière en direction de la Suisse et de l’Italie (3). Ils arrivent à Tunis, siège du gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) et forment, avec une vingtaine d’autres joueurs, l’équipe du FLN. La fédération française obtient alors de la FIFA l’annulation des contrats professionnels et l’interdiction aux pays membres d’accueillir l’équipe du FLN et d’organiser des rencontres contre elle. En quatre ans, les rebelles algériens joueront pourtant une soixantaine de matches contre des clubs soviétiques, hongrois, tchèques, roumains, yougoslaves, marocains et tunisiens. Aucun des trois internationaux français ne portera le maillot bleu par la suite.


(1) Étonnamment, nous n'avons identifié aucun natif de Tunisie...
(2) Lire l’article de Faouzi Mahjoub, "La saga du ballon rond", sur le site de Jeune Afrique.
(3) Le contexte de ce match est raconté en détail par Yvan Gastaut dans son article "France-Afrique du nord" sur le site wearefootball.org.
(4) Lire l’article "1958, les ambassadeurs de la révolution algérienne", de Françoise Escarpit dans l’Humanité du 6 octobre 2001.

Réactions

  • Bamogo Cadiz le 20/11/2007 à 08h57
    Très bel article, j'y ai appris beaucoup de choses as usual.

    Une bricole m'a fait tiquer cependant : "Parmi les autres Bleus nés en Afrique du Nord, fils de colons ou musulmans,..." --> et les berbères, non ?

  • Raspou le 20/11/2007 à 09h08
    Pourquoi, les Berbères ne sont pas musulmans?

  • Le_footix le 20/11/2007 à 09h21
    L'âge de Ben Barek ne l'avait pas empêché de faire un retour fracassant à l'OM, aux côtés de Roger Magnusson: 13 buts en championnat en 2 ans.

    Ou alors c'est que la D1 était vraiment nulle à l'époque, d'ailleurs Lille était champion de France. :)

  • zouhire le 20/11/2007 à 10h06
    J'attends impatiemment le deuxième volet de cet article, celui consacré à Lamouchi, Zidane, Nasri, Benzema, Benarfa (oui je sais ils sont nés en France)....

  • LokomotivDallas le 20/11/2007 à 10h11
    Le_Footix > attends Magnusson sans être un historien de l'OM il me semble que c'était la période Skoblar...
    ne veux tu pas parler de Gunnar Anderson dit 10h10, qui mourut à la fin des 60's sur un trottoir du port de Marseille, les entrailles confites par le Ricard qu'il avait découvert une petite 20aine d'années avant en débarquant de sa Suède natale, et beaucoup trop apprécié ?

  • LokomotivDallas le 20/11/2007 à 10h17
    ... Gunnar AnderSSon...

  • Croco le 20/11/2007 à 10h19
    zouhire
    mardi 20 novembre 2007 - 10h06

    Yep, c'est vrai que se limiter aux lieux de naissance (pour le moment uniquement j'espère) en exclut pas mal.

  • Lucarelli 1 le 20/11/2007 à 11h09
    Super intéressant. Malgré un haut le coeur en voyant le sinistre nom de Villaplane. Mais bon, on peut pas l'effacer de l'histoire.

    Pas d'allusion à la conférence qui s'est tenue à Marseille la semaine dernière, justement à ce sujet ?
    Je ne sais pas qui l'organisait, j'ai juste lu 2 ou 3 articles liés sur l' lien

  • Bamogo Cadiz le 20/11/2007 à 11h29
    Raspou
    mardi 20 novembre 2007 - 09h08
    Pourquoi, les Berbères ne sont pas musulmans?

    ------------

    Après une recherche rapide sur wiki, aucune réponse tranchée, car ce n'est jamais directement abordé (pas de chapitre berbère et religion). Je suis loin d'être spécialiste de la question, mais il semble qu'ils étaient polythéistes à la base, puis ils furent christianisés et islamisés (de force, en même temps que leur arabisation linguistique et culturelle). D'après ce que j'ai compris, ils seraient actuellement majoritairement musulmans.

    Je répète ; je suis loin d'être spécialiste, c'est juste que de voir défini comme musulman ce qui était non européen (colon), ça m'a fait bizarre.

    Un berbère, un kabyle, un musulman nord-africain pour éclairer nos lanternes ?

  • Raspou le 20/11/2007 à 13h21
    Bamogo, on désigne par "Berbères" les populations qui peuplaient le Maghreb avant les conquêtes romaine puis arabe. Le mot vient du même mot grec qui a aussi donné barbare, c'est-à-dire "pas de chez nous", pour faire simple. Dans leur langue, les Berbères sont des "Amazigh".

    Les Berbères sont preque entièrement musulmans depuis la conquête arabe. Il doit y avoir des exceptions, mais elles sont ultra-marginales. Ils se divisent en plusieurs groupes, dont par exemple les Kabyles et les Chaouis en Algérie.

    Pendant la colonisation, le pouvoir colonial utilisait effectivement la dénomination "musulmans" pour désigner les colonisés (juifs mis à part - ça demanderait un développement plus long). L'article reprend donc la distinction opérant à l'époque entre colons et musulmans, les deux catégories ayant fourni des joueurs aux Bleus.

La revue des Cahiers du football